Montée de l’âme vers le Ciel

Qui trouvera-t-on d’assez avancé, d’assez initié aux secrets divins pour dénombrer les stations de ce voyage, de cette montée de l’âme, et pour décrire les peines ou le repos qu’on trouve en chacune ? Comment expliquer qu’après la première et la seconde station, Pharaon et les Égyptiens continuent la poursuite; s’ils ne s’emparent pas des fugitifs, ils les poursuivent néanmoins, ils ont été engloutis, mais ils ne les en ont pas moins poursuivis. Comment faire comprendre que le peuple de Dieu, aussitôt sauvé de sa poursuite, après les premières stations, ait entonné le cantique: « Chantons au Seigneur, car Il a été magnifiquement glorifié : il a précipité dans la mer cheval et cavalier » ? Mais, je l’ai déjà dit, qui oserait station après station découvrir les mystères, et par l’étude de leurs noms, conjecturer leurs significations particulières ? Je ne sais si l’intelligence de l’orateur ne défaillerait pas devant pareille densité de mystères, et si celle des auditeurs pourrait la recevoir. Comment expliquer la guerre avec les Amalécites, les diverses tentations, comment parler de ceux dont les membres « sont tombés dans le désert », le fait que ce ne sont pas les fils d’Israël, mais les fils des fils d’Israël qui ont pu parvenir à la Terre Sainte, le fait que tout l’ancien peuple est tombé, qui avait vécu et habité avec les Égyptiens, et que seul ait atteint le Royaume le nouveau qui ignorait les Égyptiens, excepté les prêtres et les Lévites ? Si en effet l’on a pu prendre place parmi les prêtres et les Lévites, si l’on a pu n’avoir aucune part sur la terre, si ce n’est le Seigneur seul, on ne « tombe » pas « dans le désert », mais on « atteint » la Terre Promise. Si tu ne veux pas « tomber dans le désert », mais atteindre la Terre Promise à tes pères, n’aie pas de part sur la terre, n’aie rien de commun avec la terre. Que ta part soit le Seigneur seul, et tu ne tomberas jamais. Il se fait donc une montée d’Egypte à la Terre Promise par laquelle, je l’ai dit, nous apprenons sous forme symbolique la montée de l’âme vers le Ciel et le mystère de la résurrection des morts. (Homélie sur les Nombres XXVII)