75. Parmi les choses qui ont été mises par Dieu à notre usage, les unes se trouvent dans l’âme, d’autres dans le corps, d’autres regardent le corps : ainsi dans l’âme, ses puissances ; dans le corps, les organes des sens et les autres membres ; regardant le corps, la nourriture, les biens, et le reste. Suivant donc que nous nous servons bien ou mal de ces choses ou de ce qui s’y rapporte, nous nous montrons ou vertueux ou coupables.
76. Quant aux choses qui arrivent, les unes se produisent dans l’âme, d’autres dans le corps, d’autres aussi à propos du corps. Dans l’âme, c’est par exemple la science et l’ignorance, l’oubli et le souvenir, l’amour et la haine, la crainte et l’audace, la tristesse et la joie, et ainsi de suite. Dans le corps, par exemple le plaisir et la douleur, la sensation et sa privation, la santé et la maladie, la vie et la mort, et autres choses semblables. A propos du corps, c’est par exemple le fait d’avoir beaucoup d’enfants ou de n’en avoir pas, la richesse et la pauvreté, la gloire et l’ignominie, et ainsi du reste. De ces choses les unes sont regardées comme bonnes par les hommes, les autres comme mauvaises, bien qu’aucune ne soit mauvaise à proprement parler ; mais d’après l’usage qu’on en fait, on peut vraiment les trouver soit mauvaises, soit bonnes.
77. De sa nature, la science est bonne, et de même la santé ; mais leurs contraires ont été plus profitables à beaucoup. Car pour les méchants la science ne sert pas à faire le bien, quoique par nature, avons-nous dit, elle soit bonne; et de même la santé, la richesse, la joie. Car ils ne s’en servent pas pour leur avantage. Dès lors le contraire leur vaut mieux. Donc ces maux n’en sont pas à proprement parler, quoi qu’il y paraisse.