Au sens historique, cette phrase indique clairement que c’est Dieu qui, au début, permit de se servir comme aliment des herbes, c’est-à-dire des légumes, et des fruits des arbres. Ce n’est que plus tard, après le déluge, quand Noé reçut l’alliance, que Dieu permit à l’homme de se nourrir de viande. Mais nous en expliquerons plus à propos les raisons en son lieu. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– En commençant à parler de l’arche qui fut construite par Noé sur l’ordre de Dieu, voyons tout d’abord ce qu’il en est dit selon la lettre ; posons les problèmes que beaucoup ont coutume d’apporter en objections et cherchons-en la solution d’après ce que nous ont transmis les anciens. De la sorte, une fois posés de tels fondements, nous pourrons nous élever du texte de l’histoire au sens mystique et allégorique de l’intelligence spirituelle, et, s’il y a là quelque sens secret, le pénétrer avec la grâce de Dieu qui nous introduit dans la connaissance de sa parole. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Voici donc d’abord le texte lui-même : « Alors le Seigneur dit à Noé : la fin de tout homme est venue devant moi, car la terre est pleine d’iniquités à cause d’eux ; je vais les détruire ainsi que la terre. Fais-toi une arche de bois équarris ; tu feras des cellules dans l’arche et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu feras l’arche : tu feras l’arche en comptant trois cents coudées pour la longueur, cinquante coudées pour la largeur et trente pour la hauteur. Au niveau du toit, tu la termineras à la dimension d’une coudée. Tu feras une porte sur le côté de l’arche ; en bas, tu la feras à double voûte, en haut, à triple voûte. » – Et peu après l’Écriture ajoute : « Alors Noé fit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait ordonné. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Mais ce ne sont pas les moyens humains qui assurent la protection définitive de la porte. Car, quand la porte fut fermée et qu’il n’y eut plus personne hors de l’arche, comment aurait-on pu l’enduire de bitume de l’extérieur ? Pour que les eaux ne pénètrent pas par l’orifice dont le travail de l’homme n’avait pu assurer la sécurité, il fallut sans conteste une opération divine. Aussi, après avoir, pour tout le reste, dit que c’est Noé qui fit l’arche et qui y fit entrer les animaux et ses fils avec les femmes de ses fils, l’Écriture ne dit pas, quand il s’agit de la porte, que Noé ferma la porte de l’arche, mais que « le Seigneur Dieu, du dehors, ferma la porte de l’arche et alors le déluge eut lieu ». Remarquons aussi qu’après le déluge, quand Noé envoya « le corbeau pour voir si l’eau avait diminué sur la surface de la terre », l’Écriture ne fait pas ouvrir à Noé la porte, mais « la fenêtre ». Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Noé a bien introduit dans l’arche de la nourriture pour tous les animaux et toutes les bêtes qui étaient entrées avec lui ; croyez-en ces paroles que le Seigneur dit à Noé : « Et toi, prends de tous les aliments que l’on mange et fais-en provision près de toi pour qu’ils te servent de nourriture ainsi qu’à eux ». Croyez aussi que Noé fit bien ce que lui avait ordonné le Seigneur, car l’Écriture dit : « Alors Noé fit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait ordonné ; il le fit exactement ». Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Autant que la petitesse de mon esprit me le permet, je pense que le déluge, qui mit alors, pour ainsi dire, un terme au monde, figure la véritable fin du monde. Le Seigneur lui-même l’a proclamé quand il a dit : « Aux jours de Noé les hommes achetaient, vendaient, bâtissaient, se mariaient, mariaient leurs filles, et le déluge vint qui les perdit tous : ainsi en sera-t-il à l’avènement du fils de l’homme. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Dans ce texte, il apparaît bien que le Seigneur décrit d’une seule et même façon le déluge qui est passé et la fin du monde qu’il annonce. Jadis, il fut dit à l’antique Noé de faire une arche et d’y introduire avec lui non seulement ses fils et ses proches mais des animaux de toute espèce ; à la consommation des siècles, il a été dit par le Père au Seigneur Jésus-Christ, notre Noé , qui est véritablement le seul Juste et le seul Parfait, de se faire une arche de bois équarris et de lui donner des mesures pleines de mystères célestes. C’est ce qui est indiqué dans le Psaume qui dit : « Demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour domaine les extrémités de la terre. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Ceux qui ont pour règle de vie la connaissance raisonnable et qui sont capables de se conduire eux-mêmes tout autant que d’enseigner les autres, sont en très petit nombre : ils reproduisent le petit nombre de ceux qui sont sauvés avec Noé et qui lui sont associés à cause de leur étroite parenté. Ainsi notre Seigneur, véritable Noé, le Christ Jésus, possède-t-il peu de très proches amis, “peu de fils et de parents, qui partagent sa parole et reçoivent sa sagesse. Ceux-là toutefois ont atteint le degré le plus haut, ils sont placés au sommet de l’arche. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
C’est ainsi qu’en montant à travers les différents étages d’appartements, on arrive à Noé lui-même, – Noé veut dire « le repos » ou « le juste » – Noé qui est le Christ Jésus. Car ce n’est pas à l’antique Noé que conviennent ces paroles de Lamech son père : « Celui-ci nous reposera de nos fatigues, du travail pénible de nos mains et de la terre que le Seigneur a maudite. » Comment, en effet, l’antique Noé aurait-il pu en toute vérité « reposer » Lamech et le peuple qui se trouvait alors sur la terre, comment la fatigue et le travail pénible auraient-ils pu cesser à l’époque de Noé, comment aurait pu être supprimée la malédiction divine de la terre, quand on nous montre que c’est plutôt la colère divine qui s’accrut et que Dieu dit, selon le texte de l’Écriture : « Je me repens d’avoir fait l’homme sur la terre » et « je détruirai toute chair sur la terre », et surtout quand la destruction des vivants témoigne d’une souveraine disgrâce ? Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
C’est donc bien à ce Noé spirituel qui donne le repos aux hommes et qui ôte le péché du monde qu’il est dit : « Tu te feras une arche de bois équarris. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
En attendant, vous avez vu ce que sont ces bois équarris. Le Noé spirituel les a établis, pour ceux qui sont au dedans, comme un mur et une protection contre les flots qui viennent battre du dehors. Et si ces bois sont enduits de bitume « à l’intérieur et à l’extérieur », c’est que l’architecte de l’Église, le Christ, ne veut pas que vous soyez comme ceux qui « paraissent au dehors justes aux yeux des hommes mais qui, à l’intérieur, sont des sépulcres pleins de cadavres » ; Il veut que vous soyez saints de corps à l’extérieur et purs de coeur au dedans, sur vos gardes de tout côté et défendus par la vertu de chasteté et d’innocence. Voilà ce que c’est que d’être enduit de bitume à l’intérieur et à l’extérieur. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Or le Christ, Noé spirituel, dans son arche, c’est-à-dire dans l’Église, où il sauve le genre humain de la destruction, a attribué ce nombre de rémission de cinquante à la largeur. Car, s’il n’avait pas accordé la rémission des péchés aux croyants, la « largeur » de l’Église ne se serait pas dilatée à travers le monde. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
En ce qui les concerne, il semble bien que l’Écriture les justifie d’une certaine manière, elles aussi ; car on voit que les filles de Lot avaient une certaine connaissance de la fin du monde qui viendrait par le feu, mais, comme celle des petites filles, leur connaissance est incomplète et imparfaite. Elles ne savaient pas qu’à côté du pays de Sodome ravagé par le feu il y avait encore beaucoup d’espace intact dans le monde. Elles avaient entendu dire qu’à la fin du siècle la terre et tous les éléments devaient être détruits par l’ardeur du feu. Elles voyaient le feu, elles voyaient les flammes de soufre, elles voyaient la dévastation de tout ; elles voyaient aussi que leur mère n’avait pas été sauvée. Alors elles s’imaginèrent qu’il se passait quelque chose de semblable à ce qu’elles savaient de l’époque de Noé, et qu’elles restaient seules avec leur père pour assurer la descendance humaine. Il leur vient le désir de perpétuer le genre humain et elles pensent que c’est d’elles que doit sortir le siècle nouveau. Aussi, sachant bien que c’est une grande faute de surprendre leur père et de s’unir avec lui, il leur paraît cependant que ce serait une impiété plus grande de détruire par leur chasteté, comme elles le croient, l’espoir de continuer la race humaine. C’est pourquoi elles prennent le parti – dont à mon avis, l’importance de l’espoir et la force des motifs diminuent la culpabilité – de dissiper le chagrin de leur père et de fléchir son austérité par le vin. Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.
Cependant Dieu n’abandonne pas ceux qui se trouvent dans ce combat, il est toujours avec eux. Il se plaît en Abel, il reprend Caïn ; il vient à l’appel d’Enoch ; au déluge, il fait construire à Noé l’arche du salut ; il fait sortir Abraham de son pays et de sa famille ; il bénit Isaac et Jacob ; il fait sortir de l’Egypte les fils d’Israël ; par Moïse, il écrit la Loi de la lettre, et, par les Prophètes, il la complète dans ses insuffisances. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.