non de ce monde (Orígenes)

Le saint apôtre, voulant nous donner un grand et mystérieux enseignement au sujet de la connaissance et de la sagesse dans la première épître aux Corinthiens, dit : Mais nous, nous parlons de la sagesse entre parfaits, la sagesse non de ce monde, ni des princes de ce monde qui sont détruits, mais nous parlons de la sagesse de Dieu cachée dans le mystère, celle que Dieu avant tous les siècles a prédestinée à servir à notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue. S’ils l’avaient connue, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de majesté. Dans ce texte, voulant montrer quelles sont les différentes sagesses, il écrit qu’il y a une certaine sagesse de ce monde et une certaine sagesse des princes de ce monde et qu’autre est la sagesse de Dieu. Par ces paroles : la sagesse des princes de ce monde, il ne veut pas dire, à mon avis, qu’il existe une sagesse pour tous les princes de ce monde, mais, me semble-t-il, il indique qu’il y a une sagesse propre à chacun des princes de ce monde. Pareillement lorsqu’il dit : Mais nous parlons de la sagesse de Dieu cachée dans le mystère, celle que Dieu avant tous les siècles a prédestinée à servir à notre gloire, il faut se demander s’il identifie cette sagesse de Dieu qui est cachée, et que Dieu n’a pas fait connaître dans les autres époques et les autres générations aux fils des hommes comme il l’a révélée maintenant à ses saints apôtres et prophètes, avec cette sagesse de Dieu qui existait aussi avant la venue du Sauveur, celle qui rendait sage Salomon, alors que ce qu’enseigne le Sauveur est plus sage que Salomon, d’après la parole du Sauveur lui-même : Voici qu’il y a ici plus que Salomon : cela montre en effet que les disciples du Sauveur recevaient plus de doctrine que ce qu’avait eu Salomon. Si on objecte que, certes, le Sauveur en savait davantage, mais que cependant il ne donnait pas aux autres plus de doctrine que Salomon, comment concilier avec cela et comment lui accorder logiquement ce qui est dit à la suite : La reine du Midi se dressera au jour du jugement et condamnera les hommes de cette génération, parce qu’elle est venue des confins de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici qu’il y a ici plus que Salomon ! Il y a donc une sagesse de ce monde et il y a aussi une sagesse pour chacun peut-être des princes de ce monde. A propos de la sagesse du Dieu unique il est indiqué, pensons-nous, qu’elle a agi de façon moindre auprès des hommes de l’antiquité, des hommes d’autrefois, mais qu’elle s’est révélée plus complètement et plus clairement dans le Christ. Mais de cette sagesse de Dieu nous traiterons en son lieu. Traité des Principes: Livre III: Septième traité (III, 2-4): Deuxième section

Puisque nous sommes en train de traiter des puissances contraires et de la manière dont elles mènent des combats contre nous, ces puissances qui insinuent dans les intelligences humaines une fausse connaissance et séduisent les âmes, alors que celles-ci pensent avoir trouvé la sagesse, il me paraît nécessaire de discerner et de distinguer ce qu’est la sagesse de ce monde et ce qu’est la sagesse des princes de ce monde, pour que nous puissions ainsi remarquer qui sont les pères de cette sagesse, ou mieux de ces sagesses. Je pense donc, comme on l’a dit plus haut, que la sagesse de ce monde est autre chose que les sagesses qui sont des princes de ce monde : c’est par cette sagesse, semble-t-il, que l’on conçoit et comprend ce qui est de ce monde. Rien en elle ne peut nous donner quelque idée de la divinité, de la nature du monde, ou de tout ce qui est d’un ordre plus élevé, ni même de la manière dont on peut mener une vie bonne et bienheureuse ; elle est de même nature, par exemple, que la poésie, la grammaire, la rhétorique, la musique, on peut y ajouter peut-être aussi la médecine. Dans tous ces arts, croyons-nous, est présente la sagesse du monde. Nous entendons par sagesse des princes de ce monde ce qu’on appelle la philosophie mystérieuse et occulte des Égyptiens, l’astrologie des Chaldéens, la sagesse des Indiens, qui promettent la connaissance des réalités supérieures, et aussi les opinions multiples et variées des Grecs sur la divinité. Nous voyons donc dans les Écritures saintes qu’il y a des princes au-dessus de chaque nation : ainsi nous lisons dans Daniel qu’il y a un prince du royaume des Perses et un prince du royaume des Grecs, et la logique même de son texte montre à l’évidence qu’il ne s’agit pas d’hommes, mais de certaines puissances. Dans le prophète Ézéchiel il est indiqué très clairement que le prince de Tyr est une puissance spirituelle. Ces princes de ce monde et les autres du même genre, ayant chacun leur sagesse, professant leurs doctrines et des opinions diverses, lorsqu’ils virent notre Seigneur et Sauveur promettre dans sa prédication qu’il était venu en ce monde pour détruire toutes les doctrines relevant de ce qui est faussement appelé connaissance, ignorant quelle était sa personnalité cachée, lui ont aussitôt tendu des embûches. En effet, les rois de la terre se sont dressés et les princes se sont rassemblés contre le Seigneur et contre son Christ. Ayant connu leurs embûches et compris celles qu’ils ont machinées contre le Fils de Dieu lorsqu’ils ont crucifié le Seigneur de la gloire, l’Apôtre dit : Nous parlons de la sagesse entre parfaits, la sagesse non de ce monde, ni des princes de ce monde qui sont détruits, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue. S’ils l’avaient connue, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de majesté. Traité des Principes: Livre III: Septième traité (III, 2-4): Deuxième section