Les stations et les tentations

Revenons à la seconde interprétation que nous avons mentionnée, et voyons-y une doctrine des progrès de l’âme dans cette vie; convertie, elle a renoncé à vivre en païenne, elle suit non pas tant Moïse que la Loi de Dieu, non pas Aaron, mais le « Grand Prêtre Eternel » ; jusqu’au moment où elle arrive au terme de la perfection, elle demeure au désert, pour s’y exercer dans les préceptes du Seigneur, pour y éprouver sa foi dans les tentations. A-t-elle vaincu l’une d’elles, y a-t-elle éprouvé sa foi, elle tombe dans une autre et passe de l’une à l’autre comme de station en station. A-t-elle réussi dans la difficulté qui s’est présentée, a-t-elle fidèlement supporté l’épreuve, elle vole à la suivante. Ainsi par ces tentations successives de la vie, par ces progrès de l’âme, peut-on dire qu’elle traverse des stations, et qu’à chacune d’elles, est visée l’acquisition d’une vertu nouvelle; en quoi elle réalise ce que dit l’Écriture : « Ils iront de vertu en vertu » ; et enfin elle parviendra au terme, ou plutôt au plus haut degré de vertu, elle passera le Fleuve de Dieu et recevra l’héritage promis. (Homélie sur les Nombres XXVII)