A peine la vérité voit-elle naître le désir et la volonté dans le coeur de l’homme, qu’elle s’y précipite, avec toutes les ardeurs de sa vie divine et de son amour. Souvent même elle ne lui demande que de se priver de ce qui est nul, et pour ce sacrifice négatif, elle va le combler de réalités. Les principales de ces réalités, c’est de commencer par lui donner les signes d’avertissement et de préservation, afin qu’il ne soit plus dans le cas de craindre comme Caïn, et de dire : ceux qui me rencontreront me tueront. Ensuite elle attache sur lui les signes de terreur, afin que sa présence devienne redoutable, et qu’il fasse fuir ses ennemis ; enfin elle le décore des signes de gloire, afin qu’il puisse faire briller la majesté de son maître, et recevoir partout les honorables récompenses qui sont dues à un fidèle serviteur. Nouvel Homme
Iras-tu, comme ces habitants de Babylone qui, irrités par les prédications des deux témoins du Seigneur, les tueront, et se feront ensuite des présents pour se féliciter de s’être délivrés de ces hommes importuns ? Ne sais-tu pas que ces deux témoins ressusciteront après trois jours et demi, et qu’ils exerceront les plus effroyables vengeances contre ceux qui les auront dédaignés, et si maltraités ? Ne traite pas ainsi les témoins qui te prophétisent tout le jour ; car, tu aurais beau les éloigner de toi par tes dédains, ce ne serait que pour un moment, et ils ne tarderaient pas de revenir avec toute leur puissance, et de te punir avec toute la rigueur de la justice, dont leur maître et le tien leur a confié l’administration. Écoute attentivement ces témoins sacrés, fais en sorte de n’entendre jamais d’autre voix que la leur ; car leur voix est celle de ce conseil céleste et Divin même, qui veut bien descendre du séjour de sa gloire pour venir délibérer en toi, et te rendre, si tu le voulais, une opération vive et continuelle de ses ineffables délibérations. Nouvel Homme 13
Ce sont ces temps silencieux et gouvernés par la prudence et la retraite, qui disposent l’homme à remplir un jour sa mission avec succès, pour la gloire de son maître, pour l’avantage de ses propres frères, et pour l’avancement du règne du Seigneur, en se remplissant ainsi chaque jour des forces nécessaires pour aller attaquer les ennemis de la vérité, et les plonger dans leurs ténébreux précipices. Ainsi saint Luc nous apprend-il que le réparateur, en attendant l’heure de la consommation, passait ses jours dans la prière et dans les déserts ; aussi Moïse, que l’on doit regarder comme un des précurseurs de ce Divin réparateur, passait-il ses jours dans les déserts de Madian, jusqu’au moment où il reçut ordre du Seigneur d’aller délivrer ses frères, et de commander à Pharaon de laisser aller le peu le de Dieu en liberté, afin qu’il pût offrir ses sacrifices à l’Eternel. Nouvel Homme 19
Car si l’homme a le bonheur de voir naître en lui le fils de l’esprit ou le nouvel homme, il aperçoit bientôt la différence de ce nouvel état pour lui à son état antérieur ; et cette différence consiste en ce que, dans ce nouvel état, il est sûr, par ses efforts et la persévérance dans sa prière, d’obtenir les fruits de ses désirs purs, soit des lumières et des développements, soit des consolations, soit des dons de l’esprit pour la manifestation de la gloire de son maître, toutes choses que nous pouvons maintenant regarder comme autant de révélations. Mais dans son état antérieur, il n’avait pas la même certitude, et malgré toutes les entreprises les plus courageuses, il ne pouvait se flatter du même succès, et les espèces de révélations dont il était susceptible alors, lui parvenaient d’une manière plus voilée, plus figurative, et qui le laissaient souvent comme dans l’attente des biens qu’on ne faisait que lui montrer. Nouvel Homme 20
Celui au contraire qui aura eu le courage de contempler avec soin sa véritable essence, qui aura distingué soigneusement sa pensée d’avec l’être ténébreux dont nous sommes accompagnés pour un temps, qui, enfin, se sera conduit avec cet être inférieur, et subordonné comme avec ce serviteur de l’Évangile qui, en arrivant des champs est obligé de se ceindre, de préparer à manger à son maître, et d’attendre que ce maître ait fini son repas pour prendre le sien, c’est-à-dire, qui n’accordera jamais rien aux besoins de sa matière, avant que son esprit ne soit satisfait, comme étant le maître, et devant être le premier servi, celui-là, dis-je, trouvera de lui-même, non seulement quelle est la destination de l’homme, mais aussi quelle est la voie qui doit le conduire à en obtenir l’accomplissement. Nouvel Homme 23
Nouvel homme, ô toi enfant chéri de l’esprit, lorsqu’il t’arrivera « de mettre le pied dans cette terre promise, après que Dieu t’aura rendu maître de ce peuple d’une taille haute et surprenante, de ces enfants d’Enac que tu auras vus toi-même, que tu auras entendus, et à qui nul homme ne peut résister ; tu sauras que c’est le Seigneur lui-même qui passera devant toi comme un feu dévorant et consumant, qui les réduira en poudre, qui les perdra, qui les exterminera en peu de temps devant ta face, selon qu’il te l’a promis. Après que le Seigneur ton Dieu les aura détruits, devant tes yeux, ne dis pas dans ton coeur : c’est à cause de ma justice que le Seigneur m’a fait entrer dans cette terre, et qu’il m’en a mis en possession, puisque ces nations ont été détruites à cause de leurs impiétés, car ce n’est ni par ta justice, ni la droiture de ton coeur qui sera cause que tu entreras dans leur pays pour le posséder, mais elles seront détruites à ton entrée, parce qu’elles ont agi d’une manière impie, et que le Seigneur voulait accomplir ce qu’il a promis, avec serment, à tes pères Abraham, Isaac et Jacob ». Nouvel Homme 26
Ils te donneront aveuglément ce qui leur est donné, sans qu’ils en puissent prévoir les conséquences, et sans qu’ils sachent si ce sera pour ton avantage ou pour ta ruine ; parce qu’ils sont aveugles eux-mêmes, qu’ils ne devraient être que les organes de la lumière, et que si tu ne prends pas les plus grandes précautions pour préserver ces organes mêmes de tous les mélanges qui les menacent, ils pourront se transformer en principes à tes yeux, et prendre devant toi le titre et les caractères du maître, tandis qu’ils n’ont été envoyés que pour être les serviteurs ; heureux encore si ce ne sont pas leurs ennemis mêmes qui viennent siéger sur leur trône, et t’entraîner ainsi de la méprise à la superstition, de la superstition à l’idolâtrie, de l’idolâtrie à l’iniquité et à l’abomination ! Nouvel Homme 27
Nouvel homme, c’est dans toi-même que se peuvent trouver tous ces parents infidèles, auxquels il t’est défendu de pardonner. N’en ménage aucun. Quand ce serait le plus cher d’entre eux qui tâcherait de s’insinuer dans ton esprit, et de t’attirer à un culte trompeur pour quelqu’autre portion de toi-même que celle où la voix de ton Dieu s’est fait entendre, lorsqu’il a allumé lui-même sa lampe vivante dans le sanctuaire de ton propre temple, rejette-le loin de ta fureur. Plus tu exerceras de sévérité envers ces parents séducteurs, plus tu assureras le règne et la gloire de ton maître, parce que plus tu conserveras par là l’unité, la simplicité et la sainteté de ce fils chéri qui doit le représenter sur la terre. Nouvel Homme 28
C’est là ce sabbat que le Réparateur dont tu es devenu l’image, et le frère, a apporté sur la terre et a désiré qu’il pénétrât dans le coeur de tous les hommes, parce qu’il était lui-même ce lieu de repos et qu’il savait combien son oeuvre paraîtrait calme, et délicieuse, en comparaison de l’oeuvre compliquée de tous les agents inférieurs ; car lorsqu’il dit que l’homme était maître du sabbat même, il n’entendait guère parler que de cette oeuvre laborieuse, et pleine de tourments, qui avait occupé ci-devant la postérité humaine, et ce divin Réparateur venait l’abolir pour y substituer l’oeuvre de la paix, et le sabbat de l’amour. Nouvel Homme 28
Voyez ce nouvel homme; il a laissé jusque dans lui, par 1’organe de ses prières, l’antidote puissant qui seul peut détruire ces animaux malfaisants dont le coeur de l’homme est le repaire. Il a raclé chaque jour, comme Job, la sanie de ses ulcères, avec le morceau, de pot de terre qui lui restait ; aussi, l’esprit du Seigneur est venu renouveler son sang et lui rendre la santé. Aussi, son âme deviendra un jour le trône du Seigneur. Du haut de ce siège superbe, il étonnera les nations dans sa gloire, il lancera la foudre contre ses ennemis, il tracera les lois de sa puissance aux peuples innombrables qui habiteront dans ses domaines ; il publiera des lois de grâce pour ceux qui voudront rentrer dans les voies de la vérité ; il distribuera des prix et des récompenses à ceux qui se seront dévoués au service de son maître, et qui n’auront respiré que pour la gloire de la maison du Seigneur. Nouvel Homme 30
Tel est l’instrument divin que la source supérieure a confié au nouvel homme, ou plutôt, a bien voulu régénérer en lui pour le remettre à portée de célébrer de nouveau, par des chants réguliers, la gloire de son auteur, de son maître, et de son père ; oeuvre que l’homme ne peut accomplir que par le secours de cet instrument spirituel, et lié dans toutes les harmonies, parce que comme c’est l’unité qu’il doit célébrer, il ne pourrait s’en acquitter avec justesse, s’il n’avait pas dans la main le représentatif de cette unité ; oeuvre qui n’aurait jamais dû s’interrompre, si l’homme avait suivi les plans de sa destination originelle, mais qui, malgré l’interruption qu’elle a subie par le cruel pouvoir qu’a eu le crime d’obstruer en nous ces précieux canaux, est toujours prête à revivre, et à développer toutes les merveilles dont elle est susceptible, dès que l’homme veut former une résolution sincère de se mettre en état, par ses efforts constants, et son intime humilité, de recevoir le baptême invisible de son guide qui seul peut l’amener aux portes de la région de la vie. Nouvel Homme 31
Songe qu’ici-bas tu n’es encore que dans le désert. Songe que tu es encore au milieu des lions dévorants ; songe que tu es suspendue, comme par un fil, au-dessus de l’abîme ; songe que tu es ici pour gémir, pour agir, et non pas pour jouir ; ainsi, tiens-toi en garde même contre les délices de ces jonctions divines qui, étant trop anticipées, pourraient t’abuser sur ton oeuvre, si tu les écoutais trop longtemps et avec trop de complaisance. Tempère-les plutôt par le sentiment de ton infirmité ; tiens-toi toujours prête à en faire le sacrifice, afin de te mieux préparer à les recevoir un jour, d’une manière qui ne soit nullement dangereuse pour toi, et qui te soit entièrement profitable ; enfin, reçois-les avec une joie mêlée de crainte et de tremblement que tu aies le malheur de ne pas les faire échapper, en entier, aux dangers dont sont menacés tous les trésors sacrés qui descendent dans ce bas monde ; ne t’occupe que de les faire arriver à leur terme sans accident et sans avarie, et ne consume pas à la jouissance de tes propres satisfactions, le temps que tu dois employer à l’avancement de l’oeuvre de ton maître, et à veiller contre les déprédateurs de ses richesses. Nouvel Homme 33
34. Ces occupations et ces soins du nouvel homme sont si urgents et si importants qu’il va rester encore un temps dans le désert pour assurer les fondements de l’oeuvre. S’il a reçu la naissance spirituelle, s’il a été nourri du verbe jusqu’à l’âge de sa mission, c’était pour son propre avantage, et pour sa délivrance personnelle ; actuellement, il lui faut songer à l’oeuvre de son maître. Il lui faut tellement fermer la porte inférieure du coeur de l’homme, après en avoir chassé l’ennemi, que la porte supérieure et divine puisse s’ouvrir sans inconvénients, et sans craindre ces horribles prostitutions que cet ennemi ne cesse de projeter, et de machiner selon tous les moyens qui sont en lui. Nouvel Homme 34
Mais le Réparateur, au contraire, se conduit envers lui comme l’homme aurait dû le faire dans le temps primitif, comme le nouvel homme se conduira désormais, et comme tous les mortels devraient se conduire. C’est-à-dire, que se regardant seulement comme le ministre et le serviteur de Dieu, il ne peut prendre sur lui de se déterminer à céder à aucune proposition quelconque sans l’autorisation de son maître, et il se contente de rapporter la loi et les volontés de ce maître à celui qui veut le séduire ; il lui fait entendre par là qu’il ne peut se rendre légitimement à ce qui lui est suggéré, et que la volonté de son maître était sa première loi, il doit la consulter avant d’agir, et la suivre dès qu’elle lui est connue. Nouvel Homme 34
Ce fruit est la manière dont nous pouvons nous délivrer de l’ennemi lorsqu’il nous tente par quelque proposition insidieuse, par des images illusoires et par des insinuations accoutumées. Disons-lui, comme le nouvel homme : Je ne suis pas mon maître, je ne suis que le serviteur de Dieu, c’est à lui que je le renvoie pour faire juger tes plans et tes propositions. L’ennemi ne tiendra pas contre ce langage ; ou, s’il a l’intention de poursuivre ses entreprises et ses tentatives, il viendra frapper contre la loi même qui le brisera et le couvrira de honte et de confusion. Nouvel Homme 34
En même temps, c’est par cette vive confiance, c’est par cette fidélité aux volontés de son maître, que le nouvel homme va rendre à son être l’activité qui lui est propre ; il sent qu’il nage dans le sang du Réparateur, comme dans une mer abondante qui enveloppe tout l’Univers ; il sent que les germes engendrés par ce sang ne sont point périssables comme les germes terrestres, et produits par les simples puissances secondaires ; il sent que les fruits qui en proviennent ne sont point nuls ni sujets à la loi du temps, et il est dans l’admiration de les retrouver en lui dans leur vive activité, lors même qu’il semblait avoir perdu de vue leur existence ; il sent que leur activité se communique à son propre germe, et le dispose à réaliser toutes leurs vertus, à l’image et à la ressemblance de celui qui a bien voulu le choisir pour son frère. Nouvel Homme 34
Cette opération devenait en même temps un type instructif pour ceux dont l’intelligence avait acquis quelques développements ; non seulement elle annonçait le renouvellement de la nature, mais elle fit naître au maître d’hôtel une observation significative quand il dit à l’époux : Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on a beaucoup bu, il en sert alors de moindre, mais pour vous, vous avez réservé jusqu’à cette heure le bon vin. Nouvel Homme 35
Le sens de cette réponse peut en effet annoncer la différence du règne de la matière, et du règne de l’esprit, parce que le règne de la matière ne va jamais qu’en dégénérant, puisque son principe, ses moyens, son terme, tout est borné en elle, et finit par le néant ; au lieu que le règne de l’esprit ne peut aller qu’en s’accroissant continuellement, et promet toujours à l’homme de nouvelles jouissances ; or cette différence était clairement indiquée, puisque c’est le Réparateur lui-même qui avait agi directement, et spirituellement sur l’eau dont il avait fait remplir les urnes. En outre, le sens de l’observation du maître d’hôtel annonçait avec encore plus de clarté le caractère, et le terme de la loi ancienne, et l’esprit de la loi nouvelle que l’amour divin venait apporter sur la terre. Nouvel Homme 35
« Bienheureux ceux qui souffrent la persécution pour la justice ! Ils ressemblent à ceux qui sont pauvres d’esprit, et c’est la même récompense qui leur est réservée ; car il n ‘y a que le nouvel homme qui souffre de persécution pour la justice, attendu qu’il n’y a que lui qui soit affamé de la justice, et que l’ennemi laisse tranquille tous les autres, puisque les autres ne le troublent point, ne le révoltent point, et ne le gênent point dans ses mesures fausses et injustes ; mais quand la lampe est mise sous le boisseau, elle décèle les malfaiteurs qui s’étaient cachés dans la maison, et elle les oblige ou à fuir, ou à entrer en combat avec le maître du logis pour empêcher qu’il ne les dénonce, et qu’il ne les livre à la justice. Quelles persécutions, et quels combats le nouvel homme n’aura-t-il donc pas à éprouver puisqu’il allume des lampes dans tous les lieux de sa maison, et qu’il anime contre lui à la fois tous les malfaiteurs qui s’y étaient introduits et qui la menaçaient d’une grande ruine ? Mais aussi quelles réjouissances, et quelles consolations ne doit-il pas se promettre pour avoir si bien surveillé la maison qui lui a été confiée, puisque cette maison est la maison du Seigneur ? Le ciel même sera sa récompense, puisque le ciel n’attendait que le moment où cette maison serait ainsi nettoyée et purgée des malfaiteurs pour venir y faire son habitation. » Nouvel Homme 36
« Vous êtes l’or, vous êtes le talent distribué par le maître à ses serviteurs ; souvenez-vous qu’il ne le distribue que pour en retirer des fruits abondants, et pour qu’il soit continuellement dans la main des banquiers. Si vous ne l’avez pas fait valoir, la justice vous redemandera non seulement le fonds, mais encore les intérêts que ce fonds aurait dû lui rapporter, et elle vous ôtera même ce fonds avec lequel vous auriez pu obtenir de ces intérêts à l’avenir. Comment parviendrez-vous à vous acquitter avec elle ? Vous êtes le sel de votre terre, s’il devient fade, avec quoi le salera-t-on ? Et votre terre ne deviendra-t-elle pas fade elle-même ? » Nouvel Homme 37
Ne vous arrêtez donc pas aux obstacles que les infidèles qui demeurent dans votre sein voudront opposer à votre oeuvre. Dites-leur : vous aurez beau rejeter ma parole, j’en étourdirai vos oreilles, et je vous poursuivrai jusqu’à ce que les ordres de mon maître soient exécutés, et que vous rendiez hommage à sa gloire. Est-ce à moi de mesurer, et de juger les voies du Seigneur ? J’ai accepté dans l’humilité de mon âme, le nom de son prophète, et de son envoyé, et plein du désir de faire honorer son nom, et sa puissance, je ne veux pas qu’il ait à me reprocher de n’avoir pas averti ceux qui s’égarent. C’est sur vous qui habitez en moi, et qui êtes les plus proches de mes semblables, que je dois manifester son empire, et à qui je dois annoncer son nom. C’est sur vous que je dois faire tomber toutes les plaies d’Egypte, jusqu’à ce que vous ayez rendu la liberté au peuple choisi. » Nouvel Homme 38
Ce nouvel homme voyant en lui tant de ces hommes tourmentés par des esprits impurs, tant de malades, et d’infirmes qu’on lui apportera de tous côtés pour qu’ils les guérisse, sentira ses entrailles émues de compassion, de les voir ainsi languissants, et dispersés comme des brebis qui n’ont point de pasteurs ; et il dira à ses bons intellects : la moisson est grande, mais il y a bien peu d’ouvriers ; priez donc le maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers en sa moisson. Il ne cessera de les encourager par son exemple, à devenir eux-mêmes des ouvriers qui puissent l’aider dans son oeuvre. Il ne cessera de les prévenir combien cette oeuvre rencontrera d’invisibles contradicteurs qui ne pourront pas en avoir l’intelligence, parce qu’ils ne demeurent que dans les ténèbres. Nouvel Homme 39
Homme, mon frère, et mon ami, considère donc les miracles qui ont été faits au milieu de toi, et tâche d’éviter le jugement qui menace en toi Corozaïn, Bethsaïde, et Capharnaüm. L’effet de la première prévarication du père des humains avait été de plonger toute sa postérité dans la région du destin ; ce malheureux homme avait abandonné sa demeure spacieuse, et libre, où nulle borne ne contraignait ses voies, et ne pouvait lui donner d’inquiétude sur son sort. Il l’avait changée pour une demeure gênante, incommode, assujettie à des lois rigoureuses, et sévères, enfin pour une demeure si périlleuse qu’il ne peut jamais savoir qu’elle sera pour lui l’issue du destin qui la dirige, et qui y commande avec un effroyable empire. Il s’était livré à une région où l’apparence le promène sans cesse d’illusions en illusions, et où des armées de fantômes se succèdent continuellement devant lui pour lui dérober la vue de la réalité. Par là il s’était imposé une loi terrible, celle de travailler à rentrer, à quelque prix que ce fût, dans la région de sa liberté, s’il ne voulait pas courir les risques de rester dans la région de son esclavage, sans autre espoir que les ténèbres, et sans autre appui que le pouvoir aveugle d’un maître féroce et dur, qui ne connaissant pas le repos, ne peut en laisser à aucun de ceux qui viennent s’établir dans ses domaines, et se ranger sous ses dominations. Nouvel Homme 41
Mais si ces interrogateurs qui naîtront en lui, lui paraissent pleins de la même persuasion que lui ; s’ils viennent à lui avec une conformité de confiance, et de désir qui tende à leur avancement spirituel, et à la gloire de leur commun maître, il n’hésitera pas à leur ouvrir tous ses trésors, parce qu’il y sera entraîné par le rapport, et la similitude qui se trouveront entre eux et lui, et en outre, il aura le vif espoir que ces êtres de désir, s’unissant à lui, ils obtiendront plus aisément, par leur réunion, les grâces, et les secours dont ils ont, et auront toujours besoin, comme n’étant que les serviteurs de Dieu ; il n’aura, dis-je, le vif espoir que cette réunion obtiendra plus facilement la manifestation des puissances divines, et que par là s’accroîtra le nombre des adorateurs du vrai Dieu. Nouvel Homme 42
Il ne fermera pas son coeur ni ses puissances à ses disciples lorsqu’étant sur la mer au milieu d’une tempête, ils le réveilleront dans leur frayeur, et lui diront : maître sauvez-nous. Il se contentera de les accuser de timidité et de peu de foi en eux-mêmes, mais il verra par leur demande même combien ils se reposent sur lui de leur salut, et il commandera alors aux éléments de se calmer. Nouvel Homme 42
Il leur parla plus fortement encore au sujet des épis que ses disciples, passant le long des blés un jour de sabbat, avaient rompus et mangés : « N’avez-vous point la dans la loi que les prêtres, au jour de sabbat, violent le sabbat dans le temple et ne sont pas néanmoins coupables ? Et cependant je vous dis que celui qui est ici est plus grand que le temple. Que si vous saviez bien ce que veut dire cette parole : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice, vous n’auriez pas condamné des innocents, car le fils de l’homme est maître du sabbat même. » Nouvel Homme 43
Il sentira par ce moyen que non seulement le fils de l’homme est au-dessus du sabbat temporel, mais que le temple même a aussi ce magnifique privilège, puisque ce temple n’est autre chose que le nouvel homme, et que le nouvel homme participe à tous les droits et à toutes les propriétés de l’esprit du Seigneur ; il reconnaîtra alors que de même l’esprit du Seigneur est le chef et le maître du nouvel homme, de même le nouvel homme devient par lui le chef et le maître de la loi ; que si c’est au nouvel homme à attendre et à recevoir de l’esprit du Seigneur les lumières, la sainteté et la vie, c’est au temple bâti par la main des hommes à attendre et à recevoir du nouvel homme l’administration de toutes ces choses, et qu’ainsi l’esprit du Seigneur se trouve à la fois par là, le maître du nouvel homme, la maître du temple, le maître du sabbat, le maître de la loi, puisqu’il comprend tout, puisqu’il dirige tout, puisqu’il pénètre tout, et que ce n’est que dans lui que les propriétés des choses, leurs vertus, leurs figures, et leur esprit peuvent trouver leur explication, et leur véritable accomplissement. Nouvel Homme 43
Le nouvel homme ne mettra pas en doute que l’esprit n’ait les mêmes pouvoirs dans les régions où sa pure essence et sa suprématie l’appellent à régner en maître et en souverain ; il ne doutera pas que cet esprit ne possède, selon sa classe, incomparablement plus de dons, de prévoyance, et de sagesse, que n’en peut jamais posséder l’homme qui est réduit à la région élémentaire, quelle que soit l’industrie que cet homme ait pu y déployer. Il ne doutera pas que cet esprit n’ait à sa disposition des nombres incalculables de propriétés, et de substances de sa propre nature, en comparaison de ce peu de substances élémentaires que nous pouvons employer ici-bas, à la conservation de notre matière, et à la production comme à l’entretien des oeuvres de nos mains. Nouvel Homme 45
Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47
En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49
Vous êtes cet époux muni de tous les avantages de la fortune, puisqu’il a l’oreille et les faveurs de son maître, et l’Ecriture est une épouse toujours rayonnante des grâces de la beauté et de la jeunesse. Quelles délices peuvent se comparer à celles qui sont réservées à la tendresse de vos deux coeurs ? Nouvel Homme 52
Princes du mensonge, lorsque le prophète entre en fureur, pour la gloire et le service de son maître, vous dites qu’il est insensé. Comment le prophète garderait-il son sang-froid, son calme, et sa raison quand son coeur est déchiré par des angoisses qui s’accumulent, et se gonflent en lui comme un torrent ? Mais le délire du prophète déconcerte la sagesse des princes du mensonge ; ils ne peuvent s’attirer son hommage ; ils ne peuvent lui faire offrir l’encens à leurs projets ambitieux, et ils se retirent remplis de rage et de confusion. Nouvel Homme 53
Tâche de redevenir un des signes du Seigneur, ne fût-ce que de percer les murs de ta maison, comme Ezéchiel, et de te faire porter comme lui, la face couverte, pour l’instruction du roi, et de ton peuple prévaricateur. Peut-être ce signe sauverait-il quelques âmes. Et quand même il n’en sauverait aucune, tu recevrais toujours la récompense due au fidèle serviteur qui a cherché la gloire de son maître. Nouvel Homme 54
Il nous donnait même par là une instruction lumineuse sur la conduite que l’ennemi tient généralement envers tous les hommes ; il s’est rendu l’économe de nos facultés, et au lieu de diriger son administration au profit et à l’utilité du maître, il ne songe qu’à la sienne propre. Lors donc qu’il prévoit que le maître va lui faire rendre ses comptes et le chasser de son poste, il cherche à se ménager des personnes qui le reçoivent chez elles. Il fait venir chacun des débiteurs qui sont en nous, il dit au premier : « Combien devez-vous au maître ? Cent barils d’huile ? Reprenez votre obligation, asseyez-vous là, et faites-en vivement une de cinquante ». Il dit à un autre : « Combien devez-vous ? Cent mesures de froment ? Reprenez votre obligation, et faites-en une de quatre-vingts ». Nouvel Homme 56
C’est ainsi que cet industrieux ennemi se conduit avec nous, cherchant à diminuer nos dettes à nos propres yeux, à diminuer notre confiance par des bienfaits injustes, et par une criminelle indulgence, et à nous lier à lui par notre faiblesse, et par l’art avec lequel il a soin d’atténuer nos obligations. Mais si la justice est imprescriptible, ni lui, ni nous ne pourrons jamais frauder les droits du maître, et d’après les paroles de ce maître, il est plus aisé que le ciel et la terre passent, que non pas qu’une seule lettre de la loi manque d’avoir son effet (Luc 16:17). Nouvel Homme 56
On nous dira : Malheur à vous, docteurs de la loi, qui chargez les hommes de fardeaux insupportables, et qui ne voudriez pas les avoir touchés du bout du doigt. Parce que plus mauvais que ce serviteur à qui le maître avait remis sa dette, et qui sortant de là, étrangle son débiteur pour s’en faire payer, nous aurons eu l’injustice de nous payer nous-mêmes de ce qui ne nous était pas dû, et que nous n’aurons point payé ce que nous devions. Nouvel Homme 56
Il leur enseigne que ces dix sources avaient été fermées pour nous par le crime, et que nous ne pouvions être régénérés, qu’autant que nous en avions recouvré la jouissance ; que les marcs d’argent que le maître avait distribués à ses serviteurs, étaient pour les aider à faire rouvrir, pour eux, ces sources salutaires et indispensables à notre existence. Nouvel Homme 57
C’est alors que les habitants de cette ville sainte qui attendaient ce divin prophète, étendent leurs habits, et jettent des branches d’arbre sous ses pieds, « c’est alors que tous les disciples en foule commencent à louer Dieu à haute voix en disant : béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur. Paix soit dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts ! » Les Pharisiens ont beau murmurer, et prier le maître de faire taire ses disciples ; il leur déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres même parleront. Nouvel Homme 57
Or, c’est là où nous concevons le prix de l’amour qui avait bien voulu venir s’ensevelir avec nous dans nos abîmes, afin de nous saisir, et de nous en arracher avec lui. Nous sentons, dis-je, alors l’immensité de cet amour, par l’immensité des souffrances que nous éprouvons, et qu’il ne craint pas de partager avec nous ; souffrances que nous ne pouvons pas évaluer avant l’opération de notre renaissance ; parce qu’avant ce moment, nous ne savons comment l’action divine est venue nous pénétrer, et si elle n’agit pas secrètement en nous par le pouvoir des droits éternels qu’elle a de pénétrer toutes les substances, et de tout remplir, et cela cependant en concours avec cette vie immortelle, innée dans notre être, et qui s’y conserve dans l’ombre, et le 1e silence, jusqu’au moment où elle reçoit l’ordre, et la puissance du maître. Nouvel Homme 58
Mais il n’y a que les agitations opérées par la main de Dieu qui soient salutaires ; car les esclaves de l’ennemi sont aussi dans l’agitation, sans qu’ils en retirent aucun profit. Cet ennemi, après avoir remporté presque universellement la victoire, agit en maître et en tyran sur ses sujets. Il les vexe par des vives douleurs, pour leur faire sentir que la matière est son royaume. Il les punit d’avoir eu l’imprudence d’agir sans leur Dieu, en les tourmentant sur cette terre, comme dans un lieu où Dieu n’agit point. Nouvel Homme 58
« Soyez comme un serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur tous ses serviteurs pour leur distribuer dans le temps la nourriture dont ils ont besoin. Si votre maître, à son arrivée, vous trouve agissant de la sorte, il vous établira sur tous ses biens, mais si vous dites dans votre coeur : mon maître n’est pas près de venir : si vous vous mettez à battre vos compagnons au lieu de les nourrir, et que vous mangiez et buviez avec des ivrognes, le maître viendra au jour que vous ne vous y attendez point, et à l’heure que vous ne savez point, il vous séparera, il vous donnera pour partage d’être puni avec les hypocrites, et c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Nouvel Homme 59
Le nouvel homme n’ignore pas cette trahison qui se trame contre lui, puisqu’il a dit d’avance aux siens : Vous savez que la Pâque se fait dans deux jours, et que le fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Mais comme il sait aussi que le complément de sa régénération est attaché à ce sacrifice, comme il sait en outre que ce sacrifice doit rendre la vie aux habitants de son propre royaume, il dit à quelques-uns des siens : « Allez-nous apprêter ce qu’il faut pour la Pâque. Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le dans la maison où il entrera, et dites au maître de cette maison que le maître vous envoie dire : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute toute meublée. Préparez-nous-y ce qu’il faut. » Nouvel Homme 60
Qu’est-ce que c’est que cet homme portant une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite. Qu’est-ce que c’est que cette chambre haute où la Pâque doit se célébrer ? C’est la pensée de l’homme qui est revêtue du privilège de se montrer parmi les nations comme la région la plus sublime du temple immortel que l’esprit saint s’est proposé d’habiter. Qu’est-ce que c’est que ce maître qui envoie demander où est le lieu où il mangera la Pâque avec ses disciples ? C’est l’esprit du nouvel l’homme lui-même, qui vient visiter l’âme humaine pour lui rendre la vie et la lumière, mais qui sachant que cette âme humaine est un être libre, ne veut habiter chez elle que de son propre consentement, malgré tous les biens et toutes les richesses dont il vient la favoriser. Nouvel Homme 60
C’est donc en effet le moment de réunir nos forces pour aider à notre maître de consommer son sacrifice. C’est le moment de transformer toutes nos facultés en courage pour résister à l’ennemi qui le doit attaquer, et pour obtenir que les forces d’en haut l’accompagnent, et le soutiennent dans le pénible combat qui va se livrer entre sa nature éternelle, et sa nature passagère et apparente ; de même que dans la terrible épreuve que va subir sa charité, quand il va être livré tout entier pour la délivrance de ses frères, et qu’il faudra faire couler, goutte-à-goutte, tout le sang de son être, et de son amour pour faire parvenir jusqu’à nous le fleuve de la vie. Nouvel Homme 60
Aussi l’esprit nous dit : « Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à être avec vous, vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant, parce que l’esprit est le maître, que nous ne sommes que les disciples, que nous ne pouvons recevoir que ce qui vient de lui, tandis que la source dans laquelle il demeure nous est toujours impénétrable, et parce que cet esprit va opérer l’oeuvre de la délivrance des captifs que nous pouvons ensuite répéter sur nous-mêmes, et sur nos frères en son nom, mais que nous n’aurions jamais pu opérer sans lui, et s’il n’avait commencé par l’opérer en nous. C’est pour cela qu’il avait dit aux siens précédemment : Vous pourrez boire le calice que je boirai. C’est pour cela aussi qu’il venait de les admettre à la participation du calice, et à la manducation de son corps dans le passage, pour les préparer à participer ensuite à toute l’activité de son oeuvre, parce que toutes ces paroles sont esprit et vie. Nouvel Homme 60
Aussi l’oeuvre étant déjà commencée pour lui, puisque le traître ayant reçu son morceau était déjà sorti, il annonce que maintenant le fils de l’homme est glorifié, et que Dieu est glorifié en lui ; et c’est alors qu’il leur donne les principales instructions relatives à l’oeuvre qu’il va consommer, et qu’ils doivent partager avec lui : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns et les autres, afin que vous vous entr’aimiez comme je vous ai aimés. C’est en cela que tous connaîtrons que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Afin qu’ils comprissent que l’oeuvre de ce maître était l’oeuvre de l’amour, et qu’ils ne pouvaient jamais être image et ressemblance de leur principe, qu’autant qu’ils se rendraient par leurs oeuvres, et par leur sacrifice, l’image et la ressemblance de cet amour. Nouvel Homme 60
« Je ne vous appellerai plus maintenant serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître, mais je vous appellerai mes amis parce que je vous ai fait savoir tout ce que j’ai appris de mon père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous portiez beaucoup de fruits. » Voilà le véritable but de l’esprit sur nous, et tel est aussi celui du nouvel homme, et c’est pour cela que l’amour se propage, et que quand tout est ami en nous, nous devenons les amis du Seigneur. Nouvel Homme 62
« Le serviteur n’est pas plus grand que le maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront. Mais ils vous feront tous ces mauvais traitements à cause de mon nom ; parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé. » L’ennemi qui s’est emparé du royaume de ce monde comprend dans sa haine tous ceux qui se rangent du parti de celui dont il s’est rendu l’adversaire ; et si nous considérons comment il en a traité les ouvrages, nous ne serons plus étonnés de la manière dont il en traite les ouvriers. Mais que pourrons-nous craindre si nous savons nous rallier à cette vérité ? L’ennemi dans ses projets n’a agi que contre lui-même, et n’a jamais rien pu contre elle, il ne pourra donc rien contre nous si nous nous unissons à elle, et qu’à son exemple nous planions au-dessus de la région des destinées. Nouvel Homme 62
Mon père, l’heure est venue, glorifiez votre fils, afin que votre fils vous glorifie, parce que la gloire, et l’intérêt de la louange de notre père, et notre maître doivent nous animer plus que notre propre gloire, et malheur à celui qui dans sa pensée, dans son amour, ou dans ses oeuvres, se compte lui-même un seul instant, puisque cet instant est perdu pour lui comme pour son maître ! Les temps antérieurs ont été sacrifiés à la consommation de notre vanité ; mais l’heure est venue où doivent se faire connaître à la fois la puissance du maître, la faiblesse de l’ennemi, la fidélité du serviteur. Nouvel Homme 64
« Je vous ai glorifié sur la terre…. maintenant, glorifiez-moi en vous-mêmes, de cette gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût. » Le nouvel homme sent aisément qu’il y a deux gloires, celle qu’il a droit d’attendre de nous quand il nous manifeste la lumière éternelle de la vie, et celle que cette lumière éternelle doit recevoir lorsqu’elle agit elle-même directement en lui. L’une de ces gloires semble être plus réversible à lui-même, qu’à la source dont il descend ; l’autre semble plus réversible à cette source elle-même, voilà pourquoi il désire tant être glorifié de cette gloire-là, parce qu’il brûle uniquement du zèle de la maison de son maître. Nouvel Homme 64
Quand cette âme simple et aimante aura été ainsi préparée par l’influence et les discours des précurseurs, le nouvel homme se montrera lui-même à elle, et en l’appelant par son nom, il lui communiquera assez de sa propre lumière, pour qu’elle le reconnaisse, et lui dise : Rabboni, mon maître. C’est cette âme simple qui, avec ses compagnes, ira annoncer aux disciples, la résurrection de ce nouvel homme, et les préparera, à leur tour, à soutenir l’aspect de sa gloire, et les merveilles de sa puissance ; car depuis qu’il est ressuscité de l’esprit, son action s’est étendue et a acquis le pouvoir de ne se manifester que par des prodiges. Nouvel Homme 69