Remarque ici encore la haine bien peu philosophique de cet auteur contre la très ancienne Écriture des Juifs. Car, il ne peut dénigrer l’histoire du déluge. Il ignore même les objections possibles contre l’ARCHE et ses dimensions, par exemple, qu’en acceptant comme le vulgaire les chiffres de « trois cents coudées » de longueur, de « cinquante » de largeur, de « trente » de hauteur, on ne pouvait maintenir qu’elle a contenu les animaux qui sont sur terre, quatorze de chaque espèce pure, quatre de chaque espèce impure. Alors il se contente de la qualifier d’ARCHE étrange contenant tous les êtres. Mais qu’a-t-elle d’étrange, puisqu’on raconte qu’elle fut construite en cent ans, et qu’elle fut réduite des trois cents coudées de longueur, des cinquante de largeur, jusqu’à ce que les trente coudées de sa hauteur se terminent en une seule coudée de longueur et de largeur ? Ne serait-ce pas plutôt admirable que cette construction, semblable à une très grande ville, soit décrite par les dimensions prises à la puissance, en sorte qu’elle était, à la base, de neuf myriades de coudées de longueur, et de deux mille cinq cents de largeur ? Ne devrait-on pas admirer le dessein de la rendre solide et capable de supporter la tempête cause du déluge? Et en effet, ce n’est ni de poix, ni de quelque autre matière de cette nature, mais d’asphalte qu’elle a été fortement enduite ? Et n’est-ce point admirable que les survivants de chaque espèce aient été introduits à l’intérieur par la Providence de Dieu, afin que la terre ait de nouveau les semences de tous les êtres vivants, Dieu s’étant servi de l’homme le plus juste qui serait le père de ceux qui naîtraient après le déluge ? Celse a rejeté l’histoire de la colombe pour se donner l’air d’avoir lu le livre de la Genèse, mais n’a rien pu donner comme preuve du caractère fictif de ce trait. Puis, à son habitude de traduire l’Écriture en termes ridicules, il change le corbeau en une corneille et il suppose que Moïse a transcrit là sans scrupule l’histoire grecque de Deucalion ; à moins peut-être qu’il ne considère le livre comme l’oeuvre non du seul Moïse mais de plusieurs autres, comme l’indique la phrase : Démarquage sans scrupule de l’histoire de Deucalion ; ou encore celle-ci : Ils ne s’étaient point avisés, je pense, que cette fable paraîtrait au grand jour. Mais comment se fait-il que ceux qui ont donné des Écritures à la nation tout entière ne se soient point avisés qu’elle paraîtrait au grand jour, alors qu’ils ont même prédit que cette religion serait prêchée à toutes les nations ? Et quand Jésus dit aux Juifs : « Le Règne de Dieu vous sera retiré pour être confié à une nation qui en portera les fruits1 », quelle autre disposition a-t-il en vue que celle de présenter lui-même au grand jour, par la puissance divine, toute l’Écriture juive qui contient les mystères du Règne de Dieu ? Après cela, lecteurs des théogonies des Grecs, et des histoires de leurs douze dieux, ils leur attribuent un caractère vénérable par des interprétations allégoriques ; détracteurs de nos histoires, ils les disent fables bonnement racontées aux petits enfants ! LIVRE IV
Il poursuit en ces termes : Il est alors question d’un déluge et d’une ARCHE étrange, contenant tous les êtres, d’une colombe et d’une corneille servant de messagers : démarquage sans scrupule de l’histoire de Deucalion; ils ne s’étaient point avisés, je pense, que cette fable paraîtrait au grand jour, mais l’ont bonnement racontée aux petits enfants. LIVRE IV