Comme tout ce que Dieu allait faire était constitué d’esprit et de corps, il est dit que le ciel, c’est-à-dire la substance spirituelle, où Dieu repose en quelque façon comme « sur un trône », fut fait « dans le commencement » et « avant toutes choses ». Quant au firmament, c’est un ciel corporel. Le premier ciel, que nous avons qualifié de spirituel, c’est notre esprit (mens nostra) qui est essentiellement spirituel (spiritus est) ; autrement dit c’est notre HOMME spirituel qui voit et contemple Dieu ; et le ciel corporel ou firmament, c’est notre HOMME extérieur, celui qui voit avec les yeux du corps. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Et de même que le ciel a été appelé firmament parce qu’il sépare les eaux qui sont au-dessus de lui de celles qui sont au-dessous, ainsi l’HOMME, établi dans un corps, s’il peut réaliser une séparation entre « les eaux supérieures qui sont au-dessus du firmament et celles qui sont au-dessous », sera lui aussi appelé Ciel ou « HOMME céleste », selon la parole de l’Apôtre Paul : « Notre demeure est dans le ciel. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Comme ces luminaires que nous voyons au ciel servent de signes « pour marquer les époques, les jours et les années », éclairant du haut du firmament ceux qui sont sur la terre, ainsi le Christ, illuminant son Église, fait dé ses commandements des signes par lesquels nous apprenions à éviter « la colère à venir » ; de la sorte, loin que « ce jour nous surprenne comme un voleur », nous pourrons parvenir à « l’année miséricordieuse du Seigneur ». C’est donc le Christ qui est « la lumière vraie qui illumine tout HOMME venant en ce monde », et l’Église, recevant sa lumière, devient elle-même « lumière du monde », illuminant « ceux qui sont dans les ténèbres », selon cette parole du Christ à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ». D’où il ressort que le Christ est la lumière des Apôtres, et les Apôtres à leur tour la lumière du monde. Car les Apôtres « n’ont ni tache, ni ride, ni rien de semblable » ; ils sont l’Église véritable, selon cette parole de l’Apôtre que Dieu « a voulu faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, sans ride ni rien de semblable ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Tout à l’heure, le texte portait : « que les eaux produisent des êtres vivants qui rampent et des oiseaux volant sur la terre au firmament du ciel », mais il porte maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes et des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce ». Pour ce qui est des êtres produits par l’eau, nous avons dit qu’il fallait les interpréter comme les mouvements et les pensées de notre esprit qui viennent de l’intime du coeur. Quant à ce qui est dit maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes, des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce », je pense qu’il faut entendre par là les mouvements de notre HOMME extérieur, autrement dit de l’HOMME charnel et terrestre. Car là où il est question de la chair, il n’est pas fait mention d’oiseaux mais seulement de quadrupèdes, de bêtes qui rampent et de bêtes de la terre. Au dire de l’Apôtre, « le bien n’habite pas dans ma chair » et « la sagesse de la chair est ennemie de Dieu » ; aussi, ce que produit la terre, c’est-à-dire notre chair, c’est ce qui fait l’objet de ce commandement du même apôtre : « Faites mourir vos membres, ce membres de l’HOMME terrestre, la fornication, l’impureté, la luxure, l’avarice, l’idolâtrie » et le reste. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Or, cet HOMME qui, d’après l’Écriture, a été « fait à l’image de Dieu », ce n’est évidemment pas l’HOMME corporel. Car le corps matériel apparent ne contient pas l’image de Dieu ; et, selon le texte, l’HOMME corporel n’a pas été « fait », mais « façonné », comme porte l’Écriture dans la suite. En effet il est dit : « Et Dieu façonna l’HOMME », c’est-à-dire le pétrit « du limon de la terre ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Celui qui a été « fait à l’image de Dieu », c’est notre HOMME intérieur, invisible, incorporel, incorruptible et immortel. Car c’est à ces qualités-là vraiment que l’image de Dieu se reconnaît. S’imaginer que c’est l’être corporel qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, c’est laisser supposer que Dieu lui-même est corporel et possède une forme humaine : une telle idée de Dieu est de toute évidence une impiété. Aussi quand ces HOMMEs charnels qui méconnaissent la nature spirituelle de la divinité, lisent l’Écriture qui fait dire à Dieu : «le ciel est mon trône et la terre, l’escabeau de mes pieds », ils croient que Dieu possède un corps si grand que, du ciel où il est assis, il peut étendre les pieds jusque sur la terre. S’ils ont ces idées, c’est qu’il leur manque les oreilles qu’il faut pour écouter dignement les paroles de Dieu sur Dieu rapportées dans l’Écriture. La parole : « le ciel est mon trône », doit convenablement s’interpréter de Dieu en sachant que Dieu repose et réside en ceux dont « la demeure est dans les cieux » ; quant à ceux qui nourrissent encore des désirs terrestres, en eux se trouve la partie la plus reculée de sa providence, comme c’est indiqué en figure par la mention des pieds. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
C’est à la ressemblance de cette image que l’HOMME a été fait. Aussi notre Sauveur, qui est l’image de Dieu, ému de pitié pour l’HOMME qui avait été fait à sa ressemblance et qu’il voyait renoncer à son image pour revêtir celle du malin, ému de pitié, prit lui-même l’image de l’HOMME et vint à lui, comme affirme l’Apôtre en disant : « bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, mais il s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave, et, reconnu pour HOMME en tout ce qui a paru de lui, il s’est abaissé lui-même jusqu’à la mort ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Notre HOMME intérieur est constitué d’un esprit et d’une âme. On peut faire de l’esprit le mâle et de l’âme la femelle. Si ces deux éléments s’entendent et s’accordent entre eux, par leur union ils croissent et multiplient ; ils engendrent des fils : les bons mouvements, les idées et les pensées profitables, au moyen desquels ils remplissent et dominent la terre. Autrement dit, ayant maîtrisé le sens de la chair, ils l’inclinent à de bons desseins, et ils le dominent en ne tolérant aucune insurrection de la chair contre la volonté de l’esprit. Si donc il arrive que l’âme qui est unie à l’esprit et pour ainsi dire mariée avec lui, s’écarte vers les plaisirs corporels et se porte aux jouissances de la chair, si tantôt elle semble obéir aux salutaires avertissements de l’esprit et tantôt cède aux vices charnels, cette âme souillée par l’adultère du corps, ne peut pas croître ni multiplier légitimement ; au reste, l’Écriture nomme les imparfaits des fils d’adultère. Cette âme divorcée d’avec l’esprit se livre tout entière au sens de la chair et aux désirs corporels, elle se détourne effrontément de Dieu et elle s’entendra dire qu’ « elle a pris un visage de courtisane et qu’elle s’est livrée sans pudeur à tout le monde ». Elle sera donc punie comme une courtisane et l’on ordonnera de « préparer un massacre à ses fils ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Voici donc d’abord le texte lui-même : « Alors le Seigneur dit à Noé : la fin de tout HOMME est venue devant moi, car la terre est pleine d’iniquités à cause d’eux ; je vais les détruire ainsi que la terre. Fais-toi une arche de bois équarris ; tu feras des cellules dans l’arche et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu feras l’arche : tu feras l’arche en comptant trois cents coudées pour la longueur, cinquante coudées pour la largeur et trente pour la hauteur. Au niveau du toit, tu la termineras à la dimension d’une coudée. Tu feras une porte sur le côté de l’arche ; en bas, tu la feras à double voûte, en haut, à triple voûte. » – Et peu après l’Écriture ajoute : « Alors Noé fit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait ordonné. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Ainsi – mais c’est une parenthèse – remarquez qu’il faut peut-être comprendre le texte : « Maudit soit de Dieu tout HOMME qui est suspendu au bois » dans le même sens que celui-ci : « Maudit soit l’HOMME qui met son espoir en l’HOMME. » C’est à Dieu seul que nous devons être suspendus, à l’exclusion de tout autre, assurât-on même qu’il fût du jardin de Dieu, selon ce que dit Paul : « Quand nous-mêmes ou un ange du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème. » – Mais remettons ce sujet à une autre fois. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
A la largeur, on attribue le nombre cinquante qui est le nombre consacré à la rémission et à la remise. Selon la Loi, en effet, il y avait une rémission tous les cinquante ans ; c’est-à-dire que si l’on avait vendu un bien on le recouvrait alors, et si un HOMME libre était tombé en servitude, il recouvrait la liberté ; le débiteur recevait remise de sa dette et l’exilé revenait dans sa patrie. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
– En de nombreux passages de la divine Écriture, nous lisons que Dieu parle aux nommes. Là-dessus les Juifs et même quelques-uns des nôtres ont pensé qu’il fallait comprendre Dieu comme un HOMME, c’est-à-dire composé de membres humains et doué d’un aspect humain ; mais les philosophes tiennent avec dédain cela pour des fables, formées sur le modèle des fictions poétiques. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Ce que je vais dire s’adresse en premier lieu aux gens de l’extérieur qui nous rebattent insolemment les oreilles en disant qu’il ne se peut pas qu’un Dieu suprême, invisible et incorporel se comporte comme un HOMME. Car, disent-ils, si vous lui donnez l’usage de la parole, il faut que vous lui donniez par là même une bouche, une langue et les autres organes nécessaires à la parole ; et s’il en est ainsi, vous cessez de reconnaître Dieu comme invisible et incorporel. – En compliquant et en multipliant les arguments de ce genre, ils tracassent nos gens. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
– Puisque nous en sommes à ce passage, je veux examiner si le Dieu tout-puissant, qui gouverne le ciel et la terre, quand il voulut faire alliance avec un HOMME saint, fit consister l’essentiel d’une si grande affaire dans le retranchement d’un prépuce de chair chez cet HOMME et ceux de sa race. « Mon alliance, dit-il, sera dans ta chair. » La circoncision était-elle donc la chose que le « Maître du ciel et de la terre » conférait comme gage d’éternelle alliance à l’HOMME unique choisi entre tous les mortels ? Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Il ne suffit pas de se payer de mots et de proclamer cette alliance en paroles seulement ; il faut encore en remplir réellement les conditions L’Apôtre Jean dit : « Tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu ! » Eh quoi ! un pécheur et un agent du mal qui « confessera que Jésus-Christ est venu dans la chair », paraîtra le faire dans l’esprit de Dieu ? Non, cela n’est pas porter l’alliance de Dieu dans sa chair, c’est la porter seulement dans ses paroles. Cet HOMME aussitôt s’entend dire : tu te trompes ô HOMME, «le royaume de Dieu ne consiste pas dans des paroles, mais dans des oeuvres ». Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
On dit que Dieu descend, quand il veut bien s’occuper de la faiblesse humaine. Et il faut entendre cela plus spécialement de notre Seigneur et Sauveur, qui « n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, mais s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave ». Il est donc descendu. Car « nul n’est monté au ciel si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’HOMME qui est dans le ciel ». Le Seigneur est, en effet, descendu non seulement pour guérir nos maladies mais pour les porter ». « Car il prit la condition d’esclave », et, bien que par son égalité avec le Père il eût une nature invisible, il revêtit cependant une forme visible « et il a été reconnu pour HOMME par tout ce qui a paru de lui ». Homélies sur la Genèse: IV – L’APPARITION DE DIEU A ABRAHAM Le premier jour.
L’Apôtre fait entendre à peu près la même chose quand il dit : « Aussi longtemps que l’héritier est enfant, il ne diffère en rien d’un esclave quoiqu’il soit le maître de tout ; mais il est soumis à des tuteurs et à des curateurs jusqu’au temps marqué par le Père. » Il est donc entant, « celui qui se nourrit de lait » et « ne met pas en pratique la parole de justice », celui qui ne peut pas recevoir « la nourriture solide » de la divine sagesse et de la science de la loi, celui qui ne peut pas « comparer les choses spirituelles aux choses spirituelles » et qui ne peut pas encore dire : «lorsque je suis devenu HOMME, j’ai laissé là ce qui était de l’enfant ». Celui-là « ne diffère nullement d’un esclave ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
L’Apôtre nous a donc livré les pensées de cet HOMME de foi : car ce fut alors, à propos d’Isaac, la première fois que se manifesta la foi en la résurrection. Abraham espérait qu’Isaac ressusciterait ; il croyait que se réaliserait ce qui n’était pas encore accompli. Comment donc peuvent-ils être « enfants d’Abraham », ceux qui ne croient point à l’accomplissement dans le Christ de ce qu’Abraham croyait seulement en espérance dans Isaac ? J’ajouterai, plus clairement encore ; Abraham savait qu’il figurait d’avance l’image de la vérité à venir, il savait que le Christ naîtrait de sa descendance pour être offert en victime, véritable cette fois, du monde entier et ressusciter d’entre les morts. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Par ailleurs, remarquons-le, l’Écriture place cette parole dans la bouche d’un ange, et la suite nous montre clairement que cet ange est le Seigneur. J’en conclus que si, parmi nous autres HOMMEs, « il a pris les dehors d’un HOMME », il a vraisemblablement, parmi les anges, pris les dehors d’un ange. Et les anges, à son exemple, dans le ciel, se réjouissent « pour un seul pécheur qui fait pénitence », et tirent gloire des progrès des HOMMEs. Car ils sont comme les administrateurs de nos âmes, eux à qui, « tant que nous sommes enfants », nous sommes confiés « comme à des tuteurs et à des intendants jusqu’au temps marqué par le Père ». Aussi, constatant nos progrès actuels, disent-ils de chacun de nous : « Maintenant je sais que tu crains Dieu. » Mais pourquoi donc ces paroles ont-elles été dites à Abraham, pourquoi avoir proclamé qu’il craignait Dieu ? C’est parce qu’il n’a pas épargné son propre fils. – Rapprochons de cela les paroles de l’Apôtre où il est dit de Dieu qu’« il n’a pas épargné son propre Fils mais qu’il l’a livré pour nous tous ». Voyez avec quelle magnifique générosité Dieu rivalise avec les HOMMEs : Abraham a offert à Dieu un fils mortel qui ne devait pas mourir, Dieu a livré à la mort pour les HOMMEs un Fils immortel. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Quand vous vous approchez de Dieu dans la joie, il vous rend à son tour ce que vous lui avez offert, et il vous dit : « Vous me reverrez et votre coeur se réjouira et nul ne vous ravira votre joie. » Ainsi tout ce que vous offrez à Dieu vous revient surabondamment. C’est ce qu’indiquent les Évangiles – encore que la figure soit diffé-rente – dans la parabole où il est dit qu’un HOMME reçut une mine pour la faire fructifier et procurer de l’argent au père de famille. Écoutez le texte en effet : « Enlevez-lui cette mine, dit-il, et donnez-la à celui qui en a dix. » Mais si vos cinq mines en rapportent dix, on vous en fera don et elles vous seront laissées. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Cela nous est encore montré en figure dans ce qui arrive à Job. Cet HOMME en effet qui était très riche, pour Dieu perdit tous ses biens. Il endura courageusement les coups du malheur et dans toutes ses souffrances fit preuve d’une grande âme. « Le Seigneur a donné, disait-il, le Seigneur a repris : il en est comme le Seigneur a voulu ; que le nom du Seigneur soit béni ! » Aussi remarquez, à la fin, ce qui est écrit de lui : « Il reçut le double de tout ce qu’il avait perdu. » Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Ne semble-t-il pas qu’il y ait là une évidente allusion à cette parole de l’Apôtre : « Le premier HOMME tiré de la terre est terrestre, le second HOMME venu du ciel est céleste » ? La promesse qui concerne le peuple de la foi vient du ciel, l’autre de la terre. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
L’Apôtre dit, comme nous l’avons déjà rappelé : « Le premier HOMME sorti de la terre est terrestre, le second HOMME venu du ciel est céleste. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Vous voyez son raisonnement : si vous demeurez dans ce premier HOMME qui vient de la terre, vous serez rejetés, à moins que vous ne vous changiez, que vous ne vous convertissiez et que, devenus célestes, vous ne receviez en vous l’image de l’HOMME céleste. C’est ce qu’il dit ailleurs : « Dépouillant le vieil HOMME avec ses oeuvres et revêtant le nouveau qui a été créé selon Dieu. » Et ailleurs encore : « Voici que les choses anciennes sont passées ; tout est devenu nouveau. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
– Ce n’est pas sans raison que cela est écrit d’elle. Mais une chose me frappe : que signifie la parole : « C’était une jeune fille, une vierge et aucun HOMME ne l’avait connue » ? Comme si une vierge pouvait être autre chose qu’une femme qu’un HOMME n’a point touchée ! Et que peut-il bien s’ajouter au mot vierge, lorsqu’il est dit qu’ « aucun HOMME ne l’avait connue » ? Peut-il donc y avoir des vierges qu’un HOMME aurait connues ? Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Si le Christ est appelé le mari de l’âme, – car l’âme l’épouse quand elle vient à la foi, – son adversaire est bien cet autre mari que l’âme épouse quand elle s’écarte de la foi, celui-là même que l’Écriture nomme « l’ennemi » parce qu’ « il sème l’ivraie au milieu du bon grain ». Il ne suffit donc pas pour l’âme qu’elle soit chaste de corps, il faut encore que ce mari exécrable ne l’ait point connue. Car il peut arriver qu’une femme, tout en conservant la virginité du corps, connaisse ce mari exécrable qu’est le diable, et qu’en accueillant dans son coeur les traits de la convoitise elle perde la chasteté de l’âme. Et c’est parce que Rébecca était saintement vierge de corps et d’âme à la fois, que l’Écriture redouble son éloge et dit : « elle était vierge et aucun HOMME ne l’avait connue. » Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
« Rébecca s’en va donc à l’eau le soir. » Tout à l’heure nous avons déjà parlé du soir. Mais remarquez la prudence du serviteur : il ne veut amener comme épouse à son maître Isaac qu’une vierge parée et qui a beau visage. Il ne lui suffit pas que ce soit une vierge, il faut aussi qu’aucun HOMME ne l’ait connue et qu’il la trouve en train de puiser de l’eau, car il ne veut pas en fiancer une autre à son maître. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Parlant d’Abraham et de Sara, il dit quelque part : « Sans faiblir dans sa foi, il ne considéra pas que son corps était déjà éteint, puisqu’il avait près de cent ans, ni que le sein de Sara était épuisé. » Cet HOMME dont l’Apôtre dit qu’il avait le corps éteint à cent ans et qu’il engendra Isaac plutôt par la puissance de la foi que par la fécondité du corps, voici que l’Écriture rapporte maintenant qu’il prit une femme du nom de Céthura, qu’il eut d’elle plusieurs enfants, et cela vraisemblablement à l’âge d’environ cent trente-sept ans. Car Sara, son épouse, était, dit l’Écriture, de dix ans plus jeune que lui, et elle mourut à cent vingt-sept ans ; ce qui indique qu’Abraham avait plus de cent trente-sept ans lorsqu’il épousa Céthura. Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.
Pourquoi Jacob a-t-il supplanté son frère ; pourquoi est-il né lisse et nu, alors que tous les deux ont été conçus, comme dit l’Apôtre, « d’un seul HOMME, d’Isaac notre Père ; pourquoi Ésaü est-il au contraire tout entier velu et hirsute et comme recouvert de la saleté du péché et de l’injustice, ce n’est pas mon intention d’expliquer ces privilèges de naissance. Car, si je veux creuser profond et découvrir les filets d’eau vive qui se cachent, les Philistins ne vont pas manquer de me chercher querelle, ils vont me susciter des disputes et des chicanes et se mettront à remplir mes puits de leur terre et de leur boue. Si ces Philistins me laissaient faire, moi aussi, je m’approche-rais de mon Seigneur, de mon très patient Seigneur, qui dit : « Je ne repousse pas celui qui vient à moi » ; je m’approcherais, et, semblable à ses disciples qui lui demandaient : « Seigneur, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit aveugle ? », je l’interrogerais de la sorte : Seigneur, qui a péché, Ésaü ou ses parents, pour qu’il soit né tout velu et hirsute et pour qu’il soit supplanté par son frère dans le sein de sa mère ? Mais si je fais mine d’interroger et de scruter là-dessus la parole divine, les Philistins ne manquent pas de s’en prendre à moi et de me chicaner. Aussi nous abandonnerons ce puits, nous l’appellerons « inimitié » et nous en creuserons un autre. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
– Plus loin l’Écriture dit : « Isaac sema de l’orge et recueillit le centuple. Le Seigneur le bénit, et cet HOMME devint grand et il alla s’accroissant de plus en plus, jusqu’à devenir très grand. » Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Les serviteurs d’Isaac, ce sont les Apôtres de notre Seigneur. « Un jour de Sabbat qu’ils passaient au travers des moissons, ils arrachaient des épis et, les froissant dans leurs mains, les mangeaient. » Là-dessus, réflexion de ceux qui avaient obstrué les puits de son Père : « Voici que tes disciples font ce qui n’est pas permis le jour du sabbat. » Mais lui, essayant de dégager leur esprit enlisé, leur dit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David quand il eut faim, lui et ses compagnons; comment il entra chez le grand-prêtre Abiathar et mangea, lui et ses serviteurs, les pains de proposition qu’il n’était permis de manger qu’aux seuls prêtres ? » – Et il ajouta : « Si vous compreniez cette parole : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n’auriez jamais con-damné des innocents ». – Mais eux, à cela, que repartent-ils ? Ils s’en prennent à ses serviteurs et disent : « Cet HOMME n’est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat. » Telle est donc la façon dont Isaac recreusa les puits « qu’avaient creusés les serviteurs de son Père ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.
Quand Dieu fit l’HOMME, au commencement, « il le fit à son image et ressemblance » ; et il n’imprima pas cette image à l’extérieur, mais au dedans de lui. On ne pouvait pas la voir en vous, tant que votre maison était sale, pleine d’ordures et de plâtras. Cette source de perfection était en vous, mais elle ne pouvait pas jaillir, puisque les Philistins l’avaient remplie de terre et vous avaient fait ressembler à l’ « HOMME terrestre ». Ainsi vous avez porté, jadis, l’image de l’HOMME terrestre ; mais après ce que vous venez d’entendre, débarrassés par le Verbe de Dieu de cette grande masse de terre qui vous oppressait, faites resplendir en vous, maintenant, « l’image de l’HOMME céleste ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.
L’artisan de cette image est le Fils de Dieu. Artisan d’une telle valeur, que son image peut bien être obscurcie par la négligence, mais non pas détruite par la malice. L’image de Dieu demeure toujours en vous, même quand vous y superposez de vous-même celle de l’« HOMME terrestre ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.
– Mais Abimélech, cet HOMME qui, jadis, avait rendu hommage à Abraham, arrive maintenant de Gérare avec ses amis auprès d’Isaac : « et Isaac leur dit : Pourquoi êtes-vous venus vers moi, vous qui me haïssez et qui m’avez renvoyé de chez vous ? A quoi ils répondirent : Nous avons vu clairement que le Seigneur est avec toi et nous avons dit : Qu’il y ait un serment entre nous et toi, et faisons une alliance avec toi pour que tu ne nous fasses pas de mal, etc… » Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.
La recommandation faite par Dieu au premier HOMME contient aussi le même enseignement : « Le jour où vous en mangerez, dit l’Écriture, vous mourrez ». Et aussitôt que l’HOMME eut enfreint le commandement, il mourut. Elle est morte, en effet, l’âme qui a péché, et le serpent est accusé de l’avoir trompée pour avoir dit : « Vous ne mourrez point. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Demandons-nous alors si cela ne serait pas la figure de la descente du Seigneur en ce monde, de son accroissement en « une grande nation », c’est-à-dire en l’Église qui réunit les nations, et de son retour au Père à la consommation de toutes choses ; – ou bien encore la figure du premier HOMME qui descendit en Egypte au milieu des combats, quand, chassé des douceurs du paradis, il aborda les souffrances et les misères de ce monde et qu’on lui fit entrevoir le combat contre le serpent, par ces paroles : « Tu le guetteras à la tête et il te guettera au talon », et par ces paroles, également, dites à la femme : « Je mettrai une inimitié entre toi et lui, entre ta postérité et sa postérité. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Quant au texte : « Je t’en ferai revenir à la fin », je pense, comme nous avons dit tout à l’heure, qu’il signifie qu’à la fin des siècles le fils unique de Dieu « est descendu aux enfers » pour le salut du monde et qu’il en a ramené le premier HOMME. Il faut comprendre en effet que la parole dite au larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis », ne lui a pas été dite à lui seulement, mais à tous les saints pour lesquels le Fils de Dieu était descendu aux enfers. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Vous trouverez aussi que Paul fit quelque chose de semblable quand « il livra à Satan », « pour qu’il apprenne à ne pas blasphémer », celui qui par ses ignobles agissements s’était rendu indigne de la compagnie des saints. Or, nul ne peut dire que ce soit Paul qui ait agi rigoureusement en chassant cet HOMME de l’Église et en le livrant à Satan. Mais la faute en revient évidemment à celui qui a mérité par ses agissements de n’avoir pas de place dans l’Église et d’être mis en compagnie de Satan. – C’est de la même façon que Joseph, sachant qu’il n’y avait chez les Égyptiens ni la liberté des Hébreux ni la noblesse d’Israël, attacha au maître qui leur convenait des esclaves qui le méritaient. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.