L’humilité.

{{Homélies — 15, 27.}} Si un roi confie son trésor à un pauvre, celui qui l’a reçu pour le garder ne le regarde nullement comme sien, mais il reconnaît toujours sa pauvreté et n’ose dilapider en aucune manière le trésor d’autrui, ayant toujours présent à l’esprit non seulement que c’est le trésor d’un autre, mais que le puissant roi le lui a confié et qu’il le lui reprendra quand il voudra : de la même manière ceux qui ont reçu la grâce de Dieu doivent se considérer, s’humilier et confesser leur pauvreté…

{{37.}} C’est la marque du christianisme qu’étant agréable à Dieu, on cherche à le cacher aux hommes, et que si l’on possède tous les trésors du roi, on les dissimule et l’on dise toujours : « Ce n’est pas à moi, un autre m’a confié ce trésor ; moi, je suis pauvre. Et quand il voudra, il me le reprendra. » Mais si quelqu’un dit: «Je suis riche, il me suffit, j’ai des biens, je n’ai besoin de rien », celui-là n’est pas chrétien, mais c’est un vase d’imposture et diabolique. Car la jouissance de Dieu est insatiable, et plus on y goûte et plus on s’en nourrit, plus aussi on en a faim. Ceux-là éprouvent une jouissance et un amour de Dieu incoercible ; et plus ils font effort pour avancer et progresser, plus ils se trouvent pauvres, comme des indigents qui ne possèdent rien : ils disent : « Je ne suis pas digne que le soleil brille pour moi ». Voilà la marque du christianisme : c’est l’humilité.