L’intervention en cette affaire d’une autre personne est déplacée et tout à fait impossible. Il n’y a que vous qui puissiez entrer en vous-même et débrouiller ce qui regarde votre conscience. Veuillez donc le faire vous-même… Pour bien s’examiner, il faut avoir en vue trois aspects de son activité : les actions, prises en elles-mêmes et les déterminations du lieu, du temps, des circonstances ; les dispositions du cœur et les propensions caractéristiques, cachées sous les actions ; enfin l’esprit dominant de notre vie…
L’homme est un être toujours en mouvement. A quoi ne pense-t-il pas, que ne fait-il pas du matin au soir ! Quelle accumulation d’activités d’une confession à l’autre ! Que faire ? Point n’est besoin de tout remuer et peser séparément. Nous avons un gardien qui veille toujours : la conscience. Ce qui a été mal fait, elle ne le laissera pas passer. Et vous aurez beau lui expliquer que ceci n’est rien et que cela est permis, elle ne cesse de répéter son refrain : ce qui est mal est mal. Donc, voici votre première affaire : écoutez la conscience et, sans excuse aucune, reconnaissez comme coupables toutes les actions qu’elle accuse, préparez-vous à les confesser…
Il arrive que la conscience troublée ne remarque pas ceci, ou oublie cela, quelqu’action d’il y a longtemps ; peut-être ne considère-t-elle pas comme péché telle ou telle action par ignorance et connaissance incomplète de ses devoirs. C’est ici que, pour aider la conscience, il convient de s’adresser aux commandements de Dieu exprimés dans la Parole de Dieu… La Parole de Dieu est semblable à un miroir. En s’y regardant, chacun découvre où se trouve quelque tache ou quelque grain de poussière, sur le visage ou sur les vêtements. De même, l’âme, en lisant la Parole de Dieu et les commandements qu’elle contient, ne peut pas ne pas voir, si elle est en règle avec ces commandements : la conscience, éclairée par la Parole du Dieu vivant, le lui dira immédiatement en toute sincérité.
Le deuxième aspect de la vie, ce sont les prédispositions, les états et les propensions du cœur. Les actions à elles seules ne vous donneront pas une pleine connaissance de vous-même. Il faut rentrer en soi-même plus profondément et examiner les inclinations du cœur ; il faut y porter plus d’attention qu’aux actions… Les dispositions du cœur que le chrétien doit avoir, les paroles du Christ Sauveur sur le Béatitudes nous les montrent. Ce sont : l’humilité, la componction, la douceur, l’amour de l’équité et de la vérité, la charité compatissante, la sincérité, l’esprit pacifique, la patience… Les dispositions contraires sont les vices et les passions, sources de toutes les actions mauvaises qui causent notre perte. Voici les principales : l’orgueil, la vanité, l’égoïsme, l’intempérance, la colère, la haine, l’envie, la paresse, la sensualité, la tristesse, le désespoir…
Le troisième aspect de la vie, c’est son esprit dominant ; le plus important et le plus difficile à connaître. L’esprit mauvais est si malin et il sait si bien se couvrir d’un masque de bonté et d’à propos, qu’il faut avoir un regard spirituel extrêmement pénétrant pour le démasquer. Le bon esprit est ouvert, clair, un et unique : vivre pour Dieu, en laissant tout le reste de côté. L’esprit qui lui est opposé consiste à vivre pour soi-même ; c’est l’égoïsme ; “très souvent, sinon toujours, il s’exprime par ces mots : vivre pour le monde. [Qu’est-ce que la vie spirituelle et comment s’y disposer ? Moscou, 5e éd. 1904; p. 127-131]