poumon

L’air (pneuma) présent dans le coeur est introduit par le viscère voisin, dont le nom est le « POUMON » et qui est le réceptacle de l’air. Grâce à l’artère qui est en lui et qui passe par la bouche, le POUMON aspire l’air (pneuma) extérieur par le moyen de la respiration. Le coeur, placé en son milieu, imite l’activité incessante du feu et lui-même, toujours en mouvement, comme les soufflets des forgerons, attire à lui l’air des POUMONs voisins ; sa dilatation fait se remplir les parties creuses et l’évacuation de l’air en combustion envoie celui-ci dans les artères attenantes. Le coeur ne s’arrête jamais dans ce double mouvement de dilatation pour attirer dans ses cavités l’air extérieur et de compression pour le renvoyer dans les artères. De là vient, je crois, l’automatisme de notre respiration ; souvent l’esprit est ailleurs ou même se repose tout à fait, tandis que le corps est dans le sommeil ; la respiration n’en continue pas moins, sans que notre volonté ait à s’en occuper. XXX

A mon avis, puisque le coeur, entouré du POUMON, auquel il est uni en sa partie postérieure, lui imprime le mouvement par sa propre dilatation et par sa compression, il y détermine l’attirance de l’air et son expiration. Le POUMON, en effet, a une structure fine, faite de nombreux conduits ; toutes ses cavités s’écoulent par une ouverture vers le fonds de l’artère : sa contraction et sa compression chassent nécessairement au dehors l’air resté dans ses cavités. Au contraire sa dilatation et son ouverture, par cet écartement, attirent l’air dans le vide produit. Et maintenant la cause de cette respiration, indépendante de notre volonté, est l’impossibilité pour une substance ignée de demeurer dans le repos. Puisque le mouvement est un des caractères des activités calorifiques et que nous avons placé dans le coeur l’origine de la chaleur corporelle, la continuité des mouvements cardiaques produit la continuité de l’aspiration et de l’expiration. C’est pourquoi, si l’intensité du feu dépasse la normale, la respiration des gens ainsi brûlés par la fièvre se fait plus pressée, comme si le coeur se hâtait d’éteindre par un air renouvelé la brûlure qui est en lui. XXX

La pauvreté de notre nature se fait sentir dans le besoin absolu où elle est de tout ce qui est nécessaire à son existence : non seulement elle manque d’un air qui lui appartienne et d’un souffle qui réveille sa chaleur, puisqu’elle ne cesse de l’introduire en elle de l’extérieur pour la conservation de la vie, mais aussi elle prend la nourriture au dehors pour entretenir la masse corporelle. C’est pourquoi elle satisfait à nos besoins par la nourriture et la boisson, mettant en nous le moyen d’attirer ce qui lui manque et de rejeter ce qui est de trop. En ce travail, d’ailleurs, la chaleur cardiaque fournit à la nature une aide précieuse. Selon ce que nous avons admis, en effet, la partie principale du vivant est le coeur : par son souffle (pneuma) chaud, il réchauffe chaque partie une à une. Aussi il exerce son action de partout par la puissance efficace qu’il possède, selon la disposition du créateur voulant que chaque partie ait son activité et son emploi pour le bien de l’ensemble. De là vient que placé en dessous et en arrière du POUMON, par la continuité de son mouvement, il assure d’un côté, en tirant vers lui le POUMON, l’élargissement des conduits pour l’aspiration et de l’autre, en le soulevant à nouveau, l’évacuation de l’air reçu. De là vient aussi que, réuni à la partie supérieure du ventre, il le réchauffe pour le rendre capable d’accomplir sa fonction : il ne l’excite pas pour aspirer l’air, mais pour qu’il reçoive sa nourriture. Les passages du souffle et de la nourriture sont en fait voisins ; sur toute leur longueur, ils viennent à la rencontre l’un de l’autre, puis ils se rejoignent vers le haut, au point de n’avoir qu’un même orifice et de terminer leurs conduits dans une seule bouche, d’où par l’un se fait l’introduction de la nourriture, par l’autre celle du souffle. Mais en profondeur, l’union entre ces conduits n’existe plus du tout : le coeur, tombant au milieu du siège de l’un et de l’autre, donne à l’un ce qu’il faut pour respirer, à l’autre ce qu’il faut pour se nourrir. La substance ignée en effet recherche naturellement une substance combustible et elle la trouve nécessairement dans le réceptacle de la nourriture. Plus ce réceptacle est chaud, à cause de la chaleur environnante, plus sont attirées en même temps les substances capables de nourrir la chaleur. Cette attirance, nous l’appelons « appétit ». XXX