Dieux

Ces témoignages, couverts de l’autorité des Écritures, doivent suffire à réfuter ce que les hérétiques objectent d’ordinaire. Il ne paraîtra pas cependant inconvenant de discuter un peu avec eux par la voie du raisonnement. Demandons-leur donc s’ils savent quelle est chez les hommes la nature de la vertu et de la malice et s’il leur semble logique de parler de vertus en Dieu, ou, comme ils le pensent, dans ces deux DIEUX. Qu’ils disent aussi si la bonté leur paraît être une vertu ? je pense qu’ils le reconnaîtront sans aucun doute ?, mais que diront-ils aussi de la justice ? Jamais assurément, à mon avis, ils ne perdront le sens au point de nier que la justice est une vertu. Si donc la vertu est le bien et la justice une vertu, sans aucun doute la justice est la bonté. S’ils disent que la justice n’est pas un bien, elle sera alors nécessairement un mal ou quelque chose d’indifférent. S’ils disent que la justice est un mal, je pense que ce serait une sottise de leur répondre : il me semble que je répondrais alors à des paroles insensées ou à des hommes à l’intelligence détraquée. Comment peut-on penser que ce soit un mal de rendre le bien pour le bien ? Eux-mêmes le reconnaissent. S’ils disent que c’est quelque chose d’indifférent, il s’ensuit que si la justice est indifférente, c’est aussi le cas de la tempérance, de la prudence et de toutes les autres vertus. Et que répondrons-nous à Paul quand il dit : S’il y a une vertu, s’il y a quelque chose digne de louange, observez ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi ou vu en moi ? Traité des Principes: Premier traité (II, 4-5)

C’est donc le moment de disserter un peu dans la mesure de nos forces sur l’Esprit Saint que notre Seigneur et Sauveur dans l’Évangile selon Jean a nommé le Paraclet. De même qu’il y a un seul et même Dieu et un seul et même Christ, de même il y a un seul et même Saint Esprit qui fut aussi bien chez les prophètes que chez les apôtres, chez ceux qui ont cru en Dieu avant la venue du Christ et chez ceux qui par le Christ ont pris refuge en Dieu. Si, comme nous l’avons entendu, les hérétiques ont osé parler de deux DIEUX et de deux Christs, nous n’avons jamais appris que quelqu’un ait prêché deux Saints Esprits. Comment pourraient-ils affirmer cela à partir des Écritures ou quelle distinction pouvaient-ils faire entre un Saint Esprit et un autre Saint Esprit, en supposant qu’on puisse définir en quelque façon ou décrire le Saint Esprit ? Car même si on accorde à Marcion et à Valentin qu’on puisse introduire des distinctions dans la divinité et décrire différemment la nature du bon et celle du juste, comment imaginer et inventer des distinctions à l’intérieur de l’Esprit Saint ? Je pense qu’ils n’ont rien pu trouver qui indique une distinction quelconque. Traité des Principes: Troisième traité (II, 7)