invisible

Ces affirmations pourraient avoir moins d’autorité auprès de ceux qui veulent recevoir des Écritures saintes leur instruction dans les choses divines et qui y cherchent la preuve de la suréminence de la nature divine sur celle des corps. Mais l’Apôtre ne parle-t-il pas de même lorsqu’il dit du Christ : Il est l’image du Dieu INVISIBLE, le premier-né de toute créature. Il ne faut pas croire, comme certains le pensent, que la nature de Dieu serait visible à l’un, INVISIBLE aux autres. L’Apôtre n’a pas dit : image de Dieu INVISIBLE pour les hommes, ou INVISIBLE pour les pécheurs, mais il exprime de façon absolue la nature même de Dieu quand il dit : image du Dieu INVISIBLE. Jean lui aussi dit dans son évangile : Dieu, personne ne l’a vu : par là il déclare clairement, à tous ceux qui peuvent comprendre, qu’il n’existe pas de nature à qui Dieu soit visible. Il ne faut pas comprendre qu’il serait visible de nature et échapperait à la vue de la créature trop faible, mais qu’il est naturellement impossible de le voir. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Première section

Si tu me demandes ma pensée au sujet du Fils unique, désirant savoir si même à lui la nature divine n’est pas visible, elle qui est naturellement INVISIBLE, que ceci ne te paraisse pas aussitôt impie ou absurde : nous allons en donner de suite la raison. Autre chose est de voir, autre chose de connaître. Voir et être vu sont le propre des corps ; connaître et être connu, de la nature intellectuelle. Tout ce qui est le propre des corps, on ne peut l’attribuer au Père ni au Fils; ce qui appartient à la nature de la divinité est commun au Père et au Fils. C’est pourquoi ce dernier n’a pas dit dans son Évangile : personne ne voit le Père si ce n’est le Fils, ni le Fils si ce n’est le Père, mais : Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, ni le Père si ce n’est le Fils. On voit par là clairement qu’aux mots « voir » et « être vu » parmi les natures corporelles correspondent, en ce qui concerne le Père et le Fils, les mots « connaître » et « être connu », ce qui se fait par la force de la connaissance et non par la faiblesse de la visibilité. Puisqu’on ne peut attribuer en propre à la nature incorporelle et INVISIBLE les termes « voir » et « être vu », l’Évangile ne dit pas que le Père est vu par le Fils et le Fils par le Père, mais qu’ils sont connus l’un par l’autre. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Première section

Voyons cependant comment nous pouvons appuyer ce que nous venons de dire sur l’autorité de la divine Écriture. L’apôtre Paul dit que le Fils unique est l’Image du Dieu INVISIBLE, le premier-né de toute créature; écrivant aux Hébreux, il l’appelle le rayonnement de sa gloire et la figure et expression de sa substance. Nous trouvons cependant même dans la Sagesse attribuée à Salomon une description de la Sagesse de Dieu en ces termes : Elle est un souffle de la puissance de Dieu et une émanation très pure de la gloire du Tout-Puissant. C’est pourquoi rien de souillé ne peut pénétrer en elle. Car elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu et l’image de sa bonté. Nous parlons, comme nous l’avons dit plus haut, de la Sagesse de Dieu, qui a reçu son être substantiel en celui-là seul qui est le principe de tout et dont elle est née. Et cette Sagesse, puisqu’elle est identique à celui qui seul est fils par nature, est appelée Fils unique. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Voyons maintenant ce que signifie l’appellation d’image du Dieu INVISIBLE, pour voir comment Dieu peut être dit justement père de son Fils, et considérons d’abord ce que les hommes nomment habituellement des images. Tantôt on appelle image ce qui est peint ou sculpté dans une matière comme le bois ou la pierre; tantôt on dit qu’un fils est l’image de son père quand la ressemblance des traits du géniteur se retrouvent sans erreur dans l’engendré. On peut, semble-t-il, appliquer le premier exemple à l’homme, fait à l’image et à la ressemblance de Dieu : nous en parlerons plus complètement, avec la grâce de Dieu, quand nous nous mettrons à expliquer ce passage dans la Genèse. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

A la seconde comparaison peut correspondre l’image qu’est le Fils de Dieu dont nous parlons maintenant, même en tant qu’il est INVISIBLE comme image du Dieu INVISIBLE. L’histoire dit pareillement que l’image d’Adam fut son fils Seth : en effet il est écrit : Adam engendra Seth selon son image et selon sa forme. Cette image implique l’unité de nature et de substance du Père et du Fils. En effet si tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement, puisque le Fils fait tout comme le Père, l’image du Père est formée dans le Fils qui assurément est né de lui comme une volonté de lui, procédant de l’intelligence. C’est pourquoi je pense que la volonté du Père doit suffire à faire subsister ce que veut le Père. Dans son vouloir, il n’utilise pas une autre voie que la volonté qu’il émet dans son conseil. C’est ainsi que l’être subsistant du Fils est engendré par lui. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Cela doit être nécessairement accepté par ceux qui ne reconnaissent rien d’inengendré, c’est-à-dire qui ne soit pas né, si ce n’est Dieu le Père seul. Il faut le remarquer en effet, de peur de tomber dans les fables absurdes de ceux qui s’imaginent des prolations en mettant en morceaux la nature divine et en divisant Dieu le Père dans son essence, alors qu’avoir de cela le moindre soupçon en ce qui concerne la nature incorporelle est non seulement d’une extrême impiété, mais encore de la dernière sottise, et qu’il est absolument illogique de concevoir la possibilité d’une division de substance dans la nature incorporelle. C’est plutôt comme la volonté qui procède de l’intelligence sans en retrancher une partie, sans se séparer ni s’isoler d’elle : c’est de cette manière, il faut le penser, que le Père a engendré le Fils, à savoir son image, et comme il est INVISIBLE par nature, il a engendré de même une image INVISIBLE. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Le Fils en effet est la Parole, et pour cela il ne faut rien entendre de sensible en lui ; il est la Sagesse, et dans la Sagesse il n’y a rien de corporel à soupçonner; il est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, mais il n’a rien de commun avec la lumière de notre soleil. Notre Sauveur est donc l’image du Dieu INVISIBLE, le Père : en relation avec le Père il est Vérité ; en relation à nous, à qui il révèle le Père, il est l’image par laquelle nous connaissons le Père que personne d’autre ne connaît si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Il révèle par le fait d’être lui-même compris. Dès qu’il est lui-même compris, le Père est en conséquence compris lui aussi, selon ce que le Christ a dit : Qui m’a vu a vu aussi le Père. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Pour comprendre plus pleinement comment le Sauveur est une figure de la substance ou subsistance de Dieu, prenons un exemple qui, sans exprimer complètement ni proprement ce dont il s’agit, est choisi cependant parce que le Fils qui était sous la forme de Dieu s’est dépouillé de lui-même et, par ce dépouillement, a cherché à nous montrer la plénitude de la divinité. Supposons qu’on ait fait une statue tellement grande qu’elle contiendrait par sa grandeur le monde entier et qu’elle ne pourrait être vue de personne à cause de son immensité, et qu’on ait fait aussi une seconde statue, en tout semblable à l’autre par la configuration des membres et les traits du visage, par la forme et la matière, sans être cependant aussi grande : ceux qui ne pourraient pas examiner et contempler la première à cause de son immensité pourraient du moins, en voyant la petite, croire qu’ils ont vu la grande, puisqu’elles seraient absolument semblables par le dessin des membres et du visage, par la forme et la matière. Pareillement le Fils, se dépouillant de son égalité avec le Père pour nous montrer le chemin de la connaissance, devient la figure et expression de sa substance : ainsi, nous qui ne pouvons regarder la gloire de la pure lumière qui se trouve dans la grandeur de sa divinité, par le fait qu’il en devient pour nous le rayonnement, nous recevons le moyen de voir la lumière divine en contemplant son rayonnement. Cette comparaison des deux statues, appliquée à des objets matériels, ne doit avoir de sens que le suivant : le Fils de Dieu, inséré dans la forme minuscule d’un corps humain, indiquait en lui-même, par suite de la similitude de ses oeuvres et de sa puissance, la grandeur infinie et INVISIBLE de Dieu le Père présent en lui et c’est pourquoi il disait à ses disciples : Qui m’a vu a vu le Père, et : Le Père et moi nous sommes un. Dans le même sens il faut comprendre : Le Père est en moi et moi dans le Père. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Assurément certains disent de ce monde-ci qu’il est corruptible puisqu’il a été fait, mais que cependant il ne se corrompt pas, parce que plus forte et plus puissante que la corruption est la volonté de Dieu qui l’a fait et le maintient, pour qu’il ne soit pas dominé par la corruption : mais il serait plus exact de penser cela de ce monde que nous avons dit au-dessus de la sphère des étoiles fixes, car par la volonté de Dieu il n’est en rien sujet à la corruption, n’ayant pas reçu ce qui cause la corruption. En effet ce monde appartient aux saints, à ceux qui ont été complètement purifiés, et non aux impies comme le nôtre. N’est-ce pas à ce sujet que l’Apôtre a écrit : A nous qui regardons non ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas, car ce qui se voit est temporel, ce qui ne se voit pas éternel. Nous savons en effet que si notre demeure terrestre, où nous habitons, se dissout, nous avons un édifice élevé par Dieu, une maison non faite par la main, éternelle dans les deux. Puisqu’il est dit ailleurs : Je verrai les deux, oeuvres de tes doigts, et que Dieu déclare par le prophète, au sujet de tout ce qui est visible : Ma main a fait tout cela, il affirme ainsi que cette maison éternelle, promise aux saints dans les cieux, n’a pas été faite par la main, montrant qu’il y a sans aucun doute une différence entre la création de ce qui se voit et celle de ce qui ne se voit pas. Ce qui ne se voit pas n’a pas la même signification que ce qui est INVISIBLE. Car ce qui est INVISIBLE, non seulement on ne le voit pas, mais encore on ne peut le voir à cause de sa nature : c’est ce que les Grecs ont appelé asomaton, c’est-à-dire incorporel. Les réalités qui, selon Paul, ne se voient pas peuvent par nature être vues, mais cela n’est pas encore possible d’après lui à ceux qui en reçoivent la promesse. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Mais puisque parfois les défenseurs de cette hérésie ont coutume de tromper par des sophismes captieux les coeurs des plus simples, je ne crois pas absurde d’exposer leurs raisonnements habituels pour réfuter leurs tromperies et leurs mensonges. Ils disent donc : il est écrit : Dieu personne ne l’a vu. Or ce Dieu que Moïse a prêché, Moïse l’a vu, et avant lui les patriarches. Mais celui qu’annonce le Sauveur, personne absolument ne l’a vu. Demandons-leur donc si celui qu’ils reconnaissent Dieu et qu’ils disent autre que le Dieu créateur, ils le croient visible ou INVISIBLE. S’ils le disent visible, d’une part on leur reprochera de contredire l’affirmation de l’Écriture qui appelle le Sauveur l’image du Dieu INVISIBLE, le premier-né de toute créature, d’autre part et surtout de tomber dans l’absurdité en disant Dieu corporel. Car rien ne peut être vu sinon par sa forme, grandeur et couleur qui sont le propre des corps. Et si on déclare que Dieu est corps, puisque tout corps est fait de matière, en conséquence Dieu est fait de matière ; s’il est fait de matière, puisque sans aucun doute la matière est corruptible, Dieu sera donc selon eux corruptible. Nous leur demanderons de nouveau : La matière a-t-elle été faite ou est-elle incréée, c’est-à-dire non faite ? S’ils disent qu’elle n’a pas été faite, c’est-à-dire qu’elle est incréée, nous leur poserons cette question : Dieu est-il une partie de la matière et le monde aussi une partie ? S’ils répondent que la matière a été faite, il s’ensuit sans aucun doute qu’ils reconnaissent comme fait celui qu’ils disent Dieu : ce qu’assurément n’admettent ni leur doctrine ni la nôtre. Traité des Principes: Livre II: Premier traité (II, 4-5): Première section

Mais ils diront : Dieu est INVISIBLE. Que ferez-vous alors ? Si vous le dites INVISIBLE par nature, il ne sera même pas visible pour le Sauveur. Bien plus, le Dieu Père du Christ est vu selon l’Écriture puisque : qui a vu le Fils a vu aussi le Père. Cette parole, qui vous gêne fortement, est comprise par nous plus justement non de la vision mais de la compréhension. Celui qui a compris le Fils a compris aussi le Père. C’est ainsi qu’on pense que Moïse a vu Dieu, non pas en le regardant avec les yeux charnels, mais en le comprenant par la vue du coeur et le sens de l’intelligence, et cela seulement en partie. Il est dit en effet clairement par celui qui répondait à Moïse : Tu ne verras pas ma face, mais mon dos. Tout cela est assurément à comprendre selon le mystère habituel aux paroles divines, en rejetant certes et en méprisant ces fables de bonne femme, oeuvres d’ignorants, qui imaginent en Dieu une face et un dos. Que personne ne nous attribue une pensée impie lorsque nous disons que Dieu n’est même pas visible pour le Sauveur, mais qu’il considère les distinctions que nous devons utiliser pour traiter avec les hérétiques. Nous avons dit en effet qu’autre chose est voir et être vu, autre chose connaître et être connu. Voir et être vu sont donc le propre des corps et ne peuvent être appliqués aux relations réciproques du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Car la nature de la Trinité excède les capacités de la vue, tout en accordant à tous les êtres corporels, c’est-à-dire à tous les autres êtres, les créatures, la possibilité de voir dans leurs relations réciproques, mais à une nature incorporelle, et surtout à une nature intellectuelle, ne conviennent que connaître et être connu, selon cette parole du Sauveur : Personne ne connaît le Fils sinon le Père, ni le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Il a dit fort clairement, non : Personne ne voit sinon le Fils, mais : Personne ne connaît sinon le Fils. Mais si, à cause de ce qui est dit dans l’Ancien Testament sur Dieu qui s’irrite, se repent, ou éprouve toute autre passion humaine, les hérétiques pensent avoir de quoi nous réfuter, puisqu’ils affirment qu’on doit se représenter Dieu comme absolument impassible et exempt de tout sentiment de cette sorte, il faut leur montrer que même dans les paraboles évangéliques on trouve des expressions semblables : par exemple celui qui planta une vigne, la loua à des agriculteurs qui tuèrent les serviteurs qu’il leur envoya et à la fin mirent à mort même son fils qu’il leur avait député, est dit s’être mis en colère, leur avoir enlevé la vigne, avoir fait périr ces mauvais agriculteurs et avoir confié la vigne à d’autres disposés à lui remettre les fruits au moment voulu. On peut citer aussi ces concitoyens qui, après que le père de famille fut parti pour recevoir la royauté, dépêchèrent à sa suite des envoyés pour dire : Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous ; et quand il revint, ayant obtenu la royauté, le père de famille irrité les fit tuer en sa présence et détruire leur ville par le feu. Mais nous, lorsque nous voyons l’Ancien ou le Nouveau Testament parler de la colère de Dieu, nous ne prenons pas à la lettre ce qui y est dit, mais nous y cherchons une compréhension spirituelle, pour penser selon une intelligence digne de Dieu. Lorsque nous avons commenté ce verset du Psaume 2 : Alors il leur parlera dans sa colère et les épouvantera dans sa fureur, nous avons montré comment il fallait entendre cela, comme nous l’avons pu, avec les faibles ressources de notre intelligence. Traité des Principes: Livre II: Premier traité (II, 4-5): Première section

Après avoir traité ces sujets, il est temps de revenir à l’incarnation de notre Seigneur et Sauveur pour voir comment il s’est fait homme et il a vécu parmi les hommes. Selon nos faibles forces, nous avons donc considéré la nature divine par l’examen plutôt de ses oeuvres que de notre intelligence, nous avons néanmoins regardé ses créatures visibles et contemplé par la foi les INVISIBLEs, puisque la fragilité humaine nous empêche de tout voir de nos yeux ou de tout embrasser par la raison : en effet de tous les êtres raisonnables nous sommes, nous hommes, l’être animé le plus faible et le plus fragile, dépassé par ceux qui se trouvent dans le ciel ou au-dessus du ciel. Il nous reste à chercher l’intermédiaire, c’est-à-dire le médiateur, entre toutes ces créatures et Dieu, celui que l’apôtre Paul appelle le premier-né de toute créature. Nous voyons en effet ce que les Écritures saintes nous rapportent de sa grandeur, qu’il est appelé Image du Dieu INVISIBLE et premier-né de toute créature, que, en lui, toutes choses ont été créées, visibles et INVISIBLEs, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances: tout a été créé par lui et en lui; il est lui-même avant toutes choses et tout subsiste en lui, qui est la Tête de tous, étant le seul à avoir pour Tête Dieu le Père selon ce qui est écrit : La Tête du Christ est Dieu. Nous voyons en outre ce qui est écrit : Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père. Qui peut en effet connaître ce qu’est la Sagesse si ce n’est celui qui l’a engendrée ? Qui peut savoir clairement ce qu’est la Vérité si ce n’est le Père de la Vérité ? Qui a pu scruter toute la nature de sa Parole et de ce Dieu lui-même, nature qui vient de Dieu, si ce n’est Dieu seul, auprès duquel était la Parole ? Nous devons accepter en toute certitude que cette Parole – qu’on doit aussi appeler Raison -, que cette Sagesse, que cette Vérité, personne d’autre que le Père ne la connaît, elle dont il est écrit : Je pense que le monde lui-même ne contiendrait pas les livres qui seraient écrits, évidemment sur la gloire et la majesté du Fils de Dieu. Car il est impossible de mettre par écrit ce qui concerne la gloire du Sauveur. Traité des Principes: Livre II: Deuxième traité (II, 6): Deuxième section

Mais après toutes ces merveilles et magnificences, la capacité d’étonnement de l’intelligence humaine est complètement dépassée et la fragilité d’un entendement mortel ne voit pas comment elle pourrait penser et comprendre que cette Puissance si grande de la majesté divine, cette Parole du Père lui-même, cette Sagesse de Dieu dans laquelle ont été créés tout le visible et tout l’INVISIBLE, ait pu, comme il faut le croire, exister dans les étroites limites d’un homme qui s’est montré en Judée, et bien mieux que la Sagesse de Dieu ait pénétré dans la matrice d’une femme, soit née comme un petit enfant, ait émis des vagissements à la manière des nourrissons qui pleurent; et ensuite qu’elle ait été troublée par sa mort, comme on le rapporte et comme Jésus le reconnaît lui-même : Mon âme est triste jusqu’à la mort; et enfin qu’elle ait été conduite à la mort que les hommes jugent la plus indigne, bien qu’elle soit ressuscitée le troisième jour après. Tantôt nous voyons en lui certains traits humains qui paraissent ne différer en rien de la fragilité commune des mortels, tantôt des traits si divins qu’ils ne conviennent à personne d’autre qu’à la nature première et ineffable de la divinité : aussi l’entendement humain reste immobile par suite de son étroitesse et frappé d’une telle stupéfaction qu’il ignore où aller, que tenir, vers où se tourner. Pense-t-il le Dieu, il voit le mortel. Pense-t-il l’homme, il l’aperçoit, ayant vaincu le règne de la mort, revenir des morts avec ses dépouilles. C’est pourquoi ce mystère doit être contemplé en toute crainte et révérence pour montrer en un seul et même être la vérité de chaque nature, afin de ne rien penser d’indigne et d’indécent sur cet être substantiel divin et ineffable, ni juger au contraire que ce qu’il a fait soit l’illusion d’une imagination fausse. Exposer cela à des oreilles humaines et l’expliquer par des paroles excède de beaucoup les possibilités de notre mérite, de notre talent et de notre discours. Je juge que cela dépasse même la mesure des saints apôtres : bien mieux l’explication de ce mystère est peut-être au-dessus des puissances célestes de toute la création. Ce n’est pas cependant par témérité, mais parce que la suite du développement le demande, que nous exposerons en peu de mots, plutôt ce que notre foi contient que ce que les assertions de la raison humaine pourraient revendiquer, en présentant davantage ce que nous supposons que des affirmations manifestes. Donc le Fils unique de Dieu, par qui tout a été fait, le visible et l’INVISIBLE, comme nous l’a appris plus haut cette discussion, a fait toute chose, selon l’attestation de l’Écriture, et aime tout ce qu’il a fait. Car, alors que du Dieu INVISIBLE il est lui-même l’image INVISIBLE, il a donné à toutes les créatures raisonnables de participer à lui de telle sorte que chaque créature adhère à lui par le sentiment de l’amour dans la mesure où elle participe davantage à lui. Mais puisque la faculté du libre arbitre a mis une variété et une diversité parmi les intelligences, les unes ayant un amour plus ardent envers leur créateur, les autres un amour plus faible et plus chétif, cette âme, dont Jésus dit : Personne ne m’ôte mon âme, adhérant à lui depuis sa création et dans la suite d’une manière inséparable et indissociable, comme à la Sagesse et à la Parole de Dieu, à la Vérité et à la Vraie Lumière, le recevant tout entier en elle tout entière et se changeant en sa lumière et en sa splendeur, est devenue avec lui dans son principe un seul esprit, de même que l’apôtre a promis à ceux qui devaient imiter cette âme que : Celui qui se joint au Seigneur est un seul esprit avec lui. De cette substance de l’âme servant d’intermédiaire entre un Dieu et la chair – car il n’était pas possible que la nature d’un Dieu se mêlât à la chair sans médiateur – naît, comme nous l’avons dit, le Dieu-Homme : cette substance était l’intermédiaire, car il n’était pas contre nature pour elle d’assumer un corps. Et de même il n’était pas contre nature que cette âme, substance raisonnable, puisse contenir Dieu, puisque, nous l’avons dit plus haut, elle s’était déjà toute changée en lui, comme en la Parole, la Sagesse et la Vérité. C’est pourquoi, à bon droit, parce qu’elle était tout entière dans le Fils de Dieu ou qu’elle contenait tout entier en elle le Fils de Dieu, elle est appelée elle-même, avec la chair qu’elle a assumée, Fils de Dieu et Puissance de Dieu, Christ et Sagesse de Dieu ; et réciproquement, le Fils de Dieu par qui tout a été créé est nommé Jésus-Christ et Fils de l’homme. Car on dit que le Fils de Dieu est mort, à savoir à cause de cette nature qui pouvait parfaitement recevoir la mort ; et il est appelé Fils de l’homme, celui que l’on prêche comme devant venir dans la gloire de DieuDieu le Père avec les saints anges. Pour cette raison, dans toute l’Écriture la divine nature est appelée par des vocables humains et la nature humaine est ornée des titres réservés à Dieu. Dans ce cas plus que dans tout autre, on peut dire ce qui est écrit : Ils seront les deux dans une chair une: désormais ils ne sont plus deux, mais une chair une. Car la Parole de Dieu est bien plus avec son âme dans une chair une que ce que l’on pense du mari avec son épouse. Mais à qui convient-il mieux d’être un seul esprit avec Dieu qu’à cette âme qui s’est si bien jointe à Dieu par l’amour qu’elle peut être dite à bon droit un seul esprit avec lui. La perfection de l’amour et la sincérité d’une affection pure ont fait l’unité inséparable de cette âme avec un Dieu, tellement que l’assomption de cette âme n’est pas le produit du hasard ni le résultat d’une partialité envers une personne, mais vient du mérite de ses vertus. C’est ce que dit le prophète s’adressant à elle : Tu as aimé la justice et haï l’iniquité: c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a ointe de l’huile de joie plus que tes participants. A cause du mérite de son amour elle est ointe de l’huile de joie, c’est-à-dire l’âme avec la Parole de Dieu devient le Christ. Etre oint de l’huile de joie ne veut pas dire autre chose qu’être rempli de l’Esprit Saint. Ce qui est dit : plus que tes participants, indique que la grâce de l’Esprit ne lui a pas été donnée comme aux prophètes, mais qu’elle avait en elle la plénitude substantielle de la Parole de Dieu, selon l’Apôtre : En qui habite corporellement la plénitude de la divinité. Et enfin il n’est pas dit seulement : Tu as aimé la justice, mais : Et tu as haï l’iniquité. Haïr l’iniquité revient à ce que l’Écriture dit du Christ : Il n’a pas commis de péché et on n’a pas trouvé de ruse dans sa bouche, et : Il a été éprouvé en tout de manière semblable sans péché. Mais le Seigneur lui-même dit : Qui de vous me convainc de péché ? De nouveau il dit de lui-même : Voici que vient le prince de ce monde et en moi il ne trouve rien. Tout cela montre qu’il n’y a en lui aucune pensée de péché. Le prophète exprime avec plus de clarté encore que jamais aucune pensée d’iniquité n’est entrée en lui quand il dit : Avant que l’enfant ait su appeler son père ou sa mère, il s’est détourné de l’iniquité. Traité des Principes: Livre II: Deuxième traité (II, 6): Deuxième section

Voyons aussi dans le Nouveau Testament le passage où Satan s’approche du Seigneur pour le tenter. Des esprits malins et des démons impurs qui possédaient d’assez nombreuses personnes ont été mis en fuite par le Seigneur et chassés des corps de ces malades, que l’Écriture dit libérés par lui. Mais Judas, alors que le diable avait mis dans son coeur l’intention de livrer le Christ, reçut ensuite Satan tout entier en lui : il est écrit en effet que après la bouchée Satan entra en lui. Quant à l’apôtre Paul, il nous enseigne à ne pas donner de place au diable, mais revêtez, dit-il, les armes de Dieu, pour que vous puissiez résister aux astuces du diable, signifiant que les saints ont à lutter non contre la chair et le sang, mais contre les principautés, les puissances, les chefs de ce monde de ténèbres, les esprits de méchanceté dans les deux. Il dit que le Sauveur a été crucifié par les princes de ce monde qui seront détruits et il affirme qu’il ne parle pas selon leur sagesse. Par tout cela, l’Écriture divine nous enseigne qu’il existe des ennemis INVISIBLEs en lutte contre nous et elle nous enjoint de nous armer contre eux. A cause de cela, les plus simples de ceux qui croient au Seigneur Christ pensent que tous les péchés commis par les hommes se font à cause de ces puissances contraires qui harcèlent l’intelligence des pécheurs, parce que, dans ce combat INVISIBLE, ces puissances se trouvent les plus fortes. Si par exemple le diable n’existait pas, aucun homme ne pécherait. Traité des Principes: Livre III: Septième traité (III, 2-4): Première section

Tout ce raisonnement suppose que Dieu a créé deux natures générales : une nature visible, c’est-à-dire corporelle, et une nature INVISIBLE qui est incorporelle. Mais ces deux natures reçoivent des mutations diverses. L’INVISIBLE, qui est raisonnable, change de mentalité et de propos par le fait qu’elle est douée de libre arbitre ; à cause de cela elle se trouve tantôt dans le bien tantôt dans son contraire. Mais la nature corporelle reçoit une mutation dans sa substance : c’est pourquoi, quelle que soit la chose dans laquelle veuille la façonner, la travailler ou la remanier l’artisan de toutes choses, Dieu, la matière lui est disponible en tout, il peut donc la transmuer et la transformer en n’importe quelle forme ou apparence, selon ce que demandent les mérites des choses. Cela est exprimé clairement par le prophète : Dieu, dit-il, qui a fait toutes choses et les transforme. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Seconde section

Tout homme qui se soucie de vérité ne doit guère s’occuper des mots et des paroles, car dans chaque nation il y a des usages divers concernant les mots ; il doit porter plutôt son attention sur ce qui est signifié que sur les mots qui le signifient, surtout quand il s’agit de réalités si hautes et si difficiles. Par exemple, lorsqu’on se demande s’il existe une substance à laquelle on ne peut attribuer ni couleur ni forme ni toucher ni grandeur, une substance que seule l’intelligence peut percevoir et que chacun nomme comme il veut : car les Grecs l’ont appelée asômaton, c’est-à-dire incorporelle, tandis que les divines Écritures la disent INVISIBLE, puisque l’Apôtre affirme que Dieu est INVISIBLE : il dit en effet que le Christ est l’image du Dieu INVISIBLE. Mais il dit pareillement que par le moyen du Christ tout a été créé, le visible et l’INVISIBLE. Il affirme par là qu’il y a parmi les créatures des substances INVISIBLEs selon leur nature propre. Mais ces dernières, quoique non corporelles, se servent cependant de corps, bien qu’elles soient supérieures à la nature corporelle. Mais la substance de la Trinité, principe et cause de toutes choses, de laquelle et dans laquelle tout existe, il faut croire qu’elle n’est pas un corps, ni dans un corps, mais totalement incorporelle. Tout cela nous l’avons dit brièvement, comme par digression, menés par la suite logique du développement : cela suffît à montrer qu’il y a des réalités dont la signification ne peut être expliquée adéquatement par aucun mot d’un langage humain, mais qui sont affirmées plutôt par un acte plus simple de l’intelligence que par les expressions les plus exactes. Cette règle aussi doit guider la compréhension des divines Écritures, afin d’estimer ce qui est dit non d’après le peu de valeur du style, mais selon la divinité de l’Esprit Saint qui en a inspiré la rédaction. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

Récapitulation sur le Père, le Fils l’Esprit Saint et les autres points qui ont été traités plus haut: Le moment est venu, après avoir parcouru selon nos forces tout ce qui a été dit plus haut, de récapituler en guise de rappel chacun des points que nous avons traités séparément et d’abord de revenir sur le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Puisque Dieu le Père est INVISIBLE et inséparable de son Fils, il n’a pas engendré le Fils par prolation comme certains le pensent. En effet si le Fils est une prolation du Père, comme ce mot de prolation exprime une génération semblable au mode ordinaire de reproduction des animaux ou des hommes, il faut nécessairement que celui qui a mis au jour et celui qui a été mis au jour soient corps. Nous ne disons donc pas, comme le pensent les hérétiques, qu’une partie de la substance de Dieu se soit changée en fils ou que le Fils a été procréé par le Père à partir de rien, c’est-à-dire en dehors de sa substance, de telle sorte qu’il fut un moment où il n’était pas, mais nous disons, en supprimant toute signification corporelle, que la Parole et Sagesse est née du Père INVISIBLE et incorporel, sans que rien ne se produise corporellement, comme la volonté procède de l’intelligence. Il ne paraîtra pas absurde, puisqu’il est appelé fils de la charité, de penser qu’il est pareillement fils de la volonté. Mais Jean indique aussi que Dieu est lumière, et Paul montre que le Fils est le rayonnement de la lumière éternelle. De même que jamais la lumière n’a pu exister sans son rayonnement, de même le Fils ne peut être compris sans le Père, lui qui est appelé l’empreinte et l’expression de sa substance, sa Parole et sa Sagesse. Comment peut-il être dit qu’il fut un moment où le Fils n’aurait pas été ? Cela revient à dire qu’il fut un moment où la Vérité n’aurait pas été, où la Sagesse n’aurait pas été, où la Vie n’aurait pas été, alors que dans tous ces aspects est dénombrée parfaitement la substance du Père. Ils ne peuvent pas être séparés de lui et ne peuvent jamais être séparés de sa substance. Bien qu’on dise qu’ils sont multiples sous le regard de l’intelligence, ils sont un par leur substance et en eux se trouve la plénitude de la divinité. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

On ne doit pas penser que nous affirmons ainsi qu’il y avait dans le Christ une partie de la divinité du Fils de Dieu, le reste se trouvant ailleurs ou partout : ceux qui peuvent penser ainsi ignorent la nature de la substance incorporelle et INVISIBLE. Il est impossible de parler d’une partie de l’incorporel ou qu’il y ait en lui une division ; mais il est en tout et à travers tout et au-dessus de tout, de la manière indiquée plus haut, c’est-à-dire qu’il est compris comme Sagesse, Parole, Vie et Vérité, compréhension qui exclut sans aucun doute qu’il soit enfermé dans un lieu. Donc le Fils de Dieu, voulant se montrer aux hommes et vivre parmi eux pour le salut du genre humain, a reçu non seulement, comme certains le pensent, un corps humain, mais aussi une âme, semblable par sa nature aux nôtres, mais semblable à lui, le Fils, par son propos et sa vertu, de façon qu’elle puisse accomplir sans aucune défaillance toutes les volontés et tous les desseins de la Parole et de la Sagesse. Qu’il ait possédé une âme, le Sauveur lui-même l’affirme très clairement dans les Évangiles : Personne ne m’enlève mon âme, mais c’est moi qui la dépose de moi-même. J’ai le pouvoir de la déposer et j’ai le pouvoir de la reprendre. Et pareillement : Mon âme est triste jusqu’à la mort. Ou encore : Maintenant mon âme est troublée. Il ne faut pas entendre dans cette âme triste et troublée la Parole de Dieu, qui dit par contre avec l’autorité de la divinité : J’ai le pouvoir de déposer mon âme. Nous ne disons pas non plus que le Fils de Dieu se soit trouvé dans cette âme comme il fut dans les âmes de Paul, de Pierre ou des autres saints, dans lesquels on croit que le Christ a parlé comme en Paul. Mais de tous ceux-ci il faut penser ce que dit l’Écriture : Personne n’est pur de souillure, même si sa vie n’a duré qu’un jour. Mais au contraire l’âme qui fut en Jésus, avant de connaître le mal, a choisi le bien; et parce qu’elle a aimé la justice et haï l’iniquité, à cause de cela Dieu l’a ointe de l’huile d’allégresse plus que ses compagnes. Elle a été ointe de l’huile d’allégresse lorsqu’elle fut jointe à la Parole de Dieu par une union sans tache et, à cause de cela, seule de toutes les âmes, elle a été incapable de pécher, puisqu’elle a contenu le Fils de Dieu d’une manière bonne et pleine ; c’est pourquoi elle est un avec lui, on la nomme des mêmes vocables que lui et on l’appelle Jésus-Christ, par qui, dit l’Écriture, tout a été fait. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

Il faut d’abord savoir que nous n’avons nulle part jusqu’à maintenant trouvé dans les Écritures canoniques ce mot de matière pour désigner la substance qu’on considère comme sous-jacente aux corps. Lorsque Isaïe dit : Et il mangera comme du foin l’hylè, c’est-à-dire la matière, il parle de ceux qui se trouvent dans les supplices et par matière désigne les péchés. Si on trouve dans un autre endroit le mot de matière, nulle part, à mon avis, on ne le voit signifier ce dont nous parlons, excepté seulement dans la Sagesse dite de Salomon, livre dont l’autorité n’est pas reconnue de tous. On y trouve donc ceci : Ta main toute-puissante qui avait créé le monde à partir de la matière informe n’était pas embarrassée pour leur envoyer une foule d’ours ou des lions féroces. Beaucoup pensent, certes, qu’il s’agit de la matière même des choses dans ce qui a été écrit par Moïse au début de la Genèse : Au début, Dieu fit le ciel et la terre ; la terre était INVISIBLE et sans ordre. Par cette terre INVISIBLE et sans ordre, Moïse n’a pas semblé indiquer autre chose que la matière informe. S’il s’agit vraiment là de la matière, il s’ensuit que les principes des corps ne sont pas immuables. Car ceux qui ont mis pour principes des choses corporelles les atomes, qu’il s’agisse de ce qui ne peut être divisé ou de ce qui peut l’être en parties égales, ou l’un des quatre éléments, n’ont pu placer parmi les principes le mot de matière, c’est-à-dire ce qui définit au premier chef la matière. Et lorsqu’ils font de la matière le substrat de tous les corps, comme une substance convertible, changeable et divisible de toute manière, ils ne pourront le faire selon sa nature propre en faisant abstraction des qualités. Nous acceptons ce qu’ils disent, nous qui refusons de toute manière de dire la matière incréée ou non faite, comme nous l’avons montré plus haut selon nos possibilités, lorsque nous avons signalé que les diverses sortes de fruits sont produits par les différentes espèces d’arbres à partir de l’eau et de la terre, de l’air et de la chaleur, et lorsque nous avons enseigné que le feu, l’air, l’eau et la terre se changent l’un dans l’autre, et que chaque élément se résout en un autre par suite d’une parenté réciproque ; pareillement, lorsque nous avons prouvé que chez les hommes et les animaux la substance de la chair tire son existence de la nourriture et que l’humeur de la semence naturelle se change en une chair solide et dans des os. Tout cela nous enseigne que la substance corporelle est transformable et qu’elle passe d’une qualité à l’autre. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section