Les moines semblables aux anges.

{{3, 11.}} Ils ont choisi une vie toute céleste, et ne différant en rien des anges. Chez les anges il n’existe aucune anomalie affligeante, les uns ne sont pas dans la prospérité et les autres dans la détresse, mais tous jouissent d’une même paix, d’une même joie et d’une même gloire : il en est ainsi chez les moines. Personne parmi eux n’outrage la pauvreté, personne n’est honoré pour ses richesses ; le tien et le mien, cause de tous les troubles et de toutes les révolutions, sont bannis du milieu d’eux ; tout est commun chez eux, et la table, et l’habitation, et le vêtement. Faut-il s’en étonner, puisqu’ils n’ont tous qu’une seule et même âme ? Tous sont nobles de la même noblesse, esclaves du même esclavage, et libres de la même liberté ; tous ont une seule richesse, la véritable richesse, une seule gloire, la véritable gloire ; car ce n’est pas dans les mots, c’est dans les réalités qu’ils ont placé leurs biens. Tous ont un même plaisir, un même désir, une même espérance, et comme si tout était assujetti à la même règle et aux mêmes mesures, jamais d’irrégularité parmi eux, mais l’ordre, la mesure et l’harmonie, un accord qui ne se dément jamais, et un continuel sujet de contentement. Aussi tous font-ils et souffrent-ils tout pour conserver la joie et la paix. Ce n’est que là et nulle part ailleurs qu’on peut voir non seulement les biens de la terre méprisés, tout prétexte de sédition ou de guerre supprimé, les plus belles espérances conçues pour l’avenir, mais encore tous les frères prendre pour eux et s’approprier les joies et les peines de chacun.