« Au commencement Dieu fit le ciel et la terre. » De même : « Il fit deux grands luminaires ». Et maintenant : « Faisons l’homme ». Ce sont seulement ces créatures, à l’exclusion de toute autre, qui composent l’oeuvre personnelle de Dieu. Dieu n’a fait que le ciel et la terre, – le soleil, la lune et les étoiles, – et, maintenant, l’homme, tandis que tout le reste, dit l’Écriture, a été fait sur son ordre. Considérez par là quelle est la grandeur de l’homme : on l’assimile aux plus grands et aux principaux éléments ; on l’honore à l’égal du ciel ; aussi bien a-t-il la PROMESSE du « royaume des cieux ». On l’honore à l’égal de la terre ; aussi bien espère-t-il pénétrer dans une terre bonne, dans « la” terre des vivants où coulent le lait et le miel ». On l’honore à l’égal du soleil et de la lune ; aussi bien lui est-il promis de resplendir « comme le soleil dans le royaume de Dieu ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– Et maintenant, selon notre PROMESSE, voyons comment il faut envisager la circoncision de la chair. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Ainsi faut-il dire de tous les membres, quand ils sont appliqués aux tâches voulues par Dieu, qu’ils sont circoncis ; mais quand ils transgressent les lois qui leur ont été divinement assignées, il faut les tenir pour incirconcis. Je ne doute pas que ce soit bien là la pensée de l’Apôtre : « De même que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’injustice pour arriver à l’injustice, de même livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice pour arriver à la sainteté. » En effet, quand nos membres servaient l’injustice, ils n’étaient pas circoncis et ne possédaient pas l’alliance de Dieu ; mais quand ils se sont mis « à servi ? la justice pour arriver à la sainteté », la PROMESSE qui avait été faite à Abraham a trouvé en eux sa réalisation. Alors la loi et l’alliance de Dieu ont imprimé leur marque en eux. Et c’est cela le vrai « signe de foi » qui contient le pacte d’une alliance éternelle entre Dieu et l’homme. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Cependant le prophète dit encore : « Ta soeur Sodome sera rétablie dans son ancien état » ; cherchons si ce rétablissement comporte que Sodome redevienne comme le jardin de Dieu ou seulement comme la terre d’Egypte. – Je doute, pour ma part, que Sodome détruise ses péchés et expie ses crimes si complètement, qu’on puisse la comparer, une fois rétablie, avec le jardin de Dieu plutôt qu’avec la terre d’Egypte. Pourtant, ceux qui y tiennent viendront faire valoir l’expression qui s’ajoute, en quelque sorte, à la PROMESSE – car l’Écriture n’a pas dit que « Sodome serait rétablie » tout court, mais « que Sodome serait rétablie dans son ancien état », – et ils assureront que son ancien état n’était pas d’être « comme la terre d’Egypte », mais « comme le jardin de Dieu ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.
Abimélech signifie : mon père est roi. Or il me semble qu’Abimélech représente les sages parmi les amis du siècle, adonnés à la philosophie, sans avoir encore entièrement ni pleinement atteint la règle de piété, sachant toutefois que Dieu est le père et le roi de tout, autrement dit qu’il a tout fait et qu’il gouverne tout. Sur ce plan de la philosophie morale, il est bien vrai que ces gens-là ont cultivé jusqu’à un certain point la pureté de coeur et qu’ils ont cherché généreusement, avec zèle, à entrer en communication de la vertu divine. Mais « Dieu n’a pas permis qu’ils la touchent ». Car ce n’était pas Abraham – quelque grand qu’il fût, il n’était qu’un serviteur, – mais le Christ qui était destiné à donner cette grâce aux Gentils. Aussi, malgré l’impatience d’Abraham de voir la parole qui lui avait été dite : « Toutes les nations seront bénies en toi », s’accomplir en lui et par lui, c’est en Isaac que lui est faite la PROMESSE, c’est-à-dire dans le Christ, selon ce que dit l’Apôtre : « Il n’a pas dit « et à ses descendants » comme s’il s’agissait de plusieurs, mais « et à ta descendance », comme ne parlant que d’un seul qui est le Christ. » Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.
Je n’expliquerai pas maintenant comment comprendre tout cela. L’Apôtre l’a fait quand il a dit : « Dites-moi, vous qui lisez la Loi, n’entendez-vous pas la Loi ? car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. Mais le fils de la servante naquit selon la chair et celui de la femme libre en vertu de la PROMESSE. Ces choses ont un sens allégorique. » Quoi donc, Isaac ne serait pas né selon la chair ? Sara ne l’aurait pas enfanté ? Il n’aurait pas été circoncis ? En jouant avec Ismaël, il n’aurait pas joué dans la chair ? – Voilà précisément ce qu’il y a d’admirable dans le sens de l’Apôtre : pour lui, ce qui est allégorique, c’est bien ce qui s’est passé, à n’en pas douter, selon la chair. Par là nous pourrons apprendre comment traiter les autres passages, spécialement ceux où le récit historique ne présente apparemment que des choses contraires à la loi divine. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Ismaël, le fils de la servante, naît donc selon la chair. Tandis qu’Isaac, le fils de la femme libre, ne naît pas selon la chair, mais en vertu de la PROMESSE. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Mais vous, si vous portez en vous « le fruit de l’Esprit qui est la joie, la charité, la paix, la patience », vous pouvez être Isaac, qui n’est pas né charnellement, mais est né en vertu de la PROMESSE, -et vous êtes des fils de la femme libre, à condition toutefois que vous puissiez dire avec Paul : « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair (car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses). Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu ». Si vous pouvez être ceux à qui s’applique cette parole de l’Apôtre : « pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous », à cette condition vous n’êtes pas nés selon la chair, mais selon l’esprit en vertu de la PROMESSE, et vous êtes les héritiers des PROMESSEs, selon ce qui est dit : « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. » Vous ne serez pas héritiers de celui qui est né selon la chair mais cohéritiers du Christ, car « si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent, nous ne le connaissons plus ainsi ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
– Il y a donc deux fils d’Abraham, « l’un de la servante, l’autre de la femme libre » ; tous deux sont fils d’Abraham, mais tous deux ne sont pas fils de la femme libre. C’est pourquoi celui qui est né de la servante ne peut pas hériter avec le fils de la femme libre ; il reçoit toutefois des biens et n’est pas renvoyé les mains vides. Il reçoit, lui aussi, une bénédiction, mais le fils de la femme libre reçoit la PROMESSE. Il deviendra lui aussi « une grande nation », mais l’autre deviendra le peuple d’adoption. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Quant à vous « qui êtes à la manière d’Isaac fils de la PROMESSE », « buvez l’eau de vos sources, et que les eaux de vos puits ne se répandent pas au dehors, mais que vos eaux coulent sur vos places publiques ». Par contre, « celui qui est né selon la chair » boit l’eau de l’outre ; aussi l’eau lui manque et lui manque en grande quantité. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
L’homme dont il est question s’appelait d’abord Abram ; et nulle part nous ne lisons que Dieu l’ait appelé de ce nom ou qu’il lui ait dit : Abram, Abram ; car Dieu ne pouvait l’appeler du nom qu’il allait lui ôter. Il l’appelle du nom qu’il lui a donné, et non content de l’appeler une fois de ce nom, il le répète. Lorsqu’Abraham eut répondu : « me voici », il lui dit : « Prends Isaac, le fils très cher que tu aimes, et tu me l’offriras. Va sur un lieu élevé, et, là, tu me l’offriras en holocauste sur une montagne que je te montrerai. » Dieu lui-même explique pourquoi il lui a donné un nom et l’a appelé Abraham : « parce que je t’ai établi le père d’une multitude de peuples. » Dieu lui fit cette PROMESSE à l’époque où il avait comme fils Ismaël, mais il lui assura que la PROMESSE se réaliserait dans un fils qui naîtrait de Sara. Il avait donc stimulé en lui l’amour paternel, non seulement en lui accordant une postérité, mais en lui faisant espérer l’accomplissement d’une PROMESSE. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Qu’en dis-tu, Abraham ? Quelles sont les pensées qui s’agitent dans ton coeur ? La voix de Dieu s’est fait entendre pour secouer et éprouver ta foi. Qu’en dis-tu ? Qu’en penses-tu ? Est-ce que tu hésites ? Est-ce que tu rumines et calcules ainsi dans ton coeur : « Si c’est en Isaac que la PROMESSE m’a été faite et que je l’offre en holocauste, je n’ai plus de PROMESSE à attendre ? «N’est-ce pas plutôt cet autre raisonnement que tu tiens, en te disant que celui qui t’a fait la PROMESSE ne peut mentir et que, quoi qu’il arrive, la PROMESSE demeurera ? Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Si Abraham n’avait vécu que « dans la chair », s’il n’avait été le père que du peuple qu’il engendra dans la chair, il aurait suffi d’une seule PROMESSE. Mais pour montrer qu’il devait être d’abord le père de ceux qui ont été circoncis dans la chair, il reçoit à l’époque de sa propre circoncision une PROMESSE qui devait concerner le peuple de la circoncision. Puis, comme il devait être aussi le père de ceux qui « appartiennent à la foi » et entrent dans l’héritage par la Passion du Christ, il reçoit à nouveau, à l’époque de la passion d’Isaac, une PROMESSE qui devait concerner, cette fois, le peuple sauvé par la Passion et la Résurrection du Christ. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
L’Écriture répète, semble-t-il, les mêmes choses ; elles sont pourtant bien différentes. Les premières PROMESSEs, celles qui concernent le premier peuple, ont été faites sur la terre. L’Écriture dit en effet : « Il l’amena dehors – c’est-à-dire en dehors de la tente – et lui dit : Regarde les étoiles du ciel et vois si tu peux les compter dans leur multitude, et il ajouta : Ainsi en sera-t-il de ta race. » Mais quand la PROMESSE est faite à nouveau, l’Écriture remarque que c’est « du haut du ciel » que vient la voix. Ainsi la première PROMESSE vient de la terre et la seconde du ciel. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Ne semble-t-il pas qu’il y ait là une évidente allusion à cette parole de l’Apôtre : « Le premier homme tiré de la terre est terrestre, le second homme venu du ciel est céleste » ? La PROMESSE qui concerne le peuple de la foi vient du ciel, l’autre de la terre. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Dans celle-ci il n’y a que des paroles ordinaires, mais dans celle-là intervient le serment. Et le saint Apôtre, écrivant aux Hébreux, nous en donne l’explication : « Dieu, voulant montrer aux héritiers de la PROMESSE l’immuable stabilité de ses desseins, fit intervenir le serment. » Et il ajoute : « Les hommes jurent par un plus grand qu’eux », « mais Dieu n’a personne de plus grand que lui par qui jurer », aussi « je jure par moi-même, dit le Seigneur ». Ce n’est point que Dieu fût obligé de jurer, – qui pourrait exiger de lui un serment ? – Mais, comme l’a expliqué l’Apôtre Paul, « c’est pour montrer par là à ses adorateurs l’im-muable stabilité de ses desseins ». Semblablement, ailleurs, le Prophète dit encore : « Dieu a juré et ne se repentira pas : tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Enfin, lors de la première PROMESSE, l’Écriture ne dit pas la raison pour laquelle est faite la PROMESSE, mais seulement que la voix conduisit Abraham dehors, «lui montra les étoiles du ciel et lui dit : Ainsi en sera-t-il de ta descendance ». Dans la seconde PROMESSE, au contraire, Dieu donne la raison, et c’est pourquoi il appuie par un serment la fermeté de la PROMESSE : « Car tu as, dit-il en effet, accompli ma parole et tu n’as pas épargné ton fils. » Par là il montre que c’est à cause de l’offrande et de la passion du fils que la PROMESSE est fermement assurée et il insinue clairement que c’est à cause de la Passion du Christ que la PROMESSE demeure fermement assurée au peuple des Gentils, « qui appartient à Abraham par la foi ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Pourquoi ne pas remarquer que c’est à cause de vous que Dieu adopte des manières d’agir qui ne semblent pas du tout convenir à sa propre nature ? Si l’Écriture dit que Dieu fait un serment, c’est pour que vous écoutiez avec crainte et tremblement et que, dans votre saisissement, vous mesuriez l’importance de ce qui a motivé le serment de Dieu. Bref, si tout cela se produit, c’est pour que vous soyez attentifs et sur vos gardes, c’est pour qu’apprenant qu’une PROMESSE vous est préparée dans les cieux, vous soyez vigilants et cherchiez à vous rendre dignes des PROMESSEs divines. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Quoi qu’il en soit, l’Apôtre explique notre texte en disant : « Dieu a donné la PROMESSE à Abraham et à sa descendance. Il n’a pas dit : et à tes descendants, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais il dit : et à ta descendance, comme ne parlant que d’un seul qui est le Christ. » C’est donc du Christ qu’il est écrit : « Je multiplierai ta descendance et elle deviendra aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que les grains de sable sur le bord de la mer. » A qui est-il besoin d’expliquer comment la descendance du Christ se multiplie, quand on voit la prédication de l’Évangile s’étendre « d’une extrémité de la terre à l’autre » et qu’il n’y a presque plus de lieu qui n’ait reçu la semence de la parole ? D’avance, cette vérité avait été figurée au début du monde, quand il avait été dit à Adam : « Croissez et multipliez », car c’est de cela que l’Apôtre énonce que « ce fut dit par rapport au Christ et à l’Église. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Ainsi faisait sainte Rébecca ; et elle n’aurait pu épouser le grand patriarche Isaac, « né en vertu de la PROMESSE », sans avoir puisé de l’eau, – sans en avoir puisé une quantité telle qu’elle pût donner à boire non seulement à ceux de sa maison, mais encore au serviteur d’Abraham, – et non seulement donner à boire au serviteur d’Abraham, mais abreuver encore ses chameaux «jusqu’à ce qu’ils cessent de boire », dit l’Écriture, – tant était abondante l’eau que Rébecca avait tirée du puits. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Il lui dit : « Ne crains pas de descendre en Egypte », ce qui revient à dire : au moment où tu vas rencontrer « les princes, les puissants et les dominateurs de ce monde de ténèbres » – lequel en figure s’appelle l’Egypte – ne crains pas, ne tremble pas. Et si tu veux savoir pourquoi il ne faut pas avoir peur, écoute ma PROMESSE : « Là, je te ferai devenir une grande nation ; je descendrai avec toi en Egypte et moi-même à la fin je t’en ferai revenir. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.