Le Fils unique de Dieu, incarné pour notre salut, a donné satisfaction à la justice divine par sa mort sur la croix. Il nous a réconciliés avec Dieu. Elevé au ciel et assis à la droite du Père, il intercède continuellement pour nous par sa médiation et réconciliation. En même temps, il est pour nous une source de vie vraiment humaine. Ce que l’homme doit être, il l’a montré dans sa nature humaine, et tous les fidèles, dans la régénération du baptême, reçoivent le germe d’une vie conforme au Christ. Ceux qui sont baptisés dans le Christ, sont revêtus du Christ. Cet effet est produit dans les croyants par la grâce de l’Esprit-Saint. Qu’arrive-t-il en nous sous l’action de la grâce ? …Dieu en trois personnes vit en nous, si nous sommes fidèles à la grâce que nous avons reçue …L’esprit de Dieu agit d’une façon invisible sur notre esprit et le met en mouvement. Mis ainsi en action, notre esprit renouvelle en lui sa connaissance naturelle de Dieu : Dieu existe, il donne l’existence à tout, il agit selon la justice. Cela ravive le sentiment d’une dépendance multiforme vis-à-vis de Dieu et la crainte à son égard… L’homme ressent que sa situation est sans issue : où aller ? où courir ? Pas moyen de m’enfuir, je suis pris et me trouve entre les mains de Dieu, juge et justicier. On sent que « la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété » (Rom., I, 18).
C’est alors que vient la bonne nouvelle de l’Evangile et nous sauve du malheur. Sans l’Evangile, un tel réveil serait fatal, il nous plongerait inévitablement dans le désespoir. Mais la bonté de Dieu arrange tout de telle sorte que le vrai réveil de l’esprit est accompagné de l’Evangile… L’Evangile dit : « Pourquoi et où fuir ? Va sous l’ombre de la croix et tu seras sauvé. Incarné, le Fils de Dieu est mort sur la croix pour nous purifier de nos péchés. Aie la foi en cela, et tu recevras la rémission des péchés, tu goûteras combien Dieu est bon. » Les apôtres agissaient toujours ainsi en prêchant l’Evangile. Ils éveillaient la crainte, puis ils disaient : « Crois en le Seigneur crucifié, et tu seras sauvé… » Une telle disposition prépare notre esprit à recevoir la communication de Dieu, et la grâce de l’Esprit-Saint, qui jusqu’à présent agissait du dehors, en excitant, prend domicile à l’intérieur, non pas directement, mais par le moyen des sacrements.
L’Esprit de Dieu ne fait pas tout à lui seul. Il faut aussi donner quelque chose de notre part, quelque chose d’important. L’Esprit excite, la bonne nouvelle montre ce qu’il y a à faire. Cela vient de Dieu. Mais ayant fait cela, Dieu s’arrête et attend notre décision. Par ses premières actions, Dieu semble demander : « Veux-tu sortir de ta mauvaise situation ? Fais ceci. » C’est le moment le plus important. Si l’homme répond à cette invitation divine et s’ouvre aux impulsions suivantes de la grâce, celle-ci l’introduira plus tard dans le séjour des sauvés. Si l’homme ne se soumet pas, il coupe court à d’autres interventions de la grâce et il reste au milieu de ceux qui périssent… Dieu ne force personne à se sauver. Il en propose le libre choix et ne sauve que celui qui a voulu le salut. [Qu’est-ce que la vie spirituelle et comment s’y disposer ? Moscou, 5e éd. 1904; p. 40 sq.]