Créateur

Puisque sont mentionnés tant de si grands noms d’ordres et d’offices (angéliques), désignant certainement des êtres substantiels, il faut se demander si Dieu, l’Auteur et le CRÉATEUR de tous, en a fait certains saints et bienheureux, au point de ne pouvoir recevoir l’état contraire et certains susceptibles de vertu aussi bien que de malice : faut-il penser qu’il ait fait les uns absolument incapables de vertu, d’autres ne pouvant absolument pas recevoir la malice, mais seulement rester dans la béatitude, d’autres tels qu’ils puissent assumer l’un ou l’autre état ? Pour commencer notre recherche à partir des noms eux-mêmes, considérons si les saints anges, dès le début de leur existence, ont toujours été saints, le sont et le seront toujours, et si le péché n’a jamais pris place en eux ou ne pourra jamais prendre place. Quant à ceux qui sont appelés les saintes Principautés, voyons si, dès leur création par Dieu, ils se sont mis à exercer de par Dieu leur principal sur d’autres, leurs sujets, faits et créés pour être soumis et sujets. De même en ce qui concerne ceux qui ont été nommés Puissances : ont-ils été créés pour exercer la puissance ou y a-t-il un mérite, une récompense de leur vertu, qui les a amenés à cette puissance et à cette dignité ? Pareillement ceux qui sont appelés Trônes : ont-ils obtenu ce trône de béatitude, cette stabilité, avec leur mise à l’existence, le possédant par la seule volonté du CRÉATEUR. Quant à ceux qui sont nommés Dominations, leur domination leur a-t-elle été ajoutée par suite du mérite de leurs progrès, ou leur a-t-elle été donnée comme une prérogative de leur création, leur étant d’une certaine façon inséparable et naturelle ? Traité des Principes: Second traité (I, 5-8)

Si nous entendons de façon absolue que ces saints anges, ces saintes Puissances, ces Trônes bienheureux, ces glorieuses Vertus et ces Dominations magnifiques possèdent substantiellement leurs puissances, dignités ou gloires, il s’ensuit, semble-t-il, sans aucun doute, qu’il faut entendre de façon semblable ceux qui sont présentés comme possédant les offices contraires. Il faudra donc penser que ces Principautés contre lesquelles nous avons à lutter ont reçu cette orientation de leur volonté qui les fait s’opposer et résister à toute sorte de bien, non parce qu’ils se sont écartés du bien par la suite à cause de leur libre arbitre, mais au moment même où ils ont commencé à exister en êtres substantiels. Pareillement les Puissances et les Vertus chez qui la malice ne serait pas plus récente et postérieure à l’existence. Ceux qui ont été appelés les Dirigeants et les chefs du monde des ténèbres, leur domination et leur puissance sur les ténèbres ne viendraient pas d’un propos pervers, mais des nécessités découlant de leur création. La logique oblige de comprendre de même les esprits de malice, les esprits mauvais et les démons impurs. Mais s’il paraît absurde de penser ainsi des puissances mauvaises et contraires ? il est certainement absurde d’attribuer nécessairement au CRÉATEUR la cause de leur malice sans mettre en cause le propos de leur libre arbitre ?, ne sommes-nous par forcés de reconnaître la même chose des vertus bonnes et saintes, c’est-à-dire que le bien n’est pas en eux quelque chose de substantiel, privilège, nous l’avons montré avec évidence, du Christ et de l’Esprit Saint seuls, et assurément, sans aucun doute, du Père. En effet il n’y a dans la nature de la Trinité aucune composition, nous l’avons aussi montré, pour que de pareils changements semblent logiquement pouvoir se produire. Il reste donc, à propos de chaque créature, que c’est par suite de leur action et de leurs mouvements que ces vertus qui paraissent exercer sur d’autres leur principat, leur puissance ou leur domination, ont été préposées à ceux sur qui elles dominent et exercent leur pouvoir, par suite de leurs mérites et non par une prérogative due à leur création. Traité des Principes: Second traité (I, 5-8)

Voyons d’abord ce que la raison permet de trouver à propos du soleil, de la lune et des étoiles pour juger s’il est vrai, selon l’opinion de certains, qu’ils sont exempts de toute possibilité de changement : et d’abord, dans la mesure du possible, examinons ce qu’affirme l’Écriture. En effet Job semble montrer, non seulement que les étoiles pourraient pécher, mais même qu’elles ne sont pas pures de la contagion du péché. Il est en effet écrit : Les étoiles mêmes ne sont pas pures à sa vue. Il ne faut pas comprendre cela de l’éclat de leur corps, comme si l’on disait : Ce vêtement n’est pas propre. Une telle compréhension, sans aucun doute, rapporterait l’injustice sur le CRÉATEUR, puisqu’il serait accusé pour quelque impureté dans l’éclat de leur corps. En effet, si leur activité n’a pas permis aux astres d’acquérir un corps plus lumineux ou si leur paresse ne leur a pas donné un corps moins pur, pourquoi blâmerait-on les étoiles pour n’être pas pures, alors qu’on ne les louera pas parce qu’elles sont pures. Traité des Principes: Second traité (I, 5-8)

Je pense qu’il faut raisonner pareillement à propos des anges et ne pas juger fortuit qu’à tel ange ait été attribué tel office, par exemple à Raphaël la charge de soigner et de guérir, à Gabriel la surveillance des guerres, à Michel le soin des prières et des supplications des mortels. Il n’y a pas à penser qu’ils aient mérité ces fonctions autrement que par leurs mérites, leur zèle et les vertus qu’ils ont manifestées avant l’organisation de ce monde. C’est alors que, dans l’ordre des archanges, tel ou tel genre d’office a été attribué à chacun ; d’autres ont mérité d’être inscrits dans l’ordre des anges et d’agir sous l’autorité de tel ou tel archange, de tel ou tel chef ou prince de son ordre. Tout cela, nous l’avons dit, ne s’est pas produit fortuitement et sans discernement, mais a été ordonné par un jugement de Dieu très adapté et très juste et disposé en fonction des mérites selon son jugement et avec son approbation : de telle sorte qu’à cet ange a été confiée l’Église des Ephésiens, à cet autre celle des Smyrniotes, cet ange est devenu celui de Pierre et cet autre celui de Paul; et ainsi de suite, à chacun des plus petits qui sont dans l’Église a été attribué tel ou tel ange, de ceux qui voient chaque jour la face de Dieu, mais aussi celui qui doit être l’ange qui entoure de tous côtés ceux qui craignent Dieu. Il ne faut pas songer que tout cela se soit produit par hasard et fortuitement, ni que ces anges aient été faits tels par nature, pour ne pas accuser en cela aussi le CRÉATEUR de partialité : la décision est intervenue selon les mérites et les vertus, selon la vigueur et les talents de chacun, par le très juste et très impartial gouverneur de l’univers, il faut le croire. Traité des Principes: Second traité (I, 5-8)

Il serait trop long d’extraire et de rassembler de tous les passages de l’Évangile des témoignages enseignant que le Dieu de la loi et le Dieu des évangiles sont un seul et même Dieu. Invoquons cependant brièvement ce passage des Actes des Apôtres qui montre Étienne et les apôtres dirigeant leurs prières vers le Dieu qui a fait le ciel et la terre et qui a parlé par la bouche de ses saints prophètes, l’appelant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui a tiré son peuple de la terre d’Egypte. Ces paroles dirigent sans aucun doute notre pensée vers la foi au CRÉATEUR et le font aimer de ceux qui ont appris tout cela à son sujet avec piété et fidélité. Le Sauveur lui-même, à qui on demandait quel était le commandement suprême de la loi, répondit ainsi : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ton intelligence. Le second commandement lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Et il ajouta : De ces deux préceptes dépendent toute la loi et les prophètes. Comment donc, à celui qu’il instruisait et qu’il invitait à être son disciple, recommande-t-il ce précepte avant tous les autres, ce précepte qui sans aucun doute demande d’aimer le Dieu de la loi, puisque tout cela fut dit par la loi dans les mêmes termes ? Traité des Principes: Premier traité (II, 4-5)

Mais l’Écriture sainte ne me paraît pas s’être tue complètement sur la raison de ce mystère. L’apôtre Paul discutant Ésaü et de Jacob dit : Alors qu’ils n’étaient pas encore nés et qu’ils n’avaient rien fait de bien ni de mal, pour que soit maintenue la décision concernant leur élection par Dieu, ce n’est pas par suite de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui les a appelés qu’il fut dit: L’aîné servira le plus jeune. Il est écrit en effet: J’ai aimé Jacob, j’ai pris en haine Elsa. Et Paul ensuite s’est répondu à lui-même en ces termes :Que dirons-nous donc ? Y a-t-il injustice de la part de Dieu ? Pour nous fournir à ce sujet une occasion de recherche et d’examen, pour savoir comment cela s’est passé d’une manière non déraisonnable, il s’est répondu à lui-même : Qu’il n’en soit pas ainsi! Les mêmes questions qui se posent à propos d’Ésaü et de Jacob, à ce qu’il me semble, peuvent s’étendre à tous les êtres célestes, aux créatures terrestres et infernales : Alors qu’ils n’étaient pas encore nés et qu’ils n’avaient rien fait de bien ni de mal; cela peut se dire pareillement de tous les autres êtres. Alors qu’ils n’avaient pas encore été créés et qu’ils n’avaient rien fait de bien ni de mal, afin que soit maintenue la décision de Dieu concernant leur élection, comme certains le pensent, les uns ont été faits êtres célestes, d’autres terrestres et d’autres infernaux, non par suite de leurs oeuvres, selon l’opinion de ces héré-tiques, mais par la volonté de celui qui les a appelés. Que dirons-nous donc si les choses sont ainsi ? Il y a donc injustice de la part de Dieu ? Qu’il n’en soit pas ainsi! Alors, en scrutant les Écritures avec plus de soin au sujet d’Ésaü et de Jacob, on trouve qu’il n’y a pas d’injustice de la part de Dieu, quand, avant leur naissance et avant qu’ils aient fait quoi que ce soit, dans cette vie évidemment, il est dit que l’aîné servira le plus jeune, et on trouve de même qu’il n’y a pas d’injustice dans le fait que Jacob ait supplanté son frère dans le sein de sa mère, si on pense qu’il a été aimé de Dieu avec raison jusqu’à être préposé à son frère à cause des mérites d’une vie précédente, bien entendu. Ainsi peut-on penser des créatures célestes, si nous remarquons que cette diversité n’est pas l’état initial de la créature, mais que, à la suite de causes antécédentes, le CRÉATEUR prépare à chacune une fonction et un service différents selon la dignité de son mérite : cela vient assu-rément du fait que chacun, parce qu’il a été créé par Dieu comme intelligence ou comme esprit raisonnable, s’est acquis plus ou moins de mérite par suite des mouvements de l’intelligence et des affections de l’entendement et s’est rendu ainsi pour Dieu aimable ou même haïssable. Cepen-dant quelques-uns de ceux qui ont le mieux mérité ont reçu pour l’ordonnance du monde la fonction de souffrir avec les autres et de prêter service aux êtres inférieurs, afin de participer ainsi à la patience du créateur, selon ces paroles de l’Apôtre : La création a été en effet soumise à la vanité, contre son gré, mais à cause de celui qui l’a soumise, dans l’espérance. Traité des Principes: Quatrième traité (II, 8-9)

Car si quelqu’un déclare en accusateur, la télé découverte ? c’est-à-dire sans vergogne ?, qu’il tient le CRÉATEUR pour mauvais, il faudrait user envers lui d’autres raisonnements. Traité des Principes: Sixième traité (III, 1)

Il nous faut d’abord signaler ce passage aux hétérodoxes qui pourchassent de telles paroles dans l’Ancien Testament pour montrer par elles, comme ils ont l’audace de le dire, la cruauté du CRÉATEUR, sa volonté de se défendre et de rendre le mal pour le mal, quel que soit le nom qu’ils donnent à un tel comportement, dans le seul but de dire qu’il n’y a pas de bonté en celui qui a créé. Mais ils n’examinent pas le Nouveau Testament de la même façon et avec honnêteté, car ils ne remarquent pas des passages semblables à ceux qu’ils jugent blâmables dans l’Ancien. Car l’Évangile montre avec évidence, comme ils le disent eux-mêmes au sujet du texte précédemment cité, que le Sauveur ne s’exprime pas clairement de peur que les hommes ne se convertissent et qu’ils ne méritent de recevoir alors la rémission des péchés : cette affirmation prise en elle-même n’est pas moins grave que celles qu’ils accusent dans l’Ancien Testament. S’ils cherchent à justifier ce qui est dans l’Évangile, il faut leur dire qu’en ne le considérant pas comme répréhensible ils se comportent de façon dissemblable devant des problèmes semblables : en ce qui concerne le Nouveau Testament ils ne se scandalisent pas, mais ils cherchent une justification ; en ce qui concerne les affirmations analogues trouvées dans l’Ancien, alors qu’il faudrait les justifier comme celles du Nouveau, ils les accusent, tandis que nous leur démontrons, à cause de ces ressemblances, la nécessité de penser que toutes les Écritures sont l’oeuvre d’un seul Dieu. Mais maintenant essayons, dans la mesure du possible, de justifier le texte proposé. Traité des Principes: Sixième traité (III, 1)

Et certains disent : Si le vouloir vient de Dieu et si l’agir vient de Dieu, même si nous Voulons mal et si nous agissons mal, cela vient de Dieu ; s’il en est ainsi nous n’avons pas de libre arbitre. De même quand nous voulons les biens les meilleurs et quand nous agissons de façon éminente, puisque de Dieu vient le vouloir et l’agir, ce n’est pas nous qui avons exécuté ces actions éminentes, mais nous avons paru le faire, et c’est Dieu qui nous a donné de le faire : ainsi, en cela même, nous n’avons pas de libre arbitre. A cela il faut dire que la parole de l’Apôtre ne dit pas que vouloir le mal vient de Dieu et que vouloir le bien vient de Dieu, elle ne le dit pas non plus de faire le bien ou le mal, mais de vouloir en général ou d’agir en général. De même que nous tenons de Dieu notre nature de vivants et notre nature d’hommes, de même le vouloir en général, comme je viens de le dire, et le fait de se mouvoir en général. Par le fait que nous sommes des vivants, nous avons la faculté de nous mouvoir et par exemple de remuer tels membres, mains ou pieds : ce n’est pas une raison de dire que nous tenons de Dieu le caractère spécifique de nos actions, par exemple de remuer un membre pour frapper, pour tuer ou pour dérober le bien d’autrui, il s’agit seulement de leur caractère générique, nous mouvoir, que nous avons reçu du Dieu ; c’est nous qui utilisons cette faculté pour le pire ou pour le meilleur. Ainsi nous avons reçu de Dieu l’agir en tant que vivants, et du CRÉATEUR le vouloir, mais c’est nous qui nous servons du vouloir, et pareillement de l’agir, pour le meilleur ou pour le pire. Traité des Principes: Sixième traité (III, 1)

Une autre parole apostolique semble nous amener à croire que nous n’avons pas de libre arbitre. L’Apôtre répond d’avance à une objection qu’il se fait : Il a donc pitié de celui qu’il veut et il endurcit celui qu’il veut. Tu me diras donc: Que blâme-t-il encore ? Qui s’est opposé à sa volonté ? Effectivement, homme, qui es-tu pour répondre à Dieu ? Ce qui est façonné dira-t-il à celui qui l’a façonné: Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Est-ce que le potier qui travaille l’argile n’a pas le pouvoir de faire à partir de la même pâte tel vase pour un usage honorable, tel autre pour un usage sans honneur ? On dira : Si, comme le potier fait à partir de la même pâte des vases pour un usage honorable et d’autres pour un usage sans honneur, Dieu destine les uns au salut, les autres à la perdition, il n’est pas en notre pouvoir d’être sauvés ou de périr, nous n’avons pas de libre arbitre. Il faut demander à celui qui use ainsi de cet argument s’il peut penser que l’Apôtre fasse des affirmations contradictoires : je ne pense pas que quelqu’un aura l’audace de le prétendre. Si donc l’Apôtre ne fait pas des affirmations contradictoires, comment, selon celui qui comprend ainsi les choses, accuse-t-il avec quelque raison le fornicateur de Corinthe ou ceux qui sont tombés sans se repentir des actes d’inconduite et d’intempérance qu’ils ont commis ? Comment bénira-t-il pour leurs bonnes actions ceux qu’il loue, comme la famille d’Onésiphore, quand il dit : Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d’Onésiphore, parce qu’il m’a souvent réconforté et qu’il n’a pas eu honte de mes chaînes, mais, étant allé à Borne, m’a cherché activement et m’a trouvé; que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès de lui ce jour-là! Il ne convient pas à ce même Apôtre de tancer le pécheur comme digne de blâme et d’approuver comme louable celui qui a bien agi, et par ailleurs de dire, comme s’il n’y avait pas de libre arbitre, que le CRÉATEUR est responsable de ce qu’un vase a été fait pour un usage honorable, un autre pour un usage sans honneur. Comment est-il vrai de dire que : tous nous comparaîtrons devant le tribunal du Christ pour que chacun reçoive selon ce qu’il aura fait par l’intermédiaire de son corps, soit en bien, soit en mal, si ceux qui ont mal agi en sont venus là parce qu’ils ont été créés comme des vases destinés à un usage sans honneur et si ceux qui ont vécu vertueusement ont fait le bien parce qu’ils ont été formés dès le début dans ce but et qu’ils ont été faits comme des vases destinés à un usage honorable ? N’y a-t-il pas encore une contradiction entre le fait d’être, par la responsabilité du créateur, un vase d’honneur ou un vase sans honneur, comme le comprennent nos objecteurs à partir des paroles que nous avons citées, et ce qui est dit ailleurs : Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais des vases de bois et de terre, les uns pour un usage honorable, les autres pour un usage sans honneur. Si quelqu’un se purifie lui-même, il sera un vase honorable, sanctifié, utile au maître, prêt à toute oeuvre bonne ? Car si celui qui se purifie devient un vase honorable et si celui qui a regardé avec indifférence sa propre impureté devient un vase de déshonneur, à s’en tenir à ces paroles le créateur n’en est aucunement responsable. Car ce n’est pas dès le début, selon sa prescience, que le CRÉATEUR fait des vases d’honneur et des vases de déshonneur, car il ne condamne pas ni ne justifie d’avance selon elle, mais il fait vases d’honneur ceux qui se sont purifiés et vases de déshonneur ceux qui ont regardé avec indifférence leur propre impureté. Ainsi c’est à la suite de causes précédant leur formation en vases d’honneur ou de déshonneur qu’ils ont été faits les uns pour l’honneur les autres pour le déshonneur. Traité des Principes: Sixième traité (III, 1)

Puisque nous trouvons chez l’apôtre Paul une mention du corps spirituel, recherchons, comme nous le pouvons, ce qu’il faut penser à ce sujet. Autant que notre intelligence peut le comprendre, nous pensons que la qualité d’un corps spirituel doit permettre non seulement aux âmes saintes et parfaites de l’habiter, mais encore à toutes ces créatures qui seront libérées de la servitude de la corruption. De ce corps l’Apôtre dit aussi que nous avons une maison non faite de main d’homme, éternelle dans les deux, c’est-à-dire dans les demeures des bienheureux. De cela nous pouvons conjecturer la pureté, la subtilité et la gloire qui seront les qualités de ce corps, si nous le comparons à ceux qui maintenant, bien qu’ils soient des corps célestes et très resplendissants, sont cependant faits par la main et visibles. Au contraire il est dit de celui-là qu’il est une maison non faite de main d’homme, mais éternelle dans les deux. Puisque donc le visible est temporel, l’invisible éternel, tous ces corps que nous voyons soit sur terre soit dans les cieux, qui peuvent être vus, qui sont faits par la main et ne sont pas éternels, sont dépassés de très loin par celui-là qui n’est pas visible ni fait de main d’homme, mais est éternel. A partir de cette comparaison, on peut soupçonner la beauté, la splendeur et l’éclat du corps spirituel ; il est vrai, comme c’est écrit, que l’?il n’a pas vu ni l’oreille entendu, qu’il n’est pas encore monté jusqu’au coeur de l’homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Il n’est pas douteux que la nature de ce corps qui est nôtre, par la volonté de Dieu qui l’a créée ainsi, pourra parvenir par l’action du CRÉATEUR à cette qualité de corps très subtil, très pur et très resplendissant, selon que l’état des choses l’exigera et que les mérites de la nature raisonnable le demanderont. En fait, lorsque le monde a eu besoin de variété et de diversité, la matière s’est livrée en toute disponibilité dans les différents aspects et espèces des choses à celui qui l’a faite, puisqu’il est son seigneur et son créateur, pour qu’il puisse tirer d’elle les formes diverses des êtres célestes et terrestres. Mais lorsque tous les êtres commenceront à se hâter à devenir tous un comme le Père est un avec le Fils, il faut comprendre logiquement que là où tous seront un, il n’y aura plus de diversité. Traité des Principes: Huitième traité (III, 5-6)

Après avoir indiqué succinctement que les Écritures divines sont inspirées par Dieu, il faut discourir sur la manière de les lire et de les comprendre, car beaucoup de faux pas sont commis parce que beaucoup n’ont pas trouvé la voie par laquelle il faut parcourir les divines lectures. Ceux de la circoncision à cause de leur dureté de coeur et de leur peu de compréhension n’ont pas cru en notre Sauveur, parce qu’ils pensent qu’il faut suivre la lettre des prophéties le concernant et qu’ils ne le voient pas de façon sensible prêcher aux prisonniers la rémission, ni bâtir celle qu’ils croient être vraiment la ville de Dieu, ni détruire les chars d’Éphraïm et les chevaux de Jérusalem, ni manger le beurre et le miel et avant de connaître et de choisir le mal élire le bien. Ils ont pensé encore que, selon la prophétie, un loup, l’animal quadrupède, devait paître avec un agneau, et une panthère se reposer avec un chevreau, qu’un veau, un taureau et un lion devaient paître ensemble et être menés par un petit enfant, qu’une vache et une ourse devaient paître ensemble et leurs petits être élevés les uns avec les autres, qu’un lion mangerait de la paille comme un b?uf et, n’ayant vu rien de cela se réaliser sensiblement à la venue de celui que nous croyons le Christ, ils n’ont pas accepté notre Seigneur Jésus, mais ils l’ont crucifié parce qu’il affirmait qu’il était le Christ, contrairement à la loi. Quant aux hérétiques, quand ils lisent : Un feu est allumé par ma colère ; je suis un Dieu jaloux, punissant les péchés des pères sur les fils jusqu’à la troisième et quatrième génération; je me suis repenti d’avoir oint Saul comme roi ; Je suis un Dieu qui fais la paix et qui produis le mal ; et ailleurs : Il n’y a pas dans la ville de mal que le Seigneur n’ait pas produit; et encore : Le mal descendit d’auprès du Seigneur sur les portes de Jérusalem ; Un esprit mauvais venant de Dieu étouffait Saul; et bien d’autres choses semblables, n’ont pas osé cependant ne pas croire que les Écritures étaient d’un Dieu, mais ils ont cru qu’elles étaient du créateur adoré par les Juifs et ils ont pensé que, puisque ce créateur était imparfait et non bon, le Sauveur était venu annoncer un Dieu plus parfait, qu’ils disent différent du créateur, ayant des sentiments divers à son égard. Une fois qu’ils se sont éloignés du créateur, qui est le seul Dieu inengendré, ils se sont adonnés à des inventions, fabriquant eux-mêmes des suppositions mythiques sur la création des réalités visibles et sur celle d’autres non visibles que leur âme a représentées en figures. Mais, certes, les plus simples aussi de ceux qui sont fiers d’appartenir à l’Église n’ont pas accepté d’autre Dieu plus grand que le CRÉATEUR, agissant en cela sainement ; cependant ils acceptent à son sujet ce qu’ils ne supporteraient pas du plus cruel et du plus injuste des hommes. Pour tous ceux dont nous venons de parler, la cause de ces fausses opinions, de ces impiétés et de ces paroles stupides au sujet de Dieu ne semble pas être autre chose que le fait de ne pas comprendre l’Écriture dans son sens spirituel, mais de l’interpréter selon la lettre seule. C’est pourquoi, à ceux qui sont persuadés que les livres saints ne sont pas des écrits d’hommes, mais qu’ils ont été rédigés par l’inspiration de l’Esprit Saint d’après la volonté du Père de l’univers par le moyen de Jésus Christ et qu’ainsi ils sont venus jusqu’à nous, il faut montrer ce qui nous paraît la méthode convenable pour les comprendre, pour ceux qui tiennent à la règle de l’Église céleste de Jésus-Christ transmise par la succession des apôtres. Traité des Principes: Neuvième traité (IV, 1-3)