monde-ci (Orígenes)

Mais puisque la discussion précédente a montré que les mouvements divers et les opinions variées des créatures raisonnables ont été cause de la diversité du monde, il faut voir s’il ne convient pas aussi d’attribuer à ce monde-ci une fin semblable au commencement. Il n’est pas douteux en effet qu’il trouvera encore sa fin dans une grande diversité et variété et que cette variété, surprise en cet état par la fin de ce monde-ci, sera la cause et l’occasion des diversités qui caractériseront l’autre monde qui viendra après celui-ci, la fin de ce monde-ci étant le début du monde futur. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): « Le monde et les créatures qui s’y trouvent »

Il faut encore rechercher si avant le monde de maintenant a existé un autre monde et, dans ce cas, s’il a été semblable au monde de maintenant, ou quelque peu supérieur ou inférieur ; ou bien s’il n’y a eu absolument aucun monde, mais un état pareil à la fin qui, pensons-nous, surviendra après toutes choses, lorsque le royaume sera transmis au Dieu et Père ; si cet état néanmoins n’a pas été la fin d’un autre monde, à savoir de celui après lequel le monde actuel a commencé, quand, dans sa diversité, la chute des natures intellectuelles a décidé Dieu à créer ce monde de façon diverse et variée. Mais à mon avis il faut pareillement se demander si, après ce monde-ci, interviendront une correction et une purification, dures certes et très douloureuses, pour ceux qui auront refusé d’obéir à la Parole (Verbe) de Dieu, mais consistant pour les autres en une instruction et une éducation dans les réalités intelligibles, qui fera parvenir à une compréhension plus riche de la vérité ceux qui se sont déjà adonnés dans la vie présente à ce genre d’études et, ayant purifié leurs intelligences, sont devenus capables de recevoir la sagesse divine, ou si, sitôt après, suivra la fin de toutes choses ; ou si pour corriger et amender ceux qui en ont besoin, existera un autre monde, soit semblable à l’actuel, soit meilleur ou bien pire ; et quel sera ce monde qui suivra l’actuel, combien de temps il durera ou s’il existera vraiment; s’il y aura un moment où il n’existera plus aucun monde ou s’il fut un moment où aucun monde n’a existé ; ou s’il y en eut ou s’il y en aura plusieurs à la fois, ou s’il arrivera un jour qu’un monde sera entièrement égal ou semblable à un autre sans aucune distinction. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

D’une manière admirable, le saint apôtre, considérant d’abord la condition générale de la matière corporelle dont l’âme se sert, dans quelque qualité que cette matière se trouve, actuellement dans la qualité charnelle, plus tard dans une qualité subtile et plus pure, appelée spirituelle, dit : Il faut que ce qui est corruptible revête l’incorruption. Ensuite, considérant la condition spéciale du corps il dit : Il faut que ce qui est mortel revête l’immortalité. L’incorruption et l’immortalité seront-elles autre chose que la Sagesse, la Parole et la Justice de Dieu qui forment l’âme, l’habillent et l’ornent ? Et ainsi se fait-il qu’on dit que ce qui est corruptible revêt l’incorruption et ce qui est mortel l’immortalité. En ce monde-ci, quelle que soit l’importance de nos progrès, puisque nous connaissons en partie et prophétisons en partie, puisque nous voyons à travers un miroir, en énigme ce que nous paraissons comprendre, ce qui est corruptible n’a pas encore revêtu l’incorruption et ce qui est mortel n’est pas encore enveloppé d’immortalité. Et puisque, sans aucun doute, notre instruction qui s’opère dans le corps est prolongée assez longtemps, à savoir jusqu’à ce que ces corps eux-mêmes qui nous enveloppent méritent l’incorruption et l’immortalité par la Parole de Dieu, sa Sagesse et sa parfaite Justice, il est écrit : Il faut que ce qui est corruptible revête l’incorruption et ce qui est mortel l’immortalité. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Assurément certains disent de ce monde-ci qu’il est corruptible puisqu’il a été fait, mais que cependant il ne se corrompt pas, parce que plus forte et plus puissante que la corruption est la volonté de Dieu qui l’a fait et le maintient, pour qu’il ne soit pas dominé par la corruption : mais il serait plus exact de penser cela de ce monde que nous avons dit au-dessus de la sphère des étoiles fixes, car par la volonté de Dieu il n’est en rien sujet à la corruption, n’ayant pas reçu ce qui cause la corruption. En effet ce monde appartient aux saints, à ceux qui ont été complètement purifiés, et non aux impies comme le nôtre. N’est-ce pas à ce sujet que l’Apôtre a écrit : A nous qui regardons non ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas, car ce qui se voit est temporel, ce qui ne se voit pas éternel. Nous savons en effet que si notre demeure terrestre, où nous habitons, se dissout, nous avons un édifice élevé par Dieu, une maison non faite par la main, éternelle dans les deux. Puisqu’il est dit ailleurs : Je verrai les deux, oeuvres de tes doigts, et que Dieu déclare par le prophète, au sujet de tout ce qui est visible : Ma main a fait tout cela, il affirme ainsi que cette maison éternelle, promise aux saints dans les cieux, n’a pas été faite par la main, montrant qu’il y a sans aucun doute une différence entre la création de ce qui se voit et celle de ce qui ne se voit pas. Ce qui ne se voit pas n’a pas la même signification que ce qui est invisible. Car ce qui est invisible, non seulement on ne le voit pas, mais encore on ne peut le voir à cause de sa nature : c’est ce que les Grecs ont appelé asomaton, c’est-à-dire incorporel. Les réalités qui, selon Paul, ne se voient pas peuvent par nature être vues, mais cela n’est pas encore possible d’après lui à ceux qui en reçoivent la promesse. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Peut-être, de même que ceux d’ici, quand ils meurent de la mort commune, obtiennent comme destin d’après ce qu’ils ont fait ici-bas, s’ils sont jugés dignes du lieu appelé Hadès, des endroits différents suivant le degré de leurs péchés, de même ceux de là-haut, pour ainsi dire, à leur mort descendent dans cet Hadès qui est ce monde-ci, jugés dignes d’occuper dans tout l’espace qui est autour de la terre, des habitacles divers meilleurs ou pires, ou chez tels ou tels parents : de sorte qu’il peut arriver à un Israélite de tomber chez les Scythes et à un Egyptien de descendre en Judée. Mais le Sauveur est venu rassembler les brebis perdues de la maison d’Israël : et beaucoup de ceux d’Israël n’ayant pas obéi à son enseignement, alors ceux des nations sont appelés. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section