miracles

Après tant de si grandes considérations sur la nature du Fils de Dieu, nous sommes saisis d’une stupéfaction extrême en voyant que cette nature qui dépasse toutes les autres, se vidant de sa condition de majesté, s’est faite homme et a vécu parmi les hommes, comme l’atteste la grâce répandue sur ses lèvres, comme en rend témoignage le Père céleste et comme l’ont confirmé les signes, prodiges et MIRACLES divers qu’elle a opérés. Avant d’être présent à nous comme il l’a montré par son corps, il a envoyé les prophètes, précurseurs et annonciateurs de sa venue ; après son ascension dans les cieux, il a fait circuler par toute la terre les saints apôtres remplis de la puissance de sa divinité, hommes inexpérimentés et ignorants venus du milieu des publicains ou des pêcheurs, pour rassembler de toutes les nations et de toutes les populations un peuple d’hommes pieux croyant en lui. Livre II: Deuxième traité (II, 6): Deuxième section

C’est comme si le soleil prenait la parole et disait : Je liquéfie et je dessèche, alors qu’être liquéfié et être desséché sont des états contraires. Cependant il ne mentirait pas à cause du substrat, car la même chaleur liquéfie la cire et sèche la boue : ainsi la même action qui s’est produite par l’intermédiaire de Moïse a révélé l’endurcissement de Pharaon à cause de sa malice et la docilité des Égyptiens qui s’étaient mêlés aux Hébreux et partaient avec eux. Et ce qui est écrit, que peu à peu le coeur de Pharaon s’est assoupli jusqu’à dire : Mais vous n’irez pas loin, vous marcherez trois jours et vous laisserez vos femmes, et toutes les autres paroles qu’il a dites en s’abandonnant peu à peu aux prodiges, montrent que les MIRACLES agissaient bien un peu sur lui, sans l’amener cependant à tout exécuter. Cela ne se serait pas produit si la phrase J’endurcirai le coeur de Pharaon était accomplie par lui, c’est-à-dire par Dieu, dans le sens que veulent la plupart. Il n’est pas déplacé d’expliquer de telles paroles à partir des habitudes de langage. Souvent de bons maîtres disent à des serviteurs, gâtés par leur bonté et leur patience : C’est moi qui t’ai rendu mauvais. Et : C’est moi qui suis la cause de telles fautes. Il faut d’abord comprendre la forme habituelle et le sens de ce qui est dit et ne pas calomnier par une mauvaise compréhension de ce que veut dire cette parole. En effet Paul, qui a examiné tout cela clairement, dit au pécheur : Méprises-tu la richesse de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ignorant que la bonté de Dieu te mène à la pénitence ? Selon ta dureté et l’impénitence de ton coeur, tu thésaurises pour toi-même la colère au jour de la colère et de la révélation et du juste jugement de Dieu. Ce que dit l’Apôtre au pécheur, que cela soit dit à Pharaon : on peut penser que cela se rapporte à lui d’une manière tout à fait adaptée, car selon sa dureté et l’impénitence de son coeur il thésaurise pour lui-même la colère. Cette dureté n’aurait pas été révélée à ce point ni ne serait devenue aussi manifeste, si des MIRACLES ne s’étaient pas produits, ou même, dans le cas où ils se seraient produits, s’ils n’avaient pas été si nombreux et si grands. Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:

Vois si, en plus de notre travail de recherche, nous ne luttons pas davantage pour garder la piété envers Dieu et son Christ, en essayant de rendre complètement compte, en des matières si importantes, de la providence variée de Dieu, quand elle prend en charge l’âme immortelle. Si quelqu’un se posait une question au sujet de ceux que blâme le Christ, de ceux qui n’ont tiré aucun profit de la vue des MIRACLES et de l’audition des paroles divines, alors que les Tyriens auraient fait pénitence si ces MIRACLES s’étaient produits chez eux et si ces paroles leur avaient été dites, si quelqu’un donc se demandait pourquoi enfin le Seigneur leur avait prêché pour leur malheur, pour mettre sur leur compte une plus lourde faute, il faut lui dire que Dieu, connaissant les dispositions de tous ceux qui accusent sa providence, n’ayant pas cru en elle parce qu’elle ne leur a pas donné de voir ce dont elle a accordé à d’autres la vision et parce qu’elle ne s’est pas arrangé à leur faire entendre ce que d’autres ont entendu pour leur bien, a voulu les convaincre que leur réponse n’était pas raisonnable et leur a donné ce qu’ils demandaient en blâmant sa manière de gouverner ; mais après l’avoir reçu ils n’en ont pas moins été convaincus d’extrême impiété, parce que, même ainsi, ils ne se sont pas livrés à ce qui pouvait leur être utile. Ils renonceront donc à une telle impudence et, libérés par le fait même, ils apprendront que parfois, dans l’intérêt de certains, Dieu tarde et diffère, n’accordant pas de voir et d’entendre ce dont la vision et l’audition manifesterait davantage la gravité et la lourdeur du péché de ceux qui n’ont pas cru après tant de si grandes révélations. Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21: