Nous ne sommes venus en ce monde que pour passer « de vertus en vertus »

« Et Moïse écrivit leurs étapes et leurs stations à cause de la parole du Seigneur ». Il écrivit donc ces choses « à cause de la parole du Seigneur », pour que, en les lisant, nous voyions combien d’étapes, de stations nous attendent dans le voyage vers le Royaume, que nous nous préparions à cette route, qu’à la vue du chemin que nous devons faire, nous ne laissions pas se consumer dans la paresse et l’inaction la durée de notre vie, pour que nous ne nous attardions pas dans les vanités de ce monde, que nous ne prenions pas plaisir a toutes les délectations de la vue ou de l’ouïe, voire du tact, de l’odorat et du goût, pour que les jours ne s’enfuient pas ainsi, pour que le temps ne s’écoule pas sans que nous nous hâtions de couvrir la distance de ce voyage à faire, pour que nous ne défaillions pas en route, que nous ne subissions pas le sort de ceux qui ne purent arriver au bout, et dont « les membres sont tombés au désert ». Nous sommes en voyage, nous ne sommes venus en ce monde que pour passer « de vertus en vertus », et non pour rester sur terre par amour des objets terrestres, comme celui qui disait: « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands, …et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens engrangés pour de nombreuses années; …mange, bois, réjouis-toi ». Ah ! que le Seigneur ne nous dise pas comme à lui : « Insensé, cette nuit on te prendra ton âme ». Il n’a pas dit : ce jour, mais « cette nuit »; cet homme est frappé la nuit, comme le furent « les premiers-nés des Égyptiens », parce qu’il a aimé le monde et partagé la vie « des princes de ce monde de ténèbres ». Or ce monde est appelé ténèbres et nuit à cause de ceux qui vivent dans l’ignorance et ne reçoivent pas la lumière de la Vérité. Ceux-là ne partent pas de Ramessé et ne vont pas à Socoth. (Homélies sur les Nombres XXVII)