Nature (Orígenes)

Et si pour certains il est très difficile de changer, il faut dire que la cause en est dans leur volonté qui répugne à admettre que le Dieu suprême est pour chacun le juste juge de toutes les actions de sa vie. Car, pour l’accomplissement d’actions qui semblent très difficiles, et, parlant en hyperbole, presque impossibles, la libre détermination et l’exercice sont de puissants moyens. La nature humaine veut-elle marcher sur une corde tendue en l’air au milieu du théâtre et y porter de lourds fardeaux ? Elle pourra, par l’exercice et l’application, accomplir ce genre d’exploit. Et si elle voulait vivre dans la vertu, elle ne le pourrait pas, eut-elle été auparavant très corrompue ? Considère, en outre, si ce n’est là un propos plus injurieux à la Nature créatrice de l’être raisonnable qu’à l’être créé : d’avoir créé la nature de l’homme capable d’actions si difficiles et sans utilité aucune, mais impuissante à l’égard de sa propre béatitude. Mais en voilà assez pour répondre à sa réflexion qu’il est très difficile de changer radicalement la nature. Il dit ensuite que ceux qui sont sans péché ont en partage une vie meilleure, sans indiquer clairement si ceux qu’il tient pour être sans péché le sont dès l’origine ou depuis leur conversion. Or, ils ne peuvent être exempts de péché dès l’origine. On en trouve rarement qui le soient depuis leur conversion, et ils ne deviennent tels que par l’accès à la doctrine qui sauve. Mais ils ne sont pas tels au moment où ils accèdent à la doctrine ; car, sans cette doctrine, et cette doctrine dans sa perfection, il est impossible qu’un homme vive sans péché. Ensuite, il répond d’avance à une affirmation qu’il nous prête : Dieu pourra tout. Il ne comprend pas ce qu’on veut dire, ni ce que désigne « tout », ni le sens de « il peut ». LIVRE III

Et puis après cela, comme s’il avait entendu parler de la doctrine de l’humilité sans avoir pris soin de la comprendre, Celse veut décrier la nôtre. Il croit que c’est une contrefaçon de ce que Platon dit quelque part dans les Lois : « Voici que Dieu, suivant l’antique tradition, tient en mains le commencement, la fin et le milieu de tout ce qui est et, par la droite voie de Nature, en achève le cycle. LIVRE VI