Les difficultés de la perfection.

{Les difficultés de la perfection.} Homélies sur l’Exode — Hom. 5, n. 3.

Bien des tentations, bien des obstacles se présentent à ceux qui veulent faire les œuvres de Dieu. Et d’ailleurs quand il s’agit de la foi, on rencontre bien des complications, bien des questions, bien des objections des hérétiques, bien des contradictions des infidèles. Il n’y a pourtant qu’un chemin offert à ceux qui suivent Dieu. Mais sur ce chemin est une tour. Quelle tour? Celle dont le Seigneur dit dans l’Evangile : « Qui de vous, voulant édifier une tour, ne commence par s’asseoir et suppute les frais, pour savoir s’il a de quoi l’achever?» [Le 14, 28]. Cette tour, c’est la demeure très haute et ardue des vertus.

Mais ceux qui disent: «Il valait mieux pour nous servir les Egyptiens que mourir dans le désert» [Ex 14,12], parlent sous l’influence de la tentation et de la faiblesse. C’est d’ailleurs faux : il vaut bien mieux mourir dans le désert que servir les Egyptiens. Car celui qui meurt dans le désert, par le fait même qu’il a été séparé des Egyptiens et qu’il a quitté les maîtres des ténèbres et la puissance de Satan, a déjà fait quelque progrès, quand bien même il n’aurait pu encore aller jusqu’au bout. Pour celui qui cherche la vie parfaite, mieux vaut mourir en chemin que ne pas même partir à la recherche de la perfection. C’est pourquoi fausse paraît l’opinion de ceux qui, décrivant le chemin de la vertu comme très ardu et énumérant ses nombreuses difficultés, ses incessants périls et les chutes possibles, jugent qu’il ne faut pas s’y engager ni l’entreprendre.
Homélies sur le Lévitique, ap. 244.