eidos

Notre être, en effet, n’est pas tout entier dans l’écoulement et la transformation. S’il n’avait aucune fixité naturelle, il serait absolument incompréhensible. En réalité, il est plus exact de dire qu’une partie de notre être demeure, tandis que l’autre est soumise à l’altération. Notre corps devient autre, quand il grandit ou diminue, et il revêt, comme des vêtements, des âges successifs. Mais à travers ce mouvement demeure inchangée la « forme » (EIDOS) propre de notre être : celle-ci ne perd pas les caractères une fois reçus de la nature, mais demeure visible avec ses caractéristiques particulières, malgré toutes les modifications corporelles. Sans doute il faut mettre à part le changement produit par la maladie, qui affecte l’ « aspect extérieur » (EIDOS) ; alors le masque de la maladie déforme cet « aspect » et prend sa place. Mais par la pensée on peut enlever ce masque et imaginer ce qui arriva pour Naaman le Syrien et pour les lépreux dont l’Évangile raconte l’histoire. Alors à nouveau, l’ « aspect » que nous voilait la maladie, la santé nous le rend avec ses caractères propres. XXVII

Dans le composé que nous sommes, la partie de l’âme semblable à Dieu reste naturellement attachée, non à ce qui s’écoule dans l’altération et le changement, mais à ce qui reste permanent et identique à lui-même. Or les différences dans les combinaisons (de la matière) donnent à « l’aspect extérieur » (EIDOS) des formes différentes ; par ailleurs cette combinaison n’est autre que le mélange des éléments premiers (nous appelons ainsi les éléments qui sont les principes constitutifs du tout et par lesquels aussi est composé le corps humain). En conséquence, comme « l’aspect extérieur » du corps reste dans l’âme qui est comme l’empreinte par rapport au sceau, les matériaux qui ont servi à former la figure sur le cachet ne demeurent pas ignorés de l’âme, mais, dans l’instant de la Résurrection, elle reçoit de nouveau en elle tout ce qui s’harmonise avec l’empreinte laissée en elle par « l’aspect extérieur » (EIDOS) du corps. Or s’harmonisent entièrement avec elle ces éléments qui dès l’origine ont formé cet « aspect extérieur ». Donc il n’est pas du tout invraisemblable que de la masse commune ce qui lui est propre retourne à chacun. XXVII