Mais, selon le SENS SPIRITUEL, voyons pourquoi Dieu, après avoir, dans ce « commencement » dont nous avons parlé plus haut, « fait le ciel et la terre », après avoir dit : « Que la lumière soit », après avoir séparé la lumière et les ténèbres, appelé la lumière Jour et les ténèbres Nuit et dit qu’il y eût un soir et qu’il y eût un matin, voyons pourquoi Dieu a dit : «Ce fut un jour» et non pas : « Ce fut le premier jour.» Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Mais, pour le SENS SPIRITUEL, il convient de rattacher ce passage à nos explications précédentes. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Nous avons dit quelle interprétation allégorique leur donner, quand nous avons expliqué que l’eau, c’est-à-dire l’esprit de l’homme, avait reçu l’ordre de produire le SENS SPIRITUEL, tandis que la terre devait produire le sens charnel, en sorte que ce soit l’esprit qui domine les animaux et non pas ceux-ci l’esprit. Car l’homme, ce grand « ouvrage » de Dieu pour lequel le monde entier fut créé, Dieu le veut non seulement pur et exempt, mais encore au-dessus de tout ce que nous avons dit. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Il faut bien remarquer la prudence de la Sainte Écriture jusque dans le choix des mots. L’Écriture dit, quand il s’agit des hommes, que Dieu dit : « voici que je vous donne toute semence sur la terre et tout arbre qui est sur la terre : ce sera pour votre nourriture » ; quand il s’agit des bêtes, elle ne dit pas : « voici que je vous donne tout cela pour nourriture », mais se contente de : « ce sera pour votre nourriture ». Par là, selon le SENS SPIRITUEL que nous avons exposé, il faut comprendre que ces passions qu’il a données à l’homme, Dieu prévoit pourtant qu’elles seront aussi une nourriture pour les bêtes de la terre. C’est donc avec une souveraine prudence que l’Écriture divine emploie ses mots ; pour les hommes, elle rapporte que Dieu dit : « Je vous ai donné cela comme nourriture », mais, quand elle en vient aux bêtes, pour faire comprendre qu’il n’y a pas là qu’un ordre mais en quelque façon une prédiction, elle dit que ce sera aussi une nourriture pour les bêtes, les oiseaux et les serpents. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Une ville, c’est la résidence en un même lieu d’un grand nombre de personnes qui vivent ainsi dans une union dont elles dépendent. Par conséquent, ceux qui résident dans la loi, aussi longtemps qu’ils comprennent la loi selon la lettre, ont une mesquine et toute petite résidence ; car il n’y a rien de grand à observer charnellement le sabbat, les néoménies, la circoncision, la distinction des aliments. Mais si l’on se met à en comprendre le SENS SPIRITUEL, ces observances, qui selon la lettre étaient mesquines et toutes petites, selon l’esprit ne seront plus toutes petites : elles seront grandes. Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.
Donc « Lot habita dans la caverne avec ses deux filles ». Ce sont sans nul doute ces deux filles que le prophète désigne quand il dit qu’Oola et Ooliba sont deux soeurs, Oola étant Juda et Ooliba Samarie. Séparé en deux, le peuple fait donc figure des deux filles de la Loi. Celles-ci, désirant propager la race charnelle et affermir les forces du royaume terrestre par une abondante postérité, assoupissent et endorment leur père (la Loi), c’est-à-dire qu’elles recouvrent et obscurcissent son SENS SPIRITUEL, n’en retenant que le sens charnel. Ainsi conçoivent-elles et mettent-elles au jour des enfants que leur père ignore et ne reconnaît pas. Ce n’était ni la destinée ni la volonté de la Loi de produire des générations charnelles, et pour avoir une semblable descendance qui « n’entre pas dans l’assemblée du Seigneur », il faut que la loi se soit endormie. « Les Ammonites et les Moabites n’entreront pas dans l’assemblée du Seigneur, dit l’Écriture, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération et tant que durera ce siècle » ; ce qui veut dire que la descendance charnelle de la Loi n’entre dans l’Église du Christ ni à la troisième génération pour une raison tirée de la Trinité, ni à la quatrième pour une raison tirée des quatre évangiles, ni jamais, sauf probablement à l’issue du siècle présent, lorsque « la masse des Gentils sera entrée et qu’ainsi tout Israël aura été sauvé ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.
Au SENS SPIRITUEL, tous ceux que la foi conduit à la connaissance de Dieu peuvent être appelés fils d’Abraham ; mais, parmi eux, il en est qui adhèrent à Dieu par amour et d’autres par crainte et par peur du jugement à venir. Aussi l’Apôtre Jean dit : « Celui qui craint n’est pas parfait en l’amour ; l’amour parfait bannit la crainte. » Donc « celui qui est parfait en l’amour » est né à la fois d’Abraham et de la femme libre. Mais celui qui garde les commandements par crainte de la peine à venir et par peur des supplices et non par amour parfait, celui-là est bien fils d’Abraham lui aussi, il reçoit aussi des biens, c’est-à-dire la récompense de ses actes (en effet « quiconque aura donné seulement un verre d’eau fraîche au nom de Celui dont il est le disciple, sa récompense ne périra pas »), et cependant il est inférieur au parfait qui sert non pas dans la crainte servile mais dans la liberté de l’amour. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Prenons garde, nous aussi, car nous sommes souvent à côté du puits d’eau vive, c’est-à-dire des divines Écritures, nous trompant sur elles. Nous possédons les livres et les lisons, mais nous n’allons pas jusqu’au SENS SPIRITUEL. C’est pourquoi il faut des larmes et des prières incessantes, pour que le Seigneur nous ouvre les yeux. Les aveugles de Jéricho, assis sur le bord de la route, n’auraient pas eu leurs yeux ouverts s’ils n’avaient crié après le Seigneur. – Mais que dis-je, pour ouvrir les yeux ? Ils ont déjà été ouverts. Car Jésus est venu ouvrir les yeux des aveugles. Oui, nos yeux ont été ouverts et le voile de la lettre de la loi a été ôté. – Mais je crains que nous-mêmes ne les fermions à nouveau en un sommeil plus profond. Nous risquons de ne pas rester éveillés au SENS SPIRITUEL et d’être négligents à secouer le sommeil de nos yeux pour contempler les choses spirituelles et ne pas nous tromper, comme le peuple charnel, alors que nous sommes placés tout près des eaux. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Tout cela ne vous frappe-t-il pas et ne comprenez-vous pas que cela a un SENS SPIRITUEL ? Vous croyez peut-être que c’est un hasard si les Patriarches viennent toujours à des puits et si leurs unions se contractent toujours au bord des eaux ? Quiconque se l’imagine est « l’homme animal qui ne perçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». En reste là qui voudra, demeure « animal » qui voudra. Pour moi, à la suite de l’Apôtre Paul, je dis que ces choses sont « allégoriques », et je dis que les noces des saints représentent l’union de l’âme avec le Verbe de Dieu, car « celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
– C’est toujours le saint Apôtre qui nous donne l’occasion de découvrir le SENS SPIRITUEL ; il en montre les traces, peu nombreuses il est vrai, mais indispensables à ceux qui étudient l’Écriture pour leur faire reconnaître où que ce soit « la loi spirituelle ». Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.
Mais quels sont ceux qui remplissent les puits de terre ? – Ceux, à n’en pas douter, qui donnent à la loi un sens terrestre et charnel et lui interdisent un SENS SPIRITUEL et mystique, en sorte qu’ils ne s’y abreuvent pas ni ne permettent aux autres de le faire. Écoutez ce qu’Isaac, notre Sauveur Jésus-Christ, dit dans l’Évangile : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous avez enlevé la clé de la science ; vous-mêmes n’êtes point entrés et vous avez empêché ceux qui voulaient entrer. » Les voilà donc, ceux qui comblent de terre « les puits creusés par les serviteurs d’Abraham» ; ils enseignent la loi charnellement et ils souillent les eaux du Saint-Esprit. Ils possèdent des puits non pour en tirer de l’eau, mais pour y jeter de la terre. – Tels sont les puits qu’Isaac entreprend de creuser. Voyons maintenant comment il s’y prend. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.
Or, quiconque est parmi nous ministre de la parole de Dieu, creuse un puits et cherche de « l’eau vive » dont il réconforte ses auditeurs. Si donc je me mets, moi aussi, à expliquer les paroles des anciens, si j’y cherche un SENS SPIRITUEL, si j’essaye d’enlever « le voile de la loi » et de montrer que l’Écriture a « un sens allégorique », pour ma part je creuse des puits. Mais aussitôt les amis de la « lettre » d’élever contre moi des calomnies, de m’attaquer, de manigancer sans trêve des oppositions et des poursuites, disant qu’il ne peut y avoir de vérité que sur la terre. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.