S’il est vraiment impossible de faire une telle affirmation, c’est-à-dire de soutenir qu’une nature pourrait vivre sans corps, une nature autre que celle du Père, du Fils et du Saint Esprit, la logique et la raison obligent nécessairement à comprendre que les natures raisonnables ont été créées comme ce qui est principal, mais que la substance matérielle semble être distinguée d’elles seulement par l’opinion ou par la pensée, qu’elle a été faite pour elles ou après elles, et que cependant les natures raisonnables, autrefois comme maintenant, ne vivent jamais sans substance matérielle : car la vie incorporelle est, semble-t-il, le privilège de la Trinité seule. Comme nous l’avons dit plus haut cette substance matérielle a une nature apte à se transformer de tout en tout : lorsqu’elle est employée pour les êtres inférieurs, elle prend la forme d’un corps plus épais et plus solide, et par là sont distinguées les espèces visibles et variées du monde ; mais quand elle est utilisée par les êtres parfaits et bienheureux, elle brille dans la splendeur des corps célestes, et orne du vêtement du corps spirituel les anges de Dieu et les fils de la Résurrection : c’est avec tous ces derniers que parvient à sa perfection l’état divers et varié du monde unique. (Traité des principes)