lumière

2. Un secret à la fois immense et terrible a été communiqué dans L’homme de désir, n°146, page 217. Et ce secret est que le coeur de l’homme est le seul passage par où le serpent empoisonné élève sa tête ambitieuse, et par où ses yeux jouissent mme de quelque lumière élémentaire, car sa prison est bien au-dessous de la nôtre. Nouvel Homme 2

L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère, est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le coeur de ce même homme qui fut choisi pour tre l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense, que par le feu divin dont nous devrions être embrasés, nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité. Nouvel Homme 2

Aussi y a-t-il un grand sens dans ces paroles de J.-C., même chapitre, verset 3 : si vous ne devenez comme de petits enfants, nous n’entrerez point dans le royaume des cieux. L’ange est la sagesse, le coeur de l’homme est l’amour ; l’ange est le récipient de la lumière divine, le coeur de l’homme en est l’organe et le modificateur. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre et ils ne peuvent être unis que dans le nom du seigneur, qui est à la fois l’amour et la sagesse, et qui les lie par là dans son unité. Nul mariage comparable à celui-là ; et nul adultère comparable à celui qui altère un pareil mariage ; aussi est-il dit, (Matthieu, 18), que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. Nouvel Homme 2

On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2

Dans cette opération, l’homme devient une véritable lumière au milieu des ténèbres, il ne devient cette véritable lumière que parce qu’il manifeste le principe vivant qui veut bien la lui procurer et la faire passer par son coeur ; ainsi l’homme peut grandement se réjouir, mais il ne peut pas se glorifier ; enfin l’ange est comblé de consolations et de jouissances ; et au moyen des joies divines que nous lui procurons, il se lie et s’attache d’autant plus à nous, tant par sa vive charité naturelle, que par le besoin d’augmenter son propre bonheur. De son côté, la Divinité ne cherche continuellement qu’à percer de plus en plus dans le coeur des hommes, pour étendre sa gloire, sa vie et sa puissance, et en remplir l’ange qui la désire si ardemment. Nouvel Homme 2

De cette sublime vérité que l’homme est une pensée du Dieu des êtres, il résulte une vaste lumière sur notre loi, et notre destination ; savoir, que la cause finale de notre existence ne peut être concentrée dans nous ; mais qu’elle doit être relative à la source qui nous engendre comme pensée, qui nous détache d’elle pour opérer au-dehors ce que son unité insubdivise ne lui permet pas d’opérer elle-même ; mais ce dont elle doit être cependant le terme et le but, comme nous sommes tous ici-bas le but et le terme des pensées que nous enfantons, et qui ne sont qu’autant d’organes et d’instruments que nous employons pour coopérer à l’accomplissement de nos plans dont notre nous est perpétuellement l’objet ; c’est pour cela que cette pensée du Dieu des êtres, ce nous doit être la voie par où doit passer la Divinité tout entière, comme nous nous introduisons journellement tout entier dans nos pensées, pour leur faire atteindre le but et la fin dont elles sont l’expression et pour que ce qui est vide de nous, devienne plein de nous ; car, tel est le voeu secret et général de l’homme, et par conséquent tel est celui de la Divinité dont l’homme est l’image. Nouvel Homme 3

Ô mon ami, allons ensemble dresser les autels au Seigneur ; va d’avance préparer tout ce qui nous sera nécessaire pour célébrer dignement les louanges de sa gloire et de sa majesté ; sers d’organe à mon oeuvre pour l’annoncer au peuple, comme j’en dois servir à la Divinité pour annoncer à toutes les familles spirituelles les mouvements de la grâce, et les vibrations de la lumière. Et toi, Dieu de ma vie, s’il te plaît jamais de me choisir pour ton prêtre, que ta volonté soit faite ! Toutes mes facultés sont à toi. Je me prosternerai dans mon indignité en recevant le nom de ton prêtre et de ton prophète : aide-moi seulement à ne pas rendre tes grâces impuissantes, et à briser en moi tous les écueils que mes iniquités et mes faiblesses ont semés devant mon élection. Je n’oserai jamais de moi-même te demander que ta main reposât sur moi ; mais si par ta pure munificence tu veux bien faire reposer ta main sur moi, je n’aurai aucun doute que tu n’opères dans mon être tout ce qui lui manque pour être utile à tes desseins, et je n’ai dans ce moment d’autre soin à prendre que de t’offrir le dévouement de ma fidélité à ton service, et une universelle soumission à toutes les conditions que tu voudras mettre à notre alliance. Nouvel Homme 3

C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4

En effet, nous nous sommes laissé garrotter tout vifs et dans nos facultés, par les chaînes de l’ennemi : nous sentons que ces chaînes nous écrasent et nous ôtent tous nos mouvements ; si nous avions donc le courage de prononcer l’arrêt de cet ennemi, et de lui déclarer que, conformément aux intentions de la volonté suprême et bienfaisante, nous sommes déterminés à rompre tous les liens dont il se sert pour nous retenir captifs, si nous lui annoncions fermement qu’il doit s’attendre que son règne sur nous va être détruit, et qu’il nous est aussi aisé, par les secours divins qui nous environnent, de briser ce règne, qu’il nous est aisé de briser un brin de paille ; enfin, si cet arrêt étant prononcé nous n’oublions rien pour l’exécuter, et pour persévérer avec constance dans cette indispensable et nécessaire résolution, il n’est pas douteux que nous verrions bientôt tomber à nos pieds toutes ces entraves qui nous gênent si horriblement, et que nous sentirions y substituer en nous, à la fois, tous les transports de la vraie vie, lesquels seraient d’autant plus actifs et délicieux pour nous, que nous en aurions été plus dénués. C’est ce passage complet de la mort à la vie que l’âme de l’homme peut éprouver physiquement dans toute ses facultés quand, en imitant la douce et humble simplicité du verbe et de la parole, il parvient à en recouvrer la force, la chaleur et la lumière. Nouvel Homme 4

Si, comme nous l’avons vu, la parole est nécessaire pour l’établissement de la parole, et que par conséquent nous ne puissions être ressuscités dans notre parole que par le verbe, nous ne pouvons être ressuscités dans nos autres facultés que par des facultés analogues, dans notre pensée que par la pensée, dans notre mouvement par le mouvement, dans notre vie que par la vie, dans notre esprit que par l’esprit, dans nos vertus que par la vertu, dans nos lumières que par la lumière ; ainsi nous devrions être dans une mobilité et activité continuelles, puisque les plus petits rayons de ce qui est en nous devraient perpétuellement être réactionnés par les étincelles similaires, qui se dardent sans cesse hors du foyer éternel de la vie. Nouvel Homme 5

Charge-toi, ô mon Dieu, de tout ce qui peut concerner mon élection ; je te dirai comme Moïse, que je ne puis que bégayer, et que tout mon être est dans une universelle impuissance pour l’accomplissement des devoirs que tu imposes à un élu ; j’admire la gloire de tes prophètes et de tes serviteurs, mon âme tressaille de joie en sentant les douceurs et les consolations qui les attendent, mais si tu ne délies toi-même ma langue, si tu ne mets ton feu dans mon coeur, et ta lumière dans mon esprit, si tu ne me traces ma route à chaque pas, et si tu ne me pousses toi-même dans ces sentiers que tu m’auras tracés, je demeurerai englouti dans ma faiblesse, et je serai un être entièrement inutile à tes plans. Nouvel Homme 5

Ouvrons donc notre être à ce puissant médecin qui veut nous procurer la vie dont il jouit, et dont il est lui-même la source, et prêtons-nous avec actions de grâce à tous les détails de ses procédés et de ses opérations curatives ; car s’il parvient une fois à pénétrer en nous et à y faire sa demeure, il traversera bientôt toutes nos substances par son action toujours opérante, qui fera sortir de tout notre être mille rayons de lumière dont cette action est en même temps le foyer et la source. Nouvel Homme 6

Pernicieux ennemi de l’homme, tu occasionnes bien aussi des souffrances, mais c’est en opérant une contraction de ta puissance désordonnée et mensongère contre les lois éternelles de la vérité, et contre l’ordre immuable des choses ; aussi tes succès, quand tu l’emportes, entraînent l’homme dans le néant, la mort et les ténèbres. Mais lorsque le Dieu souffrant s’approche de nous et nous occasionne des douleurs, c’est en opposant la mesure, l’ordre et la vérité, aux désordres et aux irrégularités que tu sèmes journellement dans les hommes, et que tu y entretiens. Aussi la contradiction que ce Dieu souffrant opère dans ceux qui la désirent et qui y concourent, se termine toujours par la joie le bonheur et la lumière. Nouvel Homme 6

C’est en effet par ces douces consolations que se terminera le cercle des choses pour ceux qui auront su laisser entrer en eux le Dieu souffrant : car le cercle des choses n’est composé que d’êtres en contraction et en souffrance, ce qui fait que l’univers nous montre le Dieu souffrant, aussi bien que le peut faire notre âme. C’est ce qui fait aussi que nous ne devrions considérer qu’avec respect et reconnaissance tous les objets que cette nature renferme, puisque le moindre d’entre eux est le fruit de la charité divine qui ne cesse de modifier son amour selon toutes les voies possibles, afin de faire parvenir sa force, sa vie et sa lumière jusque dans nos régions les plus matérielles et les plus ténébreuses. Heureux celui qui aura considéré l’univers sous cet aspect, et qui aura recueilli par ce moyen un assez grand nombre de ces étincelles divines, pour lui promettre un flambeau au dernier jour ! Nouvel Homme 6

En un mot, l’idée de cet être puissant doit désormais devenir aussi inséparable de notre oeuvre que la pensée l’est de nos paroles, et de toutes les opérations qui en sont les fruits. Lors même que nous sentons contrariés dans notre entreprise, ou que nos forces se ralentissent, nous avons le droit d’interpeller par ses propres paroles celui qui nous a dit qu’il voulait fonder sur nous son église ; nous avons droit de lui rappeler que sa parole ne peut pas passer ; comme l’a promis (Isaïe 55) ma parole qui sort de ma bouche ne retournera point à moi sans fruit ; mais elle fera tout ce que je veux, et elle produira l’effet pour lequel je l’ai envoyée. C’est honorer Dieu que de se servir ainsi des titres qu’il nous donne envers lui, et il ne demande pas de nous voir en faire un pareil usage ; et la preuve que c’est l’honorer que d’agir ainsi, c’est que nous ne tardons pas à recevoir le prix de notre confiance, et que la paix et la lumière renaissent bientôt dans notre être, quand nous avons employé ce moyen. Nouvel Homme 8

Réveille-toi donc, homme, chaque jour avant l’aurore pour accélérer ton ouvrage. C’est une honte pour toi que ton encens journalier ne fume qu’après le lever du soleil. Ce n’est point l’aube de la lumière qui devait autrefois avertir ta prière de venir rendre hommage au Dieu des êtres, et solliciter ses miséricordes, c’est ta prière qui devait elle-même appeler l’aube de la lumière et la faire briller sur ton oeuvre, afin qu’ensuite tu puisses du haut de cet orient céleste la verser sur les nations endormies dans leur inaction, et les arracher à leurs ténèbres. Ce n’est que par cette vigilance que ton édifice prendra son accroissement, et que ton âme pourra devenir semblable à l’une de ces douze perles qui doivent un jour servir de portes à la ville sainte. Nouvel Homme 8

Car l’âme de l’homme a été produite pour servir à la fois de réceptacle et d’intermède à la lumière ; et de même que des vases transparents et remplis d’une eau limpide, nous transmettent la douce et vive émanation de ces rayons nombreux qui se sont rassemblés et préparés dans leur sein, de même notre âme doit embrasser les rayons de l’infini qui sortent du centre de la ville sainte, et les unir à nos propres facultés qui sont finies, afin que par cette divine alliance étant nous-mêmes vivifiés, et rendus resplendissants par la clarté de ces rayons, nous puissions la faire sortir de nous, plus rassemblée, plus tempérée, et plus appropriée aux besoins des peuples que quand elle agit dans sa libre dispersion et dans sa vaste immensité ; et tel sera l’emploi et la destination des portes de la Jérusalem future. Nouvel Homme 8

Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8

Nous n’aurons pas cependant de beaucoup plus vastes connaissances, ou plutôt, nous recevrons la lumière et tous les secours de la vie sans pouvoir contempler leur source, encore moins sans pouvoir nous en emparer ; comme l’enfant jouit de tous les biens que ses parents et ses guides lui procurent sans qu’il puisse se rendre compte de la manière dont tous ces bienfaits lui sont prodigués. Nouvel Homme 10

Et pourquoi ce sang accumulera-t-il ainsi la vie dans les membres de son fils ? C’est qu’il est le sang de la douleur, et que la douleur n’est point sans la vie, puisqu’elle n’est qu’une contraction de la mort contre la vie, et de la vie contre la mort ; voilà pourquoi plus il y a de douleurs plus il y a de vie, voilà pourquoi ce sang de l’alliance est si souffrant puisqu’il est composés des ténèbres et de la lumière de la corruption et de la santé, de la nature et de la Divinité, du temps et de l’éternité. Nouvel Homme 10

Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences, et que je te parle tant d’exhortation et d’avertissement. C’est que j’ai sondé la science, et que j’ai sondé l’exhortation. La science est grande, elle est fille de la lumière, elle est l’éclat vivant du soleil éternel ; mais elle ne veut pas connaître d’autre organe et d’autre voie que le coeur de l’homme : quand on la force de se présenter par une autre entrée, elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu’elle le peut. Aussi, homme, mon ami, si l’on t’avait communiqué le tableau universel de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées, présentes et futures, tu pourrais encore n’avoir pas fait un pas si tu n’avais commencé par ouvrir ton âme à l’esprit de la vie, et à ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton âme à cet esprit de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière et de la science. Nouvel Homme 11

D’ailleurs, veux-tu voir par toi-même les effets de cette science si respectable, et combien elle a peu profité aux hommes ? La terre est remplie des monuments de cette science Divine, et des immenses développements qu’elle n’a cessé de fournir depuis le commencement du monde ? Tout a été écrit, dit, publié ; il n’y a point de profondeur ici-bas qui n’ait été sondée, il n’y a point de secret qui n’ait été découvert, point de lumière qui n’ait été manifestée; les hommes regorgent de trésors en ce genre, ils en sont inondés, entourés, encombrés ; et cependant quel chemin leur vois-tu faire dans la carrière de la vérité et de la paix ? Ils croient leur coeur en sûreté, dès que leur esprit voit des rayons de lumière ; et ils ne songent pas que sans le secret et douloureux médicament, ils ne font, avec toutes leurs clartés, que se jeter plus sciemment dans le précipice. Nouvel Homme 11

Ressouviens-toi aussi que tous les décrets de ce conseil céleste ne peuvent avoir pour but que la paix, la gloire, le bonheur, et l’extension du règne de la vie ; ainsi, dès que dans toi le conseil céleste veut bien prononcer de pareils décrets, chacun de tes pas et de tes mouvements doit être une victoire, une exécution de quelque jugement Divin, une délivrance de quelque esclave, et un accroissement du règne de la lumière ; et toutes ces oeuvres sont autant d’hymnes à la gloire de celui qui est venu en délibérer en toi, et les décréter, et qui veut bien t’en confier l’opération pour te transmettre, par ce moyen, des étincelles de cette joie Divine, et immortelle qui est l’élément primitif de ton existence. Prends courage, l’entreprise demande des soins et de l’attention, mais en peu de temps, tu te sentiras dédommagé de tes peines, et tu te diras : comment Dieu ne serait-il pas un être incompréhensible, puisque je sens que l’homme a aussi ce privilège, et que pour qu’il pût être connu de ses semblables, quand il est rentré dans sa loi, il faudrait que les cieux et la terre fussent renouvelés pour eux, sans quoi il n’est à leurs yeux qu’une masse muette et sans valeur ? Nouvel Homme 13

Voilà ce que l’homme peut espérer quand il persévère avec constance dans sa prière, et qu’il ne s’arrête pas aux illusoires obstacles que l’ennemi lui présente sans cesse comme étant des obstacles insurmontables. Une ferme confiance dans le feu sacré qui nous anime ; une plus ferme confiance encore dans la source d’où ce feu dérive, et qui ne peut cesser de diriger ses regards, sa chaleur et sa lumière sur lui, font bientôt disparaître ces faibles attaques de notre ennemi, qui n’ont de forces que dans notre pusillanimité, et notre défaut de résolution. Nouvel Homme 14

Tiens-toi sur tes gardes au milieu de toutes ces insinuations ; il y aurait là plus de paresse que de vertu, plus de défiance que de véritable courage, plus de ténèbres que de lumière ; remplis-toi d’abord de la profonde persuasion, que la vérité l’emporte sur le mensonge, comme la vie l’emporte sur la mort ; remplis-toi de la profonde persuasion que par ta simple conduite régulière et attentive, l’ennemi n’aura plus sur toi qu’une frêle influence en ce qu’elle ne trouverait plus de base pour s’y fixer, et s’y attacher ; remplis-toi de la profonde persuasion que tu es né dans la vie, que tu n’existes que dans la vie, et par la vie, et que tu dois retourner à la vie; enfin remplis-toi de la profonde persuasion que la vie universelle et sacrée, ne cherche sans cesse qu’à réchauffer tout ton être, et à la maintenir dans l’harmonie active et efficace de toutes les facultés qui le constituent. Nouvel Homme 14

Voilà comment la parole Divine voudrait se faire entendre à toutes les régions de l’univers, en leur répétant sans cesse par ta voix : Lazare, levez-vous ; car si c’est la voix de l’homme qui a versé le crime et le poison sur l’univers, c’est la voix de l’homme qui doit y reporter la lumière, la sagesse, la mesure et l’harmonie. C’est là ce nouvel homme après lequel languissent les soupirs de la Divinité ; c’est là ce nouvel homme qu’il faut rappeler de toute langue, de toute nation, de toute tribu afin qu’il vienne adorer dans Jérusalem ; c’est là ce peuple saint, cette nation choisie dont les enfants doivent avoir, selon les prophètes, des reines mêmes pour nourrices, et qui doit voir les rois baiser la poussière de ses pieds : Isaïe 49:23. Nouvel Homme 15

EH bien ! Il faut que cette oeuvre sainte s’opère en nous, pour que nous puissions dire que nous sommes admis au rang des sacrificateurs de l’éternel. L’arche sainte est en captivité en nous. Des impies qui ne savent pas distinguer la lumière d’avec les ténèbres, retiennent cette arche sainte dans leurs demeures d’iniquité ; ils lui font mille outrages ; ils ne se contentent pas de la mettre en parallèle avec leurs fausses divinités, ils veulent qu’elle soit pour ces fausses divinités un objet de dérision ; ils veulent qu’elle soit leur esclave ; ils veulent qu’elle soit comme rien devant des divinités qui ne sont elles-mêmes que le néant. Nouvel Homme 16

Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16

Présente-toi avec la même assurance à la région divine, et la vertu attachée à l’arche sainte te fera ouvrir les portes éternelles, et fera descendre sur toi quelques écoulements de ces influences vivifiantes dont se remplissent à jamais les demeures de la lumière. Cette arche sainte en deviendra elle-même le premier réceptacle, et elle te fera jouir des promesses destinées à ceux qui auront fait un usage courageux du médicament d’amertume, d’où dépend notre universel renouvellement. Elle deviendra l’organe des oracles sacrés, et il suffira que tu te mettes en sa présence pour les entendre ; car la voix de notre Dieu est une voix vive qui ne s’interrompt plus dès l’instant qu’elle a commencé ; et les sons de cette voix ne tendent qu’à remplir toute l’universalité de leur douceur enchanteresse, et si incomparable, que nous ne pouvons la concevoir tant que tout notre être n’a pas acquis entièrement une nouvelle substance, et n’est pas transformé dans toutes ses parties en une espèce d’écho Divin. Nouvel Homme 16

Alors tous ces docteurs qui t’avaient séduit et égaré, seront eux-mêmes dans l’étonnement en apercevant l’empire de la parole de ton fils, et combien la lumière qu’il répand a d’analogie avec notre clarté naturelle. Chaque jour ils feront eux-mêmes de nouvelles découvertes à la lueur de ce flambeau qui brillera devant eux et tu auras le plaisir de voir bientôt en toi mille peuples se convertir par ses discours et ses instructions, et devenir de sincères adorateurs de la vérité, de façon que tu ne tarderas pas d’être à toi seul une grande famille de fidèles qui ne cesseront d’élever jour et nuit des temples à la gloire du suprême auteur, dominateur et régulateur de tout ce qui existe. Nouvel Homme 17

Tu ne comprends pas plus que Marie ces paroles ; mais fais comme elle, conserve toutes ces choses dans ton coeur. Elles t’apprendront que ce qu’il y a encore de matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l’esprit, et qu’il doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres qui t’enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères, tant que ton oeuvre n’est pas parvenue au complément de sa maturité. Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse, et ce fils chéri qui t’est né, comme Marie ne put méconnaître les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils ; mais tu ne peux pas plus qu’elle concevoir la marche cachée de ce fils de J’esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu’à ce qu’il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné. Nouvel Homme 17

Les temps viendront où l’oeuvre trine s’accomplira sur ce nouvel homme, où l’action et le nom de l’esprit, l’action et le nom du fils, l’action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront dans ce nouvel homme, de manière à n’offrir à la fois, dans toutes les dimensions de son être, qu’une seule action, qu’un seul nom, qu’une seule opération, qu’une seule multiplication qui placera l’homme continuellement au milieu de l’atmosphère de la vie, et qui le rendra si redoutable à ses ennemis, qu’ils fuiront devant lui, comme les ténèbres fuient devant l’astre du jour, et vont toujours se cachant, comme étant frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur de sa lumière. Nouvel Homme 18

Faites place à l’esprit ; il vient apporter à la base du temple tous les moyens d’élever à demeure son édifice, et de le faire subsister intact malgré la jalousie des Samaritains, et il fera que ce temple s’attirera le respect et l’admiration de tous les peuples. Comment cette admiration pourrait-elle avoir lieu, comment cet édifice pourrait-il être si majestueux, si l’éternel architecte n’en avait lui-même fourni les plans, et tracé les diverses distributions, et s’il ne l’engendrait continuellement de sa propre source ? C’est pour cela que son esprit vient apporter jusqu’à notre centre le plus intérieur, les paroles vivantes qui se réactionnent mutuellement par leurs diverses puissances et propriétés, et font sortir d’elles-mêmes cette lumière, et cette vie qui assure une éternelle durée à ce temple qu’elles ont bâti de leurs propres mains. Nouvel Homme 19

L’influence qui vient d’en haut est au contraire le plus souvent sans forme ; elle précipite en bas tout ce qui est irrégulier et ténébreux ; elle presse tous nos principes d’activité, et les fait passer de force au travers de nos substances composées et corrompues pour les dissoudre, et faire paraître la lumière là où il n’y avait que ténèbres; voilà pourquoi cette influence supérieure nous donne tant de divers moyens de monter au dessus de notre état ordinaire ; pourquoi elle développe en nous tant de facultés dont notre matière ne peut avoir ni la jouissance, ni la connaissance, et pourquoi ces diverses propriétés dont nous sommes susceptibles se manifestent par des rayons aigus et acérés comme ceux de la lumière et du feu. Nouvel Homme 20

21. Comme images de l’unité universelle, nous devons établir universellement des unités en nous, si nous voulons faire des progrès dans l’éducation du nouvel homme. Car dans notre oeuvre générale comme dans toutes nos oeuvres particulières, nous n’obtiendrons rien de permanent, nous ne produirons rien de parfait, nous ne jouirons d’aucune paix, ni d’aucune lumière réelle, si tout ce que nous obtenons, tout ce que nous produisons, tout ce dont nous jouissons, n’est pas le fruit et le résultat d’une unité. C’est peut-être ici l’avis le plus salutaire que nous puissions recevoir dans ce bas monde. Nouvel Homme 21

Ne craignons point de le dire : c’est une faveur de cette sagesse infinie qu’elle suspende ainsi sa jonction avec nous, et qu’elle diffère de lever le voile du temple jusqu’à ce que nous soyons plus forts pour soutenir l’éclat de sa lumière ; car non seulement elle nous éblouirait, mais cela pourrait aller jusqu’à nous faire perdre la vue. Nouvel Homme 21

En voici la raison. Tu es toi-même un être réel, et qui tient, sans aucun doute le rang le plus distingué parmi les réalités émanées ; lors donc que tu uses des droits de ton être, et que tu essaies d’en développer les privilèges, tu te lies par là à d’autres réalités supérieures à toi pour un temps, plus libres que toi parce qu’elles n’ont point été coupables et ne subissent point d’expiation, enfin plus élevées que toi au-dessus de ce temps qui fait ton supplice, et qui te sert de prison. En te liant à elles, tu te lies en même temps à leur liberté selon tes forces, selon tes degrés de régénération, et selon les mesures de miséricorde qui te sont accordées. Ainsi donc en te liant à elles, elles te saisissent, et te font planer avec elles dans ces cercles spacieux, où tu trouves les voies si douces, puisqu’il ne s’y rencontre aucun obstacle, et que tout y est plein de lumière. Nouvel Homme 26

La matière se précipite au-dessous de l’esprit, l’esprit s’élève au-dessus de notre corps ténébreux ; il se fait en nous un partage du pur et de l’impur, et une unité supérieure nous découvre un vaste champ. Sans son divin secours, l’homme rampe comme dans la fange. À peine, du fond de son antique demeure, peut-il découvrir au loin quelques rayons de la céleste clarté, et son oreille épaisse et dure ne soupçonne pas même l’harmonieux concert que les enfants de la lumière forment devant le trône de l’Eternel. Mais, dès que cette vie suprême a laissé tomber sur l’homme sa rosée vivifiante, quelles paroles peindraient les douceurs et les consolations qui l’attendent ? Quelles paroles pourraient faire comprendre l’état de la pensée du nouvel homme, lorsqu’il se trouve livré à la contemplation des oeuvres de la sagesse, et à la jouissance des ineffables ravissements qui saisissent son âme, pour peu qu’elle approche de l’atmosphère de l’éternité ! Nouvel Homme 26

Oui, nouvel homme, ce sera par cette justice et cet hommage rendu au souverain principe que tu te maintiendras dans ce séjour du repos et de la lumière. Ce sera par là que tes forces s’accroîtront et se soutiendront, ce sera par là que quoiqu’au milieu du temps, tu t’oublieras au-dessus du temps dans les saintes contemplations des merveilles qui se découvriront à ton être, et qui te surprendraient autant que ta propre naissance, si tu n’étais pas préparé à ces prodiges par le sentiment de ton existence divine. Nouvel Homme 26

Ils te donneront aveuglément ce qui leur est donné, sans qu’ils en puissent prévoir les conséquences, et sans qu’ils sachent si ce sera pour ton avantage ou pour ta ruine ; parce qu’ils sont aveugles eux-mêmes, qu’ils ne devraient être que les organes de la lumière, et que si tu ne prends pas les plus grandes précautions pour préserver ces organes mêmes de tous les mélanges qui les menacent, ils pourront se transformer en principes à tes yeux, et prendre devant toi le titre et les caractères du maître, tandis qu’ils n’ont été envoyés que pour être les serviteurs ; heureux encore si ce ne sont pas leurs ennemis mêmes qui viennent siéger sur leur trône, et t’entraîner ainsi de la méprise à la superstition, de la superstition à l’idolâtrie, de l’idolâtrie à l’iniquité et à l’abomination ! Nouvel Homme 27

Accoutume-toi aussi d’avance à embrasser par un grand coup d’oeil le cercle que tu dois parcourir, et qui, non seulement comprend l’éternité, et le temps, avec toutes les causes de tout genre qui le font mouvoir mais encore toutes les lois que cette sagesse éternelle a envoyées à l’homme dès l’instant de sa chute, qu’elle déroule successivement devant lui, à mesure que tourne la roue des siècles, et dans lesquelles il peut toujours reconnaître le même esprit, le même amour, la même justice, la même bienfaisance, soit qu’il observe ces lois dans leur premier âge, soit qu’il les observe dans leurs divers états de développement ; car c’est l’unité qui les a dictées, c’est aussi l’unité qui les dirige, qui les fait croître, et qui leur fait manifester leur lumière, lorsque le temps en est arrivé. Nouvel Homme 28

Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28

Soleil divin, toi dans qui tous les esprits et toutes les âmes ont puisé leur existence, toi qui domines sur le centre de notre monde spirituel, comme le Soleil élémentaire domine sur le centre de notre globe, à toi seul appartient le pouvoir d’éclairer à la fois, comme lui, tous les points de notre atmosphère, et de balancer le poids des ténèbres par l’abondance et la vivacité du jour que tu répands sur toutes les parties de la région divine que nous habitons ; à toi seul appartient le pouvoir de nous communiquer même cette portion de lumière que tu charges notre âme de verser ensuite sur les divers climats spirituels où tu nous attaches. Nouvel Homme 28

29. Nous ne sommes encore parvenus dans cet écrit que jusqu’au second âge du nouvel homme, et nous n’avons point encore ouvert l’entrée du règne divin, parce que le nouvel homme est encore dans sa croissance, et n’a point atteint l’âge de sa virilité ; pendant qu’il croit, faisons ici sur le règne prophétique une observation essentielle : c’est que les esprits de Python n’ont point agi sur les patriarches et sur les prophètes, comme ils l’ont fait dans tous les temps sur le genre humain. Abraham, Jacob, Noé, Moise, David, Ezéchiel, Jérémie, Daniel, ont suivi la voie naturelle dans mille circonstances de leur vie, où la lumière supérieure se reposait pour eux. On leur montrait les événements prophétiques les plus éloignés, on leur montrait souvent même en songe, et puis on les livrait à la loi du temps, et aux ténèbres naturelles qui enveloppent toute la famille humaine. Nouvel Homme 29

Quant à ceux qui furent dépositaires de la loi sacerdotale, ils avaient le droit de consulter le Seigneur, et d’appliquer l’Ephod, et le Seigneur seul leur répondait. Mais ces privilèges s’étant affaiblis par les iniquités des prêtres et le règne prophétique n’ayant eu qu’un temps, les nations de la terre se sont laissé engloutir à la fois et dans les ténèbres, et dans les abominations pythoniques. Ne doutons pas même qu’à la fin des temps ces abominations ne deviennent comme universelles, et que les nations ne descendent presque toutes sous la direction d’esprits particuliers et inférieurs, qui n’étant point liés à la grande source de la lumière, égareront les hommes chacun de leur côté. Il naîtra une multitude de sciences, de sectes, de prodiges, et de faits merveilleux qui se combattront les uns et les autres. C’est là le sens de l’Évangile : On verra s’élever peuple contre peuple, royaume contre royaume. Nouvel Homme 29

Le nouvel homme a déjà vu briller trop clairement en lui sa propre lumière de son essence pour ne pas échapper à de pareils pièges. Il dira avec David (Ps. 15:7, etc.) : « Je bénirai le Seigneur de m’avoir donné l’intelligence et de ce que, jusque dans la nuit même, mes reins m’ont repris et instruit. Je regardais le Seigneur, et l’avais toujours devant mes yeux, parce qu’il est à mon côté droit pour empêcher que je ne sois ébranlé. C’est pour cela que mon coeur s’est réjoui, et que ma langue a chanté des cantiques de joie, et que de plus, ma chair même se reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption. Vous m’avez donné la connaissance des voies de la vie, vous me comblerez de joie en me montrant votre visage des délices ineffaçables sont éternellement à votre droite. » Nouvel Homme 29

En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29

Or, le moindre rayon de sa parole suffit pour opérer en nous ce prodige, pour nous remplir tout entiers de force, d’amour et de lumière, et substituer en nous des vertus et des facultés caractérisées, à la place de cet état ténébreux, et insignifiant qui est le propre de la région que nous habitons ; et c’est le rayon de cette parole que nous nous efforçons soigneusement de repousser de nous, comme s’il devait nous donner la mort. Nouvel Homme 31

C’est donc par cet esprit d’humilité, de justice, et de courage que le nouvel homme va être poussé dans le désert ; là, avec la lumière qu’il vient de recevoir, il va parcourir les plus profondes retraites de son être, et il ne se reposera ni jour ni nuit, qu’il n’en ait éloigné toutes les immondices, tous les malfaiteurs et tous les animaux nuisibles. Nouvel Homme 32

N’oublie pas qu’il y a deux portes dans le coeur de l’homme ; l’une inférieure, et par laquelle il peut donner à l’ennemi l’accès à la lumière élémentaire, dont il ne peut jouir que par cette voie ; l’autre, supérieure, et par laquelle il peut donner à l’esprit renfermé avec lui l’accès à la lumière divine qui ne peut ici-bas lui être communiquée que par ce canal. Si au lieu d’ouvrir la porte supérieure pour la consolation de l’ami qui est renfermé avec toi dans ta prison, tu ouvres la porte inférieure, et que tu donnes accès en toi à ton adversaire, tu deviens un champ de bataille où ton ami fidèle, déjà en privation par sa charité pour toi, est encore exposé tantôt à un combat cruel, tantôt à des attaques déchirantes, quand il voit que tu te déclares aussi contre lui, et toujours à une situation lamentable par l’horrible voisinage que tu lui as procuré, et par la malheureuse nécessité où il est par ta négligence, ou par tes crimes, de demeurer auprès de son ennemi, et du tien, de se trouver renfermé dans la même enceinte, de le voir journellement te corrompre par son infection, et d’être obligé de respirer ces influences pestilentielles. Nouvel Homme 33

Car, c’est là la tâche qui nous reste à remplir depuis que la faiblesse de l’homme primitif a laissé pénétrer l’iniquité dans nos domaines ; lorsqu’il mangea de l’arbre de la science du bien et du mal, il rassembla, près l’un de l’autre, son être qui habitait dans la lumière, et son adversaire qui habitait dans les ténèbres ; c’était cette réunion monstrueuse que la sagesse divine voulait empêcher, en le prévenant de ne point manger de cet arbre de la science du bien et du mal, qui devait lui donner la mort ; c’est donc la rupture d’une pareille association que nous devons opérer aujourd’hui, si nous voulons nous mettre en état de manger des fruits de l’arbre de vie, sans commettre la plus abominable des profanations. Nouvel Homme 33

Tel était l’esprit des trois tentations par lesquelles il attaqua le Réparateur ; il ne cherchait, sous l’apparence de la piété et de la foi, qu’à faire descendre les vertus divines dans sa région, et à les faire employer à un usage faux, afin que les fruits en fussent tous à l’avantage de ses vues cupides et criminelles. Tel était, dis-je, l’esprit de ces trois tentations, parce que ce prince dés ténèbres ne marchant point dans la lumière, ne peut connaître que la même route erronée qu’il a suivie dès le commencement, et il attaquait le Réparateur, comme il avait attaqué le premier homme, et comme il attaque journellement tous les mortels. Nouvel Homme 34

Rappelons-nous qu’il n’y a pas un seul point de l’être de l’homme sur lequel ces sublimes paroles ne doivent se prononcer, et que Dieu ne demande autre chose, sinon que le nouvel homme soit en état de les entendre continuellement. Nous avons été déjà trop loin pour être étonnés de cette merveilleuse miséricorde. La grandeur de l’homme est un témoignage évident de la grandeur de l’oeuvre de Dieu envers la malheureuse famille humaine; et réciproquement la grandeur de l’oeuvre de Dieu est une démonstration de la grandeur de l’homme. Cette oeuvre est telle qu’il suffirait de la contempler et de l’apercevoir pour renaître, et pour nous rétablir dans les régions saintes de l’amour et de la sagesse, de manière que non seulement le monde des ténèbres et des illusions disparût pour nous, mais que même tous les mondes de lumière semblassent se trouver dans notre âme, comme ils se trouvent dans la pensée de Dieu. Nouvel Homme 34

36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36

« Vous pouvez honorer Dieu par vos prières, mais vous pouvez l’honorer encore plus par les services que vous vous rendrez à vous-mêmes en son nom, et dans l’esprit de sa gloire et de la manifestation de sa lumière, car ces sortes de services seront pour lui, au lieu que vos prières sont principalement pour vous, et comme des préservatifs contre les dangers qui vous menacent et des appuis contre les faiblesses qui vous rongent. » Nouvel Homme 37

« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37

« Toutes les fois que votre esprit se sentira dans l’indigence, et dans le besoin, présentez au Réparateur le dénombrement des grâces antérieures qu’il vous a faites. Dites-lui : « Je suis celui à qui vous avez remis telle et telle dette, je suis celui que vous avez fortifié dans telle occasion, je suis celui en qui vous avez développé telle lumière, je suis celui que vous avez préservé dans telles circonstances, je suis celui que vous avez étonné tant de fois par la douceur si inattendue de vos joies toujours nouvelles ; enfin je suis celui pour qui vous avez fait, et pour qui vous faites encore de continuels miracles de miséricorde, et d’allègement dans nos peines, dans nos dangers, et dans nos ténèbres. Il reconnaîtra ses propres oeuvres dans ce dénombrement que vous lui présenterez, et il s’approchera encore davantage de vous, afin que vous puissiez parvenir un jour à demander en son nom, à son père, tous vos besoins. » Nouvel Homme 37

« Ne vous attachez qu’aux désirs que la sagesse vous envoie : vous les connaîtrez au calme qu’ils feront naître dans votre coeur, et à la lumière qui les accompagnera, puisqu’ils seront les fils de la lumière, et que la sagesse n’envoie jamais des désirs au coeur de l’homme, sans lui envoyer, en même temps, tous les moyens de les satisfaire, parce qu’elle est l’unité, parce qu’elle n’opère, et n’engendre que l’unité, et qu’elle ne peut agir que dans ses propres lois qui sont toutes liées dans cette unité. Défiez-vous donc des désirs qui ne viendront que de votre propre sagesse. Vous les reconnaîtrez aux mouvements impétueux, et inquiets qu’ils exciteront en vous, de même qu’aux innombrables difficultés dont leur accomplissement se trouvera hérissé, et qui ne pourra jamais avoir lieu sans retarder, au moins pour un temps, votre avancement dans la carrière simple et libre de la vérité. » Nouvel Homme 38

« Pressez-vous de faire votre oeuvre, fût-ce même avant son temps, s’il était possible ; non seulement vous acquerrez par là les moyens d’obtenir de plus grandes richesses dans les possessions de la lumière, et de l’esprit, mais vous pourrez encore jouir paisiblement du repos pendant la chaleur du jour, tandis que ceux qui auront été moins actifs, ainsi que ceux qui se seront abandonnés à l’insouciance, et à la négligence, seront obligés de supporter tant de fatigues, que peut-être ils n’y résisteront pas, et finiront par être réduits à la disette, et à une effroyable misère. » Nouvel Homme 38

C’est ainsi que le nouvel homme, assis sur la montagne, versera dans lui-même la lumière d’en haut et qu’il s’enseignera avec une doctrine intérieure et vivante, et non pas avec une doctrine extérieure, morte et superficielle, comme font les docteurs et les Pharisiens. Nouvel Homme 38

Malheur à l’âme humaine qui, après avoir ainsi renouvelé son alliance avec l’esprit, et la parole du Seigneur, ne tremble pas de respect pour la mission dont elle est chargée, et ne remplit pas avec une sainte faveur, toutes les fonctions de son ministère ! Malheur à elle si, ayant obtenu de nouveaux pouvoirs, et des dons plus vastes pour faire descendre plus abondamment sur elle, et dans sa région, les grâces, et les frayeurs de la parole, .et de l’esprit du Seigneur, elle use de ces dons avec des désirs qui ne soient pas ceux de l’esprit même, avec une foi qui ne soit pas celle de l’amour et de la lumière, et avec des facultés qui ne soient pas entièrement, et exclusivement dévouées à l’oeuvre qu’elle doit accomplir sur la terre ! Elle se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur (1ère Corinth. 11:27) ; elle mangera et boira sa propre condamnation, elle deviendra faible et malade, et tombera dans le sommeil. Nouvel Homme 39

40. Voici le moment où le nouvel homme à l’instar des disciples du Réparateur, va aller prêcher dans les villes et dans les villages d’Israël qui est la terre de l’homme ; voici le moment où au nom de l’esprit, il pourra retracer l’élection de douze disciples, en développant en lui les dons qui brillèrent dans les douze envoyés par le Réparateur. Il offrira, en lui-même, un reflet de cette élection, en raison du pouvoir secret, et de l’opération continue quoiqu’invisible d’une ancienne loi qui a établi primitivement douze canaux pour la communication de la lumière, de l’ordre, et de la mesure parmi les nations ; loi à laquelle tous les dispensateurs des lois divines ont été fidèles, et qui a été observée dans tous les temps, même de la part des simples sectateurs des sciences élémentaires qui ont universellement consacré douze signes dans les régions du firmament matériel. Nouvel Homme 40

Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu ; espoir le plus consolant que l’homme puisse attendre ici-bas, puisqu’avec les notions qu’il peut avoir déjà acquises par tout ce qui a précédé, il connaît les immenses trésors renfermés en lui, et doit être tout ému d’admiration en présumant ce qu’il sera un jour, lorsque se seront faites toutes les révélations de toutes les merveilles qui sont encore scellées dans son sein, et qui le rendront resplendissant comme la lumière, actif comme le feu, et pur comme la vérité. Nouvel Homme 40

Cependant ces merveilles qui seront un jour découvertes dans l’homme ne sont encore que les images et les représentations de celles qui paraîtront à ses yeux, lorsque le souverain être, dont il est la ressemblance, aura découvert tout ce qui est caché de lui pour nous, soit dans les diverses enveloppes du temps, soit au-delà de cette borne universelle qui met un voile si épais entre nos yeux spirituels, et le royaume de la lumière. Nouvel Homme 40

Faites donc ce qui fut recommandé aux disciples du Réparateur. « Dites-vous donc à vous-mêmes dans la lumière de ce qui vous a été dit dans l’obscurité, prêchez en vous sur le haut des maisons ce qui vous aura été dit à l’oreille. Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme, mais celui qui peut perdre dans l’enfer et le corps et l’âme ; il ne tombe pas un passereau sur la terre, sans la volonté de votre père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. » Nouvel Homme 40

Que votre passion la plus active soit d’avancer ainsi le lumière dans tout votre être, afin que ce qui est encore caché en vous soit découvert, et que par vous ensuite se découvre et se manifeste ce qui est caché dans Dieu et dans l’univers ; parce qu’il est écrit : quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes (à commencer par tout ce qui dans votre intérieur), je le reconnaîtrai aussi devant mon père qui est dans le ciel ; et quiconque me renoncera devant les hommes, je le renoncerai aussi devant mon père qui est dans le ciel. Songez que ce père et ce ciel sont en vous, et que chaque jour de votre vie, ces paroles peuvent avoir pour vous leur accomplissement. Prenez donc garde de faiblir dans votre oeuvre, par la lâcheté, par des considérations inférieures, ou par le défaut de confiance en celui que vous devez reconnaître dans tous les points des facultés qui vous constituent. Il est dit : Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi, celui qui conserve sa vie la perdra, et celui qui perd sa vie pour l’amour de moi la conservera ; parce que les peines, les travaux, et les afflictions, sont cette violente compression par laquelle seule se peut exprimer de toutes parts la substance divine qui est en vous, et qui n’en peut sortir et se faire connaître que par une salutaire contraction. Nouvel Homme 40

Oui, vous pourrez dire : voilà cet ami fidèle qui ne m’a point quitté dans ma détresse et dans ma douleur, et qui a été mis en prison à cause de moi ; voilà celui dont le baptême spirituel et physique m’a rendu un nouvel homme, voilà le précurseur qui a crié dans le désert à tout mon peuple : rendez droites les voies du Seigneur. Il est plus qu’un prophète, puisque les prophètes n’ont annoncé la lumière que sous des voiles et des images qui n’en étaient que comme des ombres, au lieu qu’il a montré et indiqué lui-même cette lumière, et l’a fait toucher au doigt, comme saint Jean découvrit au monde le Réparateur, lorsqu’il dit en le voyant venir : Voici l’agneau de Dieu. Voici celui qui ôte les péchés du monde. Il est plus qu’un prophète en ce que, comme saint Jean, c’est par sa bouche qu’a passé l’annonce et le signalement du salut des nations. Nouvel Homme 41

Voilà pourquoi entre tous ceux qui sont nés des femmes ou de la douleur, de la justice, et de la condamnation aux privations, il n’y en a point de plus grand que lui, puisqu’il est venu pour servir de précurseur au règne de la lumière, et pour vous introduire dans les sentiers de la vie ; mais l’homme nouveau, c’est-à-dire, celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui, attendu que cet homme nouveau, au lieu d’être né de la douleur, de la justice et de la condamnation, est né de la consolation, de l’amour, de la miséricorde, et de la grâce, et qu’au lieu de n’être que le précurseur de la vie et de la lumière, il vous apporte lui-même cette vie et cette lumière qu’il a reçues de son père et dont il a établi l’organe et le dispensateur. Nouvel Homme 41

Or, quelle est cette foi tant recommandée par le Réparateur ? C’est celle qui s’est développée dans le nouvel homme, c’est celle qui repose sur le sentiment de la sainteté et de la force de son être, quand par sa fidélité aux mouvements secrets que nous recevons tous, il aura obtenu que la main bienfaisante de la sagesse vienne le délivrer de ses ténèbres, et rompre ses chaînes, pour lui faire connaître les régions de la vie et de la lumière qui sont en lui, et qui étaient seulement enveloppées de nuages. Mais de même qu’un seul rayon du soleil qui perce au travers des nuages suffit pour dissiper l’obscurité, de même le moindre rayon de notre être qui peut sortir de ses gouffres et de ses abîmes est suffisant pour nous éclairer sur l’étendue de nos possessions, pour découvrir à nos yeux tous les plans des ennemis qui sont sans cesse occupés à ravager notre terre, et pour nous donner la force de renverser tous leurs projets. Voilà pourquoi le Réparateur disait à ses disciples que s’ils avaient de la foi gros comme un grain de sénevé, ils diraient à une montagne de se jeter dans la mer, et elle s’y jetterait ; ce serait le combat de la vie contre la mort ; il ne serait donc pas étonnant que la mort eût tous les désavantages, et que la vie eût tous les triomphes. Nouvel Homme 42

Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43

Le nouvel homme éclairé de la même lumière, expliquera sans cesse la tradition par la loi, la lettre par l’esprit, et l’esprit par a volonté du suprême auteur des choses. Ce nouvel homme n’oubliera donc pas que ce n’est point au temple à prescrire la loi et les formes des sacrifices qui doivent s’opérer dans son sein, que c’est au temple à recevoir cette loi et ces sacrifices, tels qu’il convient au prince des prêtres selon l’ordre de Melchisédech de les lui prescrire ; que ce temple n’a d’autre obligation que de se maintenir toujours dans l’ordre convenable, et d’être prêt à toutes les heures où il plaira à ce prince des prêtres d’y venir offrir son encens. Nouvel Homme 43

Car pourquoi verrions-nous dans ces sources de restauration qui ont été ouvertes, une voie sacerdotale et lévitique, une voie spirituelle et prophétique, et une voie de liberté et de lumière qui ne peut être regardée que comme une voie divine ? Pourquoi verrions-nous dans cet ordre sacerdotal, des Lévites, des prêtres, et un seul grand prêtre ? Pourquoi verrions-nous dans le peuple hébreu qui nous représente toute la famille humaine, un état d’esclavage, un état de combat, et un état de victoires et de triomphes, si tous ces tableaux n’avaient pas pour but de nous donner une instruction qui étendît notre esprit, et qui nous fût applicable à nous-mêmes ? Nouvel Homme 44

La première et la plus pénible de ces trois résurrections que le nouvel homme aura à opérer en lui, est d’arracher de toutes les substances fausses dont il est environné, celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui s’y sont englouties, et pour ainsi dire amalgamées, et qui y sont comme dans un vrai tombeau, où, non seulement, elles ne jouissent point du jour, et de la lumière, mais où elles tendent continuellement vers une effroyable putréfaction ; en effet, il est impossible de concevoir une opération plus douloureuse que celle de séparer ainsi les différents métaux que nous avons laissé souder ensemble, puisqu’il n’y a qu’une fusion entière qui puisse nous y faire parvenir ; niais ce qui paraît au-dessus des forces ordinaires, n’est point au-dessus des forces du nouvel homme, puisqu’il est le fils de l’esprit, et qu’il a bu le médicament salutaire, ou ce puissant dissolvant que Jérémie compare à un marteau qui brise les pierres (23:29). Nouvel Homme 44

Plein de cette salutaire persuasion, le nouvel homme quand il sera faible et fatigué, dira à l’esprit : apposez une de vos forces sur ma faiblesse, et elle la fortifiera. Quand il sera lâche et froid, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances ardentes sur ma froideur, et elle la réchauffera. Quand il sera emporté par son ardeur impétueuse il dira à l’esprit : apposez une de vos substances calmes sur mon impétuosité, et elle la tempérera. Quand il sera dans les ténèbres, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances lumineuses sur mon obscurité, et elle l’éclairera. Quand il sera ébloui par la lumière, il dira à l’esprit : apposez sur mes yeux une de vos substances intermédiaires, et je ne craindrai plus de perdre la vue ; quand il sera environné de ses ennemis, il dira à l’esprit, mettez entre eux et moi un de vos boucliers, et je serai à l’abri de toutes leurs attaques. Quand il se sentira comme suspendu par un fil au-dessus des abîmes, il dira à l’esprit : étendez jusqu’à moi une de vos mains, et je marcherai sur ces abîmes comme sur le plus ferme terrain. Nouvel Homme 45

Oh ! Homme, retourne, retourne vers l’unité ; elle seule te tiendra au-dessus de tous les dangers, parce qu’elle te tiendra au-dessus de toutes les lois, par l’abondance de sa sagesse, et l’immensité de sa lumière. N’imite pas cet aveugle tyran qui tient les nations le col courbé sous son joug. Tu vois que le monde est content, parce que l’esprit se tait en lui, et ne lui demande rien, attendu que le corps y trouve tout ce qu’il demande. N’oublie pas que dans l’ordre vrai, ce serait à l’esprit à avoir tout ce qu’il demanderait, et qu’au contraire ce serait au corps à ne pas oser élever sa voix, et à ne rien demander, mais à attendre, comme un vil esclave, qu’on voulût bien lui donner son nécessaire. Sans cela l’esprit se dégrade en se rendant, lui-même, le serviteur de cet esclave. Ne sommes-nous pas déjà assez dégradés par les soins forcés que nous devons journellement à cette forme matérielle qui nous environne, et par l’obligation où nous sommes réduits de panser honteusement cette bête de somme ? Sang de l’homme, prophétise contre son injustice, et contre son crime ; prophétise que tu es le fardeau de son iniquité. Il paie avec usure ses premiers écarts, depuis que le sang est devenu son vêtement. Ce sang lui avait été donné pour qu’il y noyât tous les sujets de Pharaon, après y avoir passé lui-même à pied sec, comme Israël dans la Mer Rouge ; mais au lieu de se séparer journellement de ce vêtement qui le déshonore, il ne cesse d’y attacher encore de nouvelles marques d’infamies qui puissent achever de rendre l’homme un objet d’opprobre. Nouvel Homme 48

Le nouvel homme l’entend au fond de lui-même ce cantique qui charme l’oreille de la sagesse : « C’est d’en haut que viendra ma force, c’est d’en haut que j’attendrai la lumière ; le poids de la puissance du Seigneur précipite tous les ennemis dans l’abîme, parce que sa puissance contraint l’âme humaine de développer la sienne à son tour, et que la puissance de l’âme humaine est comme un retranchement autour de l’année du Seigneur. » Nouvel Homme 48

49. Ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est arrivé à cette union avec l’esprit, c’est par le feu intérieur de son être qui s’est enflammé, et qui a répandu autour de lui, une lumière semblable à celle où il a pris son origine. La loi de l’affinité a opéré le reste ; et même ce feu de son être intérieur ne s’est allumé que par le souffle doux de la sagesse, qui ne cherche qu’à rendre à chaque chose leurs propriétés. Nouvel Homme 49

Cette multiplicité peut, et doit ralentir l’oeuvre, mais elle ne doit pas l’empêcher de s’accomplir. Toutes les voies de la sagesse sont douces ; elle ne resserre la mesure de nos jouissances, que parce que nous avons resserré la mesure de nos facultés, et que, vu notre actuelle disproportion avec la lumière qui nous était destinée autrefois, nous ne pourrions aujourd’hui, sans périr, la contempler dans tout son éclat. Mais cette lumière se trouve encore assez vive, et assez abondante non seulement pour suffire à nos besoins, mais encore pour combler de délices celui qui met en elle toute son affection. Nouvel Homme 49

C’est pourquoi le nouvel homme a dit avec jubilation, et dans la plénitude de son espérance : « Quand le feu du Seigneur aura enflammé mon coeur, et brûlé mes reins ; quand les hommes de Dieu auront préparé tous les sens de mon âme, quand l’huile sainte aura accompli ma consécration extérieure, et intérieure, alors le Seigneur entrera en moi, il se promènera dans moi, comme autrefois il se promena dans le jardin d’Eden. J’entendrai mon Dieu, je verrai mon Dieu, je concevrai mon Dieu, je sentirai mon Dieu ; il aplanira lui-même les voies par où il voudra faire marcher sa sagesse, il disposera mon coeur pour y pouvoir habiter comme dans un lieu de repos, et quand je voudrai me nourrir des douceurs de la vertu, de l’empire des forces et des puissances, et de la délicieuse contemplation de la lumière, je considérerai le céleste habitant qui demeurera en moi, et il me procurera à la fois tous ces biens. » Nouvel Homme 49

Quand elle a ainsi préparé l’homme, et que l’homme ne l’a point contrariée dans ses desseins, alors elle transporte l’esprit de l’homme dans le séjour de cette lumière où il a pris son origine ; et là, l’homme s’abreuve à longs traits des douceurs qui appartiennent à son existence ; il s’en abreuve sans trouble, et sans inquiétude, comme la sagesse elle-même, parce que, par les soins qu’elle lui a rendus, son coeur est devenu pur comme elle, et indépendant des mouvements si incertains de la fragile roue du temps ; le supérieur, et l’inférieur, se trouvant pour lui dans une parfaite analogie, il sent que la paix qu’il découvre dans ces régions invisibles, se trouve également en lui-même ; il ne sait si son intérieur est dans cet extérieur divin, ou si cet extérieur divin est dans son intérieur ; ce qu’il sent, c’est que tout cela semble n’être qu’un pour lui, c’est que toutes ces choses et lui ont l’air de n’être qu’une seule et même chose. Nouvel Homme 50

Lorsque l’homme rassemble, et concentre ses forces, il sent que la vie divine elle-même ne dédaigne pas d’influer activement sur lui, et de le réchauffer de son feu doux et vivificateur ; cette vie divine qui l’a formé ne craint pas de le former de nouveau ; après l’avoir formé de nouveau elle ne craint pas de venir s’établir en lui, et de le soutenir par ses saintes influences, et après s’être établie en lui et l’avoir soutenu par ses saintes influences, elle ne craint pas de lui communiquer ta joie dont elle est la source, et dont elle se nourrit perpétuellement elle-même. Dans cette opération l’homme prend réellement un nouveau caractère, car il est tellement pénétré de la lumière divine, que son intérieur en est tout resplendissant, et qu’il se forme au-dedans de lui comme un soleil vif et brillant que son corps matériel ne peut connaître, et c’est là un des sens du passage de saint Jean : La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise ; il est venu dans ses possessions, et les siens ne l’ont point reçu. Nouvel Homme 51

L’enfant qui vient de naître, quand est-ce qu’il peut jouir de la vue ? C’est quand la lumière a su se faire jour en lui, et ses yeux une portion d’elle-même, sur laquelle elle va réagir désormais ; jusque-là il est dans les ténèbres. Il en est de même de tous ses autres sens, relativement à la puissance qui doit les mouvoir. Il en est de même aussi de tous les sens de notre esprit, et de notre coeur. Nous serions à jamais restés dans l’engourdissement de toutes les facultés de notre être spirituel, si le divin Libérateur qui a été glorifié, n’avait dissous toutes les vapeurs malfaisantes dont tous nos organes étaient obstrués. Point d’intelligence, point de tact, point de mouvement, point de vie en nous, si ce suprême agent n’avait lancé, dans chacun nos organes intérieurs, et cachés un de ses rayons vivificateurs, sur lesquels il veut ensuite darder continuellement son action, pour nous maintenir avec lui dans cette divine activité dont il est la source, et qu’il nous a appelés à partager avec lui. Nouvel Homme 51

52. Des vertus diverses et nombreuses nous environnent, et cherchent à pénétrer jusque dans nous. Chacune d’elles dirige son souffle salutaire sur l’un de nos organes, de même que par notre parole nous transmettons à ceux qui nous écoutent les différents mouvements dont nous sommes animés. L’une de ces vertus qui est supérieure à toutes les autres, dirige son souffle divin sur le centre même de notre être, et par l’organe de la parole dont elle est le principe, elle transmet en nous sa propre vie, son propre amour, sa propre lumière : Philippe, celui qui me voit, voit mon père (Jean 14:9). Tel est le langage que le nouvel homme peut tenir à ses disciples, à l’instar du Réparateur ; parce qu’il cherche comme lui à transmettre sa propre vie par le souffle de sa bouche et par l’organe de sa parole à toutes les facultés de son être. Nouvel Homme 52

Ce même Jean dans l’Apocalypse nous montre cet agneau sous un rapport encore plus vaste. Il nous le montre immolé depuis le commencement du monde ; il nous le montre ouvrant les sept sceaux, siégeant sur le trône de Dieu, célébrant les noces divines, et servant de lampe et de lumière au temple du Seigneur. Nouvel Homme 52

Par sa limpidité elle laisse passer en elle une immense quantité de rayons de lumière, qui rapprochent de vous les objets les plus éloignés, et vous éclairent sur la nature, et la destination de tout ce qui vous environne. Par sa douceur, elle vous communique des affections si délicieuses, que vous ne trouvez rien sur la terre qui puisse vous en procurer de semblables. Par son activité elle brise en vous les humeurs les plus épaisses, et leur rend cette libre circulation sans laquelle vos jours ne peuvent vous promettre aucune durée ; enfin par sa propriété inflammable elle peut, dans l’instant, porter le feu à la fois dans tout votre être, et mettre en jeu toutes vos facultés spirituelles, et tous les organes de ces facultés. Nouvel Homme 53

Mais ce n’est point à votre enceinte particulière, et individuelle que se bornent les propriétés de cette eau si féconde ; elle peut, par sa qualité inflammable, communiquer son feu à toutes les régions supérieures, parce que cette même eau s’y trouve avec encore plus d’abondance ; quand cette ineffable union s’opère, c’est alors que la clarté deviendrait trop éblouissante pour des yeux qui n’y seraient pas préparés, parce que sept fois plus grande que quand elle ne se montrait que dans vous, et autour de vous, selon cette prophétie d’Isaïe (30:26) : La lumière de la lune deviendra comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus grande, comme serait la lumière de sept jours ensemble, lorsque le Seigneur aura bandé la plaie de son peuple, et qu’il aura guéri la blessure qu’il avait reçue. Nouvel Homme 53

Car combien de signes altérés, trompeurs, et abominables se sont emparés de l’homme ! Combien de puissances fausses pensent en lui, pensent pour lui, et le font penser malgré lui ! Combien de puissances fausses parlent en lui, parlent pour lui, et le font parler malgré lui ! Combien de puissances fausses agissent en lui, agissent pour lui, et le font agir malgré lui, et voilà pourtant cet être dans qui la Divinité devait passer tout entière, et dont il devait être à la fois la pensée, la parole, et l’opération ; voilà cet être qui est la pierre fondamentale sur laquelle le Seigneur a dit qu’il voulait bâtir son Église ; voilà cet être qui à l’imitation du Réparateur dont il est le frère, pouvait dire comme lui : Je suis la lumière du monde (Jean 8:12). Nouvel Homme 54

Il lui dira : Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération et les oeuvres de mes mains, et que mes mains ne deviennent comme gonflées par l’abondance de la justice, et par le zèle de votre service ; je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération intérieure de mon désir et de mon amour, et qu’ils ne deviennent semblables à votre désir et à votre amour. Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration mon intelligence, et ma conception, et que vous ne les rendiez propres à recevoir dans leur pureté les vifs rayons de votre lumière, et de votre vérité, parce que vous avez fait l’âme de l’homme pour être votre voie et votre organe ; et que toute souillée, et tout impure qu’elle puisse être, vous ne dédaignez pas de vous plonger dans ses souillures pour la purifier, et afin qu’après avoir passé en elle dans votre humiliation et votre souffrance, vous y passiez dans votre joie et dans votre gloire. Nouvel Homme 55

En effet, cette action divine et le nouvel homme sont unis par les liens les plus indissolubles ; il ne peut rien sans elle, puisqu’elle est la plénitude universelle, mais elle ne peut rien sans lui puisqu’il est son agent de prédilection ; c’est pourquoi il peut dire : Mon père m’a remis toutes choses entre les mains. Mais s’il se réjouit de ce que son père lui a mis toutes choses entre les mains, c’est moins parce que tous les esprits lui sont soumis par là, que parce que son nom est écrit dans le livre de vie. C’est parce que quiconque l’écoutera, écoutera son père ; c’est parce que telle est l’ardeur de son zèle pour la gloire de son père céleste, qu’il n’aperçoit aucune perspective plus consolante que celle de manifester les merveilles de ce père céleste qui l’a engendré et qui l’engendre continuellement. Aussi au seul éclat de la lumière dont brille ce nouvel homme, la mort et le néant s’enfuiront dans leurs ténèbres. Nouvel Homme 55

Il va même une autre fois jusqu’à louer l’industrie des enfants des hommes à la honte des enfants de lumière qui ne savent pas, comme eux, mettre leurs richesses à profit, et s’en faire des amis pour les temps de détresse. Car si cet économe était coupable par ses injustices, il était remarquable par son adresse, et par son industrie ; et c’était là tout ce que le Réparateur cherchait à réveiller dans l’esprit des hommes, afin qu’après avoir fait usage des dons qui étaient à leur disposition, il leur en fût confié de plus considérables. Nouvel Homme 56

Nouvel homme, nouvel homme, viens dissiper ces sombres nuages ; nous t’avons vu tout à l’heure expliquer le nom du père, expliquer le nom du fils, expliquer le nom de l’esprit, c’est-à-dire, développer activement toutes les merveilles renfermées dans ces riches trésors. Pour quelle raison nous as-tu expliqué ou développé tous ces trésors ? C’est que ces trésors se sont eux-mêmes expliqués ou développés sur toi, c’est qu’ils ont fait briller sur ta tête le signe éclatant de leur lumière, et qu’ils ont embrasé de leur feu tout ton être ; c’est qu’ils ont expliqué et développé le germe sacré qui te constitue, et qu’ils ont rendu la voix à cette pierre fondamentale qui est en toi, et sur laquelle l’éternel Dieu des êtres a promis de fonder son église ; c’est qu’ils ont rendu la voix à tout ce qui te compose, afin que tout ce qui te compose pût célébrer la gloire du Seigneur, à l’image de la créature universelle qui dans chacun de ses mouvements, à chacun des actes de son existence, manifeste la puissance et la glorieuse domination de l’éternel souverain des êtres. Nouvel Homme 56

Qui est-ce qui pourrait soutenir la vue de la majesté de l’homme, s’il se montrait ainsi expliqué et développé par l’active influence des puissants trésors dont il est né pour être la fidèle expression, et dont il est sans cesse environné ! Qui est-ce qui pourrait soutenir l’éclat de la majesté de Dieu qui serait en lui, et qui le rendrait comme une parole universelle se promenant perpétuellement depuis l’orient jusqu’à l’occident, et depuis l’occident jusqu’à l’orient, afin que tout soit plein du nom du Seigneur, et que tous les sentiers de la vie et de la justice soient sans cesse éclairés de la lumière et de la vérité, dans la crainte que ceux qui s’y présenteraient pour y marcher ne fussent exposés aux pièges et aux embûches de l’ennemi qui ne tend qu’à retarder les pas de l’armée d’Israël vers la cité sainte ? Nouvel Homme 56

Ne soyons pas étonnés non plus que tout son être, non seulement devienne brillant et lumineux comme les astres du firmament, mais même qu’il soit tout plein d’yeux comme les roues d’Ezéchiel, puisqu’il doit surveiller tout ce qui l’approche avec de mauvais desseins, et éclairer tout ce qui vient près de lui avec la soif de la lumière. Nouvel Homme 56

Voilà par quels moyens le nouvel homme repoussera sans cesse les insinuations, et les ruses de ses adversaires, et traversera ainsi la mort avec la vie. Car il est écrit qu’il passa au milieu l’eux. Mais ce sera toujours par les lumières de la raison, et de l’intelligence la plus saine, et la plus pure, qu’il saura s’en défendre, et les combattre ; car le nouvel homme est un être qui doit, à tout moment, faire développer en lui, et hors de lui les abondances de la justice, les abondances de la miséricorde, et les abondances de la lumière. Nouvel Homme 57

Car ce n’est que par ces longues et pénibles gradations, que nous pouvons obtenir la renaissance de cet état divin où nous serons, comme si nous nous sentions renaître continuellement, et à la fois dans toutes les sources des innombrables, et douces affections de notre pensée, et de tous nos désirs spirituels. Seigneur, que le feu du ciel vienne en moi consumer les iniquités d’Israël et de Juda ! Que les secousses de ma fragile terre ébranlent les colonnes de Babylone, jusque dans leurs fondements ! Qu’une guerre universelle embrase tout mon être ! Que les astres corruptibles qui l’éclairent perdent leur lumière ! Que les cieux, et la terre périssables qui me composent, soient retournés comme un vêtement ! Qu’il se forme en moi de nouveaux cieux, et une nouvelle terre ! Et que, du sein des débris de cet ancien univers, je voie élever dans les airs le signe de l’éternelle alliance, et l’étendard du triomphateur dans sa gloire ! Nouvel Homme 58

« Quand est-ce que le signe du fils de l’homme paraîtra dans votre ciel particulier ? Quand viendra-t-il en vous avec une grande puissance, et une grande majesté ? Quand enverra-t-il ses anges faire entendre la voix éclatante de leur trompette dans toutes vos régions, et rassembler ses élus des quatre coins de votre propre monde, depuis une extrémité de votre ciel jusqu’à l’autre ? C’est quand votre soleil d’apparence sera rentré dans son obscurité, c’est quand votre lune ne donnera plus sa lumière, c’est quand les étoiles de votre faible firmament tomberont, c’est quand les vertus de vos cieux individuels seront ébranlées ; et que tous les peuples de votre terre de douleur déploreront leur misère, qu’ils s’enfonceront dans les fentes des montagnes, et qu’ils diront à l’univers : couvrez-nous, et dérobez-nous à la colère et à la vengeance du Seigneur. » Nouvel Homme 59

« Vous ne connaîtrez point ce temps par aucune des révolutions de votre être naturel et physique, puisque c’est lui qui doit être immolé aux ténèbres et leur servir de victime ; aussi comme il ne connaît rien aux choses de l’esprit, il suivra aveuglément sa voie obscure jusqu’au jour de son sacrifice, comme au temps de Noé, un peu avant le déluge, les hommes suivaient toutes les lois de la matière, sans penser seulement à ce qui allait arriver. Mais lorsque votre heure sera arrivée, des deux hommes qui vous composent, l’un sera pris et l’autre laissé. Des deux femmes qui sont occupées à moudre en vous, l’une sera prise et l’autre laissée, parce que dans vous l’une de ces deux femmes, ou l’un de ces deux hommes est le partage de l’esprit et de la lumière, et l’autre le partage de la matière et des ténèbres. Veillez donc parce que vous ne savez à quelle heure votre Seigneur doit venir, « car sachez que si le père de famille était averti de l’heure à laquelle le voleur doit venir, il est sans doute qu’il veillerait, et qu’il ne laisserait pas percer sa maison. » Nouvel Homme 59

Qu’est-ce que c’est que cet homme portant une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite. Qu’est-ce que c’est que cette chambre haute où la Pâque doit se célébrer ? C’est la pensée de l’homme qui est revêtue du privilège de se montrer parmi les nations comme la région la plus sublime du temple immortel que l’esprit saint s’est proposé d’habiter. Qu’est-ce que c’est que ce maître qui envoie demander où est le lieu où il mangera la Pâque avec ses disciples ? C’est l’esprit du nouvel l’homme lui-même, qui vient visiter l’âme humaine pour lui rendre la vie et la lumière, mais qui sachant que cette âme humaine est un être libre, ne veut habiter chez elle que de son propre consentement, malgré tous les biens et toutes les richesses dont il vient la favoriser. Nouvel Homme 60

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne… Que votre coeur ne se trouble et ne s’épouvante point… Vous avez ouï que je vous ai dit : Je m’en vais et je reviens à vous. » Il nous laisse la paix de l’espérance, et cette paix est réelle, puisque c’est la sienne elle-même. Il ne nous la donne point comme le monde la donne, puisque la paix du monde n’est qu’une obscurité qui nous conduit toujours par des routes ténébreuses pour ne nous faire arriver qu’à des déceptions ; au lieu que la paix du consolateur ou de l’esprit qui naît en nous est une paix vive, une paix de feu qui devient chaque jour plus claire, et qui ne doit se terminer que par la splendeur de la lumière. Nouvel Homme 61

Vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, et moi en vous. De la part de la vérité, cette simple invitation a un effet actif, parce qu’elle ne peut avoir lieu que par la manifestation de la parole, et que la parole de la vérité ne se prononce point sans répandre autour d’elle la pureté dont elle est le principe ; aussi c’est être déjà pur que d’avoir entendu la parole ; voilà pourquoi celui qui l’a entendue, et qui ne la pratique pas sera sans excuse, puisqu’il n’aura été ni sans lumière ni sans moyens. L’esprit nous fait aussi entendre journellement cette parole : Nouvel Homme 62

« Nul ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous serez mes amis si vous faites tout ce que je vous commande. » Qu’est-ce que l’esprit nous commande ? C’est de le laisser passer en nous, et se manifester par nous afin qu’il soit connu des nations, et que tout soit rempli de sa lumière et de sa plénitude. La manière dont nous devenons ses amis est qu’il ne peut passer en nous, sans y laisser des rayons de la vie dont il est la source, et sans se prononcer lui-même en nous selon notre propre mode, et selon toutes les formes de notre être. » Nouvel Homme 62

« Je ne vous les ai pas dites dès le commencement parce que j’étais avec vous ; maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé et nul de vous ne me demande où je vais ; mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre coeur. » Ces scandales ne peuvent arriver que quand l’esprit de vérité est à demeure dans l’homme, parce qu’il éclaire tout ; c’est pourquoi l’homme s’afflige quand il prévoit des suspensions où il aura de la peine à démêler en lui-même la lumière d’avec les ténèbres parce qu’il sera seul. Mais il ne prévoit pas que ces suspensions ne sont que pour lui préparer les voies à l’accomplissement de son oeuvre, sans quoi il se remplirait de consolations. Nouvel Homme 63

Touchant le jugement, parce que le prince du monde est déjà jugé, et que la présence du consolateur fera connaître à ce prince du monde qu’il n’a plus rien à espérer, que ses projets sont déconcertés, que ses forces sont détruites, que la honte, la confusion, et les plus horribles châtiments vont tomber sur lui, et sur ses adhérents ; tandis que la lumière, et les consolations vont remplir ceux qu’il a voulu rendre ses victimes. Vous ne pouvez douter de l’existence de ces trois témoignages de l’esprit, puisque le nouvel homme qui est l’image de cet esprit peut vous les faire trouver tous les trois en vous-mêmes. Nouvel Homme 63

Je suis sorti de mon père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je laisse le monde, et je m’en vais vers mon père. Comment le nouvel homme pourrait-il se montrer à nous aux ténèbres qui nous composent, s’il ne sortait de son père ? Comment la lumière supérieure, et les ténèbres inférieures pourraient-elles habiter ensemble ? Mais aussi puisque la lumière supérieure, et les ténèbres inférieures ne peuvent demeurer ensemble, comment le nouvel homme, après être sorti de son père pour venir dans nous ou dans ce bas monde, ni quitterait-il pas ce bas monde pour s’en retourner vers son père ? Nouvel Homme 63

« Je vous ai glorifié sur la terre…. maintenant, glorifiez-moi en vous-mêmes, de cette gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût. » Le nouvel homme sent aisément qu’il y a deux gloires, celle qu’il a droit d’attendre de nous quand il nous manifeste la lumière éternelle de la vie, et celle que cette lumière éternelle doit recevoir lorsqu’elle agit elle-même directement en lui. L’une de ces gloires semble être plus réversible à lui-même, qu’à la source dont il descend ; l’autre semble plus réversible à cette source elle-même, voilà pourquoi il désire tant être glorifié de cette gloire-là, parce qu’il brûle uniquement du zèle de la maison de son maître. Nouvel Homme 64

« Mon père, je désire que là ou je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. » Nouvel homme, contemple ici la gloire que te prépare le Réparateur, afin que tu la prépares toi-même à ton tour à tous les tiens. Ce n’est rien moins que d’être là où est le Réparateur lui-même ; ce n’est rien moins que de contempler sa propre gloire, de percer par là jusqu’à cette lumière qui est au-dessus des temps, de sentir en t’élevant jusqu’à lui, ce que c’est que d’avoir été aimé de Dieu avant la création du monde ; et de reconnaître par ce moyen, l’immensité du vaste champ que peut embrasser ton antique origine, et ta sainte immortalité. Nouvel Homme 64

Les ennemis de la paix et de la lumière, en te traitant de la sorte, auront grand soin d’observer quelques points de la loi, afin de parenté fidèles à la justice, tout en égorgeant l’innocence. C’est ainsi que les Juifs, en conduisant le Réparateur chez Pilate pour le livrer à la mort, ne voulurent point entrer dans le palais de ce gouverneur qui n’était pas de leur religion, de peur qu’étant impurs, ils ne pussent manger la Pâque. Nouvel Homme 65

Non, imitons le Cyrénéen qui l’aide à porter sa croix afin que le fardeau en soit moins pesant pour lui. Ouvrons-lui en nous une voie large et spacieuse, laissons-le marcher à son gré au milieu de tous les voleurs qui sont en nous, et baisons dans une sainte et tremblante désolation tous les pas qu’il voudra bien faire en nous, jusqu’à notre Calvaire, afin que par lui et avec lui nous puissions briser et dissoudre toutes les iniquités qui nous environnent, et devenir ensuite des types de sa gloire et de sa lumière, après avoir été si honteusement les instruments de ses humiliations et de ses souffrances. Nouvel Homme 66

Tu verras pourquoi les soldats qui le crucifièrent prirent ses vêtements, et les divisèrent en quatre parts, mais ne voulurent point diviser sa robe, parce que la robe du premier homme n’aurait jamais dû être divisée ; et qu’elle aurait pu répandre l’éclat de sa céleste lumière dans les quatre régions de l’univers. Nouvel Homme 66

Tu découvriras aussi des traits de lumière dans cette triple inscription en hébreu, en grec et en latin, parce que cet objet tient particulièrement à la marche que la vérité a voulu suivre sur la terre ; ce n’était point en vain que ces trois langues étaient connues et comme familières à Jérusalem ; et ce n’eut point été seulement pour être entendues des trois nations qui les parlaient, que cette inscription eût été mise ainsi dans les trois langues, si la sagesse n’avait eu des desseins secrets sur ces trois nations ; car il y avait encore à Jérusalem d’autres nations et d’autres tangues ; et ces desseins secrets de la sagesse se sont expliqués en partie aux yeux des hommes les moins attentifs, puisqu’ils ont pu voir l’expulsion des Juifs et la vocation des Grecs et des Romains ; nouvelle image de cette unité qui est continuellement sacrifiée pour la destruction de l’iniquité et pour la délivrance des malheureux qui font leur séjour dans les ténèbres. Mais abandonnant cette recherche particulière à l’histoire spirituelle des peuples dans laquelle doivent se trouver aussi d’immenses trésors d’intelligence et de vérité, tu poursuivras tes observations sur le sacrifice du Réparateur. Nouvel Homme 66

Tu verras pourquoi il dit : J’ai soif. Paroles qui avaient moins de rapport à la soif matérielle que son corps pouvait éprouver, qu’à la soif de la justice, de la force et de la lumière dont, comme homme, il sentait le besoin. Cette soif ne t’étonnera point, parce que te représentant sans cesse dans quelle détresse l’homme dut se trouver depuis qu’il eut abandonné la source éternelle de la vie, il n’est pas surprenant que cette même détresse se fasse sentir à celui qui venait prendre la place de l’homme pour opérer ce que l’homme n’aurait pu opérer seul. Nouvel Homme 66

Aussi ceux qui n’auront pas consommé l’oeuvre de leur crucifixion ne seront point admis au festin de l’agneau, et ne goûteront point de ce nouveau jus de la vigne qui est préparé pour le Réparateur, et pour tous ceux qui auront fait mourir leur esprit en son nom, et qui l’auront fait ensevelir dans ce sépulcre nouveau où personne avant lui n’avait encore été mis, parce qu’il n’y avait que lui qui pût pénétrer ainsi le premier jusque dans les sombres demeures de la mort, afin qu’après en avoir dissipé les ténèbres et la corruption, ceux qui voudraient ensuite mourir en lui, et s’ensevelir en lui n’y rencontrassent plus que la lumière, la pureté, et la vie. Nouvel Homme 67

Le voile de ton temple se déchirera en deux depuis le haut jusqu’en bas, parce que ce voile est l’image de l’iniquité qui sépare ton âme de la lumière où tu as pris ton origine ; et comme en se divisant en deux parts il laisse à tes yeux un accès libre à cette lumière qui t’était inaccessible auparavant, c’est assez clairement t’indiquer que c’était la réunion de ces deux parts qui avait formé ta prison, et qui te retenait dans les ténèbres ; nouvelle image de cette iniquité que le Réparateur n’a pas craint de traverser en paraissant sur le Calvaire au milieu de deux voleurs, afin de te donner la force et les moyens de briser en toi à ton tour cette iniquité. Nouvel Homme 67

Tu n’es occupé qu’à repousser sans cesse ce poids, ce nombre, et cette mesure qui te cherchent, et à devenir le jouet journalier des puissances irrégulières qui fuient comme toi la régularité, et la voie du retour, et qui impriment continuellement sur toi le poids injuste, le nombre faux, et la mesure inexacte qui sont devenus leur seul élément. Aussi qui pourra jamais calculer ton retour vers la lumière, et la durée des épreuves qu’il te faudrait subir si tu formais le désir de rentrer dans la régularité ! Nouvel Homme 68

Nouvel homme, nouvel homme, voilà les douleurs que tu éprouveras dans le tombeau pendant le séjour plus ou moins long que tu y feras. Mais comme tu as mis le pied dans la voie, tu sauras à qui tu dois demander des secours pour t’y maintenir ; et celui qui t’a donné lui-même l’exemple, et le moyen d’entrer dans le tombeau de l’esprit sera aussi celui dont tu attendras toutes tes consolations, et tous tes développements. Oui, divin Réparateur, tu es le seul qui aies conservé dans sa justesse tous ces éléments de la régularité, et de la perfection, aussi ce n’est que dans toi seul, et par toi seul que nous pouvons être instruits de la marche des êtres, et de leurs différentes lois progressives pour retourner vers la lumière. Nouvel Homme 68

C’était là un des principaux sens de cette loi lévitique par laquelle les Juifs vivaient séparés des nations, et par laquelle il leur était défendu d’admettre les nations parmi eux, à moins qu’elles ne se soumissent à toutes les ordonnances cérémonielles de leur alliance. Mais comme ils ont violé eux-mêmes les lois, et les ordonnances qui les avaient rendus la lumière des nations, comme ils se sont montrés imprudemment aux nations étrangères, et qu’ils les ont admises à leur culte, au mépris de leur loi qui s’y opposait, ils ont été chassés de leur héritage, ils ont été réduits à solliciter à leur tour l’alliance des nations étrangères, ils ont été réduits à abjurer leur propre loi pour être supportés parmi les nations. Nouvel Homme 69

Tu les sens cependant, ces vérités, quand elles s’approchent de toi, et si tu n’es pas coupable, et qu’elles n’opèrent pas ta réprobation à cause de tes crimes, elles te réchauffent, mais à ton insu, à cause de ton ignorance, et de tes ténèbres ; tu marches auprès d’elles, et avec elles, comme les disciples d’Emmaüs marchaient, et s’entretenaient avec le Réparateur sans le connaître, et sans savoir que c’était lui-même qu’ils cherchaient ; et ce n’est que quand ton heure est arrivée, et que tes facultés ont été ouvertes par le pouvoir de l’esprit que tu t’aperçois de ton illusion, et que tu te dis comme ces disciples d’Emmaüs : Notre coeur n’était-il pas tout brûlant en nous lorsqu’il nous parlait durant le chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ? Or, cette heure n’arrive jamais pour toi tant que tu t’établis à demeure dans tes ténèbres, puisqu’il faut que tu sortes de ta propre illusion pour que cette lumière, elle-même, ne te paraisse pas une illusion. Nouvel Homme 69

Quand cette âme simple et aimante aura été ainsi préparée par l’influence et les discours des précurseurs, le nouvel homme se montrera lui-même à elle, et en l’appelant par son nom, il lui communiquera assez de sa propre lumière, pour qu’elle le reconnaisse, et lui dise : Rabboni, mon maître. C’est cette âme simple qui, avec ses compagnes, ira annoncer aux disciples, la résurrection de ce nouvel homme, et les préparera, à leur tour, à soutenir l’aspect de sa gloire, et les merveilles de sa puissance ; car depuis qu’il est ressuscité de l’esprit, son action s’est étendue et a acquis le pouvoir de ne se manifester que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Ame humaine, quand ces redoutables jugements seront prononcés, et exécutés en toi, c’est alors qu’il y aura pour toi un nouveau ciel, et une nouvelle terre, car le premier ciel, et la première terre auront disparu, et la mer ne sera plus ; alors tu verras « la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, qui venant de Dieu descendra du ciel en toi, étant parée comme une épouse qui se pare pour son époux ; et tu entendras une grande voix qui viendra du trône, et qui dira : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il demeurera avec toi, et tu seras son peuple, et tes yeux, et la mort ne sera plus. » Ame humaine, veux-tu connaître les proportions de cette ville sainte, de cette Jérusalem qui descendra en toi, étant parée comme une épouse qui se pare pour son époux, transporte-toi sur la grande, et haute montagne qui est en toi. Tu verras que cette ville sainte est illuminée de la clarté de Dieu, que la lumière qui éclaire, est semblable à une pierre précieuse, à une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Nouvel Homme 71

« Aussi tu ne verras point d’autre temple dans cette ville sainte, et dans cette céleste Jérusalem, parce que le Seigneur Dieu est tout puissant, et l’agneau en est le temple ; et cette ville n’a point besoin d’être éclairée par le soleil ou par la lune, parce que c’est la lumière de Dieu qui l’éclaire, et que l’agneau qui est en toi en est la lampe. Les nations marcheront à la faveur de sa lumière, et les rois de la terre y porteront leur gloire et leur honneur. » Nouvel Homme 71

« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71