L’ignorance de la Sainte Ecriture.

Hom. sur Priscille et Aquila. 1, n. 1. Ce qui nous a plongés dans cet abîmé de tiédeur, c’est de ne pas lire les Ecritures dans leur entier, c’est de faire un choix de ce qui nous paraît le plus clair, sans tenir le moindre compte du reste. C’est ce qui a même introduit les hérésies que de ne pas vouloir étudier tout l’ensemble et de croire qu’il y avait du superflu, de l’accessoire. Aussi tandis qu’en tout le reste nous avons poursuivi non seulement le superflu, mais encore l’inutile et le nuisible, l’étude des Ecritures est restée négligée et méprisée. Ceux qui ont la frénésie d’assister aux courses de chevaux savent bien dire le nom de chaque cheval, son écurie, sa race, ses ancêtres et comment il a grandi, de même que son âge et sa force comme coureur ; ils vous diront lequel, attelé avec quel autre, enlèvera la victoire ; quelle bête enfin, partie de quelle barrière, et avec quel écuyer, aura le pas sur son concurrent et obtiendra de prix de la course. Ceux qui ont étudié la danse nous offrent l’exemple d’une folie non moins grande, plus forte même encore à l’égard de ceux qui exposent leur honte sur les théâtres, je veux dire les mimes et les danseuses : ils vous débitent leur famille, leur patrie, leur éducation, et tout le reste. Et nous, quand on nous demande combien il y a d’épîtres de Saint Paul et ce qu’elles sont, nous ne pouvons même pas en dire le nombre. Et s’il y a quelques personnes qui le sachent, on les embarrasse en leur demandant à quelles villes elles furent envoyées. Ainsi, un eunuque, un étranger, préoccupé d’une infinité d’affaires diverses, avait tant d’assiduité pour les livres qu’il ne connaissait point de relâche, même en voyage, et qu’assis dans sa voiture il s’appliquait à une lecture fort attentive des divines Ecritures ( Act 8, 27 ss ) ; et nous qui n’avons pas la millième partie de ses occupations, nous sommes étrangers au nom même des épîtres, et cela quand chaque dimanche nous nous rassemblons en ce lieu pour profiter de l’audition de la parole sainte.