Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement, et en entier dans la piscine du feu, et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est là son vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied, et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il n’y peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course. Nouvel Homme
Pour coopérer à notre guérison, la vérité possède un médicament réel, et que nous sentons physiquement en nous, lorsqu’elle juge à propos de nous le faire administrer. Ce médicament est composé de deux ingrédients en conformité de notre maladie, qui est une complication du bien et du mal, que nous tenons de celui qui ne sut pas se préserver du désir de connaître cette fatale science. Ce médicament est amer, mais c’est son amertume qui nous guérit, parce que cette partie amère, qui est la justice, s’unit à ce qu’il y a de vicié dans notre être, pour lui rendre la rectification ; alors ce qu’il y a de régulier et de vif en nous, s’unit à son tour à ce qu’il y a de doux dans le médicament, et la santé nous est rendue. Nouvel Homme
L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère, est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le coeur de ce même homme qui fut choisi pour tre l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense, que par le feu divin dont nous devrions être embrasés, nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité. Nouvel Homme 2
Oui, instituteurs aveugles, ignorants, ou présumant trop de vos forces et de vos lumières, vous vous repentirez un jour d’avoir abusé les âmes. Ce n’était point assez que par l’effet du crime primitif elles fussent sous le joug du septénaire temporel qui les distrait et les détourne continuellement de la simplicité de leur ligne, vous les aurez encore plus attirées à l’extérieur par toutes vos images et vos symboles, et vous aurez fini peut-être par les diviser entièrement, en les éloignant tout à fait de ce point central et invisible qui est le seul lieu de ralliement que nous ayons ici-bas dans nos ténèbres. Car l’âme mal dirigée augmente encore ses entraves, et la désemboîture de ce septénaire temporel : c’est ce qui fait que par notre force, et par notre impatiente puissance, nous rendons nous-mêmes notre existence cent fois plus malheureuse que celle des bêtes. Nouvel Homme 7
Il y a une incertitude que l’ennemi cherche souvent à te suggérer, moins pour t’enrichir par la sagesse apparente dont il la colore, que pour t’arrêter dans ta marche, puisqu’elle doit lui être si contraire ; c’est de savoir si tu dois oser invoquer le nom du Seigneur, et le signe qu’il t’a envoyé, avant d’avoir dissipé entièrement tous les obstacles qui t’environnent, ou si tu dois te servir, pour combattre ces mêmes obstacles du nom du Seigneur, et de toutes les puissances qui y sont attachées. L’ennemi qui craint l’effet de ces armes t’insinue continuellement que tu n’es pas assez pur pour les employer ; il se met même en avant, quelquefois, sous des couleurs imposantes, afin d’effrayer ton courage, et d’arrêter tes résolutions ; d’autres fois, te sachant mal préparé, il te suggère d’invoquer le nom du Seigneur, pour te convaincre, par le peu de succès qui en résultera, que tu ne dois pas encore te livrer à une si sublime et si sainte entreprise, et que tu feras bien d’attendre un autre temps. Nouvel Homme 14
Songe donc que cette loi du sort, administrée par l’homme de Dieu, met par là l’esprit dans sa voie directe, au moyen de quoi elle ne peut manquer de conduire cet esprit à son but, comme un puissant remède que le savant médecin sait appliquer à propos, de manière que ce remède ne manque point d’aller chercher le mal dans ses plus profondes retraites, de le rencontrer, et de le frapper, quelque mélangé, et quelque combiné que ce mal soit avec des parties saines. Cette loi du sort de l’esprit est toujours en activité sur toi, et elle ne manquera point de découvrir d’abord quelle est celle de tes tribus qui se sera laissée aller à violer l’ordonnance de l’anathème, ensuite quelle est la famille de cette tribu qui renferme le prévaricateur, et enfin quel est l’individu de cette famille qui sera lui-même le coupable ; cette recherche ne cessera jamais ni pour toi, ni pour aucun homme, et c’est dans la grande vallée d’Achor qu’un jour à venir seront conduits les prévaricateurs, avec tout ce qu’ils auront réservé de l’anathème, et là ils seront lapidés par tout le peuple. Nouvel Homme 18
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
23. Quand les hommes considèrent les objets soit naturels, soit artificiels qui se présentent à eux pour la première fois, leur premier mouvement n’est-il pas de se demander quel peut être l’emploi de ces objets et pour quelle fin ils ont l’existence ? C’est par là qu’ils parviennent bientôt à connaître quel est le but ou l’esprit de toutes les choses utiles, nécessaires ou agréables qui les environnent. Pourquoi donc ne se demandent-ils pas avec le même soin quel doit être l’emploi de l’homme ? Ou plutôt pourquoi leur répond-on si mal lorsqu’ils font cette question ? C’est qu’ils sont encore faibles, et comme dans l’enfance lorsqu’ils auraient envie de s’interroger eux-mêmes, et que ceux à qui ils s’adressent ensuite, sont tombés même au-dessous de cet état d’enfance par rapport à cette grande question. Nouvel Homme 23
Il en peut apercevoir de solides raisons. D’abord, plus ce rempart est fidèlement gardé et maintenu dans ses justes mesures, moins il peut y avoir de communications et d’intelligences entre les ennemis qui sont au-dehors et ceux des habitants mal intentionnés qui pourraient être dans l’intérieur de la place ; peut-être même que faute de pouvoir communiquer avec l’ennemi, et frappés par l’exemple de ceux de leurs concitoyens qui restent fidèles, ils se rangeront d’eux-mêmes du côté de la bonne cause, et qu’ainsi toutes les forces se réunissant pour le salut commun de la forteresse, la prudence, la sagesse, les lumières, le courage se multiplieront parmi les habitants, et chaque jour ils découvriront de nouvelles clartés, et de nouveaux expédients pour décourager les assiégeants, et leur faire lâcher prise, et peut-être aussi pour les exterminer lorsque l’occasion se présentera de les combattre corps à corps. Nouvel Homme 32
Car, c’est là la tâche qui nous reste à remplir depuis que la faiblesse de l’homme primitif a laissé pénétrer l’iniquité dans nos domaines ; lorsqu’il mangea de l’arbre de la science du bien et du mal, il rassembla, près l’un de l’autre, son être qui habitait dans la lumière, et son adversaire qui habitait dans les ténèbres ; c’était cette réunion monstrueuse que la sagesse divine voulait empêcher, en le prévenant de ne point manger de cet arbre de la science du bien et du mal, qui devait lui donner la mort ; c’est donc la rupture d’une pareille association que nous devons opérer aujourd’hui, si nous voulons nous mettre en état de manger des fruits de l’arbre de vie, sans commettre la plus abominable des profanations. Nouvel Homme 33
« Ce Réparateur vous a enseigné à demander à votre père, votre pain quotidien, et à être préservés du mal ; si votre âge l’eût permis, il vous eût découvert de plus grandes merveilles encore dans les miséricordes de votre Dieu, il vous eût découvert que ce Dieu ne cesse de vous offrir ce pain quotidien, en ne cessant de vous communiquer sa sainte et exclusive action qui devrait nous animer tous ; ainsi toute notre sagesse devrait se porter à ne pas refuser les secours qu’il nous offre journellement, et notre seule prière pourrait se réduire à lui demander la grâce de ne pas repousser, comme nous le faisons, les dons, et les faveurs dont il nous accable. Car le nouvel homme n’a de différence d’avec les imprudents, qu’en ce qu’il accepte ce pain quotidien, et qu’il s’en nourrit, tandis que les autres le rejettent, le dédaignent, et nient ensuite son existence. » Nouvel Homme 37
« Il vous a été dit de ne point vous mettre en peine pour le lendemain, et qu’à chaque jour suffisait son mal. Cela vous a été dit alors de la nourriture et du vêtement, et de toutes ces choses dont les païens se mettent en peine, comme si Dieu ne savait pas qu’ils en ont besoins, et qu’ils ne sût pas les donner par surcroît à ceux qui cherchaient premièrement le royaume de Dieu et la justice ; mais vous pouvez également appliquer ces paroles à la nourriture, et au vêtement de vos âmes, qui vous seront donnés en abondance, si vous cherchez réellement le royaume de Dieu, et sa justice ; car s’il est vrai qu’à chaque jour suffit son mal, à chaque jour aussi suffit sa consolation, puisqu’il est dit que votre père qui est dans le ciel fait lever son soleil sur les bons, et sur les méchants, et qu’il fait pleuvoir sur le champ des justes, et des injustes. Ainsi il n’y a pas de jour que le Soleil divin ne se lève pour vous sur la terre de vos âmes, de vos esprits, et de vos coeurs. » Nouvel Homme 38
Quand elle sera ainsi unie à la main vigilante du Seigneur, celles de ses facultés qui seront possédées des démons impurs ne pourront approcher d’elle sans que ces esprits de ténèbres ne jettent de grands cris, et ne lui disent : Laissez-nous, qu’y a-t-il entre vous et nous, âme nazaréenne ? Je sais qui vous êtes, vous êtes le saint de Dieu ; êtes-vous venue pour nous tourmenter avant le temps ? Mais elle leur répondra avec menaces : Taisez-vous, et sortez de moi, et ils en sortiront sans leur avoir fait aucun mal. Nouvel Homme 39
C’est pour cela que mon coeur a été frappé d’une plaie que rien ne peut plus guérir sur la terre, parce que cette plaie est semblable à celle qui a frappé le royaume de la vérité. Aussi je ne chercherai point sur la terre le remède à la plaie de mon coeur. Je le chercherai, ce remède, dans le royaume de la vérité, puisqu’il n’y a qu’elle qui ait pu résister à l’ennemi, et qui puisse guérir toutes les plaies. Le royaume des cieux lui-même pleure, et est rempli de tristesse depuis que le mal a versé son venin, et que le prince des ténèbres s’est assis sur le tribunal : comment le coeur de l’homme ne serait-il pas dans le deuil, et dans les lamies, puisque le royaume des cieux, et le coeur de l’homme sont unis par une alliance qui les rend comme inséparables ? C’est dans cette alliance qui les rend comme inséparables, que se trouve aussi la seule consolation qui soit faite pour l’homme ; car les pleurs du royaume de Dieu, en pénétrant mon être, lui rendront l’intelligence, comme les pleurs de la vigne rendent la clarté à nos yeux corporels. Nouvel Homme 47
Seigneur, qu’elle est donc l’immensité du crime qui a pu si fort irriter ta justice ? Toute la postérité humaine est dans les souffrances. Tu la vois ; elle est à tes pieds, et tu ne peux pas te permettre de la délivrer. Est-ce la voix de l’impie qui t’arrête ? Ils disent qu’il n’y a point de mal ; ils n’osent pas t’attribuer celui qui existe, ils aiment mieux le nier que d’en chercher la source dans la dépravation volontaire d’une créature libre. Comment voudrais-tu les guérir puisqu’ils ne se croient pas malades, et qu’ils ne t’appellent point ? Au moins si leur ignorante impiété n’influait pas sur la famille entière ! Mais si c’est cette famille entière qui t’a offensé, ne faut-il pas que tous ses membres se réunissent pour t’implorer, et pour te fléchir ! Et une seule voix discordante ne peut-elle pas rompre le concert de nos supplications ? Nouvel Homme 58
« Maintenant je viens à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux, la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs… Je ne vous dis point de les ôter du monde, mais de les garder du mal… Sanctifiez-les dans votre vérité… Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient aussi sanctifiés dans la vérité. » Que serait la sanctification du nouvel homme, si elle ne s’étendait à tout notre être ? Et que serait la sanctification de tout notre être, si elle ne s’étendait qu’à notre propre cercle ? Nouvel Homme 64