Nous voyons ce qu’est la fin, lorsque tous les ennemis seront soumis au Christ, lorsque le dernier ennemi sera détruit, la mort, et lorsque la royauté sera transmise à Dieu le Père par le Christ à qui tout a été soumis : à partir de cette fin, dis-je, examinons les commencements des choses. La fin est en effet toujours semblable au commencement : et c’est pourquoi, de même que la fin de toutes choses est l’unité, de même il faut comprendre que le commencement de tout est l’unité. Comme cette fin unique est celle de nombreux êtres, ainsi à partir d’un commencement unique, il y a beaucoup de différences et de variétés qui de nouveau, par la bonté de Dieu, la soumission du Christ et l’unité de l’Esprit Saint, sont ramenées à une seule fin semblable au début. Il s’agit de tous ceux qui, fléchissant le genou devant Jésus, donnent par là témoignage de leur soumission, parmi les êtres célestes, terrestres et infernaux : ces trois catégories désignent tout l’univers, c’est-à-dire ceux qui, à partir d’un commencement unique, se comportant de façon variée chacun de son propre mouvement, ont été répartis en divers ordres selon leur mérite ; car la bonté n’était pas en eux de façon substantielle, comme en Dieu, dans son Christ et dans le Saint Esprit. Dans cette Trinité seule, qui est l’auteur de tout, la bonté est présente de façon substantielle : tous les autres êtres ont une bonté accidentelle et qui peut défaillir ; ils sont donc dans la béatitude quand ils participent à la sainteté, à la sagesse et à la divinité elles-mêmes. Si cependant ils négligent cette participation et ne s’en occupent pas, alors par la faute de leur propre paresse, l’un plus tôt, l’autre plus tard, un troisième plus ou moins profondément, chacun devient pour lui-même cause de sa chute et de sa déchéance. Et puisque, comme nous l’avons dit, cette chute ou cette déchéance, qui éloigne chacun de son état, se produit avec une très grande diversité selon les mouvements de l’intelligence et de la volonté qui font pencher vers le bas, l’un plus légèrement, l’autre plus lourdement, en cela le jugement de la providence de DIEU EST JUSTE, car il atteint chacun selon la diversité de ses mouvements dans la mesure de son éloignement et de son agitation. Certes, parmi ceux qui sont restés dans l’état initial, que nous avons décrit semblable à la fin à venir, les uns obtiennent par eux-mêmes dans l’ordonnance et le gouvernement de l’univers le rang des anges, d’autres celui des Vertus, d’autres celui des Principautés, d’autres celui des Puissances – par là évidemment ils exercent leur puissance sur ceux qui ont besoin d’avoir la puissance sur leur tête -, d’autres l’ordre des Trônes, ayant la charge de juger et de diriger ceux qui en ont besoin, d’autres la Domination, sans aucun doute sur des serviteurs : tout cela leur est accordé par la divine providence selon un jugement équitable et juste, d’après leur mérite et leurs progrès, qui les ont fait croître dans la participation et l’imitation de Dieu. Mais ceux qui se sont écartés de l’état de béatitude première, non cependant de façon irrémédiable, sont soumis aux ordres saints et bienheureux que nous avons décrits plus haut, pour être gouvernés et dirigés, afin que, s’ils usent de leur aide, s’ils se réforment d’après leurs instructions et leurs doctrines salutaires, ils puissent revenir à leur état bienheureux et y être rétablis. C’est avec ceux-ci, autant que je puisse le penser, qu’a été constitué cet ordre du genre humain, qui assurément dans le siècle futur ou dans les siècles qui surviendront, lorsqu’il y aura selon Isaïe un ciel nouveau et une terre nouvelle, sera rétabli dans cette unité que promet le Seigneur Jésus lorsqu’il dit à Dieu le Père au sujet de ses disciples : Ce n’est pas pour eux seuls que je te prie, mais pour tous ceux qui croiront par leur parole en moi, afin que tous soient un, comme moi je suis en toi, Père, et toi en moi, afin que ceux-ci soient un en nous. Il ajoute : Afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient eux-mêmes consommés en un. L’apôtre Paul lui aussi le confirme : Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi pour former l’homme parfait, dans la mesure de la pleine maturité du Christ. Et de même cet apôtre nous exhorte, alors que nous sommes encore dans la vie présente, dans l’Église, où se trouve assurément la figure du royaume à venir, à une unité semblable à celle-là : Afin que vous disiez tous les mêmes choses et qu’il n’y ait pas parmi vous de dissensions, afin que vous soyez parfaits dans une seule et même pensée, dans une seule et même opinion. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Première section
De ce qu’ils disent, il faut d’abord examiner s’ils peuvent, selon leur définition, montrer juste le créateur quand il punit selon leurs démérites soit ceux qui ont péri au temps du déluge, soit les Sodomites, soit ceux qui avaient quitté l’Egypte, alors que nous voyons parfois commis des forfaits bien plus révoltants et criminels que ceux pour lesquels les gens dont nous avons parlé plus haut ont été supprimés, sans que nous ayons encore vu chacun de ces pécheurs expier ses méfaits. Diront-ils alors qu’il est devenu bon, celui qui auparavant était juste ? Ou penseront-ils plutôt qu’il est encore juste maintenant, mais qu’il supporte patiemment les fautes des hommes, et aussi qu’il n’était pas juste celui qui anéantissait des tout-petits innocents et des nourrissons en même temps que les géants cruels et impies ? Mais ils pensent ainsi parce qu’ils ne veulent rien comprendre au delà de la lettre. D’ailleurs qu’ils montrent comment il est juste selon la lettre d’imputer les péchés des parents jusqu’à la troisième et la quatrième génération à leurs fils et aux enfants de leurs fils après eux. Nous, nous ne comprenons pas ces paroles selon la lettre, mais puisque Ézéchiel nous a appris que c’était une parabole, nous cherchons ce que signifie en elle-même cette parabole. Ils doivent montrer comment ce DIEU EST JUSTE, rétribuant chacun selon ses mérites, lui qui punit les terrestres et le diable, alors qu’ils n’ont rien commis qui soit digne de peine ; en effet ils ne pouvaient rien faire de bon, puisque, selon ces hérétiques, ils avaient une nature mauvaise et perdue d’avance. Car, quand ils le disent juge, il paraît être chez eux juge non tant des actes que des natures, puisque une nature mauvaise ne peut pas faire le bien, ni une bonne le mal. Traité des Principes: Livre II: Premier traité (II, 4-5): Deuxième section
Voici la première réponse à faire aux hérétiques pour renverser ce qu’ils supposent, que Pharaon était d’une nature perdue. Il faut leur dire la même chose au sujet de la parole de l’Apôtre. Qu’est-ce qu’endurcit Dieu ? Les perdus ? Mais qu’est-ce qui leur arriverait s’ils n’avaient pas été endurcis ? Ou bien alors, évidemment, seront-ils sauvés, comme n’étant pas d’une nature perdue ? De qui Dieu a-t-il pitié ? N’est-ce pas de ceux qui seront sauvés ? Et quel besoin y a-t-il pour eux d’une seconde miséricorde, puisqu’une fois pour toutes ils ont été créés comme devant être sauvés et devant être dans la béatitude complète à cause de leur nature ? S’il n’en est pas ainsi, puisqu’ils reçoivent la perdition s’ils ne sont pas l’objet de la miséricorde, Dieu a pitié d’eux, pour qu’ils ne reçoivent pas ce qui les attend, la perdition, mais qu’ils parviennent au lieu des sauvés. Voici donc ce que l’on peut leur répondre. On peut objecter à ceux qui pensent avoir compris le mot il a endurci ce qui suit : Qu’a fait selon eux Dieu pour endurcir le coeur et dans quel but a-t-il agi ainsi ? Qu’ils examinent donc la notion de Dieu, qui est selon la saine doctrine juste et bon, mais, s’ils ne l’acceptent pas, qu’on leur concède pour le moment qu’il est seulement juste. Qu’ils nous montrent comment celui qui est juste et bon, ou seulement juste, peut paraître avoir agi justement en endurcissant le coeur de celui qui périra parce qu’il est endurci, et comment celui qui est juste devient cause de perdition et de désobéissance en châtiant ceux qu’il a endurcis et contraints à la désobéissance ! Pourquoi blâme-t-il Pharaon en ces termes : Toi, tu ne veux pas laisser partir mon peuple, voici que je frappe tous les premiers-nés d’Egypte, ainsi que ton premier-né, et tout ce que selon l’Écriture Dieu dit à Pharaon par l’intermédiaire de Moïse ? Il faut que celui qui croit que les Écritures sont véridiques et que DIEU EST JUSTE, lutte, s’il est sage, pour montrer comment comprendre clairement que DIEU EST JUSTE en proférant de telles paroles. Traité des Principes: Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21: