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Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement, et en entier dans la piscine du feu, et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est là son vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied, et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il n’y peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course. Nouvel Homme
L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère, est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le coeur de ce même homme qui fut choisi pour tre l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense, que par le feu divin dont nous devrions être embrasés, nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité. Nouvel Homme 2
On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2
C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4
Car, lorsque le premier homme fut créé, Dieu ne lui dit point de se lamenter, et de passer sa vie dans les larmes, il lui dit qu’il l’établissait sur tous les ouvrages de ses mains ; il lui dit de donner des noms à tous les animaux ; il lui dit de remplir la terre et de la dominer ; mais après sa chute, la terre est maudite, il ne doit plus manger son pain qu’à la sueur de son front ; ainsi la famille humaine n’a plus de ressource et de salut dans la supplication, et le recours à la miséricorde du Seigneur, d’autant que les nouvelles prévarications des générations successives, ne font qu’accroître les maux et la misère de l’homme. Nouvel Homme 7
Réveille-toi donc, homme, chaque jour avant l’aurore pour accélérer ton ouvrage. C’est une honte pour toi que ton encens journalier ne fume qu’après le lever du soleil. Ce n’est point l’aube de la lumière qui devait autrefois avertir ta prière de venir rendre hommage au Dieu des êtres, et solliciter ses miséricordes, c’est ta prière qui devait elle-même appeler l’aube de la lumière et la faire briller sur ton oeuvre, afin qu’ensuite tu puisses du haut de cet orient céleste la verser sur les nations endormies dans leur inaction, et les arracher à leurs ténèbres. Ce n’est que par cette vigilance que ton édifice prendra son accroissement, et que ton âme pourra devenir semblable à l’une de ces douze perles qui doivent un jour servir de portes à la ville sainte. Nouvel Homme 8
Ne te relâche donc point, homme de désir, car le Dieu des êtres lui-même ne dédaigne pas de venir faire alliance avec ton âme, il ne dédaigne point de venir opérer avec elle cette divine et spirituelle génération dans laquelle il t’apporte les principes de vie, et veut bien te laisser le soin de leur donner la forme. Si tu voulais t’observer avec attention, tu sentirais tous ces principes divins de l’essence éternelle, délibérer et agir puissamment en toi chacun selon leur vertu et leur caractère ; tu sentirais qu’il t’est possible de t’unir à ces suprêmes puissances, de devenir un avec elles, d’être transformé dans la nature active de leur agent, et de voir toutes tes facultés s’accroître et s’aviver par de divines multiplications ; tu sentirais ces divines multiplications continuer et s’étendre journellement en toi, parce que l’impression que les principes de vie auraient transmise sur ton être les y attirerait de plus en plus, et qu’à la fin ils ne feraient plus que s’attirer véritablement eux-mêmes en toi, puisqu’ils t’auraient assimilé à eux. Nouvel Homme 8
Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces qui t’arrivent sur la nature de l’être qui veut te gouverner à ton insu. Il est le Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le soleil plane sur les humbles plantes, et lorsqu’il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m’éclairez, mais dès que je vous vois, vous n’êtes point mon Dieu, vous n’en êtes que les images. Mon Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi, sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et exclusivement dans la main de ce Dieu inconnu qui t’approche secrètement, et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes, et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient de recevoir le jour. Nouvel Homme 10
Et toi, homme, ne t’offense point de te voir naître dans une étable et parmi des animaux, tu ne nais que dans l’humiliation, tandis qu’auparavant tu existais dans des abîmes. Ces animaux vont faire pour toi, ce que tu aurais dû faire pour eux si tu eusses conservé tes droits ; ils vont te réchauffer de leur haleine, comme tu aurais dû les réchauffer de ton esprit, et leur conserver par là leur caractère, et leurs formes primitives. Car c’est aujourd’hui ta forme qui te préserve, au lieu qu’autrefois tu aurais dû préserver ta forme. Tu iras bientôt au temple pour y recevoir la circoncision, et Siméon chantera le cantique de joie en te prenant dans ses bras et en disant que tu es un enfant né pour le salut et pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 10
On nous donne peu d’instruction sur les soins que l’on doit à l’enfance ; cependant, homme, ce temps va être pour ton fils le temps le plus précieux de sa vie, car tu vas être à la fois ton fils, ton père, ta mère, tous les serviteurs qui seront employés à la plus sublime des tâches. Que ce fils nouveau-né devienne donc pour toi l’objet de tes soins les plus assidus. Ce fils est amour, et il est amour Divin, tâche que toutes les lumières qui se développeront en lui ne lui parviennent que par cette même voie ; j’allais presque dire, que par son nom ; ce sera un moyen de le rendre homme dans un âge où tant d’hommes sont, non seulement encore enfants, non seulement pas encore nés, mais même pas encore conçus ; sans compter ceux qui sont nés par avortement, ou qui ont péri depuis longtemps par mille autres accidents, quoique tu les voies marcher devant toi, se bien porter, et remplir parfaitement toutes les fonctions ostensibles de l’homme. Nouvel Homme 10
Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences, et que je te parle tant d’exhortation et d’avertissement. C’est que j’ai sondé la science, et que j’ai sondé l’exhortation. La science est grande, elle est fille de la lumière, elle est l’éclat vivant du soleil éternel ; mais elle ne veut pas connaître d’autre organe et d’autre voie que le coeur de l’homme : quand on la force de se présenter par une autre entrée, elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu’elle le peut. Aussi, homme, mon ami, si l’on t’avait communiqué le tableau universel de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées, présentes et futures, tu pourrais encore n’avoir pas fait un pas si tu n’avais commencé par ouvrir ton âme à l’esprit de la vie, et à ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton âme à cet esprit de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière et de la science. Nouvel Homme 11
Voilà comment la parole Divine voudrait se faire entendre à toutes les régions de l’univers, en leur répétant sans cesse par ta voix : Lazare, levez-vous ; car si c’est la voix de l’homme qui a versé le crime et le poison sur l’univers, c’est la voix de l’homme qui doit y reporter la lumière, la sagesse, la mesure et l’harmonie. C’est là ce nouvel homme après lequel languissent les soupirs de la Divinité ; c’est là ce nouvel homme qu’il faut rappeler de toute langue, de toute nation, de toute tribu afin qu’il vienne adorer dans Jérusalem ; c’est là ce peuple saint, cette nation choisie dont les enfants doivent avoir, selon les prophètes, des reines mêmes pour nourrices, et qui doit voir les rois baiser la poussière de ses pieds : Isaïe 49:23. Nouvel Homme 15
Il faut que nous arrachions cette arche sainte de ces mains criminelles qui l’outragent ; il faut que nous lui fassions traverser les déserts au milieu des peuples armés pour nous attaquer, et la maintenir en leur possession. Il faut que nous la sentions sortir péniblement de dessous les décombres qui l’engloutissent, et traverser le vieil homme, en le faisant crier de douleur, jusqu’à ce qu’elle l’ait dépassé, et qu’elle se soit remise à flot au-dessus de lui. Nouvel Homme 16
Vois-tu à quel prix cet air actif que la physique emploie se peut obtenir des corps qui le tenaient renfermé ? Ce n’est qu’en les violentant par des caustiques, ou qu’en les livrant à la putréfaction. Il en est de même du vieil homme qui doit être ainsi violemment dissous par le même feu sacré qu’il tient enseveli dans lui-même, et il faut qu’à chaque degré que ce feu va parcourir pour recouvrer sa liberté et sa splendeur, il dissolve, corrode, et putréfie toutes les substances hétérogènes qui composent aujourd’hui en toi l’homme de ténèbres, et l’homme de la mort ; il faut que ces mêmes substances soient brisées, et renversées par l’approche de ce feu sacré, comme l’idole de Dagon le fut par la présence de l’arche sainte ; il faut que les habitants de Bethsamès soient frappés de mort pour oser regarder cette arche sainte lorsqu’elle est ainsi conduite par le Seigneur, et que dans leur terreur ils la renvoient bien vite dans la ville de Cariathiarim : il faut que lorsque David la ramènera de chez Obédédom jusqu’à Sion, tu aies toujours près de toi sept choeurs de musique, et qu’à chaque fois que ceux qui porteront l’arche auront fait six pas, tu immoles des victimes. Nouvel Homme 16
Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier degré de l’oeuvre de l’esprit en nous, après qu’il y a conçu, et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme. Nouvel Homme 18
Les temps viendront où l’oeuvre trine s’accomplira sur ce nouvel homme, où l’action et le nom de l’esprit, l’action et le nom du fils, l’action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront dans ce nouvel homme, de manière à n’offrir à la fois, dans toutes les dimensions de son être, qu’une seule action, qu’un seul nom, qu’une seule opération, qu’une seule multiplication qui placera l’homme continuellement au milieu de l’atmosphère de la vie, et qui le rendra si redoutable à ses ennemis, qu’ils fuiront devant lui, comme les ténèbres fuient devant l’astre du jour, et vont toujours se cachant, comme étant frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur de sa lumière. Nouvel Homme 18
Songe donc que cette loi du sort, administrée par l’homme de Dieu, met par là l’esprit dans sa voie directe, au moyen de quoi elle ne peut manquer de conduire cet esprit à son but, comme un puissant remède que le savant médecin sait appliquer à propos, de manière que ce remède ne manque point d’aller chercher le mal dans ses plus profondes retraites, de le rencontrer, et de le frapper, quelque mélangé, et quelque combiné que ce mal soit avec des parties saines. Cette loi du sort de l’esprit est toujours en activité sur toi, et elle ne manquera point de découvrir d’abord quelle est celle de tes tribus qui se sera laissée aller à violer l’ordonnance de l’anathème, ensuite quelle est la famille de cette tribu qui renferme le prévaricateur, et enfin quel est l’individu de cette famille qui sera lui-même le coupable ; cette recherche ne cessera jamais ni pour toi, ni pour aucun homme, et c’est dans la grande vallée d’Achor qu’un jour à venir seront conduits les prévaricateurs, avec tout ce qu’ils auront réservé de l’anathème, et là ils seront lapidés par tout le peuple. Nouvel Homme 18
Oui, le coeur de l’homme est un foyer où toutes les paroles divines se pressent et s’accumulent, et où elles sont en une continuelle fermentation. C’est cette fermentation des paroles divines dans l’homme qui, par leur mutuelle réaction, produit le mouvement spirituel de notre âme, et la préserve de l’état de mort et de stagnation ; quiconque n’a pas senti physiquement cette fermentation intérieure, ne peut point encore avoir la moindre idée de l’origine de l’homme, ni par conséquent de sa renaissance, ou du nouvel homme. Car cette fermentation est le principe exclusif, et nécessaire pour nous faire reprendre la forme que nous avons perdue, et si nous n’avons pas le sentiment vif et physique de ce principe, comment aurons-nous le sentiment des effets qui en doivent résulter, et des oeuvres que nous aurons à produire, c’est-à-dire, comment pourrons-nous remplir notre destination ? Nouvel Homme 19
20. Si toutes les puissances divines se transformaient en autant de verbes brûlants, et en autant d’instruments aigus et pénétrants qui, tous à la fois rompissent les divers liens qui retiennent notre être pensant, et le rendissent à sa liberté, et à toute sa sensibilité Divine, quelle langue pourrait alors exprimer notre situation ravissante ? Voilà cependant ce que nous pourrons attendre de notre renaissance, si nous sommes assez persévérants pour la poursuivre avec une constante activité, car au moment où nous nous y attendrons le moins, notre heure spirituelle arrivera, et nous fera connaître, comme à l’improviste, ce délicieux état du nouvel homme. Nouvel Homme 20
Telle est donc la pénible destinée de cette parole chérie que la sagesse fait naître dans le nouvel homme, et qui ne s’y peut engendrer qu’en rompant toutes les barrières qui la retiennent dans l’esclavage, et dans la contrainte ; c’est la pression de l’influence supérieure qui force cette parole à traverser ainsi péniblement ses entraves, et à se manifester sous des traits aigus dont notre langue corporelle est l’image, et dont nous trouverions des figures encore plus frappantes dans la manifestation qui arriva aux apôtres à Jérusalem, si notre plan ne nous défendait pas d’anticiper sur l’ordre des objets que nous aurons à exposer dans cet écrit. Nouvel Homme 20
Car si l’homme a le bonheur de voir naître en lui le fils de l’esprit ou le nouvel homme, il aperçoit bientôt la différence de ce nouvel état pour lui à son état antérieur ; et cette différence consiste en ce que, dans ce nouvel état, il est sûr, par ses efforts et la persévérance dans sa prière, d’obtenir les fruits de ses désirs purs, soit des lumières et des développements, soit des consolations, soit des dons de l’esprit pour la manifestation de la gloire de son maître, toutes choses que nous pouvons maintenant regarder comme autant de révélations. Mais dans son état antérieur, il n’avait pas la même certitude, et malgré toutes les entreprises les plus courageuses, il ne pouvait se flatter du même succès, et les espèces de révélations dont il était susceptible alors, lui parvenaient d’une manière plus voilée, plus figurative, et qui le laissaient souvent comme dans l’attente des biens qu’on ne faisait que lui montrer. Nouvel Homme 20
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
C’était donc par cette étude de l’homme, par des encouragements réitérés à faire naître en lui un nouvel homme, et par la comparaison de ses divers états que l’on aurait dû travailler à ouvrir les yeux des hommes de désir sur la nature des révélations en général, sur la nature de nos révélations particulières, et sur la nature de la seule révélation, d’où puissent ressortir toutes les autres révélations quelconques, parce que cette révélation unique, ayant produit dans l’origine tout ce qui a été englouti par le crime, était aussi la seule qui pût arracher au tombeau et aux ténèbres, tout ce que le crime y tenait renfermé, et voilà pourquoi cette révélation du Réparateur a été, est et sera à jamais la révélation universelle. Nouvel Homme 20
21. Comme images de l’unité universelle, nous devons établir universellement des unités en nous, si nous voulons faire des progrès dans l’éducation du nouvel homme. Car dans notre oeuvre générale comme dans toutes nos oeuvres particulières, nous n’obtiendrons rien de permanent, nous ne produirons rien de parfait, nous ne jouirons d’aucune paix, ni d’aucune lumière réelle, si tout ce que nous obtenons, tout ce que nous produisons, tout ce dont nous jouissons, n’est pas le fruit et le résultat d’une unité. C’est peut-être ici l’avis le plus salutaire que nous puissions recevoir dans ce bas monde. Nouvel Homme 21
Loin donc de nous lamenter sur les obstacles, et sur les lenteurs auxquelles nous sommes heureusement condamnés, remercions la providence qui nous fournit par là l’occasion de recevoir avec avantage tous les fruits de la loi, lorsque les temps de cette loi seront accomplis ; remercions-la de ce qu’elle nous fournit par là l’occasion de nous procurer une situation, ou une manière d’être assez utilement préparée, pour que lorsque l’heure de la naissance du nouvel homme est arrivée, on ne puisse pas nous appliquer directement à nous-mêmes, ce que Siméon dit à la naissance du Réparateur : savoir que cet enfant était né pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 22
Car si ce nouvel homme naissait jamais pour notre ruine au lieu de naître pour notre salut, comment pourrions-nous jamais entrevoir et connaître le royaume qui ne peut se montrer réellement qu’à ce nouvel homme, et à cet enfant chéri conçu en nous par l’esprit du Seigneur ? Nouvel Homme 22
C’est donc à extraire les pierres des carrières, à les tailler, à les transporter, à les poser à demeure dans la place qu’elles doivent occuper dans l’édifice, que la sagesse et l’esprit du Seigneur s’occupent journellement à notre égard ; et les instruments qu’ils emploient pour cela, ce sont les mêmes obstacles, et les mêmes contrariétés spirituelles que nous rencontrons dans notre carrière, et dont l’homme novice aux secrets de Dieu ne connaît pas assez le prix pour sentir qu’il n’y a pas une de ces épreuves soutenues avec foi et courage, qui ne doive se terminer pour lui par la naissance et le développement d’une unité ; et que c’est par ces accumulations d’unités acquises par autant d’épreuves, et de victoires, qu’il doit voir s’élever en lui le nouvel homme ou l’édifice des élus. Nouvel Homme 22
Car c’est dans la manifestation du nom du Seigneur que se trouve la plénitude de sa gloire, et cette manifestation ne peut avoir lieu parmi les nations, que par l’organe du peuple qu’il a choisi à ce dessein ; c’est-à-dire, par l’organe de l’homme ; voilà pourquoi il ne cesse de solliciter cet homme réfractaire de s’occuper de sa destination sacrée. Nouvel Homme 23
Il l’en sollicite par le besoin qu’il en a mis dans son âme, il l’en sollicite par tous les emblèmes que l’univers lui présente continuellement, mais qui, étant impuissants pour opérer une si grange oeuvre, sont bornés au rang d’emblèmes, et laissent à l’homme le soin d’en exprimer la réalité ; il l’en sollicite par toutes les lois représentatives, et figuratives, civiles, politiques, historiques, naturelles, et surnaturelles ; enfin, il est venu l’en solliciter lui-même pour le déterminer à se livrer à cette sainte entreprise, et il a commencé par faire renaître en lui ce nouvel homme qui seul sera digne de s’en acquitter dignement lorsqu’il aura acquis son âge compétent, et qu’il aura atteint les mesures tracées par les lois éternelles de la sagesse qui peuvent bien, ici-bas, subir quelque extension, et comme une sorte de subdivision qui les réduit, mais qui ne change point leur caractère. Nouvel Homme 23
Lors donc, homme, que tu seras parvenu à cette terre que Dieu a promise par serment à tes pères ; aie grand soin d’y observer fidèlement les lois et les ordonnances du Seigneur, si tu veux te maintenir longtemps dans tes possessions, et si tu ne veux pas que les nations que tu dois vaincre te rendent elles-mêmes leur esclave. Car si le Seigneur considère, et respecte, pour ainsi dire, le privilège honorable dont il t’a rendu dépositaire, ce ne sera jamais que lorsque tu concourras avec lui à l’accomplissement de ses desseins, et à la manifestation de son nom ; et il ne prend pas moins le soin de sa justice que celui de sa gloire ; autant il cherche à ne te pas forcer dans tes oeuvres pures et glorieuses, autant il a de puissance pour t’arrêter dans tes oeuvres fausses, et pour résister aux efforts de ta volonté criminelle. Nouvel Homme 23
Avant de dire : au nom du Seigneur, attends toujours que le nom du Seigneur soit descendu en toi. Ce n’est point de mémoire que tu dois prononcer ce nom puissant. C’est par sentiment, c’est par impulsion, et comme étant pressé par le pouvoir de son charme irrésistible. Voudrais-tu être comme ceux qui le prononcent journellement d’eux-mêmes, et dans qui l’idée qu’ils en prennent, et le respect qu’il devraient lui porter se confond avec les mouvements les plus insensibles de leur âme, et n’y laisse pas de plus profondes traces ? Il en est qui sont bien plus coupables encore, aussi ne le prononcent-ils que pour leur condamnation ; mais ce tableau serait trop affligeant, et trop dangereux pour l’oeil du nouvel homme, il vaut mieux lui en laisser ignorer l’existence, et lui montrer pourquoi il doit attendre que le nom du Seigneur soit descendu en lui, avant d’oser dire : au nom du Seigneur. Nouvel Homme 23
Qu’étais-tu, homme, lorsque l’Éternel te donnait la naissance ? Tu procédais de lui, tu étais l’acte vif de sa pensée, tu étais un Dieu pensé, un Dieu voulu, un Dieu parlé, tu n’étais rien tant qu’il ne laissait pas sortir de lui sa pensée, sa volonté, et sa parole. Il n’a pas changé de loi, il ne peut y avoir que lui qui t’engendre, et ce n’est que par lui que tu peux engendrer des oeuvres régulières. S’il n’engendre donc pas son nom en toi avant que tu dises : au nom du Seigneur, tu n’agis plus que de mémoire quand tu prononces ce nom, et voilà pourquoi tant d’hommes le prononcent en vain sur la terre, et nous prouvent d’une manière si affligeante que malheureusement, l’homme n’est, ne vit, et n’agit que dans la vanité et le néant. Nouvel Homme 23
24. Si le nouvel homme veut que la parole soit vivante en lui, il ne pourra obtenir cette faveur, qu’en mourant dans cette même parole ; et s’il lui est donné de pouvoir mettre à profit les incommensurables longanimités du temps, c’est afin qu’il puisse parvenir à ce glorieux terme par des progressions douces et insensibles qui le préparent à recevoir la jonction de la grande unité sans être ébloui par son éclat, ou consumé par sa chaleur brûlante ; c’est en même temps pour que les combats qui lui sont offerts dans ces diverses progressions soient toujours en mesure avec son courage et avec ses forces. Nouvel Homme 24
Le nouvel homme dont la destinée est si élevée au-dessus de la sagesse commune doit, comme nous l’avons dit, mourir continuellement dans la parole, s’il veut que la parole vive en lui ; et il y doit mourir progressivement afin qu’elle puisse y vivre un jour dans toute sa force, et dans toute sa plénitude. Il faut qu’il voyage silencieusement sur les bords du fleuve, qu’il combatte à tous les pas les animaux qui se rencontrent, et qu’il surmonte les obstacles de chaque jour. Par là, il reçoit insensiblement une triple création qui purifie son corps, son âme et son esprit, qui les remplit du feu de la vie, parce que le feu le couvre, et le pénètre de la parole du témoignage. Nouvel Homme 24
Voyons donc ainsi croître en paix ce nouvel homme ; voyons-le sacrifier à tout moment tout ce qui n’est pas du ressort de la parole, et faire en sorte, par ce moyen, que la parole prenne en lui la place de tout ce qui la gênait, et l’empêchait de venir démontrer à cet homme qu’il est une pensée du Dieu des êtres, une parole du Dieu des êtres, une opération du Dieu des êtres. Voyons-le par ces sacrifices journaliers, et continuels, mourir par degrés dans la parole, et s’ensevelir tellement dans la confiance en cette parole, qu’elle puisse elle-même ressusciter en lui dans les mêmes mesures, et qu’elle finisse par y manifester complètement, et universellement son action de vie, lorsqu’il aura fini de son côté, par manifester en elle complètement, et universellement son action de mort. Nouvel Homme 24
Alors ce nouvel homme sera réellement sorti de l’état d’enfance où est encore ce fils chéri de l’esprit que nous avons déjà vu naître, et même patente au milieu des docteurs à son âge de douze ans, mais qui n’est point encore parvenu à cet état de virilité que nous peignons par anticipation, et qu’il ne faut point confondre avec l’état heureux qui nous attend après notre mort corporelle, si nous avons suivi les lois de la sagesse. Nouvel Homme 24
Voyons donc, comme dans un lointain, ce nouvel homme, jouissant abondamment des droits de son être, et des faveurs innombrables du principe régénérateur qui a bien voulu pénétrer en lui ; voyons-le comme les digues d’un grand fleuve, qui les resserrent, et le contiennent dans leurs bords de manière qu’il n’en sorte plus et qu’il transporte paisiblement ses eaux fertilisantes dans toutes les contrées qu’il parcourt ; mais voyons encore plus comment il se prépare à cette magnifique destination. Nouvel Homme 24
Le nouvel homme qui considérera ces paroles instructives, apprendra combien il est utile pour nous qu’il y ait plusieurs régions, afin que nous puissions être éprouvés de nouveau, et payer double dans les régions suivantes, si nous n’avons rien payé dans les régions antérieures ; il apprendra combien il est avantageux pour nous que nous subissions différentes servitudes dans ces diverses régions, puisque toutes ces servitudes, quand elles nous sont envoyées par la main du Seigneur, ne peuvent avoir pour but que notre amélioration. Car, même dans l’ordre de la nature, combien d’arbres n’ont-ils pas besoin d’être transplantés ? Et en effet, si nous n’avions pas besoin de passer par ces diverses purifications, il n’y aurait qu’une seule région ; et si nous n’avions pas besoin de ces diverses contemplations, il n’y aurait qu’un seul climat. Quelle superbe économie que celle de la sagesse de notre Dieu ! Il laisse régner au-dehors, sur son administration à notre égard, les couleurs rigoureuses de la justice, pour imprimer partout la terreur, et la crainte de sa puissance ; mais il dirige secrètement toutes les voies de cette administration vers notre utilité réelle, et vers notre véritable avancement, afin que, si nous avons dû commencer par le craindre, nous ne puissions nous empêcher de finir par l’aimer. Nouvel Homme 24
Nouvel homme, nouvel homme, instruis-toi à ces grands exemples. Soumets-toi humblement à toutes les servitudes qu’il plaira au Seigneur de t’envoyer. Ne te livre point de toi-même au mouvement ; tu serais comme Moab, tu emporterais ta lie avec toi, et le mouvement ne te servirait de rien ; laisse agir sur toi cette main vigilante, elle ne te fera jamais faire de mouvements qui te soient nuisibles, et elle ne te fera réellement entrer dans les grandes épreuves de l’esprit, que quand elle t’aura donné le temps de déposer ta lie, parce qu’alors tu te sépareras de cette lie sans retour, et que tu porteras la vie, la santé, et la bonne odeur dans les vaisseaux où elle te versera. Nouvel Homme 24
Mais parmi toutes les nations en est-il une qui porte en elle plus éminemment que l’homme le nom de ce Dieu suprême ? Et parmi les hommes, en est-il d’autre que le nouvel homme qui puisse être susceptible de manifester la gloire, et les avantages attachés à ce puissant privilège ? C’est donc en lui que nous devons apprendre à en admirer le merveilleux caractère. En effet, nous ne craindrons point de nous égarer en lisant, dans ce nouvel homme, la marche que le peuple hébreu a suivie lui-même sous les yeux de la suprême sagesse qui l’a arraché des mains de ses ennemis par des prodiges, et des signes si extra-ordinaires. Nouvel Homme 25
Bien plus, regardons ce nouvel homme comme l’organe de la parole divine, par lequel elle veut se communiquer aux nations ; regardons-le comme cet ange qui transmettait à Moïse sur la montagne du Sinaï les lois du Seigneur, afin que le peuple fût instruit des ordonnances divines, et qu’il apprit, en les observant, à diriger ses pas vers la sagesse, et à rentrer dans les voies de sa primitive origine. Nouvel Homme 25
Oui, nouvel homme, nous pouvons voir en toi la montagne du Sinaï tout entière, avec toutes les merveilles qui s’y sont passées. Nous pouvons voir à ta naissance miraculeuse, ce lieu sacré se couvrir de nuages célestes d’où sortent des feux, et des éclairs ; nous pouvons voir les animaux trembler à cet aspect et le peuple lui-même n’oser en contempler l’éclat, et te prier, comme les Hébreux prièrent Moïse, de voiler ta face pour ne pas les éblouir ; nous pouvons te voir demeurer seul pendant quarante jours sur cette montagne, pour y recevoir tous les degrés de ton ordination dans la loi temporelle ; nous pouvons te voir recevant de Dieu les préceptes du Décalogue, et nous les exprimer par ton essence même encore plus que par ta parole ; nous pouvons t’entendre nous dire au nom de ce Dieu, dont tu as seul approché : Nouvel Homme 25
Telles sont en effet les lois, et les commandements que le nouvel homme trouve en lui-même, au moment de sa naissance ; et il les prononce avec tant de force et tant d’éclat à toutes les substances de son être, qu’il devient, pour lui-même, l’effroi de tout ce qui n’est pas conforme à la justice, et le premier organe de la gloire qui est due au Seigneur, comme étant le principal ministre, et le plus zélé défenseur de son culte. Nouvel Homme 25
Dès ce moment, ce nouvel homme devient chargé de la conduite de son propre peuple qui est lui-même ; il va être chargé d’ordonner les Lévites et les prêtres qui auront l’emploi d’immoler les victimes, et de couvrir l’autel des sacrifices. Nouvel Homme 25
26. Homme de paix, homme de désir, combien de fois ne t’es-tu pas oublié dans des occupations frivoles et illusoires, qui prenaient à tes yeux tellement l’apparence de la réalité, qu’elles effaçaient pour toi jusqu’à la passivité du temps ! Pourquoi ne pourrais-tu espérer la même jouissance, et la même victoire sur le temps, en t’abandonnant à la culture d’un objet réel, et dont les traces peuvent survivre à la puissance corrosive de tous les siècles ? La différence que tu y trouverais, c’est que ces objets illusoires te laissaient encore dans un plus grand vide, et dans les plus grandes ténèbres après que leur charme était passé ; au lieu que les objets réels prolongent leurs douces influences, longtemps après que leur action s’est approchée de toi. Nouvel Homme 26
Mais ne te livre point à l’impatience, comme les Hébreux dans le désert, si tes succès ne sont pas aussi rapides que tes désirs seront ardents ; souviens-toi « de tout le chemin par où le Seigneur, leur Dieu, les a conduits pendant quarante ans, pour les punir et pour les éprouver, afin que ce qui était caché dans leur coeur, fût découvert, et que l’on connût s’ils seraient fidèles ou infidèles à observer ses commandements ; souviens-toi qu’il les a affligés de la faim, et qu’il leur a donné pour nourriture la manne qui était inconnue à leurs pères, pour leur faire voir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ; souviens-toi enfin que le Seigneur, leur Dieu, s’est appliqué à les instruire et à les régler, comme un homme s’applique à instruire et à corriger son fils. » Nouvel Homme 26
D’ailleurs, homme mon frère et mon ami, par cette douce vertu, ne retraçons-nous pas une vive image de notre principe ? Que fait-il autre chose du haut de son trône, que de manifester une inaltérable longanimité par laquelle il se montre patient envers tous les obstacles, et envers toutes les résistances ? Formons-nous donc, comme lui, une sainte retraite au milieu des atmosphères corrompues dont nous sommes environnés. Soyons-y comme le passereau solitaire sur le toit, et que nos lamentations mêmes soient perpétuellement tempérées par l’espérance et par une sécurité inébranlable. Si nous sommes les enfants de notre Dieu, il ne nous perd pas de vue. Les suspensions et les langueurs doivent entrer aussi bien que les jouissances, dans les plans qu’il a formés sur nous, et nous devons être sûrs qu’il s’occupe assez soigneusement de nous, pour que nous le regardions toujours comme notre père, lors même que nous nous trouvons loin de lui. Nouvel Homme 26
La matière se précipite au-dessous de l’esprit, l’esprit s’élève au-dessus de notre corps ténébreux ; il se fait en nous un partage du pur et de l’impur, et une unité supérieure nous découvre un vaste champ. Sans son divin secours, l’homme rampe comme dans la fange. À peine, du fond de son antique demeure, peut-il découvrir au loin quelques rayons de la céleste clarté, et son oreille épaisse et dure ne soupçonne pas même l’harmonieux concert que les enfants de la lumière forment devant le trône de l’Eternel. Mais, dès que cette vie suprême a laissé tomber sur l’homme sa rosée vivifiante, quelles paroles peindraient les douceurs et les consolations qui l’attendent ? Quelles paroles pourraient faire comprendre l’état de la pensée du nouvel homme, lorsqu’il se trouve livré à la contemplation des oeuvres de la sagesse, et à la jouissance des ineffables ravissements qui saisissent son âme, pour peu qu’elle approche de l’atmosphère de l’éternité ! Nouvel Homme 26
Nouvel homme, ô toi enfant chéri de l’esprit, lorsqu’il t’arrivera « de mettre le pied dans cette terre promise, après que Dieu t’aura rendu maître de ce peuple d’une taille haute et surprenante, de ces enfants d’Enac que tu auras vus toi-même, que tu auras entendus, et à qui nul homme ne peut résister ; tu sauras que c’est le Seigneur lui-même qui passera devant toi comme un feu dévorant et consumant, qui les réduira en poudre, qui les perdra, qui les exterminera en peu de temps devant ta face, selon qu’il te l’a promis. Après que le Seigneur ton Dieu les aura détruits, devant tes yeux, ne dis pas dans ton coeur : c’est à cause de ma justice que le Seigneur m’a fait entrer dans cette terre, et qu’il m’en a mis en possession, puisque ces nations ont été détruites à cause de leurs impiétés, car ce n’est ni par ta justice, ni la droiture de ton coeur qui sera cause que tu entreras dans leur pays pour le posséder, mais elles seront détruites à ton entrée, parce qu’elles ont agi d’une manière impie, et que le Seigneur voulait accomplir ce qu’il a promis, avec serment, à tes pères Abraham, Isaac et Jacob ». Nouvel Homme 26
Oui, nouvel homme, ce sera par cette justice et cet hommage rendu au souverain principe que tu te maintiendras dans ce séjour du repos et de la lumière. Ce sera par là que tes forces s’accroîtront et se soutiendront, ce sera par là que quoiqu’au milieu du temps, tu t’oublieras au-dessus du temps dans les saintes contemplations des merveilles qui se découvriront à ton être, et qui te surprendraient autant que ta propre naissance, si tu n’étais pas préparé à ces prodiges par le sentiment de ton existence divine. Nouvel Homme 26
27. Nouvel homme, « Lorsque tu seras entré dans la terre promise, souviens-toi de n’y sacrifier à ton Dieu que dans le lieu qu’il aura choisi pour que tu lui rendes le culte qui lui est dû. Non seulement tu n’imiteras point ces nations impies qui ont dressé les autels sur tous les hauts lieux, sous des arbres touffus, et qui là offrent leurs sacrifices au Soleil, à la Lune, et à toute la milice du ciel, mais tu renverseras tous ces hauts lieux, tous ces autels et toutes ces idoles qui y sont honorées ; tu ne laisseras pas subsister la moindre trace de ce culte impie, selon que le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné, et tu viendras dans le lieu que le Seigneur t’aura indiqué pour lui immoler tes victimes. » Nouvel Homme 27
Oui, nouvel homme, voilà ce vrai temple où seulement tu pourras adorer le vrai Dieu de la manière dont il veut l’être, puisque tous les temples représentatifs et figuratifs qu’il a permis à sa sagesse de t’accorder pendant ton passage dans les régions visibles ne sont que les avenues de ce temple invisible, auquel il désirerait voir arriver en foule toutes les nations de l’univers. Le coeur de l’homme est le seul port où le vaisseau lancé par le grand souverain sur la mer de ce monde, pour transporter les voyageurs dans leur patrie, peut trouver un asile sûr contre l’agitation des flots, et un ancrage solide contre l’impétuosité des vents. Nouvel Homme 27
Ne lui en interdisons pas l’entrée, si nous ne voulons pas de sa part les reproches de l’ingratitude et de l’inhumanité ; au contraire, ayons un soin continuel de tenir ce port en état, et d’ôter sans cesse les sables qui peuvent s’accumuler devant lui, et que la mer y apporte à tous les moments ; ayons grand soin d’en ôter les vases et les sédiments qui s’y déposent journellement, et qui couvrant le fond solide empêcheraient que l’ancre du vaisseau ne pût y mordre et s’y attacher ; ayons surtout grand soin de préparer tous les secours qui seront en notre pouvoir pour soulager les malheureux navigateurs que la mer aura fatigués, et faisons en sorte qu’ils y trouvent toutes les consolations qu’ils pourront désirer, afin que ce port soit chaque jour plus fréquenté, et devienne ainsi utile et cher à toutes les nations de l’univers ; par là nous rétablirons entre nous, et nos frères de tous les pays, une liaison salutaire qui nous fera jouir d’avance des bienfaits de cette communion universelle pour laquelle nous avons reçu l’existence, et qui est le premier objet de l’ambition du nouvel homme. Nouvel Homme 27
Il est inutile de lui dire à ce nouvel homme, que ce vaisseau lancé par le grand souverain des êtres est le nom du Seigneur, puisque c’est par ce nom puissant que ce nouvel homme a reçu la naissance. Il est inutile de lui dire que ce nom puissant doit s’ancrer en lui pour pouvoir laisser passer la tempête, et continuer ensuite sa route jusqu’à ce qu’il ait pu rendre à leur destination les voyageurs dont il est chargé. Ce nouvel homme connaît toutes ces grandes vérités, puisqu’il sait qu’il n’est né, qu’il n’existe et ne doit exister que pour la conservation de la loi du Seigneur, et pour coopérer de tout son pouvoir aux desseins bienfaisants que la Sagesse divine enfante sans cesse pour le bonheur de la postérité humaine. Nouvel Homme 27
28. Pourquoi craindrais-je de revenir trop souvent à la charge pour avertir ce nouvel homme des lois qu’il doit suivre, s’il veut arriver à son terme, et des joies et des consolations qui l’attendent dès le moment qu’il sera sous la main du Seigneur ? N’est-ce pas par des coups réitérés que le manoeuvre parvient à briser le rocher, et à en détacher la pierre qui doit entrer dans l’édifice ? N’est-ce pas par un travail soutenu qu’il parvient à lui donner la forme et le poli qu’elle doit avoir avant d’être mise place ? Nouvel Homme 28
Souviens-toi donc, nouvel homme, à quel prix tu devras te maintenir dans le poste que le Seigneur t’aura donné. Moïse disait aux Hébreux : « Si votre frère, fils de votre mère, ou votre fils, ou votre femme qui vous est chère, ou votre ami que vous aimez comme votre âme, vous veut persuader, et vous vient dire en secret : allons et servons les dieux étrangers qui nous sont inconnus, comme ils l’ont été à vos pères, les dieux de toutes les nations, dont nous sommes environnés, soit de près ou de loin, depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre, ne vous rendez point à ses persuasions, et ne l’écoutez point, et ne soyez touché d’aucune compassion sur son sujet, ne l’épargnez point, et ne tenez point secret ce qu’il aura dit ; mais tuez-le aussitôt. Que votre main lui donne le premier coup, et que tout le peuple le frappe ensuite. » Nouvel Homme 28
Nouvel homme, c’est dans toi-même que se peuvent trouver tous ces parents infidèles, auxquels il t’est défendu de pardonner. N’en ménage aucun. Quand ce serait le plus cher d’entre eux qui tâcherait de s’insinuer dans ton esprit, et de t’attirer à un culte trompeur pour quelqu’autre portion de toi-même que celle où la voix de ton Dieu s’est fait entendre, lorsqu’il a allumé lui-même sa lampe vivante dans le sanctuaire de ton propre temple, rejette-le loin de ta fureur. Plus tu exerceras de sévérité envers ces parents séducteurs, plus tu assureras le règne et la gloire de ton maître, parce que plus tu conserveras par là l’unité, la simplicité et la sainteté de ce fils chéri qui doit le représenter sur la terre. Nouvel Homme 28
Si nous n’avons donc pas dissipé nos ténèbres matérielles pour trouver l’homme, et nos ténèbres spirituelles pour trouver Dieu, comment pouvons-nous sentir en effet s’accomplir cette vérité en nous, comment pouvons-nous de nouveau sentir Dieu engendrer notre âme, comment pouvons-nous connaître ce sabbat qui ne se trouve que dans Dieu, comment pourrons-nous voir paraître en nous le nouvel homme, comment pouvons-vous voir s’élever en nous cet édifice, et ce temple impérissable où le feu sacré doit brûler éternellement, et où les victimes ne doivent pas cesser d’être immolées pour la manifestation de la gloire et de la puissance du Dieu qui ne peut être connu et honoré que par l’organe de ceux qui sont saints ? Nouvel Homme 28
N’ambitionnons pas d’embrasser dans notre cours un champ plus vaste que celui qui nous est prescrit ; si un seul homme avait suffi pour veiller aux besoins de toutes les régions de1’univers, l’éternelle sagesse n’aurait pas créé ce nombre incalculable d’individus qui composent la famille humaine. Nouvel Homme 28
29. Nous ne sommes encore parvenus dans cet écrit que jusqu’au second âge du nouvel homme, et nous n’avons point encore ouvert l’entrée du règne divin, parce que le nouvel homme est encore dans sa croissance, et n’a point atteint l’âge de sa virilité ; pendant qu’il croit, faisons ici sur le règne prophétique une observation essentielle : c’est que les esprits de Python n’ont point agi sur les patriarches et sur les prophètes, comme ils l’ont fait dans tous les temps sur le genre humain. Abraham, Jacob, Noé, Moise, David, Ezéchiel, Jérémie, Daniel, ont suivi la voie naturelle dans mille circonstances de leur vie, où la lumière supérieure se reposait pour eux. On leur montrait les événements prophétiques les plus éloignés, on leur montrait souvent même en songe, et puis on les livrait à la loi du temps, et aux ténèbres naturelles qui enveloppent toute la famille humaine. Nouvel Homme 29
Le nouvel homme a déjà vu briller trop clairement en lui sa propre lumière de son essence pour ne pas échapper à de pareils pièges. Il dira avec David (Ps. 15:7, etc.) : « Je bénirai le Seigneur de m’avoir donné l’intelligence et de ce que, jusque dans la nuit même, mes reins m’ont repris et instruit. Je regardais le Seigneur, et l’avais toujours devant mes yeux, parce qu’il est à mon côté droit pour empêcher que je ne sois ébranlé. C’est pour cela que mon coeur s’est réjoui, et que ma langue a chanté des cantiques de joie, et que de plus, ma chair même se reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption. Vous m’avez donné la connaissance des voies de la vie, vous me comblerez de joie en me montrant votre visage des délices ineffaçables sont éternellement à votre droite. » Nouvel Homme 29
En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29
Le nouvel homme ne connaît le besoin de ces secours indispensables, et c’est parce qu’il les a reçus, qu’il se remplit d’indulgence et de pitié pour ses malheureux concitoyens qui sont encore dans l’attente. Il sait que nous ne connaissons Dieu ici-bas que par les objets sensibles ; qu’à notre mort nous commençons à le connaître par les centres spirituels, mais que ce n’est qu’à notre entière réintégration que nous le connaîtrons par lui-même. Il voit que c’est une attente qui décourage les mortels, et qui les mène dans le désert par les sentiers de l’impatience. Il frissonne de douleur de savoir que la voie du retour n’est pas, à beaucoup près, si large que la font les hommes, avec toutes leurs doctrines qui semblent n’être que des recettes empiriques et de charlatans. Nouvel Homme 29
Nous voyons bien, à la vérité, dans la nature, le même air, la même source de vie se communiquer à toutes les plantes, et cependant les unes nous le rendent rempli de baumes et de parfums, tandis que d’autres ne le rendent que corrompu et plein d’infection ; mais ce n’est point cette image pénible qui fait la véritable affliction du nouvel homme, c’est de voir que le malheureux homme offre à nos yeux le même tableau, et avec des couleurs cent fois plus choquantes et propres à jeter la désolation dans toutes les substances de l’esprit. Nouvel Homme 30
Voyez ce nouvel homme; il a laissé jusque dans lui, par 1’organe de ses prières, l’antidote puissant qui seul peut détruire ces animaux malfaisants dont le coeur de l’homme est le repaire. Il a raclé chaque jour, comme Job, la sanie de ses ulcères, avec le morceau, de pot de terre qui lui restait ; aussi, l’esprit du Seigneur est venu renouveler son sang et lui rendre la santé. Aussi, son âme deviendra un jour le trône du Seigneur. Du haut de ce siège superbe, il étonnera les nations dans sa gloire, il lancera la foudre contre ses ennemis, il tracera les lois de sa puissance aux peuples innombrables qui habiteront dans ses domaines ; il publiera des lois de grâce pour ceux qui voudront rentrer dans les voies de la vérité ; il distribuera des prix et des récompenses à ceux qui se seront dévoués au service de son maître, et qui n’auront respiré que pour la gloire de la maison du Seigneur. Nouvel Homme 30
Veille donc sans cesse, ô homme de paix, ô homme de désir, pour que le trône soit ferme et inébranlable, puisque si ce trône n’est pas en état, tu peux par ta négligence, retarder l’oeuvre et la manifestation des merveilles et des grâces du Seigneur. Que serait-ce donc si ce trône n’était pas érigé au nom de la vérité ? Dieu vous dirait, comme dans Amos (5:20, etc.) : « Je hais vos fêtes et je les abhorre ; je ne puis souffrir nos assemblées ; en vain vous m’offrirez des holocaustes et des présents, je ne les recevrai point, et quand vous me sacrifierez les hosties les plus grasses pour vous acquitter de vos voeux, je ne daignerai pas les regarder. Otez-moi le bruit tumultueux de vos cantiques ; je n’écouterai point les airs que vous chantez sur la lyre ; mes jugements fondront sur vous comme une eau qui se déborde, et ma justice comme un torrent impétueux. Maison d’Israël, m’avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert, pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de Moloch, l’image de vos idoles, et l’étoile de votre Dieu qui n’étaient que des ouvrages de vos mains. C’est pour cela que je vous ferai transporter au-delà de Damas, dit le Seigneur qui a pour nom le Dieu des Armées. » Nouvel Homme 30
Le nouvel homme ne veut pas d’un Dieu qui soit ainsi l’ouvrage de ses mains ; voilà pourquoi il n’a d’autre soin, d’autre désir que de laisser agir sur lui la main du Seigneur. Il la sent pénétrer jusque dans l’intérieur de son être. Elle commence par réveiller en lui la sensibilité spirituelle par son approche ; elle lui communique une nourriture douce et vivifiante, qui flatte son goût et qui répand des parfums délicieux pour son odorat ; ce sont là les premiers sens spirituels qui prennent naissance dans l’homme, par la main de l’esprit. Nouvel Homme 30
Enfin, cette main divine délie la langue même de ce nouvel homme, afin qu’il puisse prouver à ceux qui lui parlent, qu’il a le bonheur de les entendre, et qu’il n’a point laissé tomber leurs paroles. Dès lors, la vie entière de ce nouvel homme va être un accroissement continuel, et un développement de tous ses sens et de toutes ses facultés spirituelles, par lesquels il témoignera que l’esprit est venu en lui, et qu’il l’a rendu son organe ; il tâchera de persuader ses semblables que cette main l’esprit est exclusivement la seule qui puisse faire toutes ces diverses opérations dans son âme, comme nous voyons que la nature est la seule qui les opère dans les sens physiques de notre corps, et que nous ne pouvons que nuire à notre conformation à notre régularité, si nous gênons, en la moindre chose, cette opération de la main divine ; il leur apprendra aussi que le don de la parole est le dernier de nos sens spirituels que la main divine délie dans notre âme, comme nous voyons que la parole matérielle est le dernier développement que reçoivent les enfants. Nouvel Homme 30
31. Il est temps que le nouvel homme commence sa mission. Son âge terrestre est rempli ; son âge céleste va commencer. La première loi qu’il va subir en entrant dans cet âge céleste, c’est le baptême corporel, et ce baptême, il faut qu’il le reçoive de la main de son guide, afin de pouvoir ensuite recevoir le baptême divin de la main du Créateur. C’est notre compagnon fidèle qui est chargé d’opérer sur nous ce baptême corporel, parce que sa fonction est de nous défendre, de nous préserver, de nous purifier de tout ce qu’il y a d’hétérogène autour de nous, afin de rompre la barrière qui nous sépare de notre seul, et universel principe de réaction qui est la Divinité. Nouvel Homme 31
Lorsque ce baptême corporel est opéré sur nous par l’eau de l’esprit, alors le nouvel homme sort des eaux où il avait été plongé, et c’est quand il a mis le pied sur la terre qu’une voix du ciel se fait entendre, et dit : C’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection. Jusque-là ce nouvel homme était bien le fils de Dieu, puisqu’il avait été conçu par l’esprit et que par ce même esprit, il avait reçu la naissance ; mais son nom, et sa famille divine n’avaient point été promulgués, et tant que cette barrière qui devait céder à l’eau de l’esprit n’aurait point été rompue, le nouvel homme n’aurait pu recevoir de la part de son père cet aveu authentique par lequel il le reconnaît pour son fils, et lui assure par là, non seulement son existence parmi les nations, mais aussi les droits les plus constants à son légitime héritage. Nouvel Homme 31
Le nouvel homme n’a point voulu suivre ces voies erronées. Il a été conçu dans Nazareth, il a vécu parmi les Nazaréens, et selon les usages et les lois des Nazaréens et quand son âge a été arrivé, il s’est porté vers le Jourdain, qui est la frontière de la terre promise ; là il s’est soumis humblement à la main de son guide, et de son précurseur qui s’est baissé pour prendre les eaux du fleuve, et les a répandues sur la tête, et sur toute la personne intérieure de ce Nazaréen. Nouvel Homme 31
Ce baptême invisible dont le baptême visible du Réparateur nous donne l’intelligence, opère un double effet sur le nouvel homme. Non seulement ce nouvel homme entend, comme le Réparateur, ces paroles consolantes : c’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection ; mais il aperçoit, comme lui, dans la profondeur de son être, des trésors cachés dont il n’ignorait pas toute la valeur, mais qui ne lui étaient pas encore découverts, et qui ne pouvaient l’être que par l’organe de ce baptême invisible qui ne peut lui être administré que par son guide. Dès l’instant que ce baptême invisible lui est administré, la voix divine peut entrer en lui comme dans sa propre forme, et le pénétrer dans toutes les facultés qui le constituent ; et c’est à mesure qu’elle le pénètre ainsi de toutes ses facultés, qu’il découvre en lui-même les richesses dont il est doué par sa nature divine, et l’emploi qu’il doit faire de ces richesses pour la gloire de celui dont il les a reçues. Nouvel Homme 31
Tel est l’instrument divin que la source supérieure a confié au nouvel homme, ou plutôt, a bien voulu régénérer en lui pour le remettre à portée de célébrer de nouveau, par des chants réguliers, la gloire de son auteur, de son maître, et de son père ; oeuvre que l’homme ne peut accomplir que par le secours de cet instrument spirituel, et lié dans toutes les harmonies, parce que comme c’est l’unité qu’il doit célébrer, il ne pourrait s’en acquitter avec justesse, s’il n’avait pas dans la main le représentatif de cette unité ; oeuvre qui n’aurait jamais dû s’interrompre, si l’homme avait suivi les plans de sa destination originelle, mais qui, malgré l’interruption qu’elle a subie par le cruel pouvoir qu’a eu le crime d’obstruer en nous ces précieux canaux, est toujours prête à revivre, et à développer toutes les merveilles dont elle est susceptible, dès que l’homme veut former une résolution sincère de se mettre en état, par ses efforts constants, et son intime humilité, de recevoir le baptême invisible de son guide qui seul peut l’amener aux portes de la région de la vie. Nouvel Homme 31
32. Plus le nouvel homme est frappé d’admiration en découvrant en lui de si grandes merveilles et un instrument spirituel si précieux, plus il sent la nécessité de se livrer avec ardeur au soin de nettoyer de plus en plus tous ces canaux, et d’en étudier avec une vigilance infatigable tous les sons, pour que le concert qu’ils doivent former ne produise jamais que l’harmonie la plus parfaite, et pour que les plans de la source suprême ne soient pas dérangés une seconde fois. Nouvel Homme 32
C’est donc par cet esprit d’humilité, de justice, et de courage que le nouvel homme va être poussé dans le désert ; là, avec la lumière qu’il vient de recevoir, il va parcourir les plus profondes retraites de son être, et il ne se reposera ni jour ni nuit, qu’il n’en ait éloigné toutes les immondices, tous les malfaiteurs et tous les animaux nuisibles. Nouvel Homme 32
De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32
D’ailleurs c’est dans lui, c’est dans son âme que ce nouvel homme fera la découverte de tous ces principes ; et il ne serait pas un nouvel homme s’il n’apprenait ces hautes vérités que par tradition, et s’il n’en acquérait pas la connaissance intime par expérience, et par sentiment. Tâchons donc seulement de ne point perdre de vue le chemin qu’il va suivre dans ce désert. Nouvel Homme 32
Voyez donc ce nouvel homme au milieu de sa solitude, tantôt errer dans les sentiers écartés, tantôt s’asseoir accablé d’amertume, et verser des torrents de larmes, tantôt s’absorber dans la profondeur de ses pensées, toujours gémir, toujours désirer, toujours attendre les moments de consolation, et de triomphe qui lui sont annoncés, toujours prier pour que son espérance ne défaille point malgré l’austérité de son désert, malgré l’âpreté de sa nourriture, et malgré les rudes épreuves qu’il doit subir à chaque instant ; voyez-le en même temps se défendre toujours par des moyens simples, et toujours puisés dans l’amour et le respect qu’il a pour son Dieu. Nouvel Homme 32
Par cette réponse simple et prise dans l’esprit de la vraie foi, il éloigne insensiblement de lui tous les enchanteurs, qui ne peuvent résister à une pareille marche, et qui peut-être sont plus aisément dispersés par là que par une résistance ouverte et par des combats déclarés. C’est à mesure que ce nouvel homme fortifie le rempart de la citadelle, qu’il acquiert de ces vastes et simples développements instructifs pour l’administration de l’intérieur. Nouvel Homme 32
Secondement, comme toutes ces forces et ces lumières ne peuvent se trouver dans le nouvel homme, qu’autant qu’elles y descendent de la voie supérieure par les diverses progressions de la sagesse, et par l’usage sacré que l’homme a le bonheur d’en faire, c’est encore le bon état du rempart de la place qui peut favoriser et seconder l’approche de ce secours ; car nous avons vu que notre Dieu était un être actif et effectif ; nous avons vu qu’il cherchait à faire pénétrer partout son activité et son effectivité ; mais, par la loi des analogies dont il est à la fois le modèle et la source, il ne peut s’unir qu’à de l’activité et qu’à de l’effectivité. Ainsi, ce n’est qu’autant que nous tâchons d’accumuler l’activité spirituelle et effective dans nos éléments par l’invocation du nom du Seigneur, que l’activité divine peut se communiquer à notre intérieur et s’y développer d’une manière utile et réelle. Nouvel Homme 32
Il faut, avant que cette activité divine puisse descendre en nous et s’y établir d’une manière profitable, qu’elle puisse y trouver des organes actifs et assez remplis de force pour pouvoir correspondre à tous ses mouvements, et réaliser dans leur mesure, les plans qu’elle tracera en grand dans la sienne. Enfin, on ne saurait trop le répéter, il faut que le nouvel homme se soit sacrifié, régénéré, spiritualisé, et même divinisé, pour que l’action divine puisse descendre avec joie en lui, comme étant sûre d’y trouver une demeure qui lui convienne, et où sa gloire, ses puissances et tous ses trésors ne soient pas exposés à rester sans fruits, ou à être dérobés par l’ennemi. Nouvel Homme 32
33. Ce soin et cette vigilance sur notre être extérieur, paraîtront si indispensables au nouvel homme, qu’il n’aura pas de peine à les regarder comme les principaux, et peut-être même comme les seuls qui devraient occuper l’homme ici-bas. En effet, c’est cet être extérieur qui est sur la frontière, c’est par là que doivent se manifester la sagesse, la force et la magnificence des habitants du royaume ; c’est là que viennent affluer et aboutir tous les résultats des sages délibérations qui ne doivent cesser de se tenir dans l’intérieur de l’empire ; nous ne devrions avoir d’autres fonctions que de veiller et de concourir à l’exacte exécution de ces sages délibérations, parce que nous ne sommes que les agents de l’Etat, et nous n’en sommes point les législateurs ; nous pourrions nous acquitter fidèlement de notre emploi, sans la moindre inquiétude sur les lumières et la sagesse qui ne manqueront pas dans le conseil, tant que nous n’en interrompons pas la marche et l’exécution par notre négligence à tenir notre poste en bon état. Nouvel Homme 33
Voilà en effet quelle est l’oeuvre du nouvel homme pendant son séjour dans le désert, c’est d’obtenir d’en haut une clef puissante pour lier l’ennemi dans ses cavernes ténébreuses, c’est de séparer le pur de l’impur, comme il avait été recommandé aux Hébreux, c’est de rendre la respiration de l’air céleste et divin à cet ami fidèle, à qui le premier homme fait continuellement respirer un air infect depuis le crime ; enfin, c’est d’arracher des mains de l’ennemi les portions des trésors divins, et les étincelles de la vérité même que nous lui avons laissé quelquefois dérober, en ouvrant si imprudemment notre porte supérieure, sans avoir pris la précaution de chasser l’ennemi dans ses abîmes, et de fermer soigneusement sur lui la porte inférieure. Nouvel Homme 33
Je le répète, ce dernier tableau serait trop affligeant et trop désespérant pour ceux qui n’auraient pas acquis les yeux, l’âge et la force du nouvel homme ; et ils ne pourraient considérer, sans danger, les horribles prostitutions auxquelles les fruits de l’arbre de vie ont été exposés par l’iniquité des mortels ; mais c’est à l’expiation et l’abolition de ces prostitutions que le nouvel homme est particulièrement occupé ; voilà pourquoi il ne peut plus jouir d’un seul moment de repos, puisque l’ennemi, non seulement se défend sans cesse et craint de rentrer dans ses abîmes, mais cherche au contraire à faire ouvrir, quand il le peut, la porte supérieure du coeur de l’homme, afin de multiplier de plus en plus les abominations qui doivent finir par inonder la terre, comme elles l’ont inondée avant le déluge. Nouvel Homme 33
34. Ces occupations et ces soins du nouvel homme sont si urgents et si importants qu’il va rester encore un temps dans le désert pour assurer les fondements de l’oeuvre. S’il a reçu la naissance spirituelle, s’il a été nourri du verbe jusqu’à l’âge de sa mission, c’était pour son propre avantage, et pour sa délivrance personnelle ; actuellement, il lui faut songer à l’oeuvre de son maître. Il lui faut tellement fermer la porte inférieure du coeur de l’homme, après en avoir chassé l’ennemi, que la porte supérieure et divine puisse s’ouvrir sans inconvénients, et sans craindre ces horribles prostitutions que cet ennemi ne cesse de projeter, et de machiner selon tous les moyens qui sont en lui. Nouvel Homme 34
Tel était l’esprit des trois tentations par lesquelles il attaqua le Réparateur ; il ne cherchait, sous l’apparence de la piété et de la foi, qu’à faire descendre les vertus divines dans sa région, et à les faire employer à un usage faux, afin que les fruits en fussent tous à l’avantage de ses vues cupides et criminelles. Tel était, dis-je, l’esprit de ces trois tentations, parce que ce prince dés ténèbres ne marchant point dans la lumière, ne peut connaître que la même route erronée qu’il a suivie dès le commencement, et il attaquait le Réparateur, comme il avait attaqué le premier homme, et comme il attaque journellement tous les mortels. Nouvel Homme 34
Mais le Réparateur, au contraire, se conduit envers lui comme l’homme aurait dû le faire dans le temps primitif, comme le nouvel homme se conduira désormais, et comme tous les mortels devraient se conduire. C’est-à-dire, que se regardant seulement comme le ministre et le serviteur de Dieu, il ne peut prendre sur lui de se déterminer à céder à aucune proposition quelconque sans l’autorisation de son maître, et il se contente de rapporter la loi et les volontés de ce maître à celui qui veut le séduire ; il lui fait entendre par là qu’il ne peut se rendre légitimement à ce qui lui est suggéré, et que la volonté de son maître était sa première loi, il doit la consulter avant d’agir, et la suivre dès qu’elle lui est connue. Nouvel Homme 34
Mais il aurait dû faire cette citation, non pas comme la fit Eve en disant au serpent, en chancelant et déjà troublée : Dieu nous a commandé de ne point manger du fruit de l’arbre qui est au milieu du paradis, et de n’y point toucher, de peur que nous ne fussions en danger de mourir ; mais avec la ferme résolution de rester fidèle au précepte, et de s’opposer par une suite de cette fidélité à toutes les tentatives du prévaricateur. Voilà donc encore un des fruits que le nouvel homme peut communiquer à ses frères, en attendant les nombreuses récoltes qui sortiront de lui lorsqu’il aura terminé le cours de ses épreuves et de ses combats dans le désert. Nouvel Homme 34
Ce fruit est la manière dont nous pouvons nous délivrer de l’ennemi lorsqu’il nous tente par quelque proposition insidieuse, par des images illusoires et par des insinuations accoutumées. Disons-lui, comme le nouvel homme : Je ne suis pas mon maître, je ne suis que le serviteur de Dieu, c’est à lui que je le renvoie pour faire juger tes plans et tes propositions. L’ennemi ne tiendra pas contre ce langage ; ou, s’il a l’intention de poursuivre ses entreprises et ses tentatives, il viendra frapper contre la loi même qui le brisera et le couvrira de honte et de confusion. Nouvel Homme 34
Combien faudra-t-il d’efforts et de soins à ce nouvel homme avant qu’il ait fermé ainsi à l’ennemi toutes les issues ! Car il ne faut pas qu’il y ait un seul point de son être où cet ennemi puisse accomplir le moindre de ses projets séducteurs, et établir ces fausses joies avec lesquelles il enchaîne journellement les mortels. Ce sont là ces assemblées de jeux et de divertissements où Jérémie disait qu’il ne se trouvait point. Nouvel Homme 34
Aussi ce nouvel homme vous dira comme Jérémie 15:15 : « Seigneur, vous qui connaissez le fond de mon coeur, souvenez-vous de moi, venez en moi, et défendez-moi contre ceux qui me persécutent… Votre parole est devenue la joie et les délices de mon coeur, parce que j’ai porté le nom de votre prophète : ô Seigneur, Dieu des armées… Je ne me suis point trouvé dans les assemblées de jeux et de divertissements…. Je me suis tenu retiré et solitaire… Pourquoi ma douleur est-elle devenue continuelle… ? C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur : Si vous savez distinguer ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez alors comme la bouche de Dieu. Je vous rendrai à l’égard de ce peuple comme un mur d’airain et inébranlable. Ils vous feront la guerre, et ils n’auront sur vous aucun avantage, parce que je suis avec vous pour vous sauver et pour vous délivrer… Je vous dégagerai des mains des méchants, et je vous préserverai de la puissance des forts. » Nouvel Homme 34
Rappelons-nous qu’il n’y a pas un seul point de l’être de l’homme sur lequel ces sublimes paroles ne doivent se prononcer, et que Dieu ne demande autre chose, sinon que le nouvel homme soit en état de les entendre continuellement. Nous avons été déjà trop loin pour être étonnés de cette merveilleuse miséricorde. La grandeur de l’homme est un témoignage évident de la grandeur de l’oeuvre de Dieu envers la malheureuse famille humaine; et réciproquement la grandeur de l’oeuvre de Dieu est une démonstration de la grandeur de l’homme. Cette oeuvre est telle qu’il suffirait de la contempler et de l’apercevoir pour renaître, et pour nous rétablir dans les régions saintes de l’amour et de la sagesse, de manière que non seulement le monde des ténèbres et des illusions disparût pour nous, mais que même tous les mondes de lumière semblassent se trouver dans notre âme, comme ils se trouvent dans la pensée de Dieu. Nouvel Homme 34
Ô nouvel homme, combien tu deviens respectable à tes propres yeux quand tu sens ce qu’opère pour toi l’auteur des choses ! Il est le Dieu unique, tu es son fils ; peut-il y avoir quelque chose qui ne soit divin dans l’oeuvre qui s’opère en toi et lui ! Peut-il y avoir quelque chose qui ne soit pas l’acte même de ton Dieu ! Aussi tu ne vivrais pas, et tu serais déjà mort, si tu ne croyais pas à celui qu’il a envoyé en toi. Nouvel Homme 34
En même temps, c’est par cette vive confiance, c’est par cette fidélité aux volontés de son maître, que le nouvel homme va rendre à son être l’activité qui lui est propre ; il sent qu’il nage dans le sang du Réparateur, comme dans une mer abondante qui enveloppe tout l’Univers ; il sent que les germes engendrés par ce sang ne sont point périssables comme les germes terrestres, et produits par les simples puissances secondaires ; il sent que les fruits qui en proviennent ne sont point nuls ni sujets à la loi du temps, et il est dans l’admiration de les retrouver en lui dans leur vive activité, lors même qu’il semblait avoir perdu de vue leur existence ; il sent que leur activité se communique à son propre germe, et le dispose à réaliser toutes leurs vertus, à l’image et à la ressemblance de celui qui a bien voulu le choisir pour son frère. Nouvel Homme 34
Le premier homme avait laissé dévaster ces sept domaines par le crime, et nous a exposés tous à la nécessité de travailler, comme lui, à les réhabiliter dans nous, avant de travailler à les réhabiliter autour de nous. L’agent suprême prêta son secours au premier homme, dès l’instant du crime, pour l’aider à entreprendre avec succès le grand oeuvre de sa réhabilitation. Ce même agent suprême ne cesse de prêter son secours au nouvel homme, pour l’aider à se régénérer dans ses lois, et dans ses mesures particulières ; c’est pour cela qu’il a vu renaître en lui les sept canaux qui devaient primitivement le rendre l’instrument actif de la Divinité, c’est pour cela qu’il s’est retiré dans le désert, afin de se séparer totalement de ce qui n’avait point de rapport avec ses éléments primitifs. Enfin, c’est pour cela que, rempli de confiance en celui qui ne l’a point perdu de vue, et dans tous les germes de régularité, de force, de justesse, de lumières, de sagesse, de puissances et de vérités que cette main suprême a semés en lui, il va abandonner son désert, et répandre au-dehors les fruits que, grâce à la toute puissance, il a su leur faire produire par sa culture soigneuse et vigilante. Nouvel Homme 34
35. Comment ce nouvel homme paraît-il avoir des rapports si parfaits, et des droits si actifs sur la nature, au point de pouvoir changer les substances qui la composent, et de leur donner des propriétés si puissantes, en comparaison de celles qu’elles annonçaient avant qu’il eût paru ? C’est qu’il a déjà fait les noces de Cana. C’est qu’il a déjà changé en lui l’eau en vin ; c’est qu’il a déjà revivifié en lui les six urnes, c’est-à-dire, les six actions élémentaires qui composent la circonférence visible de tout ce qui est matière, et que, par cette revivification, il a donné accès en lui, à leur principe central et septénaire qui leur donne le mouvement et la vie, et qui peut la transmettre par leur moyen à tout ce qui ne l’a pas reçu, et est encore dans le séjour de la mort, et de l’inaction ; c’est qu’en donnant accès en lui à ce principe central et septénaire, il a rendu à sa forme corporelle la propriété originelle qui lui appartient par sa nature, d’être supérieure à toutes les formes de l’univers, et de leur prouver sa supériorité ; c’est qu’en rendant à sa forme corporelle sa propriété originelle, il peut prouver, à toutes les autres formes que sa destination primitive fût en effet de produire de pareils résultats, et de semblables régénérations sur toutes les formes de la nature qui auraient été soumises à son empire. Nouvel Homme 35
Que serait-ce donc si le nouvel homme était régénéré dans tout son être ? Il ferait de plus grandes choses que le Réparateur même, parce que le Réparateur n’a fait que semer les germes de l’oeuvre, et que le nouvel homme peut entrer en moisson, puisque chaque jour, la récolte se mûrit. Le Réparateur a ressuscité des morts individuels ; le nouvel homme pourra ressusciter des tribus entières. Le Réparateur a calmé les flots d’un lac, le nouvel homme pourra calmer les flots de l’océan. Le Réparateur a rendu la vie à quelques aveugles, le nouvel homme pourra ouvrir les yeux à tout ce qui l’entoure. Le Réparateur a délivré des hommes détenus corporellement par les liens de l’ennemi, le nouvel homme pourra rompre, à la fois, toutes les chaînes de tous les hommes de désirs. Nouvel Homme 35
Cette opération devenait en même temps un type instructif pour ceux dont l’intelligence avait acquis quelques développements ; non seulement elle annonçait le renouvellement de la nature, mais elle fit naître au maître d’hôtel une observation significative quand il dit à l’époux : Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on a beaucoup bu, il en sert alors de moindre, mais pour vous, vous avez réservé jusqu’à cette heure le bon vin. Nouvel Homme 35
Lisons ici une seconde raison pour laquelle le nouvel homme a acquis tant de droits et de propriétés si puissantes, et si merveilleuses. C’est que pendant le séjour qu’il a fait dans le désert, il a appris à connaître le nom de l’ennemi qui était attaché à sa poursuite ; il a connu sa région, ses facultés, sa puissance, les causes éloignées ou prochaines qui l’ont placé près de lui, le nom et l’autorité des chefs sous lesquels il agit, ses rapports, ses correspondances, les plans généraux et particuliers qui lui sont tracés, et les moyens qu’il emploie chaque jour pour tâcher de parvenir à ses fins désastreuses ; plus le nouvel homme a fait de profondes découvertes sur le mobile, et la marche de ce malfaiteur, plus il a été en état de déranger ses plans et de faire manquer tous ses pièges, parce que comme l’esprit de l’homme ne peut rester dans le néant, et dans le vide d’action, il ne peut non plus éloigner de lui l’influence fausse, sans que l’influence vraie ne le remplisse. Nouvel Homme 35
Le nouvel homme a donc reçu aussi dans le désert la connaissance du nom de celui qui le protège et l’accompagne dans sa carrière d’épreuves et de combats ; il a connu non seulement le nom de celui qui le protège, mais le rang qu’il occupe dans la hiérarchie céleste, ses rapports, ses correspondances, les vastes desseins que la sagesse lui a confiés pour la direction de son élève, et les motifs sacrés pour lesquels cette sagesse l’a envoyé près de lui. Nouvel Homme 35
Le fruit que le nouvel homme a retiré de toutes ces découvertes, c’est d’avoir laissé pénétrer en lui une sorte d’impétuosité spirituelle qui s’est emparée de son courage, de son amour, de sa parole, de sa pensée et qui n’est que la correspondance de cette impétuosité divine avec laquelle l’action supérieure cherche à se précipiter en nous pour y prendre la place des ténèbres et de la mort. Nouvel Homme 35
Mais il n’a recueilli un pareil fruit qu’après avoir éprouvé une sensation, à la fois, bien lamentable et bien consolante. Car comment contempler avec indifférence le tableau des malheurs de l’homme et des ressources qui lui sont offertes contre ces malheurs ! Aussi le nouvel homme, frappé alternativement par ces deux forces opposées, est parvenu, par leur comparaison, à sentir sa dignité, et sa noblesse. Après avoir frissonné sur les misères de l’homme, il a frissonné sur sa grandeur, qui ne l’aurait pas rendu si malheureux s’il n’avait pas eu de si immenses moyens de devenir coupable ; et réciproquement après avoir frissonné sur la grandeur de l’homme, il a frissonné sur ces misères ; et c’est par le choc de toutes ces violentes sensations que l’âme du nouvel homme s’est mise à découvert, que le principe supérieur a pu opérer sur elle un contact puissant qui l’a revivifiée, et qui l’a pénétrée de cette active et sainte impétuosité qui est le vrai caractère de la vie. Nouvel Homme 35
C’est là cette montagne sur laquelle le nouvel homme va monter pour parler à tout le peuple qui l’environne, et après qu’il se sera assis, et que toutes ses pensées se seront rassemblées autour de lui comme étant ses disciples, il ouvrira la bouche et leur dira : Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui ne s’offenseront point des efforts et des tentatives que cet homme de péché fera pour leur nuire ; mais qui seront tellement occupés à la culture de leur terre, qu’ils ne se laissent pas même distraire par les reproches qu’il leur fera intérieurement d’être sans lumières, sans éclat, sans honneur, sans richesses, sans estime à ses propres yeux qui ne font qu’un avec les yeux du monde ! C’est avec justice que la terre leur sera donnée, qu’elle leur appartiendra, et qu’ils la posséderont, puisqu’ils en auront gagné la possession par une culture si exclusive, et par des soins aussi assidus. » Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice, qui auront aimé leur être jusqu’à se déterminer à goûter la mort, pour lui fournir les moyens de goûter la vie, et pour se mettre en état de prononcer le jugement qui est remis à tous les enfants des hommes ! Car le vieil homme est toujours en litige avec l’homme nouveau, et si l’homme intérieur prononce avec force le jugement et l’arrêt contre le vieil homme, l’homme nouveau n’est-il pas sur le champ remis dans tous ses droits, comme cela arrive dans les contestations des hommes par le seul effet de la sentence des juges de ce monde ? L’effet n’en doit-il pas être plus grand dans les choses qui tiennent à un ordre vif ? Et n’est-ce pas là le vrai moyen qui est offert à l’homme d’être rassasié de la justice ? » Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui sentent que nul autre qu’eux-mêmes ne peut leur faire une réelle offense, puisque nul autre qu’eux-mêmes ne peut percer jusqu’à leur essence ? Il seront uniquement occupés à leur propre surveillance, et à ne pas souffrir qu’ils se fassent eux-mêmes le moindre toit et le moindre outrage ; et cette sévérité sans borne les absorbera tellement, comme étant la seule nécessaire et la seule utile pour eux, qu’ils seront naturellement disposés à être miséricordieux envers les autres, puisque les autres ne peuvent pas les offenser. Par cette véritable et vivifiante indulgence envers les autres, le nouvel homme peut leur faire naître le désir de se surveiller eux-mêmes à leur tour, et les ramener par là à la vie de leur être qui consisterait à ne se faire à eux-mêmes aucune offense ; et voilà de quelle manière il obtiendra que Dieu soit miséricordieux à son égard, s’il était assez malheureux que de s’oublier au point de l’offenser. » Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui auront assez purifié leur coeur pour qu’il puisse servir de miroir à la divinité, parce que la divinité sera elle-même un miroir pour eux ! Le nouvel homme ne doute pas que par ce moyen il ne parvienne intérieurement à voir Dieu, parce qu’il sait que tel était l’objet de l’existence de l’homme primitif ; en conséquence il posera des sentinelles à toutes les avenues de son être pour empêcher qu’aucune influence altérée ne pénètre jusqu’à lui, et ne ternisse l’éclat de ce miroir divin qu’il porte en lui. Ces sentinelles seront fidèles à garder leur poste, parce que c’est avec autorité que l’homme peut les placer, et qu’elles ne peuvent manquer de remplir avec soin leurs fonctions, lorsqu’il se détermine à leur en prononcer les ordres » Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui souffrent la persécution pour la justice ! Ils ressemblent à ceux qui sont pauvres d’esprit, et c’est la même récompense qui leur est réservée ; car il n ‘y a que le nouvel homme qui souffre de persécution pour la justice, attendu qu’il n’y a que lui qui soit affamé de la justice, et que l’ennemi laisse tranquille tous les autres, puisque les autres ne le troublent point, ne le révoltent point, et ne le gênent point dans ses mesures fausses et injustes ; mais quand la lampe est mise sous le boisseau, elle décèle les malfaiteurs qui s’étaient cachés dans la maison, et elle les oblige ou à fuir, ou à entrer en combat avec le maître du logis pour empêcher qu’il ne les dénonce, et qu’il ne les livre à la justice. Quelles persécutions, et quels combats le nouvel homme n’aura-t-il donc pas à éprouver puisqu’il allume des lampes dans tous les lieux de sa maison, et qu’il anime contre lui à la fois tous les malfaiteurs qui s’y étaient introduits et qui la menaçaient d’une grande ruine ? Mais aussi quelles réjouissances, et quelles consolations ne doit-il pas se promettre pour avoir si bien surveillé la maison qui lui a été confiée, puisque cette maison est la maison du Seigneur ? Le ciel même sera sa récompense, puisque le ciel n’attendait que le moment où cette maison serait ainsi nettoyée et purgée des malfaiteurs pour venir y faire son habitation. » Nouvel Homme 36
« Ce Réparateur vous a enseigné à demander à votre père, votre pain quotidien, et à être préservés du mal ; si votre âge l’eût permis, il vous eût découvert de plus grandes merveilles encore dans les miséricordes de votre Dieu, il vous eût découvert que ce Dieu ne cesse de vous offrir ce pain quotidien, en ne cessant de vous communiquer sa sainte et exclusive action qui devrait nous animer tous ; ainsi toute notre sagesse devrait se porter à ne pas refuser les secours qu’il nous offre journellement, et notre seule prière pourrait se réduire à lui demander la grâce de ne pas repousser, comme nous le faisons, les dons, et les faveurs dont il nous accable. Car le nouvel homme n’a de différence d’avec les imprudents, qu’en ce qu’il accepte ce pain quotidien, et qu’il s’en nourrit, tandis que les autres le rejettent, le dédaignent, et nient ensuite son existence. » Nouvel Homme 37
« Vous savez ce que le Réparateur déclara à ceux qui espéraient être reconnus comme enfants de Dieu pour avoir guéri des maladies, et chassé des démons en son nom ; il leur dit : le Seigneur répondra : Allez-vous en, je ne vous ai jamais connus. En effet, le nouvel homme vous apprendra que ces oeuvres sont au nombre des droits de votre être, et qu’elles ne sont pas, à beaucoup près, l’objet principal de votre renaissance. Les Juifs n’avaient-ils pas été traités avec colère ? Oui, ces oeuvres sont tellement au nombre des droits de votre être, qu’il vous est recommandé de vous purifier de vos péchés. Or, cette purification ne peut se faire qu’en chassant de chez vous l’ennemi, qui est le prince de l’iniquité, et de la souillure ; et quand vous serez parvenus à le chasser entièrement de chez vous, ne sera-ce pas une propriété naturelle de votre essence pure que de le chasser de chez les autres ?» Nouvel Homme 37
« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37
« Le terme final, et la destination du nouvel homme ne doivent-ils pas l’emporter sur les degrés obscurs et pénibles de sa réconciliation, et n’est-il pas attendu dans un temple plus brillant, et plus vaste que ne peut le lui faire concevoir aujourd’hui toute l’étendue de ses pensées ? Ne faut-il pas que tout soit précipité pour que la grande clarté lui soit rendue ? Sanctifiez-vous, disait Josué au peuple, car le Seigneur fera demain parmi vous des choses merveilleuses. » Nouvel Homme 38
« Quelles sont ces merveilles ? C’est de faire planer le nouvel homme au-dessus des mondes, d’être pour lui un signe perpétuel de gloire et de triomphe, et de le faire asseoir sous les portiques sacrés, pour y chanter éternellement les cantiques du Seigneur. Car, si vous êtes assez fidèles aux lois, et aux ordonnances du Seigneur pour que son nom vous remplisse, et se mette en possession de tout votre être, c’est ce même nom qui engendrera en vous toutes vos substances vives, ou toutes les formes des vertus divines ; vos facultés seront les agents, et les organes de ces formes, la sagesse les conservera dans leurs justes mesures, et dans leurs proportions, pour que tout ce qui est en vous manifeste l’harmonie du Père céleste qui vous a donné la vie ; ainsi votre Dieu tout entier passera en vous : et voilà comment vous deviendrez la ressemblance de votre principe, et l’image active du grand monde et de l’éternité. » Nouvel Homme 38
« Je ne dirai pas même, en allant vers vous, comme disait Moïse: A quels signes me reconnaîtront-ils ? Vous me reconnaîtrez à la puissance du Seigneur qui est descendue dans l’âme de l’homme, et qui a fait que nul prophète égal à l’homme ne s’est élevé dans Israël. Vous me reconnaîtrez à ce que tout homme est né pour être triomphant dans son propre royaume, quoiqu’il doive s’attendre à la vérification de cette parole, nul prophète n’est bien reçu dans son pays terrestre. » Nouvel Homme 38
« Donnez donc un libre cours aux paroles du salut, et de la régénération qui ont été accordées au nouvel homme. Aidez-le à exterminer les agents de l’iniquité, à précipiter dans la mer les animaux impurs qui auront servi d’asile aux esprits de ténèbres, et à faire ouvrir à demeure les sept canaux de la sainteté ; la vie qui en descendra vous communiquera un nom dont vous ne pouvez concevoir les merveilleuses puissances, et les richesses ineffables ; faites-vous seconder du feu du ciel pour que tout ce qui est en vous tremble devant le Seigneur, et pour que vous marchiez sur les traces du fils du grand Azarias, en qui la parole sainte et divine consumait toutes les substances qui sont étrangères à l’esprit. » Nouvel Homme 38
C’est ainsi que le nouvel homme, assis sur la montagne, versera dans lui-même la lumière d’en haut et qu’il s’enseignera avec une doctrine intérieure et vivante, et non pas avec une doctrine extérieure, morte et superficielle, comme font les docteurs et les Pharisiens. Nouvel Homme 38
39. Le nouvel homme entrera dans son temple aux jours septenaires, ou aux jours du sabbat de l’esprit, parce qu’il sera fidèle à la loi ; quand il sera entré et qu’il se lèvera pour lire, on lui présentera le livre du prophète Isaïe: et il l’ouvrira (61:1) où sont écrites ces paroles : L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi. C’est pourquoi il m’a consacré par son onction. Il m’a envoyé pour prêcher l’Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour annoncer aux captifs qu’ils vont être délivrés, et aux aveugles qu’ils vont recouvrer la vue, pour renvoyer libres ceux qui sont accablés sous leurs fers ; pour publier l’année des miséricordes, et des grâces du Seigneur, et le jour auquel Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres. Nouvel Homme 39
Ce nouvel homme voyant en lui tant de ces hommes tourmentés par des esprits impurs, tant de malades, et d’infirmes qu’on lui apportera de tous côtés pour qu’ils les guérisse, sentira ses entrailles émues de compassion, de les voir ainsi languissants, et dispersés comme des brebis qui n’ont point de pasteurs ; et il dira à ses bons intellects : la moisson est grande, mais il y a bien peu d’ouvriers ; priez donc le maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers en sa moisson. Il ne cessera de les encourager par son exemple, à devenir eux-mêmes des ouvriers qui puissent l’aider dans son oeuvre. Il ne cessera de les prévenir combien cette oeuvre rencontrera d’invisibles contradicteurs qui ne pourront pas en avoir l’intelligence, parce qu’ils ne demeurent que dans les ténèbres. Nouvel Homme 39
Aussi ces contradicteurs diront-ils que c’est par le prince des démons que tous ces ouvriers chassent les démons, aimant mieux se couvrir eux-mêmes de confusion par cette réponse insensée, que d’avouer leur défaite, et la supériorité de celui qui vient manifester leur ignorance. Car ils verront des hommes muets possédés du démon ; ils verront que c’est par la parole du nouvel homme que ces hommes muets recouvreront l’usage de leur langue, après qu’il les a délivrés de leur démon ; et cependant ils ne craindront pas de confondre celui qui guérit, avec celui qui occasionne la maladie; celui qui ôte la parole, avec celui qui la rend. Bien plus, ils ne craindront point de tomber en contradiction devant ces démons même qu’ils veulent regarder comme les princes de ces oeuvres puissantes, et merveilleuses, puisque ces démons reconnaîtront eux-mêmes la force, et le nom de celui qui les chasse, et lui diront : Vous êtes 1e nouvel homme, vous êtes le Christ, vous êtes le fils de Dieu (Luc, 4:41). Nouvel Homme 39
Car le nouvel homme voyant en lui-même un paralytique, et la foi de ceux qui l’apportent à ses pieds, lui dira : Mon ami, vos péchés vous sont remis. Nouvel Homme 39
Alors les Pharisiens, et les docteurs de la loi, l’accuseront de blasphèmes, prétendant qu’il n’y a que Dieu qui puisse remettre les péchés, tandis que par leur loi même, dont ils sont les docteurs, et les princes, il y avait des sacrifices pour l’expiation, et pour le péché, et que ces sacrifices étaient offerts par la main d’un homme qui, dans cette circonstance, était l’intermède, l’organe, et l’agent de la divinité. Nouvel Homme 39
Mais le nouvel homme, connaissant d’avance leurs pensées, aura commencé par la guérison intérieure du malade, afin d’avoir l’occasion de leur donner une instruction salutaire, et lumineuse, en leur représentant qu’il n’est pas plus difficile de dire levez-vous, et marchez, que de dire vos péchés vous sont remis ; parce qu’aux yeux du fils de l’homme, toutes les puissances émanent de la même source, et que, sûrement, le premier service qu’il puisse se rendre à lui-même, c’est d’employer celles qui tombent sur la guérison de ses facultés intérieures, et de ne s’occuper de la guérison de son corps, que quand son intérieur est rétabli, sans quoi, loin d’avancer son perfectionnement, et sa régénération, il ne ferait que rendre ses facultés plus coupables, en les dispensant de la coulpe de leurs péchés, tandis qu’il leur laisserait la substance de leurs péchés. Nouvel Homme 39
Mais ayant commencé à user des droits originels de l’âme humaine (qui étaient de remettre les péchés) par remettre les péchés au paralytique, en récompense de la foi qui l’animait, il voudra encore frapper les yeux matériels des docteurs de la loi par un prodige corporel, et par la guérison matérielle du malade ; et sachant combien les puissances sur l’esprit s’élèvent au-dessus des puissances qui ne tombent que sur le corps, il prouvera la guérison intérieure, ou le pouvoir qu’il a eu de remettre les péchés par la guérison extérieure, puisqu’une puissance moindre est nécessairement comprise dans une puissance supérieure, ce qui nous enseigne combien nos maux sont liés à nos désordres moraux, et que si notre intérieur était mieux réglé, nous aurions infiniment moins d’infirmités corporelles. Pénétré de ces principes, le nouvel homme, ayant délié dans le paralytique les chaînes du péché qui suspendraient l’action de tous ses organes, dira, avec assurance, à ces organes délivrés de leurs entraves : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez en votre maison. Le paralytique se lèvera, emportera son lit, et s’en ira en sa maison au grand étonnement de ceux qui seront les témoins de ce glorieux événement. Nouvel Homme 39
Le nouvel homme sera si constamment occupé de son oeuvre, qu’il pourra ramener ainsi tout son être à ses éléments primitifs, en travaillant sans relâche, à réaliser ce qui est dit dans les prophètes : Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est-à-dire, en faisant en sorte que chaque portion de son être exprime activement la sainteté de Dieu, et dise : saint, saint, saint, comme nous avons vu précédemment, que telle était la vraie propriété que nous découvrait l’analyse divine de notre être ; c’est-à-dire enfin, que tous les points de cet être qui est en nous, devaient être mûs par les consciences vives, et progressives des diverses régions de l’esprit, par où nous pouvons, et devons passer, jusqu’à ce que nous soyons universellement pleins de la conscience divine. Or, si l’être intérieur du nouvel homme arrivait à cet heureux terme, quels maux physiques pourraient, dans son corps, résister à sa puissance ? Et ne pourrait-il pas dire avec assurance, à tout ce qui sera paralytique, en lui : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez votre maison ? Nouvel Homme 39
40. Voici le moment où le nouvel homme à l’instar des disciples du Réparateur, va aller prêcher dans les villes et dans les villages d’Israël qui est la terre de l’homme ; voici le moment où au nom de l’esprit, il pourra retracer l’élection de douze disciples, en développant en lui les dons qui brillèrent dans les douze envoyés par le Réparateur. Il offrira, en lui-même, un reflet de cette élection, en raison du pouvoir secret, et de l’opération continue quoiqu’invisible d’une ancienne loi qui a établi primitivement douze canaux pour la communication de la lumière, de l’ordre, et de la mesure parmi les nations ; loi à laquelle tous les dispensateurs des lois divines ont été fidèles, et qui a été observée dans tous les temps, même de la part des simples sectateurs des sciences élémentaires qui ont universellement consacré douze signes dans les régions du firmament matériel. Nouvel Homme 40
Mais lorsque le nouvel homme trouvera en soi quelque maison ou quelque ville qui ne veuille point le recevoir, ni écouter ses paroles, il secouera en sortant de cette ville ou de cette maison la poussière de ses souliers; et cette ville et cette maison deviendront plus coupables que Sodome et Gomorrhe, parce que Sodome et Gomorrhe n’ont entendu qu’une doctrine extérieure qui ne tombait que sur leurs sens corruptibles, et qui ayant été méprisée de leur part, a fait tomber la colère du Seigneur sur leurs corps et sur leurs demeures terrestres, au lieu que le disciple dont nous parlons portera à cette ville et à cette maison, la doctrine du nouvel homme qui frappera sur les fondements mêmes les plus intérieurs de leur être, et qui, si elle vient à en être dédaignée, doit leur attirer les fléaux les plus effrayants, et les punitions les plus cuisantes. Nouvel Homme 40
L’esprit qui envoie ainsi le nouvel homme dans sa propre terre le préviendra qu’il l’envoie comme une brebis au milieu des loups, en lui recommandant d’être prudent comme le serpent, et simple comme la colombe. Il le préviendra de toutes les résistances qu’il éprouvera de la part des hommes, c’est-à-dire des nations impies et incrédules qui habitent dans le royaume de ce nouvel homme. Il lui dira : Ces nations vous feront comparaître dans leurs assemblées, ils vous feront fouetter dans leurs synagogues, et vous serez présentés à cause de moi aux gouverneurs et aux rois pour me rendre témoignage devant eux, et devant les Gentils. Lors donc que l’on vous mettra entre leurs mains, ne vous mettez point en peine comment vous leur parlerez, ni de ce que vous leur direz ; ce que vous leur devez dire vous sera donné à l’heure même car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’esprit de votre père qui parle en vous… Vous serez haïs de tous à cause de mon nom… Nouvel Homme 40
Tel sera le sort du nouvel homme lorsqu’il parcourra les diverses régions de son être, parce qu’il trouvera partout en lui des hommes d’iniquité qui le repousseront, qui chercheront à le faire tomber en confusion ; mais l’esprit du Seigneur sera avec le nouvel homme ; et il sentira naître en lui les réponses qu’il aura à faire pour le triomphe de celui qui l’aura envoyé, car le nouvel homme ne viendra de la part de l’esprit que pour en combattre les ennemis. Nouvel Homme 40
Tous les hommes peuvent faire cette observation sur eux-mêmes, étant bien sûrs qu’avec du soin et de l’attention, ils entendraient toutes les réponses qu’ils auraient à faire dans toutes les circonstances s’ils étaient plus dans l’habitude de scruter, et de profiter des lumières du nouvel homme ; et à l’imitation des disciples du Réparateur, ils pourraient compter que si, étant persécutés dans une ville, ils se retiraient dans une autre, ils n’auraient pas achevé de parcourir toutes les villes d’Israël que le fils de l’homme ne fût venu, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas parcouru ainsi toutes les maisons de l’homme que le nouvel homme ne se fit connaître en eux, et ne les récompensât par sa venue de toutes les humiliations qu’ils auraient souffertes. Nouvel Homme 40
C’est donc ici où nous pouvons nous remplir d’une espérance qui devrait nous faire tressaillir de joie, en lisant ces douces paroles qu’il n’y a rien de caché dans l’univers, dans l’homme et dans Dieu, qui ne doive être découvert rien de secret dans l’universalité entière qui ne doive nous être connu ; homme de paix, homme de désir, nouvel homme, si vous ne trouvez pas là de puissants encouragements, et comme autant d’immenses véhicules pour vous soutenir et vous faire avancer dans la carrière, vous n’êtes pas dignes d’y avoir mis le pied. Nouvel Homme 40
Voilà les instructions que vous devez répandre avec abondance parmi votre peuple, afin que le nouvel homme soit honoré comme il doit l’être, et qu’il puisse communiquer la vie qu’il a reçue à tous ceux à qui il est envoyé pour les délivrer des ténèbres et de l’esclavage de la mort, car si quelqu’un rougit de lui et de ses paroles, le nouvel homme rougira aussi de lui, lorsqu’il viendra dans sa gloire, dans celle de son père et des saints anges. Nouvel Homme 40
41. Il se trouvera peut-être en vous quelques êtres de désir qui, comme saint Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres que vous faites, enverra vous demander si vous êtes celui qui doit venir en vous, où si l’on doit en attendre un autre ; vous leur répondrez donc comme le Réparateur répondit à saint Jean : « Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres, et heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » Mais vous direz à votre tour en parlant à cet être de désir qui sera envoyé vers vous : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Un prophète ? Oui, certes, je vous le dis et plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il a été écrit, j’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ; je vous le dis en vérité qu’entre tous ceux qui sont nés des femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste, mais celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui. » Nouvel Homme 41
Oui, vous pourrez dire : voilà cet ami fidèle qui ne m’a point quitté dans ma détresse et dans ma douleur, et qui a été mis en prison à cause de moi ; voilà celui dont le baptême spirituel et physique m’a rendu un nouvel homme, voilà le précurseur qui a crié dans le désert à tout mon peuple : rendez droites les voies du Seigneur. Il est plus qu’un prophète, puisque les prophètes n’ont annoncé la lumière que sous des voiles et des images qui n’en étaient que comme des ombres, au lieu qu’il a montré et indiqué lui-même cette lumière, et l’a fait toucher au doigt, comme saint Jean découvrit au monde le Réparateur, lorsqu’il dit en le voyant venir : Voici l’agneau de Dieu. Voici celui qui ôte les péchés du monde. Il est plus qu’un prophète en ce que, comme saint Jean, c’est par sa bouche qu’a passé l’annonce et le signalement du salut des nations. Nouvel Homme 41
Voilà pourquoi entre tous ceux qui sont nés des femmes ou de la douleur, de la justice, et de la condamnation aux privations, il n’y en a point de plus grand que lui, puisqu’il est venu pour servir de précurseur au règne de la lumière, et pour vous introduire dans les sentiers de la vie ; mais l’homme nouveau, c’est-à-dire, celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui, attendu que cet homme nouveau, au lieu d’être né de la douleur, de la justice et de la condamnation, est né de la consolation, de l’amour, de la miséricorde, et de la grâce, et qu’au lieu de n’être que le précurseur de la vie et de la lumière, il vous apporte lui-même cette vie et cette lumière qu’il a reçues de son père et dont il a établi l’organe et le dispensateur. Nouvel Homme 41
Mais que dire de ces nations impies au milieu desquelles cet homme nouveau et son précurseur sont envoyés? « Elles sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui crient à leurs compagnons, et leurs disent: nous avons joué de la flûte pour vous réjouir, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres pour vous exciter à pleurer, et vous n’avez point témoigné de deuil. » Car le précurseur de l’homme nouveau, ou notre fidèle compagnon est venu dans la douleur, et dans les larmes, comme étant né des femmes, et les nations impies ont dit : Il est possédé du démon. L’homme nouveau est venu dans la joie et dans la consolation, comme étant né de l’esprit, et de l’amour, et elles ont dit : c’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire ; c’est un ami des Publicains, et des gens de mauvaise vie. Elles ont traité le nouvel homme, et le fidèle compagnon qui a été son précurseur, comme elles ont traité le Réparateur, et celui qui marchait devant lui dans la vertu et l’esprit d’Élie, pour préparer les voies à la miséricorde. Nouvel Homme 41
Mais les nations impies qui se sont rendues ennemies de ces deux alliances ont combattu la première ou l’ont négligée, parce qu’elle imposait des fardeaux trop pesants ; et elles n’ont pas profité de la seconde, parce que ceux qu’elle leur imposait était si peu matériels, qu’elles les ont trouvés sans consistance, faute d’en vouloir considérer le prix, et d’en essaye toute la valeur ; c’est ainsi que les premiers prévaricateurs n’ont point profité de la voie laborieuse de réconciliation qu’ils auraient trouvée dans le premier homme, avant sa chute, et qu’ils ont bien moins encore profité des secours qui lui ont été accordés après son crime. Car, ordinairement une prévarication en engendre presque toujours une plus grande ; et la punition que la justice inflige aux coupables, est de les laisser devenir encore plus coupables, quand ils ne redoublent pas d’efforts pour rentrer dans les voies de la vérité, par les voies du repentir, et de la pénitence, à la vue des secours qui leur sont envoyés. Nouvel Homme 41
Homme, mon frère, et mon ami, considère donc les miracles qui ont été faits au milieu de toi, et tâche d’éviter le jugement qui menace en toi Corozaïn, Bethsaïde, et Capharnaüm. L’effet de la première prévarication du père des humains avait été de plonger toute sa postérité dans la région du destin ; ce malheureux homme avait abandonné sa demeure spacieuse, et libre, où nulle borne ne contraignait ses voies, et ne pouvait lui donner d’inquiétude sur son sort. Il l’avait changée pour une demeure gênante, incommode, assujettie à des lois rigoureuses, et sévères, enfin pour une demeure si périlleuse qu’il ne peut jamais savoir qu’elle sera pour lui l’issue du destin qui la dirige, et qui y commande avec un effroyable empire. Il s’était livré à une région où l’apparence le promène sans cesse d’illusions en illusions, et où des armées de fantômes se succèdent continuellement devant lui pour lui dérober la vue de la réalité. Par là il s’était imposé une loi terrible, celle de travailler à rentrer, à quelque prix que ce fût, dans la région de sa liberté, s’il ne voulait pas courir les risques de rester dans la région de son esclavage, sans autre espoir que les ténèbres, et sans autre appui que le pouvoir aveugle d’un maître féroce et dur, qui ne connaissant pas le repos, ne peut en laisser à aucun de ceux qui viennent s’établir dans ses domaines, et se ranger sous ses dominations. Nouvel Homme 41
Il faut donc aujourd’hui que le malheureux homme ne cesse de verser des sueurs de sang pour transmuer cette effroyable demeure en une demeure de liberté et de joie, où son sort n’ait plus les mêmes alarmes à lui causer, ni la même inquiétude à lui présenter ; mais au contraire où il marche comme autrefois dans des sentiers sans borne, et qui lui offrent à tous les pas, les perspectives les plus consolantes. Il faut qu’il transmue son corps de mort, en un corps d’activité, de puissance, et de domination sur toutes les lois inférieures par lesquelles ce bas monde est constitué, et maîtrisé ; il faut qu’il transmue toutes les illusions qui poursuivent ici-bas son coeur, et sa pensée, en Nouvel Homme 41
C’est là où la vie suprême, touchée de sa misère, n’a pu s’empêcher de venir partager ses maux et ses privations, pour le mettre à même de partager ensuite avec elle, cette liberté qu’il avait perdue ; notre fidèle compagnon est descendu avec nous dans notre abîme, comme le Réparateur est descendu dans l’abîme universel ; il verse des sueurs de sang avec nous, pour nous aider à opérer cette transmutation qui eût été si visiblement au-dessus de nos forces ; cet ami fidèle, en travaillant avec tant de constance à notre régénération, a développé en nous le nouvel homme qui nous a appris combien nous pouvions devenir terribles pour nos ennemis, puisque nous étions la parole et le nom de Dieu, et qu’il n’y a rien de si terrible que la parole et le nom du Seigneur (Ps. 110:9). Nouvel Homme 41
42. Si le nouvel homme est dépositaire d’aussi grands privilèges, quel flambeau suivra-t-il pour en communiquer les fruits, et pour en donner les témoignages, et les signes à ceux qui les lui demanderont ? Ce sera le flambeau de l’analogie, et de la similitude auquel il s’attachera fidèlement ; et comme il aura le sentiment intime, et invincible de la nature spirituelle de son être, et de la divinité de la source d’où il a reçu tout ce qu’il est, et tout ce qu’il possède, il commencera par observer les interrogateurs qui naîtront en lui. Nouvel Homme 42
Il en est aussi qui n’avaient pas même besoin de lui donner semblables démonstrations pour que leur foi lui fût connue, parce que, comme étant le suprême modèle du nouvel homme, il lisait plus clairement que lui encore dans leur intérieur, puisque le premier caractère et le premier droit de l’esprit est de lire dans l’esprit, de communiquer, et de pénétrer dans tout ce qui est esprit. Mais il attendait toujours pour développer les trésors de sa sagesse et de ses pouvoirs, qu’il se fût assuré de la foi de ceux qui en étaient l’objet, soit par ses questions, soit par leurs témoignages visibles, soit par sa vue intime et pénétrante, trois modes d’éclaircissement qui doivent également être à la disposition du nouvel homme, selon ses proportions et ses mesures, et qui sont tracés d’après la triple enceinte qui nous environne, puisque nous sommes plus ou moins élevés dans notre foi, selon que nous sommes liés à l’une ou l’autre de ces trois enceintes. Mais quand le réparateur ne trouvait dans ceux qui l’approchaient, aucune espèce de foi, ni dans leurs réponses à ses questions, ni dans les démonstrations de leur zèle, ni dans leur intérieur, il les renvoyait sans les satisfaire, et il fermait soigneusement ses trésors pour ne pas les exposer à l’insulte et à la profanation. Nouvel Homme 42
Ainsi à l’imitation du Réparateur, le nouvel homme ne s’offensera point des réponses de Nathanaël, parce qu’au milieu de sa franchise et de sa sincérité, il découvrira la droiture de son coeur, et la pureté de la foi de cet Israélite. Nouvel Homme 42
Il sera dans l’admiration de la foi du centenier, lorsqu’il entendra dire : « Je ne suis pas digne que vous entriez en ma maison, dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri, car quoi que je ne sois qu’un homme soumis à d’autres, ayant néanmoins des soldats sous moi, je dis à l’un : allez là, et il y va, et à l’autre : venez ici, et il vient, et à mon serviteur : faites ceci, et il le fait. » Nouvel Homme 42
A plus forte raison exaucera-t-il les demandes de ceux qui en adresseront, comme ce lépreux qui viendra à lui en disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. Le nouvel homme étendra la main, le touchera, et lui dira : Je le veux, soyez guéri, et sa lèpre sera guérie au même instant. Nouvel Homme 42
Mais ce nouvel homme donnant lui-même l’exemple de l’humilité rendra même hommage à la loi temporelle et aux canaux visibles qui lui auront transmis ses droits et sa puissance ; puisqu’il est écrit que le salut vient des Juifs… Aussi au milieu de tous ces prodiges, il dira à ceux qu’il aura guéris : « Gardez-vous bien de parler de ceci à personne, mais allez vous montrer au prêtre, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage » ; c’est-à-dire, rendez hommage avec moi à la loi, et aux voies de celui de qui nous tenons tout. Comme le nouvel homme sait que c’est par la foi que s’entretient et se conserve l’humilité, il sait aussi que c’est par l’humilité que la foi se conserve et s’entretient, et que sans ces deux vertus tous les dons de l’esprit se retirent. C’est pour cette raison sainte, et de première nécessité, qu’à l’image du Réparateur il ne se laissera toucher que par les désirs qu’il saura être nés de la foi et de l’humilité, puisqu’il en donnera lui-même le premier exemple, n’ayant obtenu sa renaissance qu’au prix de cette foi et de cette humilité qu’il manifeste dans ses oeuvres les plus glorieuses. Car c’est aussi pour cette raison que le Réparateur n’a cessé de recommander la foi et l’humilité dans toutes les instructions qu’il a répandues. Nouvel Homme 42
Or, quelle est cette foi tant recommandée par le Réparateur ? C’est celle qui s’est développée dans le nouvel homme, c’est celle qui repose sur le sentiment de la sainteté et de la force de son être, quand par sa fidélité aux mouvements secrets que nous recevons tous, il aura obtenu que la main bienfaisante de la sagesse vienne le délivrer de ses ténèbres, et rompre ses chaînes, pour lui faire connaître les régions de la vie et de la lumière qui sont en lui, et qui étaient seulement enveloppées de nuages. Mais de même qu’un seul rayon du soleil qui perce au travers des nuages suffit pour dissiper l’obscurité, de même le moindre rayon de notre être qui peut sortir de ses gouffres et de ses abîmes est suffisant pour nous éclairer sur l’étendue de nos possessions, pour découvrir à nos yeux tous les plans des ennemis qui sont sans cesse occupés à ravager notre terre, et pour nous donner la force de renverser tous leurs projets. Voilà pourquoi le Réparateur disait à ses disciples que s’ils avaient de la foi gros comme un grain de sénevé, ils diraient à une montagne de se jeter dans la mer, et elle s’y jetterait ; ce serait le combat de la vie contre la mort ; il ne serait donc pas étonnant que la mort eût tous les désavantages, et que la vie eût tous les triomphes. Nouvel Homme 42
Si la foi est réellement le nouvel homme, l’humilité en est réellement la nourriture. Aussi n’est-ce que dans l’humilité et dans une sainte frayeur que l’on sent Dieu, que l’on apprend ses secrets et que l’on peut apprendre à en faire un utile usage ; or, que pouvons-nous faire tant que nous ne sentons pas Dieu physiquement en nous ? Voilà pourquoi le Réparateur ne cessait de dire aux Juifs, « qu’il ne pouvait rien faire de lui-même, qu’il ne jugeait que selon ce qu’il entendait, mais que son jugement était juste, parce qu’il ne recherchait pas sa volonté propre, mais la volonté de son père qui l’a envoyé. » Voilà pourquoi aussi il ne cessait de leur donner les raisons de leur peu de foi, en leur reprochant qu’ils ne s’appuyaient point sur les véritables témoignages, et qu’ils tiraient toute leur gloire des hommes ; comment pourriez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? (Jean 5:44). Nouvel Homme 42
43. Le propre de l’esprit de ténèbres est de tenir l’homme dans la défiance de ses propres droits ; ou s’il ne peut empêcher qu’il en acquière quelquefois la connaissance, il a soin de les envelopper de couleurs illusoires qui retiennent ce malheureux homme toujours au-dessous de sa vraie mesure, et qui lui font continuellement immoler la réalité aux images et aux apparences. C’est par là qu’il est parvenu presque par toute la terre à faire substituer les traditions à la loi, la lettre à l’esprit, et les ténébreuses passions humaines aux lumières de vérité qui ont éclairé les prophètes. L’homme, depuis le crime, s’est trouvé entraîné dans la pente de cette région terrestre et morte qui ne tend qu’à s’affaisser, et qui ne peut qu’affaisser l’homme avec elle quand il cesse de se rappeler son illustre origine ; l’ennemi de l’homme ajoute encore journellement à ce poids déjà si qui faisait dire à Salomon : Cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité de ses soins. (Sagesse 9:15). Nouvel Homme 43
Ce n’est donc que par la plus ardente vigilance, que le nouvel homme saura résister à tant d’obstacles. Car il va trouver en soi-même, et la tradition qu’a reçue sa mémoire, et la loi qu’a reçue son esprit ; et s’il se livre aux oeuvres de sa loi, ou aux oeuvres de l’esprit, la voix de la tradition s’élèvera contre lui, et cherchera à le troubler et à lui faire paraître criminelles les oeuvres de la loi et de l’esprit. Nouvel Homme 43
Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43
Mais ce n’était pas seulement pour nous retracer le symbole de cet affligeant assemblage que le Réparateur en agit ainsi, c’était encore plus pour communiquer aux hommes aveugles l’instruction dont cette oeuvre de guérison n’était que l’occasion et le sujet. Aussi quand elle eut excité le murmure des Juifs il leur dit : « Qui est celui d’entre vous qui ayant une brebis qui vienne à tomber dans une fosse le jour du sabbat, ne la prenne, et ne l’en retire ? Or, combien un homme est-il plus excellent qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat, » Nouvel Homme 43
Le nouvel homme éclairé de la même lumière, expliquera sans cesse la tradition par la loi, la lettre par l’esprit, et l’esprit par a volonté du suprême auteur des choses. Ce nouvel homme n’oubliera donc pas que ce n’est point au temple à prescrire la loi et les formes des sacrifices qui doivent s’opérer dans son sein, que c’est au temple à recevoir cette loi et ces sacrifices, tels qu’il convient au prince des prêtres selon l’ordre de Melchisédech de les lui prescrire ; que ce temple n’a d’autre obligation que de se maintenir toujours dans l’ordre convenable, et d’être prêt à toutes les heures où il plaira à ce prince des prêtres d’y venir offrir son encens. Nouvel Homme 43
Il sentira par ce moyen que non seulement le fils de l’homme est au-dessus du sabbat temporel, mais que le temple même a aussi ce magnifique privilège, puisque ce temple n’est autre chose que le nouvel homme, et que le nouvel homme participe à tous les droits et à toutes les propriétés de l’esprit du Seigneur ; il reconnaîtra alors que de même l’esprit du Seigneur est le chef et le maître du nouvel homme, de même le nouvel homme devient par lui le chef et le maître de la loi ; que si c’est au nouvel homme à attendre et à recevoir de l’esprit du Seigneur les lumières, la sainteté et la vie, c’est au temple bâti par la main des hommes à attendre et à recevoir du nouvel homme l’administration de toutes ces choses, et qu’ainsi l’esprit du Seigneur se trouve à la fois par là, le maître du nouvel homme, la maître du temple, le maître du sabbat, le maître de la loi, puisqu’il comprend tout, puisqu’il dirige tout, puisqu’il pénètre tout, et que ce n’est que dans lui que les propriétés des choses, leurs vertus, leurs figures, et leur esprit peuvent trouver leur explication, et leur véritable accomplissement. Nouvel Homme 43
Il se trouvera peut-être dans le nouvel homme des Juifs, qui lui demanderont, comme autrefois les docteurs de la loi et les Pharisiens demandaient au Réparateur : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains lorsqu’ils prennent leur repas. Lorsqu’ils ne seront pas susceptibles de s’élever à ces sublimes régions de l’esprit qui expliquent tout, il les fera tomber en confusion, en leur objectant leur propre conduite sur des points d’une plus grande importance ; et il leur dira : « Pourquoi vous-mêmes, violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition ? Car Dieu a fait ce commandement : honorez votre père, et votre mère ; et cet autre : que celui qui outrage de paroles son père ou sa mère, soit puni de mort. Cependant vous dites : quiconque dira à son père ou à sa mère : tout don que je fais à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore qu’après cela il n’honore, et n’assiste point son père ou sa mère, et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites que vous êtes, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : ce peuple est proche de moi en paroles, et il m’honore des lèvres, mais son coeur est bien éloigné de moi… toute plante qui n’aura point été plantée par mon père qui est dans le ciel, sera arrachée. » Nouvel Homme 43
Il n’y a point de vérité au-dessus de ces dernières paroles, et qui mérite plus l’attention du nouvel homme, parce que ces paroles embrassent à la fois toutes les lois, tous les temps, et tout le jugement ; voilà pourquoi ce nouvel homme s’en fera comme une armure avec laquelle il brisera sans cesse les traits de l’ennemi ; voilà pourquoi il commencera par lier le fort, afin de pouvoir entrer dans sa maison, et piller ses armes ; ayant sans cesse devant les yeux que s’il ne s’associe pas continuellement avec l’esprit, s’il ne s’efforce pas de naître continuellement de l’esprit, s’il ne met pas tous ses soins à être planté par l’esprit, enfin s’il n’est pas avec l’esprit, il sera contre l’esprit ; et s’il n’amasse point avec l’esprit, il dissipera. Nouvel Homme 43
Ainsi non seulement il s’abstiendra de tous les blasphèmes contre le fils de l’homme, qui pourront être susceptibles de pardon, en ce qu’ils ne tombent que sur l’homme temporel, ou sur l’enveloppe de l’esprit ; mais ce nouvel homme ne laissera pas même subsister en lui les moindres traces d’offenses encore plus secondaires, et plus susceptibles de rémission, tant il sera occupé à se prémunir contre les blasphèmes irrémissibles, ou à se remplir si bien de l’activité de 1’esprit, qu’un jour à venir on ne puisse pas lui reprocher de n’avoir pas été dévoué exclusivement à l’esprit, et qu’on ne lui fasse pas payer jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire tous les moments qu’il n’aurait pas passés dans cette confiance entière et absolue que l’homme doit avoir à l’esprit, et c’est ici que se vérifie cette terrible parole : beaucoup d’appelés, et peu d’élus ; car tous les hommes étaient nés pour accomplir cette importante loi. Nouvel Homme 43
44. Le vieil homme est tombé sous le joug d’une triple mort, que l’on désigne sous le nom de la mort du corps, la mort de l’âme, et la mort de l’esprit ; mais qui, ayant eu primitivement pour cause, et pour principe, la mort ou l’abolition de ses titres de pensée, parole, et opération de l’Eternel, doit se considérer sous le nom de la mort de son être divin, qui, en effet, est aujourd’hui comme enseveli dans un sépulcre, en comparant sa déplorable situation avec l’état glorieux dont il a joui ; il faut donc que le nouvel homme ait pour tâche de se procurer une triple résurrection, c’est-à-dire, qu’il arrache sa pensée, sa parole, et son action aux ténébreuses régions où elles sont en esclavage, qu’il retienne sa pensée, sa parole, et son action sur le bord du précipice, dans lequel l’ennemi cherche journellement à les entraîner, et qu’il prévienne pour l’avenir la mort de sa pensée, de sa parole, et de son action, dans toutes les circonstances où l’ennemi pourra les menacer. Nouvel Homme 44
Voilà une des faces sous lesquelles nous pouvons considérer la triple résurrection du nouvel homme ; et ce point de vue est d’autant plus réel, qu’il n’est que la trop ressemblante image de la périlleuse destinée de toute la postérité humaine ; d’ailleurs, il est l’extrait, et le tableau réduit de l’oeuvre universelle qui s’opère en grand sur toute cette postérité de l’homme. Nouvel Homme 44
Oui, le nouvel homme peut y lire à découvert cette triple résurrection si nécessaire à notre être, pour qu’il jouisse de quelque repos, et si conforme à cette triple mort, ou à cette triple concentration que nous éprouvons si douloureusement, quand nous voulons jeter un instant nos regards sur nous-mêmes, et qui nous convainc d’une manière si triste, et si démonstrative de cette triple mort, ou de cette triple concentration dans laquelle le premier homme a plongé ses facultés spirituelles, et a entraîné les facultés spirituelles de toutes sa malheureuse postérité. Nouvel Homme 44
La première et la plus pénible de ces trois résurrections que le nouvel homme aura à opérer en lui, est d’arracher de toutes les substances fausses dont il est environné, celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui s’y sont englouties, et pour ainsi dire amalgamées, et qui y sont comme dans un vrai tombeau, où, non seulement, elles ne jouissent point du jour, et de la lumière, mais où elles tendent continuellement vers une effroyable putréfaction ; en effet, il est impossible de concevoir une opération plus douloureuse que celle de séparer ainsi les différents métaux que nous avons laissé souder ensemble, puisqu’il n’y a qu’une fusion entière qui puisse nous y faire parvenir ; niais ce qui paraît au-dessus des forces ordinaires, n’est point au-dessus des forces du nouvel homme, puisqu’il est le fils de l’esprit, et qu’il a bu le médicament salutaire, ou ce puissant dissolvant que Jérémie compare à un marteau qui brise les pierres (23:29). Nouvel Homme 44
La troisième résurrection sera celle qu’il opérera d’avance sur celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui, à l’avenir, pourraient être exposées aux attaques de l’ennemi, et qu’il voudrait essayer de corrompre afin de les engloutir avec lui dans ses abîmes, parce qu’il ne suffira pas au nouvel homme de n’embrasser que les époques passées, et présentes, dans la manifestation de sa puissance, et de sa sagesse ; il lui faudra embrasser même les époques qui ne sont pas encore, puisque tel est le plus grand privilège de l’esprit ; aussi travaillera-t-il sans relâche pour obtenir que la main suprême l’environne, le soutienne, et le protège de manière à ce que l’ennemi ne puisse plus désormais avoir sur lui aucun empire, et il y parviendra lorsqu’il aura subjugué tout ce qui est en lui, et qu’il pourra dire de lui, ce que le Réparateur disait de la corruption extérieure : J’ai vaincu le monde. Nouvel Homme 44
Voilà donc la triple résurrection que chaque homme doit opérer sur soi-même, s’il veut parvenir à la dignité du nouvel homme ; et jamais nous ne pourrons avoir la moindre idée de nos droits primitifs et de notre véritable renaissance, si nous ne rétablissons pas à demeure en nous une source d’actions régulières, une source de mouvements vrais, et une source de pensées saines, parce que ces trois sources découlent ensemble de la source unique, et éternelle de l’esprit. Nouvel Homme 44
Le nouvel homme, après s’être convaincu de ces vérités, non seulement par sa persuasion intime, mais encore par sa propre expérience, verra une douce surprise, que le Réparateur n’a pas eu d’autre dessein que de faire ouvrir les yeux aux hommes sur ces devoirs indispensables, et si salutaires, lorsqu’il a employé sa puissance à ressusciter trois morts au milieu du peuple d’Israël. Car c’est une chose frappante, et qu’on ne saurait trop remarquer que la différence des lieux où chacun de ces morts a été rappelé à la vie. Lazare fut ressuscité dans le tombeau où il était depuis quatre jours, et où il sentait déjà mauvais. Le fils unique de la veuve de Naïm fut ressuscité dans le chemin, et pendant qu’on le portait dans le sépulcre, la fille de Jaïre, chef de la synagogue, étant âgée de douze ans, fut ressuscitée dans la maison de son père. Comment n’apercevrions-nous pas, dans ces trois résurrections opérées par le Réparateur, cette triple résurrection que nous devons faire tous en nous-mêmes, et qui est à la fois, et l’oeuvre principale, et la récompense du nouvel homme. Nouvel Homme 44
45. Sans doute ce ne sera qu’après avoir ainsi purifié tout son être, et opéré en soi cette triple résurrection, que le nouvel homme fera, en lui-même, l’élection dont nous avons parlé d’avance, ou l’élection des douze vertus qui doivent le manifester dans toute l’étendue de ses propres régions ; avant cette époque il était si incapable de faire une pareille élection, qu’il n’aurait même jamais pu en concevoir l’idée, et encore moins l’exécuter, si l’esprit de vérité n’était venu prendre en lui la place de toutes ses substances de mensonge. Aussi il sent plus que jamais combien nous nous exposons, quand nous osons marcher par nous-mêmes dans la carrière spirituelle ; et c’est 1’esprit qui le dirige, c’est dans le prince des justes, c’est dans ce Réparateur qu’il apprend de nouveau à s’attacher à cette sainte réserve, puisque le Réparateur lui-même, ou le prince des justes ne veut pas faire par soi l’élection de ses douze apôtres mais qu’il passe toute une nuit en prières avant de les choisir (Luc 6:12). Nouvel Homme 45
Le nouvel homme ne mettra pas en doute que l’esprit n’ait les mêmes pouvoirs dans les régions où sa pure essence et sa suprématie l’appellent à régner en maître et en souverain ; il ne doutera pas que cet esprit ne possède, selon sa classe, incomparablement plus de dons, de prévoyance, et de sagesse, que n’en peut jamais posséder l’homme qui est réduit à la région élémentaire, quelle que soit l’industrie que cet homme ait pu y déployer. Il ne doutera pas que cet esprit n’ait à sa disposition des nombres incalculables de propriétés, et de substances de sa propre nature, en comparaison de ce peu de substances élémentaires que nous pouvons employer ici-bas, à la conservation de notre matière, et à la production comme à l’entretien des oeuvres de nos mains. Nouvel Homme 45
Plein de cette salutaire persuasion, le nouvel homme quand il sera faible et fatigué, dira à l’esprit : apposez une de vos forces sur ma faiblesse, et elle la fortifiera. Quand il sera lâche et froid, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances ardentes sur ma froideur, et elle la réchauffera. Quand il sera emporté par son ardeur impétueuse il dira à l’esprit : apposez une de vos substances calmes sur mon impétuosité, et elle la tempérera. Quand il sera dans les ténèbres, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances lumineuses sur mon obscurité, et elle l’éclairera. Quand il sera ébloui par la lumière, il dira à l’esprit : apposez sur mes yeux une de vos substances intermédiaires, et je ne craindrai plus de perdre la vue ; quand il sera environné de ses ennemis, il dira à l’esprit, mettez entre eux et moi un de vos boucliers, et je serai à l’abri de toutes leurs attaques. Quand il se sentira comme suspendu par un fil au-dessus des abîmes, il dira à l’esprit : étendez jusqu’à moi une de vos mains, et je marcherai sur ces abîmes comme sur le plus ferme terrain. Nouvel Homme 45
Voilà de quelle manière le nouvel homme se liera à l’industrie de l’esprit pour se guérir de tous ses maux, pour se préserver de tous ses dangers, et pour subvenir à tous ses besoins ; car nous ne devons point craindre de répéter une vérité si essentielle, et si consolante ; savoir, que l’esprit se prête mille fois plus aisément encore à ce soulagement de nos besoins spirituels, que la nature ne se prête à celui de nos besoins matériels, parce qu’il nous aime, et que la nature ne peut nous aimer, mais qu’elle ne peut que nous abandonner aveuglément toutes les substances qu’elle engendre, pour que nous nous occupions ensuite à les employer à notre avantage, selon notre sagesse, et selon nos lumières. C’est donc ainsi que se conduira Ie nouvel homme envers l’esprit ; il tâchera de tellement captiver sa bienveillance, qu’il puisse, avec une entière confiance, lui dire : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Nouvel Homme 45
Considérons donc ce nouvel homme environné de toutes les substances de l’esprit, et les appliquant par sa foi effective, ou par sa prière en actes, à tous les besoins qu’il peut éprouver dans son oeuvre ; voyons-le à tous les pas qu’il fait dans sa carrière, se procurer des nouvelles grâces, de nouveaux appuis, de nouveaux bienfaits, et par cette fidélité, et ce vif dévouement, s’identifier tellement avec l’esprit que ces mêmes grâces, ces mêmes appuis, ces mêmes bienfaits descendent sur lui comme gratuitement, mais d’une manière qui lui soit comme naturelle, qu’il les reçoive à tout instant, sans qu’il les cherche, et sans qu’il soit surpris cependant de les voir ainsi prévenir même tous ses besoins. Nouvel Homme 45
Par cette douce perspective, jugeons ce que devait être pour nous cet état glorieux où nous ne sommes plus, mais dont le nouvel homme nous autorise à croire que nous pouvons encore apercevoir les traces ici-bas. Car ce nouvel homme ne doit être autre chose pour nous que le développement et la manifestation de ce qu’était l’homme primitif, avant que les suites du crime l’eussent englouti dans sa ténébreuse prison. Nouvel Homme 45
Tous ces faits ne sont que des témoignages, et des fruits des dons que l’esprit a fait germer dans le nouvel homme ; ils ne font qu’annoncer cette nourriture spirituelle, active, et physique que ce nouvel homme peut sans cesse multiplier en lui en faveur des divers peuples qui habitent les diverses régions de son être ; car s’il est uni à la source de la vie, il n’y a plus rien en lui où il ne puisse faire parvenir des ruisseaux de cette source vivante, et où ces ruisseaux ne puissent tellement accumuler leurs eaux fécondes, que la fertilité s’y établisse, et fournisse abondamment la subsistance à tout ce qu’il y aura dans ses domaines légitimes, d’indigent, et d’affamé. Nouvel Homme 45
Si l’intelligence veut s’élever encore au-dessus de ce nouvel homme, et se porter jusqu’aux lois, et aux voies que la sagesse divine emploie pour faire descendre ses grâces et ses faveurs sur les malheureux mortels, elle verra dans les faits rapportés ci-dessus, premièrement, la puissance suprême apaisant notre faim, et guérissant notre misère par le nombre de notre misère même ; secondement, elle y verra cette même puissance suprême nous réserver, en outre, le nombre nécessaire de sources abondantes pour nous seconder dans notre régénération. Enfin elle y verra cette même puissance suprême, agissant ensuite par un nombre pur, sur l’homme régénéré, et nous rendre de nouveau, par là possesseurs de ce même nombre pur qui fut jadis notre caractère distinctif. Nouvel Homme 45
46. La raison pour laquelle le nouvel homme, en s’unissant à la source de vie, se trouve dépositaire de si grands trésors, et pouvant manifester dans lui-même de si grandes, et de si salutaires multiplications, c’est que cette source de vie lui fait découvrir, au fond de son être, sept sources actives qui, unissant mutuellement leurs forces diverses, développent les unes par les autres, leurs propriétés particulières, et cela d’une manière qui ne peut plus s’interrompre, et qui rend ces sources intarissables, puisque c’est la source de la vie qui les anime, et qui les entretient. Nouvel Homme 46
Cette pierre est carrée, et taillée par le ciseau de l’esprit, et elle doit servir de base à ce temple divin destiné à remplacer dans le nouvel homme les tentes qui, jusqu’alors, ont été le seul asile de l’arche sainte, ou de la vérité. C’est là cette porte du temple qui était carrée, selon le prophète Ezéchiel (41:21) et à laquelle répondait la face du sanctuaire, étant en regard l’une devant l’autre. C’est par cette porte que les oracles du sanctuaire doivent se promulguer au peuple, selon Isaïe (9:8) : Le seigneur a envoyé sa parole à Jacob, et elle a été vérifiée dans Israël, tout le peuple le saura, Ephraïm, et les habitants de Samarie. C’est par cette même porte que doivent entrer les nations pour venir adorer dans le temple de Jérusalem, et ce sont les sept colonnes élevées dans le temple qui font que ce temple est parfaitement solide, et que les nations peuvent y habiter en sûreté, puisque Salomon nous dit (Proverbes 9:1) que la sagesse elle-même s’est bâtie une maison, et qu’elle a taillé sept colonnes. Nouvel Homme 46
Nouvel homme, contemple-toi donc avec respect. Tu as, en face de toi, le sanctuaire ou l’unité éternelle et divine ; tu as, au fond de ton être, la base fondamentale du temple, et tu trouves en activité dans ce temple, les sept sources sacramentelles qui, étant vivifiées par la source de vie, doivent à jamais fertiliser toutes les régions qui te composent. C’est à toi de veiller sans cesse pour que les eaux de cette source de vie ne se détournent point de leur cours naturel, et qu’elles viennent journellement se rendre dans tes sept canaux spirituels. Jamais elles ne se détourneront d’elles-mêmes, parce que, par leur propre pente, elles tendent à venir chercher leur repos en toi : mais si tu n’as pas un soin continuel de leur préparer les voies, en faisant tailler, et polir par l’esprit la pierre fondamentale de ton temple, et en la maintenant exactement dans son aplomb, ces eaux divines se répandront, au lieu d’entrer dans tes sept canaux spirituels, et elles ne te procureront aucun avantage ; parce que c’est cette pierre fondamentale de ton temple qu’elles ont choisie, comme étant la seule mer assez immense pour leur servir de réservoir. Nouvel Homme 46
Cette pierre fondamentale est réellement la racine de ces sept sources sacramentelles que le nouvel homme découvre en lui lorsqu’il a subi les épreuves préparatoires, et indispensables, comme c’est là où il a découvert ce divin instituteur dont nous avons parlé précédemment, et qui, étant assis sur la chaire antérieure à toutes les chaires temporelles, a prononcé devant lui, sur la vraie montagne, les discours et les instructions qui doivent servir de guide, et de règle au peuple d’Israël, s’il veut maintenir dans les privilèges de son élection. Nouvel Homme 46
La racine de ces sources sacramentelles se trouvant donc la pierre fondamentale de notre temple, nous portons en nous-mêmes le témoignage et le caractère vivant qui doit nous faire respecter des nations ; et le nouvel homme peut dire à l’imitation du Réparateur : « Comme le père a la vie en lui-même, il né aussi au fils d’avoir la vie en lui-même, et il lui a donné la puissance d’exercer le jugement parce qu’il est fils de homme… » Aussi il peut dire comme le Réparateur: « Je ne reçois point le témoignage d’un homme… j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean… et mon père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. » Nouvel Homme 46
Le nouvel homme peut, dis-je, tenir ce langage, parce que quand il a découvert en lui la pierre fondamentale du temple, il a reconnu également qu’elle n’était que le fruit, l’extrait, le produit et le témoin de l’unité même, et que si cette pierre fondamentale était le témoin de l’unité, l’unité à son tour était le témoin de cette pierre fondamentale, puisque le fils est le témoin du père, comme le père est le témoin du fils. Nouvel Homme 46
C’est ce double témoignage qui assure à jamais la dignité de ce nouvel homme, et qui fait la base de sa confiance et de sa sécurité ; c’est, en même temps, ce qui donne tout leur prix et toute leur vertu à ces sept sources sacramentelles, qui dérivent de cette pierre fondamentale sur laquelle doit se bâtir l’Eglise, comme cette pierre fondamentale dérive de l’unité. Aussi l’harmonie se fait connaître dans ces sources, puisqu’elles sont l’expression de l’harmonie qui doit régner dans la pierre fondamentale à l’imitation de celle qui règne dans l’unité ; elles sont toutes intimement liées, quoiqu’ayant des caractères distincts, et elles se prêtent un secours mutuel, non point pour s’éclipser les unes et les autres, mais pour faciliter leurs diverses manifestations. Nouvel Homme 46
Or, leurs manifestations, quoique diverses, tendent cependant à un but commun et unique qui est la propagation, et la communication de la chose sacrée ; car un sacrement porte ce nom, parce qu’il est la voie par laquelle les choses saintes et divines se transmettent là où elles manquaient, et où elles étaient nécessaires pour que la mort et le néant disparussent ; et sous ce rapport nous voyons encore s’agrandir devant nos yeux la dignité de l’homme qui est choisi pour être la pierre fondamentale du temple, et en outre pour posséder les sept sources spirituelles par où la vie divine veut bien se communiquer dans les lieux arides et stériles. Or nous ne pouvons plus ignorer aujourd’hui ce qui développe en lui ces sept sources sacramentelles, puisque nous avons, à tant de reprises, présenté l’homme comme étant la pensée, la parole, l’opération de l’éternel, et comme ayant eu un besoin indispensable du secours de la parole pour que la parole lui fût rendue, et pour qu’il pût parvenir à la dignité du nouvel homme. Nouvel Homme 46
Disons donc que le nouvel homme ne possède en lui ces sept sources sacramentelles ou ces sept sacrements, que parce qu’il a reçu réellement en lui le sacrement de la parole, et que c’est ce sacrement de la parole qui a fait jaillir en lui ces sept sources, qui auparavant étaient dans la stagnation et dans la mort ; mais comme ce sacrement de la parole n’a pu atteindre jusqu’à ces sept sources sacramentelles du nouvel homme, sans avoir opéré auparavant sur la pierre fondamentale du temple, il s’ensuit que cette pierre fondamentale du temple, doit d’abord être pénétrée et revêtue de ce sacrement de la parole, pour que les sept sources qui en vont provenir soient toujours dans l’abondance, et que les fleuves divins puissent les remplir sans interruption et dans toute leur pureté. Nouvel Homme 46
Ayons sans cesse devant les yeux le sort si glorieux du nouvel homme que le sacrement de la parole vient de régénérer. Il a été sacré par cette parole, et pour ainsi dire, comme sacramentisé dans son essence ; dès l’instant tout est devenu sacrement en lui, et tout a été sacramentisé dans son être, puisque les sept sources sacramentelles qui ont jailli de sa pierre fondamentale embrassent sa région terrestre et corporelle, sa région céleste et spirituelle, et sa région divine. Nouvel Homme 46
47. Ce sacrement de la parole donne trois noms au nouvel homme, conformément aux trois facultés qui nous distinguent. Ainsi dans son action il s’appellera célérité de l’oeuvre ; dans son amour il s’appellera unité des reflets de l’affection divine ; dans sa pensée il s’appellera le matin perpétuel du plus beau jour, et tout son être en se développant ainsi fera sentir tellement ses forces à l’ennemi qu’il tremblera de frayeur en apprenant que le lion se réveille, et le menace de ne pas lui laisser un moment de repos, mais de le poursuivre jusqu’à ce qu’il ait lâché sa proie, et qu’il soit brûlé par le feu de la parole du nouvel homme. Nouvel Homme 47
Comment la parole a-t-elle traité Ephraïm et Juda, ces peuples qui ont rompu, comme Adam, l’alliance qu’ils avaient faite avec elle, et qui dans leur culte avaient violé les ordres du Seigneur ? (Osée 6:7). Je les ai traités durement par mes prophètes, je les ai tués par la parole de ma bouche (dit le Seigneur ; id. 5) et je rendrai claire comme le jour l’équité des jugements que j’exercerai sur eux. Si c’est ainsi qu’ont été traités des peuples prévaricateurs qui étaient cependant le peuple choisi, la justice ne traitera-t-elle pas plus sévèrement encore le prince de l’iniquité, et le père de toutes les abominations de la terre ? Et c’est au nouvel homme qu’est remise l’exécution de ces terribles jugements dans tout son être, avant de les exercer sur les nations qui sont hors de lui. Nouvel Homme 47
C’est afin qu’elle n’ordonne rien en vain que le nouvel bomme s’unira sans cesse aux hommes de Dieu, pour qu’ils oignent ses membres de l’huile sainte, et qu’ils les préservent d’être meurtris par l’ennemi, ou desséchés par la langueur ; il priera le grand prêtre de venir renouveler en lui les diverses alliances que Dieu veut toujours faire avec l’homme, et que l’homme s’efforce toujours d’annuler ; il le priera de venir à toutes les heures, et à tous les moments administrer dans le sein de son âme le sacrement de la renaissance et de la revivification. Car sans cela, comment pourrait-il rassembler les portions éparses du nom du Seigneur ? Or, voici comment la sagesse a distribué les organes du nouvel homme, afin qu’il puisse remplir sa destinée sainte, et rassembler les portions éparses du nom du Seigneur. Nouvel Homme 47
Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47
Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47
Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47
Il place la constance à l’orient, il place la purification à l’occident, il place la confiance au nord, il place la sainte audace au midi, et ainsi il marche à son oeuvre, toujours au milieu des vertus ; il ne se laisse pas même affaiblir par la tendresse de ses frères qui veulent le retenir, et l’empêcher d’aller à Jérusalem où il doit souffrir, et être mis à mort ; il ne connaît que les choses du ciel, et se « plaint vivement à ses frères de ce qu’ils ne renoncent pas à eux-mêmes pour le suivre, et de ce qu’ils n’ont de goût que pour les choses de la terre. Et que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ? Par quel échange se pourrait-il racheter, lorsque le fils de l’homme viendra dans la gloire de son père, avec ses anges, pour rendre à chacun selon ses oeuvres ? » Nouvel Homme 47
48. L’homme de Dieu est obligé de se diminuer sans cesse, et de se proportionner, comme Élie, à la petitesse du fils de la veuve de Sarepta pour le ressusciter. C’est là ce qui rend son ministère si laborieux ; il faut que cet homme de Dieu soit toujours en contradiction, pour approprier les vertus divines à notre demeure impure, et souillée. Car l’homme de Dieu est établi pour être perpétuellement l’organe de ces vertus, soit dans la prière, soit dans l’instruction, soit dans les oeuvres. Nouvel Homme 48
Que le nouvel homme ne s’effraie pas de ces fatigues, le temps du repos les lui fera toutes oublier. Le nouvel homme est un homme de vérité, et l’homme de vérité ne connaît aucun obstacle. Au milieu même de ses travaux, et de ses épreuves, il a toujours devant les yeux ce passage de David : que toute la terre se réjouisse en Dieu. Servez le Seigneur avec joie, entrez et présentez-vous devant lui dans de saints ravissements. Sachez que le Seigneur est le vrai Dieu, que c’est lui qui nous a faits, et que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Aussi toute la terre du nouvel homme est dans la sécurité, et dans la joie, parce qu’il sent que ses os deviennent semblables aux os de la vie, et que la vertu de la chair céleste, et du sang spirituel Pénètre, et nourrit sa chair et son sang. Nouvel Homme 48
Mais si la parole du Seigneur doit un jour révéler les fondements du monde (psaume 17:16), ne peut-elle pas aussi révéler les fondements de l’âme de l’homme ? Et sans cela le nouvel homme pourrait-il encore avoir de l’espoir ? Il dira donc : « Seigneur ressouvenez-vous de la sagesse de vos desseins lorsque vous avez donné l’existence à l’homme. Ce grand objet de votre antique alliance avec lui, pourriez-vous jamais l’oublier ? Si le sage se ralentit devant vous, c’est en vain qu’il a ouvert les yeux sur les restes de l’oeuvre ; il devient l’objet des larmes des prophètes qui le comparent aux lâches serviteurs ; car il ne peut plus chanter les cantiques de la paix et du bonheur, ces cantiques que l’oreille de la sagesse aime à entendre. » Nouvel Homme 48
Le nouvel homme l’entend au fond de lui-même ce cantique qui charme l’oreille de la sagesse : « C’est d’en haut que viendra ma force, c’est d’en haut que j’attendrai la lumière ; le poids de la puissance du Seigneur précipite tous les ennemis dans l’abîme, parce que sa puissance contraint l’âme humaine de développer la sienne à son tour, et que la puissance de l’âme humaine est comme un retranchement autour de l’année du Seigneur. » Nouvel Homme 48
49. Ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est arrivé à cette union avec l’esprit, c’est par le feu intérieur de son être qui s’est enflammé, et qui a répandu autour de lui, une lumière semblable à celle où il a pris son origine. La loi de l’affinité a opéré le reste ; et même ce feu de son être intérieur ne s’est allumé que par le souffle doux de la sagesse, qui ne cherche qu’à rendre à chaque chose leurs propriétés. Nouvel Homme 49
En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49
C’est donc le souffle doux de cette sagesse qui développera dans le nouvel homme sa véritable prière qui est l’action naturelle de son être ; car cette prière ne doit avoir d’autre but que de maintenir dans l’homme, l’ordre, la sûreté, la mesure ; elle doit faire que l’ennemi soit toujours tenu hors de la place, que le coeur de l’homme soit toujours abreuvé des sources des eaux vives, et que sa pensée soit comme un foyer où les lumières divines se réunissent pour se réfléchir ensuite avec plus d’éclat. Comme ce sont là les facultés primitives de l’homme, si elles parviennent à atteindre le but de leur destination, l’homme est réellement dans sa prière, ou pour mieux dire, l’homme est alors réellement la prière, et le sacrifice de la plus agréable odeur que le seigneur puisse recevoir. Mais où est-il celui qui s’est réellement converti en une prière, et en un sacrifice de la plus agréable odeur pour le Seigneur. Nouvel Homme 49
Quant au nouvel homme, il s’est réellement converti en une prière active, et voici comment ses facultés ont recouvré les droits de leur destination originelle. Il a dit : « J’invoquerai Dieu au nom du Réparateur, j’invoquerai le Réparateur au nom de l’accomplissement de la loi, j’invoquerai l’accomplissement de la loi au nom de la foi, j’invoquerai la foi au nom de mes oeuvres et de la constance de mes saintes résolutions. » Voilà les quatre fleuves que ce nouvel homme a trouvés en lui ; il a trouvé aussi en lui le jardin d’Eden ; dès lors il s’est rempli de confiance, et de zèle, et les moissons sont devenues abondantes. Autrefois ces quatre fleuves ne faisaient qu’un, lorsque ce jardin d’Eden était encore dans sa fertilité primitive. Mais les catastrophes de la nature, en multipliant les montagnes et les vallées, ont divisé les sources des fleuves, et en ont multiplié les courants. Nouvel Homme 49
C’est pourquoi le nouvel homme a dit avec jubilation, et dans la plénitude de son espérance : « Quand le feu du Seigneur aura enflammé mon coeur, et brûlé mes reins ; quand les hommes de Dieu auront préparé tous les sens de mon âme, quand l’huile sainte aura accompli ma consécration extérieure, et intérieure, alors le Seigneur entrera en moi, il se promènera dans moi, comme autrefois il se promena dans le jardin d’Eden. J’entendrai mon Dieu, je verrai mon Dieu, je concevrai mon Dieu, je sentirai mon Dieu ; il aplanira lui-même les voies par où il voudra faire marcher sa sagesse, il disposera mon coeur pour y pouvoir habiter comme dans un lieu de repos, et quand je voudrai me nourrir des douceurs de la vertu, de l’empire des forces et des puissances, et de la délicieuse contemplation de la lumière, je considérerai le céleste habitant qui demeurera en moi, et il me procurera à la fois tous ces biens. » Nouvel Homme 49
Nous ne saurions trop l’affirmer, ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est parvenu à pouvoir se remplir de ces douces espérances et à faire sortir de lui, de ces paisibles intelligences qui répandent autour d’elles, le calme et le repos ; c’est en rassemblant avec soin tout le feu de son être intérieur qu’il en voit enfin s’élever une flamme pure, vive, et légère qui purifie l’air, et qui l’agite doucement, en faisant exhaler un vent rafraîchissant ; voilà comment il est parvenu à découvrir en lui les quatre fleuves du jardin d’Eden, subdivisés dans ces sept sources sacramentelles qui sont les puissances de son âme, et qui n’auraient jamais pu recouvrer leur activité naturelle, si l’âme de ce nouvel homme n’avait été elle-même régénérée, et ordonnée de nouveau par le sacrement de la parole. Nouvel Homme 49
Mais il ne peut parcourir toutes ces régions soit intérieures, soit extérieures, sans éprouver un désir qu’il partage avec la sagesse même, puisqu’elle l’a éprouvé la première à son égard, c’est celui de voir goûter le même bonheur à ses semblables ; et c’est dans ce désir secret, puisé dans notre propre source, purgée de ses souillures, et de ses ténèbres, que nous découvrons la véritable destination du nouvel homme, et par conséquent celle de l’homme primitif. Nouvel Homme 50
Quel est donc le triste état de la postérité humaine, où l’homme de désir lui-même est réduit à pleurer en vain, et à voir ses frères ou liés par de fortes chaînes dans de ténébreux cachots ou transportés dans les sépulcres de la mort et de la putréfaction ! Et cela sans qu’il lui soit possible d’agir pour leur délivrance, ni de rien opérer pour eux ! Il n’est que trop vrai, malheureux homme, que le temps, et la mort sont les rois de ce monde. Tu as des désirs purs, tu as des désirs divins, tu as des désirs qui concourent avec ceux dont le coeur et la sagesse de Dieu même sont remplis, et cependant ces désirs ne s’accomplissent point ! Et cependant l’oeuvre vraie se voit comme forcée de céder le pas à l’oeuvre illusoire ! Et cependant notre Dieu, lui-même, enveloppe sa gloire, et parait comme contraint de différer jusqu’à un autre temps, pour en manifester les triomphes ! Nouvel Homme 50
Nouvel homme, regarde-toi comme ce roi établi sur Sion, la sainte montagne du Seigneur, afin que tu annonces ses préceptes ; demande à Dieu tes propres nations pour ton héritage, et il étendra tes possessions jusqu’aux extrémités de la terre, et jusque dans les âmes de tes semblables. Car sa sagesse active, et invisible ne cherche qu’à faire pénétrer jusqu’a toi ses douces influences, et à te soutenir du haut de son trône, dans tes combats, afin de te faire remporter des victoires ; elle transportera ensuite auprès d’elle ton esprit triomphant, jusque dans ces paisibles régions où elle fait éternellement sa demeure, et où l’homme aurait dû demeurer aussi éternellement avec elle, s’il n’avait pas eu la faiblesse de les abandonner ; vérités qui pourraient être rebattues à toutes les pages de tous les livres, et qui ne devraient pas pour cela éprouver le reproche d’être trop répétées ; car comment accuserait-on les écrivains de trop dire une chose qui est la seule chose que l’on devrait dire ? Nouvel Homme 50
Mais l’homme intérieur ainsi accompagné visiblement de la droite, et de la gauche de Dieu entend encore, au-dessus de lui, la Voix divine qui prononce ces paroles consolantes : C’est mon fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis toute mon affection. Ecoutez-le ; de façon que, se trouvant placé entre le ternaire divin et supérieur dont il émane, et dont il est fils et le ternaire spirituel de ses propres facultés, ou de ses trois disciples, il découvre en lui-même le tableau universel de toutes les régions, des lois d’action, et de réaction qui ont agi pour l’émanation de l’homme et qui agissent journellement pour sa sanctification, et pour sa glorification. Et voilà les trésors qui se dévoilent aux yeux du nouvel homme. Nouvel Homme 51
Il n’est pas étonnant que les trois disciples du nouvel homme le voyant ainsi tout rayonnant de gloire, soient hors d’eux-mêmes, et que l’un d’eux lui dise : Seigneur, nous sommes bien ici, faisons-y, s’il vous plaît, trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Elie. Et quand la nue vient à couvrir à leurs yeux ce ternaire supérieur, et que la voix sortant de cette nue, se fait entendre, il n’est pas étonnant que les trois disciples soient saisis d’une grande crainte, et qu’ils tombent le visage contre terre. Mais le nouvel homme s’approchera d’eux, les touchera, leur dira : Levez-vous, et ne craignez point. Alors ils lèveront les yeux, et ne verront plus que le nouvel homme seul, parce que le ternaire supérieur ne peut pas séjourner sur la terre. Nouvel Homme 51
Il leur fera le commandement de ne parler de cette vision à personne, jusqu’à ce qu’il soit ressuscité d’entre les morts ; car si leur vue avait eu tant de peine à en soutenir l’éclat, eux qui y avaient été préparés, comment des oreilles impures et grossières en auraient-elles soutenu le récit ? Il suffit, d’après cette transfiguration, que les disciples du nouvel homme le regardent comme étant le fils de la Divinité, et qu’ils s’attachent à son service avec autant de zèle que s’ils étaient en présence un Dieu. Instruction que le nouvel homme ne peut trop graver en eux pour les maintenir dans la vigilance, et pour que, travaillant de concert avec lui, ils emploient continuellement tous leurs efforts à conserver la mesure, l’ordre, l’activité, et l’amour dans toutes leurs oeuvres, et dans tous leurs mouvements, afin que lui avec eux, et eux avec lui, manifestent de plus en plus, dans une représentation toujours plus parfaite cette unité suprême, dont le nouvel homme, et ses trois facultés sont l’image. Nouvel Homme 51
En effet, sans cette transfiguration intérieure du nouvel homme, nous ne connaissons que par les images de l’intelligence, la source où nous avons pris notre origine, les rapports que nous avions eux avec elle primitivement, ceux de ces rapports que nous avons conservés depuis la fatale chute ; ceux qui se sont rétablis de nouveau par le cana! des deux alliances, et par conséquent les ravissantes espérances dont nous pouvons encore nous remplir. Nouvel Homme 51
Aussi n’est-ce que depuis la transfiguration du Réparateur, que le nouvel homme peut jouir de sa transfiguration personnelle, et de même que nous ne connaissons pas notre être d’une manière intuitive, sans cette transfiguration personnelle, de même nous ne saurions rien de la possibilité de notre transfiguration personnelle, si la transfiguration du Réparateur ne nous en avait donné la connaissance. Nouvel Homme 51
52. Des vertus diverses et nombreuses nous environnent, et cherchent à pénétrer jusque dans nous. Chacune d’elles dirige son souffle salutaire sur l’un de nos organes, de même que par notre parole nous transmettons à ceux qui nous écoutent les différents mouvements dont nous sommes animés. L’une de ces vertus qui est supérieure à toutes les autres, dirige son souffle divin sur le centre même de notre être, et par l’organe de la parole dont elle est le principe, elle transmet en nous sa propre vie, son propre amour, sa propre lumière : Philippe, celui qui me voit, voit mon père (Jean 14:9). Tel est le langage que le nouvel homme peut tenir à ses disciples, à l’instar du Réparateur ; parce qu’il cherche comme lui à transmettre sa propre vie par le souffle de sa bouche et par l’organe de sa parole à toutes les facultés de son être. Nouvel Homme 52
Mais ce nouvel homme doit multiplier et varier sans nombre son action et sa parole selon les différentes régénérations qu’il lui faut opérer en lui-même ; aussi tantôt il se montre environné de gloire et de puissance pour remplir les peuples d’admiration pour son nom et pour la grandeur de ses oeuvres ; tantôt il se peint comme une victime dévouée au salut du peuple, et comme un être de réprobation exposé à toutes les insultes et à tous les mépris de ses ennemis. Tantôt il se peint comme l’ami, le sage instituteur de ses frères à qui il distribue les divers préceptes qui leur conviennent pour se diriger dans la carrière. Tantôt il se peint comme l’homme de douleur, et même comme l’homme de péché, en employant sans cesse ses larmes et ses sanglots pour fléchir la miséricorde. Nouvel Homme 52
C’est là ce qui rend si variés les caractères et les nuances qui doivent le manifester aux yeux des siens ; et voilà pourquoi il est si méconnaissable aux yeux de ceux qui ne sont vivants que dans l’extérieur. Il leur échappe, ou il leur paraît contradictoire pour n’avoir pas la monotone uniformité des êtres de matière qui n’ont qu’une seule action à opérer, qui par conséquent ne reçoivent qu’une seule réaction et laissent passer en vain au-dessus d’eux et autour d’eux toutes les autres réactions qui ne sont point de leur classe inférieure, et dont ils ne s’aperçoivent même pas ; tandis que ce nouvel homme est en butte à la fois à toutes les réactions destructives dont il faut qu’il se défende, et à toutes les réactions régénératrices dont il faut qu’il se laisse pénétrer, auxquelles il faut qu’il corresponde, et dont il faut encore qu’il transmette les fruits et les vertus salutaires à tout le cercle particulier qui le compose. Nouvel Homme 52
Mais vous, hommes de désir, qui suivez les traces du vieil homme, vous aurez le discernement de préférer aux Nouvel Homme 52
53. Si tu demandes au nouvel homme quand est-ce que tu pourras comme lui goûter les consolations dont il ne cesse de te parler, il te répondra : C’est lorsque tu ouvriras ton oreille aux gémissements de ceux qui soupirent après les sentiers ; les voix de tous ces hommes de désir, forment une longue chaîne de sons lugubres et douloureux qui est comme l’annonce des beaux jours d’Israël. Cette longue chaîne, le nouvel homme en a mesuré toute l’étendue ; et cette mesure se trouve dans l’intervalle du sabbat septenaire au sabbat huitenaire ou dominical. Nouvel Homme 53
Homme de désir, dites donc sans cesse avec le nouvel homme : Seigneur quelle est la parole dont les sons s’élèvent jusqu’à toi ; c’est celle que tu réveilles dans l’homme, en descendant jusqu’au fond de son être : tu frappes et tu t’insinues jusque dans les bases de son temple, et tu fais sortir de lui des cris de louange, des cris de jubilation ou des cris de douleur, selon les substances qu’il a laissé s’accumuler ou se développer en lui, et qui se présentent à ton action. Nouvel Homme 53
Mais, remplissez-vous de confiance, vous tous, hommes de l’esprit, songez que celui qui a bien voulu régénérer le nouvel homme a payé lui-même cette rétribution au prince, et qu’il l’a payée pour tous ceux qui s’unissent à lui dans l’esprit de justice et d’équité dont il a donné l’exemple. N’a-t-il pas dit à ses disciples : Allez-vous en à la mer, et jetez votre ligne ; et le premier poisson qui s’y prendra, tirez-le, et lui ouvrez la bouche, vous y trouverez une pièce d’argent de quatre drachmes, que vous prendrez et que vous leur donnerez pour vous et pour moi ? Nouvel Homme 53
Quelle était cette mer ? C’est cet abîme dans lequel le crime primitif nous a tous plongés. Quelle était cette ligne qui s’y devait jeter ! C’est ce rayon de miséricorde et d’amour, que la main du pêcheur n’a pas craint, du haut de son siège éternel, de faire descendre jusque dans cette mer si distante de lui et si ténébreuse. Quel était ce premier poisson qui s’y devait prendre ? C’était ce vieil homme qui tenait renfermé dans ses entrailles, le seul trésor avec lequel nous pouvons payer l’imposition. Quelle est cette pièce d’argent de quatre drachmes qui devait se trouver dans la bouche de ce poisson ? C’est cette parole éternelle dont le quaternaire de l’homme est l’image ; c’est cette parole qui seule pouvait régénérer la nôtre, et qui seule pouvait payer pour elle comme pour nous, à César, ce qui était dû à César. Nouvel Homme 53
Homme de paix, voilà sur quoi doit reposer votre confiance. La drachme est retrouvée, ne vous séparez point de celui qui la fait sortir du fond de la mer, et vous serez toujours prêts a vous acquitter, parce qu’il a rendu la valeur et la vie à ce qui était mort et sans vertu en vous. Le nouvel homme a aussi retrouvé cette drachme, il a saisi avidement la ligne qui se présentait, il est sorti du fond de l’abîme, il a satisfait aux droits de la justice, n’hésitez point à suivre son exemple. Nouvel Homme 53
Allez donc creuser soigneusement votre terre puisqu’elle renferme cette eau précieuse qui doit vous procurer de si grands avantages, car elle est aussi la drachme qui peut faire de chacun de vous un nouvel homme Nouvel Homme 53
Mais si elle a le pouvoir de vous ouvrir les yeux sur les objets qui sont en vous, sur ceux qui sont autour de vous, sur ceux qui sont au-dessus de vous, elle a aussi le pouvoir de vous les ouvrir sur les objets qui sont au-dessous de vous ; et c’est là où la douleur s’empare du coeur du nouvel homme. Nouvel Homme 53
54. Le nouvel homme est semblable à un arbre sur lequel la colombe vient se reposer avec joie, après avoir volé jusqu’à épuiser ses forces pour aller chercher la nourriture à ses petits. Le nouvel homme est encore semblable à la trompette que l’on fait sonner dans les places, et sur les tours élevées pour appeler le peuple à la prière ; parce que le nouvel homme est le lieu de repos de la vérité, et qu’il est chargé d’appeler journellement son propre peuple au sacrifice ; il est chargé de l’entretien de tous les canaux de la ville, et de veiller à ce que les eaux vives puissent y circuler librement ; et il est chargé d’avertir ses concitoyens que la ville qu’ils habitent est une ville sainte, et dans laquelle on ne souffre aucun mendiant sans aveu, aucun lâche, aucun paresseux, parce qu’il n’est personne qui ne puisse s’y procurer légitimement, et abondamment sa subsistance ; car si l’un de ces habitants ne se croit pas les forces nécessaires pour suffire seul à remplir sa tâche, et à subvenir à ses besoins, il peut s’adresser à l’un de ses frères, il peut s’unir avec lui, et cette union ne lui laissera rien à désirer puisqu’il est écrit : Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’unissent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, elle leur sera accordée par mon père qui est dans le ciel. Nouvel Homme 54
Qu’a fait le nouvel homme ? Il ne s’est pas levé un seul jour que ce ne fût avec le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de lui offrir assidûment des sacrifices, jusqu’à ce qu’il eût reçu d’elle les témoignages de son intérêt pour lui ; il ne s’en est pas tenu même à ces témoignages, il a persévéré dans ses assiduités, jusqu’à ce que cette vertu fût, pour ainsi dire, identifiée avec lui, et que lui-même fût comme naturalisé, et marié avec elle. C’est par là qu’il a fait germer en lui les fruits vivants de la vérité, de la miséricorde, et de la justice, et qu’il a établi dans le centre de son être la consommation de la sanctification, et de sa liberté. Nouvel Homme 54
Car il n’a point désespéré de voir couronner ses travaux, et, dès qu’il s’apercevait qu’il lui manquait une vertu, il se mettait en oeuvre pour s’en procurer la possession ; comme un homme qui s’aperçoit qu’il s’est fait une ouverture à sa maison, n’a point de repos que cette brèche ne soit fermée ; c’est-à-dire, qu’il ne s’est occupé qu’à rebâtir cette ancienne maison que nous occupions autrefois, et dont l’enceinte était formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, ce qui nous maintenait à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis. C’est aussi parce que nous occupions autrefois cette enceinte formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, que nous étions assez spiritualisés, pour être chacun un des signes du Seigneur ; parce que tous les rayons de l’esprit, et du nom du Seigneur, se réunissaient sur nous, et nous faisaient réfléchir son image. Nouvel Homme 54
Telle est encore notre loi malgré notre chute, et telle serait encore notre espérance, si, comme le nouvel homme, nous ne nous levions pas un seul jour sans que ce fût dans le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de ne point abandonner l’oeuvre, jusqu’à ce que cet autel fût consacré, et que les cérémonies saintes y fussent en pleine activité. Nouvel Homme 54
55. Objets mensongers, puissances illusoires, puissances destructives, en vain vous réunirez vos efforts contre le nouvel homme ; sa pensée croîtra malgré vous : sa vertu ne sera point sujette à décliner, et à se détruire, comme celle de tous les êtres composés ; elle suivra la ligne de l’infini. C’est quand notre pensée est descendue par le crime, qu’elle a rencontré des bornes. C’est là où la ligne de l’infini s’est trouvée rompue. Heureuses bornes dans notre infortune ! Heureuse rupture ! Amour, c’est par là que tu as abrégé notre séjour dans l’abîme. Toutes les régions de l’univers ne sont-elles pas contiguës ? L’arbre qui a le pied caché dans la terre, participe, par ses rameaux, à toutes les actions de l’atmosphère. La pensée de l’homme enseveli dans les ténèbres de son corps, pourquoi ne participerait-elle pas à toutes les actions de son atmosphère céleste ? Nouvel Homme 55
C’est pour cela que le nouvel homme plonge sans cesse dans son humilité profonde, dira avec David (psaume 43:16) : « J’ai devant les yeux ma confusion tout le jour, et la honte qui paraît sur mon visage me couvre entièrement… Notre âme est humiliée jusqu’à la poussière, et notre ventre est comme collé à la terre. Levez-vous, Seigneur, secourez-nous, et rachetez-nous pour la gloire de votre nom. » Nouvel Homme 55
Voilà ces puissances illusoires, ces puissances destructives dont le nouvel homme s’est séparé, et dont vous devez vous séparer comme lui, si vous voulez comme lui, devenir les serviteurs et les amis du Seigneur, au lieu de devenir ses adversaires. Prêtez-vous à l’action divine ; elle ne vous demande que de ne pas vous opposer à elle, et pour ce simple abandon de votre part, elle va se livrer à vous tout entière, et laisser en vous des témoignages vivants de son zèle. Elle va s’étendre dans tous les canaux de votre être, et se mouvoir dans votre esprit, comme la nature se meut dans votre être passager et sensible. Nouvel Homme 55
C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55
En effet, cette action divine et le nouvel homme sont unis par les liens les plus indissolubles ; il ne peut rien sans elle, puisqu’elle est la plénitude universelle, mais elle ne peut rien sans lui puisqu’il est son agent de prédilection ; c’est pourquoi il peut dire : Mon père m’a remis toutes choses entre les mains. Mais s’il se réjouit de ce que son père lui a mis toutes choses entre les mains, c’est moins parce que tous les esprits lui sont soumis par là, que parce que son nom est écrit dans le livre de vie. C’est parce que quiconque l’écoutera, écoutera son père ; c’est parce que telle est l’ardeur de son zèle pour la gloire de son père céleste, qu’il n’aperçoit aucune perspective plus consolante que celle de manifester les merveilles de ce père céleste qui l’a engendré et qui l’engendre continuellement. Aussi au seul éclat de la lumière dont brille ce nouvel homme, la mort et le néant s’enfuiront dans leurs ténèbres. Nouvel Homme 55
C’est alors qu’il expliquera le nom du Seigneur en faisant éclater les merveilles. Car, ces merveilles se sont concentrées dans le nom du Seigneur depuis le moment fatal où s’est opérée la concentration universelle ; mais le nom du Seigneur ainsi concentré a été remis entre les mains du nouvel homme afin qu’il l’ouvrît, qu’il en répandît ses parfums dans les régions préparées à les recevoir, et que par le développement de ce nom il détruisît les barrières du crime, pour y substituer l’ordre, la mesure, et la perfection. Nouvel Homme 55
Ce nouvel homme a aussi le pouvoir d’expliquer le nom du Réparateur puisqu’il ne peut expliquer le nom du père sans expliquer le nom du fils ; aussi en ouvrant ce nom il versera les consolations dans tout son être et dans sa propre terre, comme ce nom a versé les consolations dans la terre universelle. Nouvel Homme 55
Le nouvel homme expliquera aussi le nom de l’esprit, puisqu’il ne peut expliquer le nom du père, et le nom du Réparateur sans expliquer le nom de celui qui est leur véritable et essentielle opération ; et c’est par l’explication de ce triple nom qu’il se rendra le fidèle serviteur du Seigneur, parce qu’il ne s’appliquera jamais à l’explication active de ce triple nom, sans être saisi d’une sainte frayeur que les canaux de son être ne soient pas assez purifiés pour que la vérité passe en lui sans y éprouver de la gêne et de la douleur. Nouvel Homme 55
56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56
Le nouvel homme ne monte ces degrés que dans un tremblement continuel, parce qu’il sait que le feu de l’esprit peut s’enflammer jusqu’à nos mauvaises substances, et que par conséquent rien n’est comparable aux précautions que nous devons prendre pour ne pas faire entrer Dieu en nous, sans avoir mis hors de nous toutes ces substances fausses et susceptibles de s’enflammer pour notre destruction, au lieu de s’enflammer pour notre véritable perfectionnement. D’ailleurs s’il n’en résulte pas toujours un si funeste embrasement, il en peut résulter au moins un terrible danger ; celui de ne pas recevoir l’action de l’esprit en nous dans son abondance et dans sa plénitude. Si vous voulez être parfait, disait le Réparateur au jeune homme de l’Evangile, allez, vendez ce que vous avez, et le donnez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et me suivez. Nouvel Homme 56
Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu ! disait un de ceux qui se trouvaient un jour à table avec le Réparateur (Luc 14:15). Mais que lui dit le Réparateur pour lui montrer combien peu d’hommes savaient non seulement chercher l’esprit dans sa plénitude, mais même le laisser entrer en eux quand il se présentait, et vendre ce qu’ils avaient pour lui faire place ? Il lui rapporte la parabole du festin et du grand souper auquel un homme avait invité plusieurs personnes ; il lui rapporte comment toutes ces personnes s’excusèrent sous divers prétextes, l’un pour une maison qu’il vient d’acheter, l’autre pour une femme qu’il vient d’épouser, etc. Il lui rapporte comment il dit à son serviteur de faire entrer alors les pauvres, les estropiés, les aveugles, et même tous ceux qu’il rencontrera dans les chemins et le long des haies, parce qu’il veut que sa maison soit pleine. Nouvel Homme 56
Nouvel homme, nouvel homme, viens dissiper ces sombres nuages ; nous t’avons vu tout à l’heure expliquer le nom du père, expliquer le nom du fils, expliquer le nom de l’esprit, c’est-à-dire, développer activement toutes les merveilles renfermées dans ces riches trésors. Pour quelle raison nous as-tu expliqué ou développé tous ces trésors ? C’est que ces trésors se sont eux-mêmes expliqués ou développés sur toi, c’est qu’ils ont fait briller sur ta tête le signe éclatant de leur lumière, et qu’ils ont embrasé de leur feu tout ton être ; c’est qu’ils ont expliqué et développé le germe sacré qui te constitue, et qu’ils ont rendu la voix à cette pierre fondamentale qui est en toi, et sur laquelle l’éternel Dieu des êtres a promis de fonder son église ; c’est qu’ils ont rendu la voix à tout ce qui te compose, afin que tout ce qui te compose pût célébrer la gloire du Seigneur, à l’image de la créature universelle qui dans chacun de ses mouvements, à chacun des actes de son existence, manifeste la puissance et la glorieuse domination de l’éternel souverain des êtres. Nouvel Homme 56
N’oublions plus que telle est la tâche de la postérité humaine, et que c’est pour cela que le nouvel homme s’appelle aussi fils de Dieu. Car, il a fallu pour qu’il devînt un nouvel homme que les puissances suprêmes se rassemblassent, se concentrassent dans leur force et dans leur unité, et qu’elles se résolussent à prononcer hautement leur nom sur lui. Nouvel Homme 56
Aussi ne soyons pas étonnés que ce nouvel homme ne permette plus un seul mouvement à sa volonté, puisqu’il est la pensée du Seigneur, et qu’il ne se croit pas le droit de disposer de la pensée du Seigneur. Nouvel Homme 56
57. Le moment s’avance où le salut des nations va faire son entrée dans Jérusalem. Déjà il est à Jéricho où le publicain Zachée va, pour remédier à sa petitesse, s’élever sur un sycomore afin de pouvoir contempler celui dont il attend tout ; déjà l’esprit du nouvel homme a pénétré tous les publicains qui sont en lui, ils ne se bornent point à une foi inactive et morte, mais ils descendent promptement de dessus leur arbre, et reçoivent avec joie ce nouvel homme qui leur demande à loger chez eux ; leur foi fait éclater en eux d’autres vertus, et ils disent au nouvel homme : Nous allons donner la moitié de notre bien aux pauvres, et si nous avons fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, nous lui en rendrons quatre fois autant. C’est ce qui leur mérite de la part du nouvel homme ces douces paroles : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi d’Abraham ; car le fils de l’homme est venu pour chercher, et pour sauver ce qui était perdu. Puis s’entretenant avec eux, le nouvel homme leur rapporte la parabole des dix talents, et leur en enseigne le vrai sens. Nouvel Homme 57
Il leur montre que pour être coupable, il n’est pas besoin de laisser perdre ce talent, de le dissiper, ou de le prostituer ; mais que même celui qui le laisse enfouir offense l’esprit, puisqu’il semble croire que l’esprit n’est pas actif, fécond, et générateur ; aussi il ne se contente pas de faire retirer le talent au paresseux, et de le donner à celui qui en avait gagné dix autres. Il condamne encore ce serviteur inutile, à être jeté dans les ténèbres extérieures ; mais pour ceux qui se déclarent ses ennemis, et qui ne veulent pas le reconnaître pour roi, il les fait exterminer en sa présence : loi sévère que le nouvel homme exerce sur lui-même, avec toute rigueur, sans quoi son règne ne s’établirait point. Nouvel Homme 57
Aux yeux de l’homme particulier, l’ancienne alliance est l’image du vieil homme détenu sous le joug du temps, et de ses impérieux ministres. La seconde alliance est le nouvel homme, c’est cette âme divine dans sa pureté, et la seule sur qui le Réparateur pût se reposer pour faire son entrée dans Jérusalem ; aussi quels transports dans toutes les régions du nouvel homme, lorsque le Réparateur et lui se retrouvèrent ensemble dans ces rapports mutuels que nous n’aurions jamais dû perdre de vue ! Nouvel Homme 57
Félicite-toi donc en effet, ô nouvel homme, de ce que le Réparateur a voulu accomplir en toi la promesse qu’il a faite à Abraham de ne jamais abandonner son peuple ; mais pleure sur le vieil homme, et sur tous ceux qu’il a subjugués, et dis-lui : « Ah, si tu avais reconnu au moins en ce jour qui t’est donné ce qui te pouvait apporter la paix! Mais maintenant tout ceci est caché à tes yeux ; car il viendra un temps malheureux pour toi, que tes ennemis t’environneront de tranchées, qu’ils t’enfermeront, et te serreront de toutes parts, qu’ils te raseront, et te déchireront entièrement, toi, tes enfants qui sont dans tes murs, et qu’ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps auquel Dieu t’a visité. » Nouvel Homme 57
A l’instar du Réparateur, le nouvel homme va entrer dans son propre temple, en chasser à coups de fouets les changeurs et les vendeurs de colombes, en leur reprochant que de la maison de son père qui était une maison de prière, ils ont fait une caverne de voleurs. Si les princes des prêtres, les docteurs de la loi, et les sénateurs lui demandent par quelle autorité il fait ces choses, il ne leur répondra point, parce qu’ils ne peuvent pas dire si le baptême de Jean était des hommes, où s’il était du ciel ; parce qu’ils ne connaissent point l’union de l’âme humaine avec l’esprit du Seigneur, qui fait que le baptême de Jean tenait à la fois à ces deux mondes, et par là était l’image de l’autorité du Réparateur qui provenait aussi de la réunion des puissances de ces deux mondes. Nouvel Homme 57
Car les docteurs de la loi sont trop ténébreux pour apercevoir ce concours, et l’âme humaine n’est pour eux qu’un instrument passif, semblable en tout aux êtres inanimés, et sans une action qui leur soit propre, et qui puisse, par analogie, s’unir à l’action de la Divinité. Aussi ne manqueront-ils pas de chercher à se saisir du nouvel homme qui, par toutes ses réponses, les fera sans cesse tomber en confusion ; mais comme ils appréhendent le peuple, ils enverront vers ce nouvel homme, des personnes qui contreferont les gens de bien, pour lui tendre des pièges, et le surprendre dans les paroles, afin de le livrer au magistrat, et au pouvoir du gouverneur. Nouvel Homme 57
Ils lui demanderont donc s’il leur est permis ou non, de payer le tribut à César. Mais le nouvel homme, voyant leur malice, leur dira : « Pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi un denier. De qui est l’image et l’inscription qu’il porte ? De César ? Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », réponse qui les rendra muets, et honteux, sans qu’ils percent cependant dans toute la profondeur qu’elle renferme ; car de même qu’ils n’ont pas pu dire si le baptême de Jean était des hommes ou s’il était du ciel, attendu qu’ils ne connaissent point les rapports de l’âme humaine avec Dieu, de même ils ne verront pas pourquoi ils doivent rendre à Dieu le tribut qui appartient à Dieu, puisqu’ils ignorent que le tribut n’est dû à Dieu que parce que l’âme humaine porte l’image de ce suprême souverain, comme le denier portait l’image et l’inscription de César. Nouvel Homme 57
Voilà par quels moyens le nouvel homme repoussera sans cesse les insinuations, et les ruses de ses adversaires, et traversera ainsi la mort avec la vie. Car il est écrit qu’il passa au milieu l’eux. Mais ce sera toujours par les lumières de la raison, et de l’intelligence la plus saine, et la plus pure, qu’il saura s’en défendre, et les combattre ; car le nouvel homme est un être qui doit, à tout moment, faire développer en lui, et hors de lui les abondances de la justice, les abondances de la miséricorde, et les abondances de la lumière. Nouvel Homme 57
58. Les réponses de ce nouvel homme n’auraient pas tant de force, et tant de justesse, si l’esprit de sagesse ne fût parvenu à lui communiquer la plénitude de son activité. Ce n’est qu’avec douleur que cette communication peut s’opérer, vu l’affaissement où sont tous les interstices de notre être, dans lesquels l’action de l’esprit doit se glisser avec violence ; mais cette violence n’est rien en comparaison de celle que la renaissance doit nous occasionner ; car après que cette action de l’esprit nous a ainsi pénétrés, il faut qu’elle nous emmène, et nous fasse sortir avec elle hors de cette prison, et de cette demeure ténébreuse où nous ne jouissions ni de la respiration, ni d’aucun des autres avantages de la vie. Nouvel Homme 58
Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58
59. Comment le nouvel homme est-il devenu si actif, si clairvoyant ? C’est en ne cessant point de se remplir du zèle de sa propre maison. C’est en ne redoutant point la démolition du temple antique, ou du vieil homme dont il est dit qu’il ne doit pas rester pierre sur pierre ; parce qu’il sait qu’il sera rebâti dans trois jours, ou que ce triple caractère divin qui le constitue image, et ressemblance de son éternel principe, doit être par là, rétabli dans sa splendeur, et, dans la libre manifestation de ses titres les plus sacrés. Nouvel Homme 59
« Quand vous verrez que l’abomination de la désolation qui a été prédite par le prophète Daniel, sera dans le lieu saint, et que l’ennemi sera dans ses jours de triomphe, par la puissance qui lui sera donnée d’en haut sur vous, à cause de la justice, et pour lui laisser combler la mesure de ses iniquités, fuyez alors sur les montagnes de la Judée. Si vous êtes sur le toit, n’en descendez point pour emporter quelque chose de la maison, et si vous êtes dans le champ, ne retournez point pour prendre vos vêtements. Mais faites comme Elie, cachez-vous dans la caverne jusqu’à ce que le temps de la colère soit passé ; « car ces jours où ces épreuves sont telles, que si elles n’avaient été abrégées, nul homme n’aurait été sauvé, mais elles sont abrégées en faveur des élus. » Nouvel Homme 59
« Il y a aussi en vous cinq vierges folles, et cinq vierges sages, parce que telle a été la division qui s’est faite dans les puissances lors de la chute du premier prévaricateur, et qui s’est répétée lors de la prévarication de l’homme ; les unes non seulement on consumé leur huile, mais elles cherchent encore à consumer celle que les vierges sages ont conservée, et à les entraîner avec elles dans leurs ténèbres et dans leurs funestes imprudences, comme a fait votre ennemi envers l’homme lorsqu’il l’engagea à lui livrer sa force, sa puissance et sa parole ; et si vous ne veillez avec le plus grand soin, cet ennemi peut répéter chaque jour envers vous cette ancienne et criminelle entreprise, et vous séduire comme il a séduit le premier homme, jusqu’à vous faire dissiper en vain toute votre huile, et vous faire éteindre votre lampe. Alors vous serez confondus avec les vierges folles elles-mêmes, et lorsque vous vous présenterez pour entrer aux noces avec l’époux, la porte sera fermée, et l’époux vous dira qu’il ne vous connaît point. » Nouvel Homme 59
60. La fête des pains sans levain approche ; cette fête annonce au nouvel homme une nourriture qui n’est point sujette à la fermentation et à la corruption de la matière. Or, comme cette fête se nomme le passage ; et comme c’est au passage de la renaissance spirituelle que se trouvent les plus grands dangers pour l’âme humaine, c’est aussi le moment de ce passage que choisissent les princes des prêtres et les docteurs de la loi, pour se saisir de la personne du nouvel homme, et où son ennemi s’offre à eux pour le leur livrer moyennant le prix dont ils conviennent ensemble, et qui remplit de joie ces princes des prêtres et les capitaines, parce qu’ils craignent le peuple, et ne peuvent employer que des ruses et des trahisons… Nouvel Homme 60
Le nouvel homme n’ignore pas cette trahison qui se trame contre lui, puisqu’il a dit d’avance aux siens : Vous savez que la Pâque se fait dans deux jours, et que le fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Mais comme il sait aussi que le complément de sa régénération est attaché à ce sacrifice, comme il sait en outre que ce sacrifice doit rendre la vie aux habitants de son propre royaume, il dit à quelques-uns des siens : « Allez-nous apprêter ce qu’il faut pour la Pâque. Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le dans la maison où il entrera, et dites au maître de cette maison que le maître vous envoie dire : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute toute meublée. Préparez-nous-y ce qu’il faut. » Nouvel Homme 60
Qu’est-ce que c’est que cet homme portant une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite. Qu’est-ce que c’est que cette chambre haute où la Pâque doit se célébrer ? C’est la pensée de l’homme qui est revêtue du privilège de se montrer parmi les nations comme la région la plus sublime du temple immortel que l’esprit saint s’est proposé d’habiter. Qu’est-ce que c’est que ce maître qui envoie demander où est le lieu où il mangera la Pâque avec ses disciples ? C’est l’esprit du nouvel l’homme lui-même, qui vient visiter l’âme humaine pour lui rendre la vie et la lumière, mais qui sachant que cette âme humaine est un être libre, ne veut habiter chez elle que de son propre consentement, malgré tous les biens et toutes les richesses dont il vient la favoriser. Nouvel Homme 60
C’est pourquoi le nouvel homme n’aurait pas été régénéré si le Réparateur ne s’était pas fait homme, parce que sans cela les voies de notre sang n’auraient jamais été ouvertes, et ce sang n’aurait jamais pu couler, malgré la mort corporelle que nous subissons tous les jours, et malgré tous les massacres de la terre. C’est aussi par ce moyen qu’il a fait de l’âme des hommes un agneau pascal semblable à lui ; et que cet agneau doit être immolé dans chacun d’eux, pour en faire autant de nouveaux hommes, comme il a dû être immolé lui-même pour le renouvellement, et la régénération de toute l’espèce humaine. Nouvel Homme 60
Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61
« Je vous ai dit ceci demeurant encore avec vous. Mais le consolateur qui est le Saint-Esprit que mon père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ce nouveau consolateur qui nous est annoncé, est le même que celui qui est déjà né dans le nouvel homme ; mais la différence qu’il y a entre l’un et l’autre, c’est que le premier est né en nous dans l’amertume et dans la douleur, et que le second y doit naître dans la jubilation, ce qui ne peut arriver qu’autant qu’il réalise et effectue en nous physiquement toutes ces consolations, tous ces développements, toutes ces vertus, toutes ces lumières qu’il n’avait fait que nous annoncer pendant le travail pénible de son oeuvre, et pendant le séjour qu’il a bien voulu faire dans nos ténèbres, et dans nos abîmes ; et c’est alors qu’il nous fait ressouvenir lui-même de tout ce qu’il nous a dit d’avance. Nouvel Homme 61
« Comme la branche de la vigne ne peut point porter de fruit par elle-même, mais qu’il faut qu’elle demeure attachée au cep ; ainsi vous n’en pouvez point porter si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep de la vigne, et vous en êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » C’est une chose douce et consolante de sentir véritablement que c’est de notre adhérence à l’esprit et à la parole que dépend notre fructification ; de sentir qu’il doit se former en nous un mariage réel de la parole avec notre être divin, et que c’est de là que résulte ce fils spirituel, et ce nouvel homme qui nous fait revoir les belles campagnes de la terre promise. Nouvel Homme 62
« Si vous gardez mes commandements vous demeurerez dans mon amour; comme j’ai gardé aussi les commandements de mon père, et que je demeure dans son amour. » Telle est en effet la véritable demeure du nouvel homme, parce qu’il ne peut habiter qu’avec son père, puisque c’est de lui qu’il reçoit continuellement la vie, et c’est une semblable demeure que le nouvel, homme ou notre fils spirituel nous promet si nous demeurons dans son amour, comme il demeure dans l’amour de son père. Or demeurer dans l’amour du Seigneur, c’est n’en pas sortir, c’est ne pas aller ailleurs, c’est ne pas même bouger de la place ; et si cet amour du Seigneur pouvait demeurer en nous avec la même constance, notre félicité ne serait-elle pas dès lors imperturbable ? Oh combien sont grands et puissants ceux qui sont calmes, fixes, et paisibles comme l’est la vie de l’unité et dans l’unité? Nouvel Homme 62
Je vous ai dit ceci afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit pleine et parfaite. Si le nouvel homme nous communique la joie dont il est rempli, et qu’il puise sans interruption dans la joie de son père, notre joie sera pleine et parfaite, parce qu’elle sera le fruit divin de la vie éternelle, lequel fruit ne peut manifester sa maturité et toute la douceur de ses sucs si salutaires, que quand il est parvenu jusque dans l’âme de l’homme, et qu’il en a tellement vivifié et pénétré toutes les facultés, qu’elles soient devenues à leur tour des arbres superbes et fertiles, à l’imitation de cet arbre dont elles doivent être les représentants sur la terre. Nouvel Homme 62
« Je ne vous appellerai plus maintenant serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître, mais je vous appellerai mes amis parce que je vous ai fait savoir tout ce que j’ai appris de mon père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous portiez beaucoup de fruits. » Voilà le véritable but de l’esprit sur nous, et tel est aussi celui du nouvel homme, et c’est pour cela que l’amour se propage, et que quand tout est ami en nous, nous devenons les amis du Seigneur. Nouvel Homme 62
Mais pour vous, vous en rendez aussi témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi. Comment ceux qui auront vu le fils, et qui auront été avec lui dès le commencement ne lui rendraient-ils pas témoignage devant le consolateur, puisqu’ils peuvent même, ayant vu le fils, rendre également témoignage du père ? Et c’est un semblable témoignage que le nouvel homme attendra de tout ce qui est en lui, puisque sa pensée, sa parole, et son action seront intimement liées, et que rendre témoignage à l’une, c’est nécessairement rendre témoignage aux deux autres. Nouvel Homme 62
Touchant le jugement, parce que le prince du monde est déjà jugé, et que la présence du consolateur fera connaître à ce prince du monde qu’il n’a plus rien à espérer, que ses projets sont déconcertés, que ses forces sont détruites, que la honte, la confusion, et les plus horribles châtiments vont tomber sur lui, et sur ses adhérents ; tandis que la lumière, et les consolations vont remplir ceux qu’il a voulu rendre ses victimes. Vous ne pouvez douter de l’existence de ces trois témoignages de l’esprit, puisque le nouvel homme qui est l’image de cet esprit peut vous les faire trouver tous les trois en vous-mêmes. Nouvel Homme 63
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand l’esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » Le nouvel homme découvre en lui chaque jour de nouvelles clartés dont les diverses intelligences de son être ne sont point encore susceptibles ; il est obligé de les renfermer en lui-même jusqu’à ce que ces intelligences aient acquis plus de forces, et plus de consistance, c’est-à-dire, jusqu’à ce que les rayons de l’esprit aient transformé leur substance incomplète, en une substance de réalité, et de vérité ; mais aussi il se remplit chaque jour d’une nouvelle espérance que ces salutaires effets s’accompliront, parce qu’en combattant ardemment l’apparence dont il est environné lui-même, il parvient à sentir en lui, comme le contact de la vie même, comme ce punctum saliens, dont il a tout lieu de croire qu’avec le temps, il ne peut résulter que des fleuves abondants qui ne laisseront dans la stérilité aucune des régions de son être. Nouvel Homme 63
« C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est en moi, et il vous l’annoncera ; tout ce qu’a mon père est à moi, c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera. » Lorsque l’esprit prendra de ce qui est au fils, il prendra de ce qui est au père, puisque tout ce qui est au père, est au fils ; voilà pourquoi il glorifiera le fils, puisqu’il développera, et manifestera comme appartenant au fils, les merveilles dont le père est le dépositaire et la source. Voilà pourquoi la gloire du nouvel homme sera si grande quand toutes ses facultés auront été renouvelées par l’esprit, puisque cet esprit témoignera par là que le nouvel homme est lui-même rempli des merveilles du père, et que cette Divinité suprême a réellement passé en lui tout entière. Nouvel Homme 63
Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m’en vais à mon père. La première apparition du nouvel homme en vous est une apparition voilée, et couverte des nuages de la région figurative et passagère, aussi elle ne peut avoir qu’un temps, et quand ce temps est accompli, elle doit cesser ; mais elle ne cesse que pour revenir avec plus de splendeur, puisque le nouvel homme, se rapprochant de la source d’où il est émané, y prend une nouvelle vie, et une existence toute spirituelle, paroles que les apôtres ne pouvaient comprendre. Nouvel Homme 63
En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez, et vous gémirez vous autres, et le monde sera dans la joie ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. Pourquoi le monde sera-t-il dans la joie quand le nouvel homme sera disparu ? C’est qu’il croira ce nouvel homme disparu pour jamais, et que ce nouvel homme est pour lui un être scandaleux, et qui, par sa seule présence, lui reproche son néant, et son impiété. C’est que le monde fait alors envers ce nouvel homme, ce qu’Hérode a fait envers le précurseur à Jérusalem. Nouvel Homme 63
« Lorsqu’une femme enfante, elle est dans la tristesse parce que son heure est venue, mais après qu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de ses maux dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. » C’est cette joie que le nouvel homme seul peut connaître quand il sent qu’il est sorti de l’esclavage, et du lieu de ténèbres, et que l’esprit lui a donné la naissance ; il la sentira cette joie bien plus vivement encore lorsque cette naissance sera confirmée en lui par la présence du consolateur. Nouvel Homme 63
« Vous êtes donc maintenant, vous autres, dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Parce que l’homme que vous aurez mis au monde ne sera né ni de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté de l’esprit, et qu’ainsi cet homme sera nommé le fils de Dieu. Nouvel Homme 63
« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63
Je suis sorti de mon père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je laisse le monde, et je m’en vais vers mon père. Comment le nouvel homme pourrait-il se montrer à nous aux ténèbres qui nous composent, s’il ne sortait de son père ? Comment la lumière supérieure, et les ténèbres inférieures pourraient-elles habiter ensemble ? Mais aussi puisque la lumière supérieure, et les ténèbres inférieures ne peuvent demeurer ensemble, comment le nouvel homme, après être sorti de son père pour venir dans nous ou dans ce bas monde, ni quitterait-il pas ce bas monde pour s’en retourner vers son père ? Nouvel Homme 63
« Vous croyez maintenant, mais le temps va venir et il est déjà venu que vous serez dispersés, chacun de son côté, et que vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, parce que mon père est avec moi. » La présence du nouvel homme réjouit pour un temps nos facultés ténébreuses ; mais quand il se retire pour retourner vers son père, elles restent livrées à leurs ténèbres, et ne se souviennent plus de lui, jusqu’à ce qu’il revienne pour les régénérer de nouveau. Mais elles ont beau le laisser seul ; il ne peut être seul, puisqu’il est un témoignage vivant de l’existence et de la présence de son père auprès de lui. Nouvel Homme 63
« Je vous ai dit ceci afin que vous trouviez la paix en moi vous aurez des afflictions dans le monde, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde. » Le nouvel homme ne vient au milieu de nous que pour rompre nos liens, et pour vaincre le monde qui est en nous ; ainsi les ténèbres qui nous environnent encore après son retour vers son père, ne sont plus vivantes comme elles l’étaient auparavant, et elles doivent finir par s’éclairer infailliblement, puisque la racine en est coupée, et que le nouvel homme a vaincu le monde. C’est sous ce rapport que ce nouvel homme est si précieux pour nous, puisque sans lui toutes nos substances spirituelles auraient conservé à jamais et leurs ténèbres, et la racine de ces mêmes ténèbres. Nouvel Homme 63
« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64
« Je vous ai glorifié sur la terre…. maintenant, glorifiez-moi en vous-mêmes, de cette gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût. » Le nouvel homme sent aisément qu’il y a deux gloires, celle qu’il a droit d’attendre de nous quand il nous manifeste la lumière éternelle de la vie, et celle que cette lumière éternelle doit recevoir lorsqu’elle agit elle-même directement en lui. L’une de ces gloires semble être plus réversible à lui-même, qu’à la source dont il descend ; l’autre semble plus réversible à cette source elle-même, voilà pourquoi il désire tant être glorifié de cette gloire-là, parce qu’il brûle uniquement du zèle de la maison de son maître. Nouvel Homme 64
« J’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m’avez donnés après les avoir séparés du monde ; ils étaient à vous, et vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole ; maintenant ils connaissent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous, parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. » Cette gloire que le Réparateur a eue dans son père avant que le monde fût, est si grande, que le nouvel homme la demande comme une récompense de ses travaux, comme un lieu de repos pour avoir manifesté la parole ; cette gloire doit en effet être le véritable lieu de repos pour l’esprit de l’homme qui, selon la loi de tout ce qui existe, ne peut trouver de repos que dans la génération de sa propre source en lui-même. Nouvel Homme 64
« C’est pour eux que je prie ; je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous. Tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi, et je suis glorifié en eux. » Comment le nouvel homme prierait-il pour le monde, puisque le monde dont il s’agit ici n’est point composé d’hommes, mais du temps, et de l’apparence qui ne peuvent ni enfanter la prière, ni participer aux douceurs de ses fruits ? Nouvel Homme 64
« Je ne suis plus maintenant dans le monde, mais ils sont encore dans le monde, et je m’en vais à vous. Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous. » Le nouvel homme quoique sorti du monde en esprit, s’occupe des siens qui sont encore dans le monde parce qu’il sait qu’ils y sont encore en danger, jusqu’à ce que l’oeuvre soit entièrement accomplie sur eux ; et comme il sait ne pouvoir vivre que par son père, il emploie tout son amour auprès de ce même père qui les lui a donnés, et sans lequel il sait qu’ils ne peuvent pas plus vivre que lui-même. Nouvel Homme 64
« Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les conservais en votre nom. J’ai conservé ceux que vous m’avez donnés, et nul d’eux ne s’est perdu, mais celui-là seulement qui était enfant de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » La présence du nouvel homme, parmi les siens, est suffisante pour les préserver, aussi si l’homme veillait dans la sainteté sur son cercle, il ne perdrait aucun de ceux qui sont en lui, excepté le fils de perdition qui est également en nous, qui doit même assister à notre régénération, comme il a assisté à notre perte, mais qui ayant assisté avec triomphe à notre perte ne doit pouvoir assister qu’avec honte et confusion à notre délivrance, afin que la justice prononcée contre lui dès l’instant du crime, et promulguée par les Ecritures, soit exécutée dans notre sanctification, comme cela est arrivé à Iscariot qui assista bien à la cène célébrée par le Réparateur, et qui triompha en le livrant aux princes de la synagogue, mais pour qui le sacrifice glorieux de ce Réparateur, ne fût ensuite qu’une honte, et qu’un fléau de plus. Nouvel Homme 64
« Maintenant je viens à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux, la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs… Je ne vous dis point de les ôter du monde, mais de les garder du mal… Sanctifiez-les dans votre vérité… Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient aussi sanctifiés dans la vérité. » Que serait la sanctification du nouvel homme, si elle ne s’étendait à tout notre être ? Et que serait la sanctification de tout notre être, si elle ne s’étendait qu’à notre propre cercle ? Nouvel Homme 64
« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64
« Je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un. Je suis en eux, et vous en moi, afin qu’ils soient consommés en l’unité, et que le monde connaisse que vous m’avez envoyé, et que vous les aimez comme vous m’avez aimé. » C’est là cette unité effective, et connue en effectivité de ceux qu’elle aime, et qui la cherchent comme l’a fait le nouvel homme. C’est là ce qui les met dans le cas de convaincre le monde que la gloire de cette unité est venue jusqu’à eux, et que par conséquent la voie qui la devait apporter est venue aussi, et a été montrée aux nations. Nouvel Homme 64
« Mon père, je désire que là ou je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. » Nouvel homme, contemple ici la gloire que te prépare le Réparateur, afin que tu la prépares toi-même à ton tour à tous les tiens. Ce n’est rien moins que d’être là où est le Réparateur lui-même ; ce n’est rien moins que de contempler sa propre gloire, de percer par là jusqu’à cette lumière qui est au-dessus des temps, de sentir en t’élevant jusqu’à lui, ce que c’est que d’avoir été aimé de Dieu avant la création du monde ; et de reconnaître par ce moyen, l’immensité du vaste champ que peut embrasser ton antique origine, et ta sainte immortalité. Nouvel Homme 64
« Père juste, le monde ne vous a point connu, mais moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m’avez envoyé. Je leur ai fait connaître votre nom, et le leur ferai connaître encore, afin que l’amour par lequel vous m’avez aimé soit en eux, et que je sois moi-même dans eux. » Nouvel homme, ne cesse point de faire remarquer à tous les tiens ces dernières paroles du Réparateur, avant qu’il soit livré pour aller consommer son sacrifice ; ne cesse point de leur dire que le terme de tous ses désirs est que l’amour par lequel son père l’a aimé soit dans ses disciples, et qu’il cherche qu’à être en eux pour leur faire parvenir cet amour dont il est aimé de son père, et dont il aime toute la famille humaine. Ne cesse point de leur faire observer qu’il ne leur montre ainsi son amour comme le terme final de toutes ses oeuvres et de toutes ses entreprises, que parce que cet amour en est le principe éternel et universel. Nouvel Homme 64
65. Après avoir ainsi terminé ses instructions, le Réparateur se retire dans la vallée de Gethsemani, ou la vallée de l’Huile, et il entre dans le jardin des Oliviers où il allait ordinairement avec ses disciples. Ce nom de vallée d’Huile est lui-même analogue à l’oeuvre de paix que ce Réparateur venait opérer ; et c’est dans ce jardin de pacification où il va être trahi et livré, comme le fut autrefois le premier homme dans le jardin d’Eden, ou de délices, afin que, par ces frappantes correspondances, l’homme intelligent aperçoive les rapports qui existent entre ces diverses époques, et qu’il ne puisse plus douter que le Réparateur n’ait voulu absolument marcher par les mêmes voies que l’homme coupable, mais dans un autre esprit, et dans l’intention de rectifier ces voies, et de rétablir ce que cet homme coupable avait détruit. Nouvel Homme 65
C’est ici, nouvel homme, que le poids de l’oeuvre te va paraître accablant ; tu vas commencer à être saisi de tristesse, tu diras à ceux des tiens qui sont les plus près de toi : Mon âme triste jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez avec moi. Mais comme l’homme coupable pécha seul, tu les croiras encore trop près de toi, dans l’expiation que tu vas subir, et tu travailleras seul à cette terrible expiation. Tu concentreras toutes tes facultés en toi-même, en raison de la criminelle concentration où l’homme se réduisit par son crime. Cette expiation te paraîtra redoutable que tu diras : Mon père, faites s’il est possible que ce calice passe et s’éloigne de moi. Mais la soumission l’emportant sur ta faiblesse, tu ajouteras : Néanmoins que votre volonté s’accomplisse, et non la mienne ! Nouvel Homme 65
Tu reviendras jusqu’à trois fois vers les tiens, et les trouvant chaque fois endormis, comme s’endormirent jadis les trois facultés du premier coupable, tu leur diras : Voici l’heure qui proche, et le fils de l’homme va être livré entre les mains pêcheurs. Dès lors tu recevras le baiser de Juda ; baiser semblable à celui que le premier coupable reçut de l’ennemi dans les fausses promesses d’une grandeur illusoire dont il berça son espérance ; et tu tomberas comme ce premier homme coupable, de celui qui te trahit. Mais le premier homme ne tomba ainsi au pouvoir de ses ennemis que parce qu’il suspendit ses puissances ; et toi, nouvel homme, c’est pour retomber au pouvoir de Dieu que tu vas suspendre les tiennes afin, que tous les ressorts de l’expiation puissent être mis en mouvement. Nouvel Homme 65
Tu n’ignorais pas la loi : quiconque frappera de l’épée périra par l’épée, puisque tu la rappelles à celui qui veut te défendre, et que tu ne veux pas même recourir au secours de ton père qui t’enverrait douze légions d’anges, parce que ton sacrifice doit être volontaire pour t’être utile, puisque le crime du premier homme ne lui a été funeste que parce qu’il avait été volontaire. Nouvel Homme 65
Il y aura bien en toi un homme naturel, dirigé par sa simple raison qui condamnera toutes les injustices que tes ennemis intérieurs dirigeront contre toi. Il essaiera même, comme Pilate, de ne point se prêter à la fureur de tes adversaires, et de leur persuader que c’est injustement, et sans sujet qu’ils t’accusent, et qu’ils te condamnent : mais cet homme même, tu seras obligé de le réduire au silence, parce que c’est le moment où la puissance des ténèbres doit régner, afin que ton sacrifice puisse s’accomplir ; c’est là le moment où le pacifique dévouement du nouvel homme doit se manifester ; et c’est là où il doit sentir ce qu’il en a coûté à la vérité suprême lorsqu’elle s’est vue outragée par l’homme prévaricateur, et où il reconnaîtra qu’il faut qu’il éprouve la même espèce d’injustice qui a été commise lors de la chute. Nouvel Homme 65
Néanmoins, cet homme naturel qui est encore en toi, et qui ne s’aveugle point sur les injustices qui se commettront intérieurement contre toi, se séparera de tes accusateurs, et dira comme Pilate lorsqu’il fit apporter de l’eau, et qu’il se lava les mains devant le peuple : je suis innocent du sang de ce juste ; ce serait en vain qu’il s’opposerait à ta condamnation, ce serait en vain que les rois de la terre, tout en te méprisant, comme Hérode méprisa le Réparateur, diraient cependant qu’ils ne trouvent rien en toi qui mérite la mort ; ce serait en vain qu’ils offriraient de te délivrer au moment de la Pâque, selon l’usage où était le gouverneur de délivrer un criminel à cette époque. Tes ennemis intérieurs ne se contentent pas de te dénoncer comme criminel, ils veulent encore que tu sois crucifié comme tel, tandis qu’au contraire, ils veulent qu’on délivre Barabbas, c’est-à-dire, qu’ils veulent que la grâce tombe sur le coupable, et toute la fureur de la vengeance qu’ils appellent justice, sur l’innocent. Nouvel Homme 65
Nouvel homme, nouvel homme, admire ici cette sainte et profonde économie que la sagesse emploie pour accomplir les desseins qu’elle a formés en faveur de la postérité de l’homme. Nouvel Homme 65
Mais la délivrance du coupable ne pouvait avoir lieu sans le sacrifice de l’innocent, puisqu’il fallait présenter un appât à l’ennemi sur lequel il pût décharger sa rage afin de le forcer par là à lâcher sa proie. Voilà pourquoi le Réparateur suspend toutes ses puissances spirituelles pour se livrer à la puissance temporelle des hommes. Il suspend toutes ses puissances spirituelles par son amour et par le désir qu’il a de rendre la vie à ses frères, comme le premier homme avait suspendu les siennes par un cupide orgueil, et par un inique aveuglement ; il se livre à la puissance temporelle des hommes dans un temps marqué où leur loi et leur coutume les autorise à délivrer un criminel ; et tandis qu’il a en lui tous les moyens pour s’arracher aux mains de ses ennemis, il se laisse condamner par eux, et laisse délivrer le voleur. Image temporelle de la délivrance spirituelle qu’il allait opérer sur toute la postérité humaine par la consommation de son sacrifice. Nouvel Homme 65
C’est donc à toi, nouvel homme, de puiser ici les instructions salutaires que cette marche du Réparateur a présentées à ton intelligence ; suspends en toi-même toutes tes puissances spirituelles d’empire et d’autorité, pour ne mettre en oeuvre que tes puissances de résignation ; immole sans cesse dans toi l’homme innocent pour la délivrance de l’homme coupable, ou du Barabbas que tu portes dans ton sein. Enfin livre courageusement l’homme illusoire et passager aux mains de tes ennemis ; ils seront eux-mêmes les victimes des maux qu’ils lui feront souffrir ; son sang retombera sur eux et sur leurs enfants ; parce qu’en exerçant leur rage sur l’homme illusoire et passager, ils ouvriront la voie à l’homme réel et régénéré dans la vie, et c’est cet homme réel et régénéré dans la vie qui les couvrira de honte, et les précipitera dans les abîmes. Nouvel Homme 65
Nouvel homme, pourquoi le Réparateur marche-t-il ainsi au supplice au milieu de deux voleurs, si ce n’est pour montrer qu’il ne venait que pour briser l’iniquité ? Mais quelle est cette iniquité qu’il doit briser ? C’est toi-même, ô âme de l’homme qui t’es transformée en mensonge et en abomination ; car c’est par toi qu’il doit passer aujourd’hui pour aller attaquer l’ennemi comme autrefois il aurait passé par toi pour lui porter des secours et des lumières ; la loi n’a pas changé quoique l’objet de la loi ne soit plus le même. Et toi malheureux mortel, toi que le Réparateur ne craint pas de traverser quoique tu ne sois plus qu’iniquité, tu craindrais de traverser avec lui les iniquités qui t’environnent, ces iniquités que tu ne peux briser et dissoudre sans lui, ces iniquités qu’il vient lui-même dissoudre de concert avec toi, tandis qu’il ne te demande que de se laisser entrer en toi sous la figure d’un criminel, et marcher au supplice avec toi ! Nouvel Homme 66
Nouvel homme, s’il y a en toi un peuple qui t’accuse et te condamne, il y en aura aussi en toi qui s’attendriront sur ton sort, et qui pleureront de te voir traité, comme scélérat ; mais tu te retourneras vers ce peuple et tu leur diras : « Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes, et sur vos enfants, car le temps s’approche auquel on dira : heureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont point porté d’enfants, et les mamelles qui n’en ont point nourri. Ils commenceront alors à dire aux montagnes : tombez sur nous, et aux collines, couvrez-vous. Car si le bois vert est ainsi traité, que sera-ce du bois sec ? » Nouvel Homme 66
Tu te rempliras donc de l’esprit de l’intelligence pour pénétrer dans l’oeuvre et le sacrifice du Réparateur, et pour en faire ensuite l’application à ton sacrifice particulier. Tu verras pourquoi il y avait un jardin où ce Réparateur fut crucifié (Jean 19:41). Puisque tu as déjà compris pourquoi c’est dans un jardin qu’il fut arrêté, comme c’est dans un jardin que le premier homme est devenu coupable. Nouvel Homme 66
Tu verras pourquoi les soldats qui le crucifièrent prirent ses vêtements, et les divisèrent en quatre parts, mais ne voulurent point diviser sa robe, parce que la robe du premier homme n’aurait jamais dû être divisée ; et qu’elle aurait pu répandre l’éclat de sa céleste lumière dans les quatre régions de l’univers. Nouvel Homme 66
Nouvel homme, tu étudieras toutes ces sagesses, et tu verras où est la source et le foyer de l’intelligence. Nouvel Homme 66
Tu verras pourquoi il dit : J’ai soif. Paroles qui avaient moins de rapport à la soif matérielle que son corps pouvait éprouver, qu’à la soif de la justice, de la force et de la lumière dont, comme homme, il sentait le besoin. Cette soif ne t’étonnera point, parce que te représentant sans cesse dans quelle détresse l’homme dut se trouver depuis qu’il eut abandonné la source éternelle de la vie, il n’est pas surprenant que cette même détresse se fasse sentir à celui qui venait prendre la place de l’homme pour opérer ce que l’homme n’aurait pu opérer seul. Nouvel Homme 66
67. Nouvel homme, applique promptement sur toi tous ces types que tu viens de parcourir. La mort corporelle du Réparateur devait être volontaire pour rendre à ton esprit la force de mourir volontairement à son tour ; et elle t’offre une oeuvre plus grande que celle de ta mort corporelle même ; aussi avait-il dit : Vous ferez de plus grandes oeuvres que les miennes. Nouvel Homme 67
Les premiers prévaricateurs firent mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer ; ils le firent mourir de mort, parce que n’étant pas matière, il ne pouvait pas mourir autrement. Les Juifs ont fait mourir le Réparateur qui venait les sauver ; mais ils ne l’ont pas fait mourir de mort, parce qu’il était au-dessus du péché. Mais toi nouvel homme, toi à qui le Réparateur vient de rendre la puissance sacerdotale pour immoler la victime, ne perds pas un instant pour exercer ton ministère. Tu. vois que les premiers prévaricateurs ont fait mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer. Il faut donc que tu meures de mort une seconde fois, si tu veux payer le tribut à la justice, et si tu veux rentrer dans la vie de ton esprit, et cela sans attendre même la mort de ton corps laquelle doit, à la vérité, être toujours prête et résignée de ta part, mais qui ne doit point être volontaire, puisque celle du corps du Réparateur l’a été, et puisque ce n’est pas ton corps qui a péché. Nouvel Homme 67
Dans la loi nouvelle, nul homme n’est dispensé de se trouver à l’armée, parce que chacun y doit combattre pour son propre compte. Les victoires de l’un sont à part des victoires de l’autre, et si quelqu’un se retire du combat, soit par faiblesse, soit par un intérêt quelconque qui l’attire ailleurs, comme il n’aura point participé aux dangers ni aux fatigues, il ne participera point non plus aux récompenses ; car le don général que le Réparateur est venu apporter sur la terre, devant appartenir à tous, nous sommes tous obligés à la même oeuvre, puisque le temps des subdivisions est écoulé et que nous pouvons renaître, vivre et agir dans l’unité. Nouvel Homme 67
Nouvel homme, si à l’exemple de ce Réparateur tu marches ainsi à ton sacrifice, et que tu aies le bonheur de l’accomplir, tu verras en toi s’opérer les mêmes prodiges qui parurent au moment où il subit la mort corporelle. Le soleil de la matière s’obscurcira, parce que ce soleil n’opère en toi que la mort de la vie, et que cet esprit qui naît en toi doit opérer la mort de la mort. Nouvel Homme 67
Toutes tes autres substances qui auront été témoins de ton sacrifice seront dans l’étonnement ; et à l’image de ce centenier, et de ceux qui étaient avec lui pour garder le corps du Réparateur, elles diront : Cet homme était vraiment le fils de Dieu. Car ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui se passera en toi, elles seront saisies d’une extrême crainte. Il n’y a pas une portion de toi-même qui ne doive éprouver cette extrême crainte à la vue des prodiges qui s’opéreront à ton supplice, et qui ne doive dire : Cet homme était vraiment le fils de Dieu, puisque lors de la prévarication, il n’y a pas eu une portion de toi-même qui n’ait été dans une orgueilleuse sécurité, et qui n’ait refusé alors de reconnaître Dieu pour ton père. Nouvel Homme 67
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Aussi ce nouvel homme qui, par les pouvoirs de la réparation universelle, est devenu son propre réparateur est censé avoir pris en lui, et sur lui les iniquités de tout son être, et s’il descend au fond de lui-même, ce sera pour faire une entière séparation entre lui, et celle de ses substances qui ne se seront pas purifiées de leurs iniquités. Nouvel Homme 68
Voyons-le donc ce juge terrible descendre dans ses propres abîmes, voyons-le interroger successivement toutes les facultés qui le constituent, condamner à une exclusion absolue celles qui seront réfractaires à sa parole, et qui ne voudront pas profiter des grâces qu’il leur apporte ; voyons-le imprimer sur ces facultés réfractaires, l’impression de l’effroi, et de la terreur, comme étant armé de tous les pouvoirs de la vengeance ; voyons-le condamner à des suspensions, et à de nouvelles épreuves celles qui, sans être incrédules, auront été chancelantes, et auront différé de se renouveler dans l’esprit ; voyons-le exécuter lui-même tous ses jugements, rassembler autour de lui toutes les iniquités, et toutes les prévarications que le vieil homme a commises, et prononcer sur chacune d’elles, un arrêt sévère, et rigoureux, sans pouvoir se permettre d’user envers elles de la plus légère indulgence, sans quoi il ne remplirait pas sa mission, et mériterait d’être traité lui-même comme un serviteur infidèle. Nouvel Homme 68
Le nouvel homme restera donc également ignoré des siens pendant un temps, et tandis qu’ils le croiront séparé d’eux pour jamais, il sera occupé à revivifier, et scruter tout ce qu’il y aura encore d’impur et d’irrégulier dans les substances de son propre ternaire, et il ne cessera point de siéger parmi elles, qu’il ne les ait fait passer tout entières par la corruption du tombeau. Si lui-même a subi la mort pour opérer sa propre régénération, comment tout ce qui est en lui pourrait-il recouvrer la vie sans subir la même loi, et sans passer par l’horreur de la mort, et de la putréfaction qui en est la suite ? Si tout a été coupable en lui, comment tout n’y serait-il pas soumis au jugement, et à la condamnation ? Nouvel Homme 68
Le nouvel homme, à son image, va chercher à rapporter aussi la justesse, et les proportions dans toutes les régions de son être ; mais comme il n’est que l’image du Réparateur, comme d’ailleurs les mélanges si divers dont il était composé avant sa régénération doivent introduire mille variétés dans son oeuvre, dans les fruits de son oeuvre, et dans les temps de son oeuvre, personne ne peut indiquer le nombre, le poids, et la mesure qui lui seront prescrits, soit pendant le séjour qu’il fera dans le tombeau, soit pendant celui qu’il fera sur la terre après sa résurrection ; soit pendant celui qu’il fera jusqu’à la consommation des siècles, chaque individu qui se régénère ayant à remplir des proportions particulières. Nouvel Homme 68
Pour toi, homme vulgaire, toutes tes mesures sont encore plus incertaines, puisqu’elles sont toutes brisées, et que tu les brises encore plus tous les jours. Nouvel Homme 68
Nouvel homme, nouvel homme, voilà les douleurs que tu éprouveras dans le tombeau pendant le séjour plus ou moins long que tu y feras. Mais comme tu as mis le pied dans la voie, tu sauras à qui tu dois demander des secours pour t’y maintenir ; et celui qui t’a donné lui-même l’exemple, et le moyen d’entrer dans le tombeau de l’esprit sera aussi celui dont tu attendras toutes tes consolations, et tous tes développements. Oui, divin Réparateur, tu es le seul qui aies conservé dans sa justesse tous ces éléments de la régularité, et de la perfection, aussi ce n’est que dans toi seul, et par toi seul que nous pouvons être instruits de la marche des êtres, et de leurs différentes lois progressives pour retourner vers la lumière. Nouvel Homme 68
69. Quand le nouvel homme aura ainsi prononcé le jugement au fond de ses propres abîmes, qu’il aura condamné à être exterminés devant lui tous ceux qui se seront rendus les ennemis de sa parole, et de son nom, et qu’il aura rendu la liberté à ceux qui l’auront désirée, il rentrera dans la région de son être apparent, et là il se montrera à ceux des siens qui sont encore dans cette région, afin de les convaincre qu’il est vivant, et qu’il est ressuscité puisqu’il a été mort ; il les convaincra en même temps des avantages qu’il a acquis par cette mort, et par cette résurrection. Nouvel Homme 69
Ô combien l’homme régénéré, ou le nouvel homme est au-dessus de l’homme encore enseveli dans les illusions des éléments, puisque son corps aura acquis une agilité extraordinaire, et supérieure à tout ce que la loi de ces éléments peut manifester ! Et en effet, il est animé de la vie de l’esprit, et cette vie de l’esprit ne peut l’animer sans prolonger ses reflets, et ses rayons jusque dans son être apparent, pour lui offrir au moins quelques indices de cette primitive activité dont nous aurions joui si le crime ne nous avait pas appesantis. Nouvel Homme 69
En même temps l’intelligence ne doit point être étonnée de voir le nouvel homme rentrer dans tous les droits de cet être apparent qui avaient semblé comme suspendus pendant le supplice, les épreuves et la mort de ce nouvel homme ; l’intelligence, dis-je, ne doit point être étonnée de voir le nouvel homme passer de nouveau dans son être apparent, après en avoir comme disparu, parce que lorsqu’il a semblé comme séparé de cet être apparent, ça n’a été que pour descendre encore au-dessous de cette apparence, afin d’aller exercer le jugement dans les abîmes ; mais comme son séjour, et sa demeure ne sont point dans ces abîmes, comme il est né d’en haut, et qu’il lui faut retourner vers le royaume de son père, il ne peut se rendre à ce royaume de son père, sans passer de nouveau par cet être apparent au-dessous duquel il était descendu pour un temps. Nouvel Homme 69
Mais en passant de nouveau par cet être apparent, il fera comme le Réparateur que Dieu avait ressuscité le troisième jour ; il se montrera vivant, non à tout le peuple (actes 10:41), mais aux témoins choisis avant le temps de sa mission particulière ; afin que les témoins puissent prêcher, et attester ensuite devant tout le peuple, que c’est ce nouvel homme qui a été établi de l’esprit pour être dans son royaume individuel le juge des vivants et des morts. Il ne se montrera point à tout le peuple, qui est en lui, car tout le peuple qui est en lui n’est pas en état de contempler sa gloire, et de mettre à profit ses trésors. Nouvel Homme 69
Or, si les Juifs, si ce peuple de l’Ancienne Alliance, et de la loi matériellement figurative, devait vivre séparé des nations, combien l’homme de la nouvelle loi doit-il encore plus en vivre éloigné ? Est-ce que les nations peuvent le saisir, et le comprendre ? Est-ce que les nations peuvent être admises à sa sublime alliance, avant d’en avoir conçu les lois et les ordonnances, et avant de les avoir accomplies ? Oh monde, oh monde! Oui, il existe des vérités superbes, douces, consolantes, et capables de dissiper toutes les ténèbres et tous tes ennuis, mais il n’est pas encore temps qu’elles soient vraies pour toi, et si un homme de la nouvelle loi se pressait de t’ouvrir les trésors de ton alliance, il tomberait bientôt dans la disette comme les Juifs, et serait condamné comme eux à recourir à l’assistance, et à la charité des nations. Nouvel Homme 69
Le nouvel homme sachant donc que le monde ne le peut connaître, loin de se montrer au monde après sa résurrection, ne se montrera même d’abord que par les deux précurseurs qui l’ont assisté lors de sa glorification ; ils ne cesseront point de se joindre à son oeuvre, pendant et après sa résurrection, pour instruire l’âme simple et aimante qui sera dans la consternation, dans l’attente de sa venue, et qui, saisie de frayeur, tiendra les yeux baissés contre terre, « parce que ces deux précurseurs lui seront apparus tout d’un coup, avec des robes brillantes. » Ces précurseurs diront donc à cet ami : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité ; souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Nouvel Homme 69
Quand cette âme simple et aimante aura été ainsi préparée par l’influence et les discours des précurseurs, le nouvel homme se montrera lui-même à elle, et en l’appelant par son nom, il lui communiquera assez de sa propre lumière, pour qu’elle le reconnaisse, et lui dise : Rabboni, mon maître. C’est cette âme simple qui, avec ses compagnes, ira annoncer aux disciples, la résurrection de ce nouvel homme, et les préparera, à leur tour, à soutenir l’aspect de sa gloire, et les merveilles de sa puissance ; car depuis qu’il est ressuscité de l’esprit, son action s’est étendue et a acquis le pouvoir de ne se manifester que par des prodiges. Nouvel Homme 69
Mais ce nouvel homme, ce fils de l’esprit, et de la sagesse éternelle, ce fils divin que l’âme humaine a le pouvoir d’engendrer, et par la naissance duquel elle doit se sauver, comme ses femmes qui, selon Paul à Timothée, se sauveront par les enfants qu’elles mettront au monde, ce nouvel homme, dis-je, sera bien plus empressé de régner sur l’âme humaine par son amour, que par des prodiges. Nouvel Homme 69
Aussi il lui dira avec attendrissement : M’aimez-vous ? Elle lui répondra : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Le nouvel homme lui dira : Paissez mes brebis. Il lui demandera de nouveau : M’aimez-vous ? Elle lui répondra : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Il lui dira : Paissez mes brebis. Il lui demandera pour la troisième fois : M’aimez-vous ? Elle sera touchée de ce qu’il lui demande pour la troisième fois m’aimez-vous, et lui dira : Seigneur, vous savez toutes choses, vous connaissez que je vous aime. Il lui dira : Paissez mes brebis. Nouvel Homme 69
Ame humaine, ne t’afflige point si le nouvel homme te presse ainsi de lui déclarer ton amour, il n’a d’autre but que de t’unir à lui par cet amour, comme il est uni par ce même amour, à l’esprit dont il est le fils ; il ne répète cette tendre, et touchante question, que parce que tu lui as donné lieu avant son sacrifice, de suspecter ton amour pour lui ; et il la répète trois fois, parce que trois fois tu l’as renié lorsque tu l’as vu livré aux mains de ses adversaires, et que tu as craint de partager avec lui les épreuves et les dangers. Nouvel Homme 69
Si donc tu as fait comme le premier homme qui, au lieu de s’unir invariablement à son chef suprême, s’est soumis au joug des trois actions élémentaires, si le pouvoir de ces trois actions inférieures s’est fait sentir sur toi dans les trois attaques qui t’ont été portées, n’est-il pas juste que tu manifestes trois fois ta fidélité à celui qui t’a toujours aimé, et qui ne s’est immolé que pour te rendre la vie ? Nouvel Homme 69
70. Ame humaine, ton réparateur particulier, ou le nouvel homme t’a ouvert l’esprit pour entendre l’accomplissement de ce qui a été dit de lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Car lorsque le Réparateur universel disait : c’est de moi qu’ils ont tous prophétisé ; il ne parlait pas seulement de lui-même, et il faisait entendre par ces paroles qu’ils avaient aussi prophétisé de toutes les âmes de désir, de tous ceux qui veulent devenir de nouveaux hommes, puisqu’il s’est nommé ton frère, et le frère de tous les élus. Nouvel Homme 70
Tu ne peux douter en effet qu’il ne soit avec toi jusqu’à la consommation des siècles, puisque c’est sans sortir de toi qu’il accomplit toutes ses oeuvres, et qu’il en observe dans tout son cours les différentes époques, à l’imitation du Réparateur universel qui, malgré la diversité de ses opérations, n’a jamais été détaché de celui qui l’a engendré, qui l’engendre, et qui l’engendrera éternellement. Ainsi donc si ce nouvel homme trouve en toi sa mère, ses enfants, ses frères, et son père, c’est sans sortir de toi qu’il va remonter vers ce même père d’où doivent dériver toutes les consolations que l’éternelle source qui t’a engendrée ne cherche qu’à verser sur toi en le prenant pour son organe. Nouvel Homme 70
Ame humaine, si par l’organe de ce nouvel homme qui est né en toi, tu peux élever tes yeux encore plus haut que ce monde passager, et corruptible, tu découvriras dans ta région supérieure, une immensité bien plus vaste, et des dons infiniment plus abondants, et tu apprendras alors à t’agrandir de plus en plus avec les bienfaits de celui qui a tout produit, et qui est tout. Nouvel Homme 70
Tu verras cet Etre infini verser continuellement sur nous dans tous les genres, l’abondance de ses puissances, de sa majesté, et de son infinité ; car notre volonté pestilentielle a beau faire, l’Eternel ne cesse de nous en démontrer la borne, et l’impuissance en nous faisant constamment nager dans son universelle immensité. Ne t’afflige donc point, âme humaine, si ton nouvel homme, après t’avoir bénie, s’est séparé de toi, et a été enlevé au ciel. Imite l’exemple des disciples du Réparateur universel qui après l’avoir « vu se séparer d’eux, et monter au ciel, s’en retournèrent comblés de joie à Jérusalem, où ils se tinrent sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu, » parce qu’ils étaient pleins de confiance en ses promesses. Nouvel Homme 70
Ne sois point étonnée non plus de ce que le nouvel homme après être retourné vers son père, et y être demeuré le temps prescrit par tes nombres particuliers va te donner de nouvelles marques de sa présence, et de son intérêt pour toi. Car, « lorsque les jours de ta Pentecôte seront accomplis, tous tes disciples étant ensemble dans un même lieu, tu entendras tout d’un coup un grand bruit comme d’un vent violent, et impétueux qui viendra de ton ciel, et qui remplira toute la maison où ils seront assis. En même temps tu verras paraître comme des langues de feu qui se partageront, et s’arrêteront sur chacun d’eux. Aussitôt ils seront tous remplis du Saint-Esprit, et ils commenceront à parler diverses langues selon que le Saint-Esprit leur mettra les paroles en la bouche. » Nouvel Homme 70
Tu ne devras point être surprise si, lorsque tu parleras avec foi et confiance aux peuples qui sont en toi et qui t’écouteront, l’esprit descend sur eux, comme il est descendu sur toi, à la parole du nouvel homme, et s’ils deviennent par là susceptibles de recevoir le baptême de ta main, comme tu l’as reçu de la main de ton Réparateur particulier, en raison de ce que tu es dépositaire des sept sources sacramentelles qui doivent jaillir de ta pierre fondamentale : car la promesse a été faite à toi et à tes enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur ton Dieu en appellera. (Actes 2:39). Nouvel Homme 70
71. Ce n’est point assez que le nouvel homme ait parcouru toutes les époques temporelles de la régénération, et qu’il ait passé par toutes les progressions particulières attachées à la restauration de la postérité humaine, il faut qu’il atteigne d’une manière temporelle spirituelle au complément particulier de cette restauration, si ce n’est à demeure, vu la défectuosité de notre région, au moins en aperçu, et comme par initiation à cette réintégration permanente dont il jouira, quand, après avoir été représenté ici-bas son principe d’une manière limitée, il pourra le représenter dans les cieux d’une manière aussi vaste que durable. Nouvel Homme 71
Alors il se fera dans le nouvel homme, « des éclairs, des bruits, des tonnerres, et un grand tremblement de terre, et si grand qu’il n’y eut jamais un tel depuis que les hommes sont sur la terre. La grande ville sera divisée en trois parties, et les villes des nations tomberont, toutes les îles s’enfuiront, et les montagnes disparaîtront. » Nouvel Homme 71
Après tous ces effroyables prodiges le nouvel homme « prendra la bête et avec elle le faux prophète, et les jettera tout vivants dans l’étang de feu et de soufre » et il sortira du trône une voix qui dira : « Louez notre Dieu, vous tous qui êtes ses serviteurs, et qui le craignez, petits et grands, parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a condamné la grande prostituée, qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs que ses mains ont répandu. Nouvel Homme 71
Mais dans ce règne divin que le nouvel homme établit en toi « on ne fermera plus chaque jour les portes de la ville sainte, parce qu’il n’y aura point là de nuit ; qu’il n’y aura rien de souillé ni aucun de ceux qui commettent l’abomination ou le mensonge, mais seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie ». Nouvel Homme 71
« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71
Ne te donne donc point de relâche que cette ville sainte ne soit rebâtie en toi, telle qu’elle aurait dû toujours y subsister, si le crime ne l’avait renversée, et souviens-toi tous les jours de ta vie que le sanctuaire invisible où notre Dieu se plaît d’être honoré, que le culte, les illuminations, l’encens dont la nature et les temples extérieurs nous offrent des images instructives et salutaires, qu’enfin toutes les merveilles de la Jérusalem céleste peuvent se retrouver encore aujourd’hui dans le coeur du nouvel homme, puisqu’elles y ont existé dès l’origine. Nouvel Homme 71