Nestorius Theotokos

NESTORIANISMO — Nestorius
Excertos de Frida Wion. Le Royaume inconnu : étude historique, du royaume du Prêtre-Jean à l’empire de l’Agarttha

L’auteur de l’hérésie qui porte son nom, était né au 5° siècle en Germanicie, province de Syrie. Suivant les textes consultés il fut pour les uns un rustre sans instruction, pour les autres, un homme intelligent et de haute culture. Elevé au monastère de sainte Eutropie d’Antioche, il entra en religion, gravit tous les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, et, en 428 succéda au patriarche Sisinus, devenant ainsi patriarche de Constantinople. Sa vie semblait tracée pour le mener vers une vieillesse heureuse, calme et honorée, où, après avoir accompli son ouvre sur la terre, il serait mort pompeusement enterré, puis oublié de tous. Mais par sa faute il n’en fut pas ainsi : cet homme pieux et de bonne renommée eut le tort de vouloir pousser trop loin l’analyse de certains problèmes théologiques. On a quelque peine à comprendre aujourd’hui, l’importance qu’eurent au 4e et 5e siècle toutes les grandes hérésies qui troublèrent profondément l’empire d’Orient.

Nous y voyons à tort des querelles théologiques provoquées par des religieux s’acharnant en des discussions sans fin sur des formules subtiles et vaines, quand, en réalité le plus souvent elles recouvraient des intérêts et des oppositions politiques, quand ce n’était pas le plus souvent de la simple jalousie.

Nestorius aurait pu garder pour lui le résultat de ses réflexions, mais croyant bien faire et s’appuyant sur son autorité de patriarche, il les divulga. Saint Cyrille qui rêvait de la chaire de Constantinople et ne goûtait pas la nouveauté sur le plan théologique, trouvant là une occasion merveilleuse de combattre l’influence de Nestorius, cria à l’hérésie. La querelle s’envenima si bien que l’affaire passa devant le concile de Rome en 430, puis devant celui d’Ephèse en 431. Ces deux assemblées réglèrent le différent entre les deux patriarches : Nestorius fut condamné et dépossédé. La sentence était sévère, il ne lui resta plus qu’à partir se morfondre dans la thébaïde de Lybie où il mourut de misère en 440. Après quoi, Cyrille d’Alexandrie, imposant sa volonté à l’Empereur et soutenu par la papeauté, régna en maître sur l’Eglise d’Orient.

Tout cela pour avoir voulu remplacer l’expression — Théotokos — qui signifie — Mère de Dieu — par celle de ?- Christotokos — ou Mère du Seigneur. Ses méditations l’avaient amené à croire que le divin et l’humain étaient unis dans la personne du Sauveur mais sans se confondre. Le Christ était pour lui semblable à Dieu, mais non égal à Dieu. Il affirmait que le Christ avait été un homme et l’était resté dans la partie de sa vie la plus importante.

D’où son idée fixe de vouloir appeler — Mère du Seigneur — et non — Mère de Dieu — la Vierge Marie. Il continuait l’exposé de ses théories en soutenant que, puisqu’il y avait deux personnes en Jésus-Christ, le Verbe, Fils de Dieu ne s’était pas fait homme en prenant de la Vierge Marie la nature humaine mais que le Verbe était descendu sur l’homme né d’elle ; et qu’ainsi elle enfanta le « Temple de Dieu » et non celui qui habite dans ce Temple.

Voilà pourquoi selon lui, il fallait de toute urgence changer la dénomination de la Vierge Marie !

Comme il arrive toujours en pareil cas, ses élèves renchérissaient sur lui, ajoutaient que le Christ était uni au Verbe, non d’une union hypostatique, mais d’une union morale, par l’habitation du Verbe dans l’homme comme dans un temple.

Les questions théologiques ne sont pas de celles qui préoccupent le plus nos contemporains, mais quinze siècles auparavant elles présentaient un intérêt qui n’allait pas de pair avec la liberté de penser. Nestorius banni, la Vierge assurée de garder son titre de — Mère de Dieu — les opinions de ce patriarche auraient du logiquement tomber petit à petit dans l’oubli, mais ces spéculations byzantines descendues sur la place publique ralliaient les opposants au régime.

Depuis que les apôtres Thomas, Addaï et Marès s’étaient chargé de cette portion du globe pour y prêcher le christianisme, sa propagation en avait été très rapide, elle avait été favorisée par la centralisation de l’empire romain et du culte juif. Les voies romaines jalonnées de relais et parcourues dans les deux sens par les troupes, les fonctionnaires et les marchands, se prêtaient aussi bien aux déplacements des apôtres et des missionnaires. Les légendes orientales ne s’écartent pas de la vraisemblance quand elles nous montrent les apôtres et les disciples semant le christianisme dans les communautés juives de la Mésopotamie et de la Perse. Ces provinces étaient alors soumises à la dynastie parthe des Arsacides et le Mazdéisme ou religion de Zoroastre était le culte dominant.

Les Perses chrétiens faisaient leurs études à Edes-se, lorsque cette école fut fermée parce que trop favorable à Nestorius, les élèves rentrèrent en Perse et essayèrent de se concilier la faveur du roi en obligeant tous les Chrétiens de ce royaume à embrasser la cause de Nestorius proscrit dans l’empire grec, c’est à ce moment que parut le nom de « Eglise nestorienne », bien qu’elle-même ait toujours refusé ce nom et se faisait appeler « Eglise chrétienne nationale grecque ». L’Eglise orientale, grâce à la protection des rois de Perse qui d’un autre côté protégeaient aussi le Mazdéisme, voyait entrer dans le patrimoine toutes les provinces que les armes des Perses allaient conquérir vers l’Inde, la Palestine et l’Arabie, de plus comme elle n’avait plus à lutter pour sa vie contre les Mages, elle pouvait développer son prosélytisme au dehors.

Les premiers agents de propagande furent naturellement les marchands, sur toutes les routes commerciales, longtemps avant l’Hégire, s’élevèrent des communautés nestoriennes. Vers 523, il y avait dans l’île de Ceylan, des Nestoriens ainsi que dans les faubourgs de Madras, où la légende montrait le tombeau de saint Thomas. De l’autre côté, les Nestoriens encerclaient l’Arabie, le désert était sillonné de moines et de pèlerins qui se rendaient à Jérusalem ou au mont Sinaï. Les Arabes polythéistes se trouvaient donc entourés par des Chrétiens, ce qui a expliqué depuis longtemps les nombreuses traces de christianisme, en plus de l’influence de Sergius, que l’on trouve dans le Coran.