Vie de Moïse:
Moïse a atteint une perfection possible à d’autres. — Voilà donc, o homme de Dieu, Césaire, le bref exposé que je te présente au sujet de la perfection de la vie vertueuse, où j’ai décrit la vie du grand Moïse comme un exemplaire de la beauté de la vertu, afin que chacun de nous, par l’imitation de ses œuvres, transcrive en soi l’image de cette beauté qui nous a été proposée. Que Moïse en effet ait réussi à réaliser la perfection possible, quel témoin plus digne de foi en pourrons-nous trouver que la voix divine qui lui dit : « Je t’ai connu avant tous » [Ex 33, 17], et aussi le fait qu’il soit appelé par Dieu même ami de Dieu, et enfin qu’ayant choisi plutôt de périr avec tous que de ne pas être avec eux, il ait supplié la divinité, au nom de sa bienveillance pour lui, pour ceux qui avaient péché, et arrêté ainsi la colère de Dieu contre les Israélites, en détournant la condamnation de Dieu même, qui ne voulait pas faire de la peine à son ami ? Tout cela est un témoignage évident et une preuve que la vie de Moïse s’était élevée au sommet de la montagne de la perfection. Puisque donc tel était notre propos de savoir en quoi consiste la perfection de la conduite vertueuse, et que nous avons découvert cette perfection par ce que nous avons dit, il est temps, homme généreux, de te tourner vers le modèle, et transportant ce que la contemplation spirituelle des événements historiques nous a montré, à ta propre vie, d’être reconnu par Dieu pour son ami et d’être tel en réalité. Car c’est là réellement la perfection, de ne pas abandonner la vie pécheresse par crainte du châtiment, à la manière des esclaves, ni d’accomplir le bien dans l’espérance des récompenses, trafiquant de la vie vertueuse dans une mentalité intéressée et calculatrice, mais regardant plus haut que tous les biens qui nous sont réservés en espérance selon les promesses, de ne craindre qu’une chose, de perdre l’amitié divine, et de n’estimer qu’une chose honorable et aimable, de devenir ami de Dieu.