8. J’appelle “ami de Dieu” celui qui use selon les règles de la justice et de la tempérance, des choses qu’il a reçues de Dieu dans l’ordre de la nature, et qui ne néglige aucune des bonnes oeuvres qu’il peut faire. 12 L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ
21. Oui, je le répète, ils doivent endurer bien des travaux, dévorer bien des afflictions, principalement ceux qui ont eu le malheur de vivre sans penser aucunement à leur salut, s’ils veulent que leur coeur, après n’avoir eu que trop de ressemblance avec les chiens, qui ne se plaisent qu’à manger et à japer, puisse parvenir à la simplicité, à la douceur, à la patience, au zèle, à la ferveur, à la tempérance, à la pureté, et à l’amour du salut éternel. Cependant, aussi dépendants que nous soyons à nos penchants, aussi graves que soient les maladies de notre âme, gardons-nous bien de perdre courage; mettons, au contraire, en Dieu une confiance pleine et entière. Ainsi, alors même que nous nous sentons faibles, soutenus par la fermeté d’une foi inébranlable, présentons-nous devant le Christ, et, avec une grande simplicité et une profonde humilité, exposons-lui notre faiblesse et nos misères, l’abattement de notre âme et de notre corps; et, tout indignes que nous en soyons, il nous tendra la Main avec bonté, et nous prendra sous sa puissante Protection avec une tendre charité. 25 L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ
23. Vouloir sérieusement et efficacement servir Dieu dans la vie religieuse, c’est dire adieu à tout, mépriser tout, rejeter tout, et fouler tout aux pieds. C’est là le seul fondement solide de l’édifice spirituel. Et ce fondement ne sera solide, que dans la mesure où l’édifice qu’on élèvera dessus, sera soutenu par ces trois colonnes : l’innocence, la mortification, et la tempérance. C’est par la pratique de ces trois vertus que doivent commencer tous ceux qui deviennent enfants dans le Christ; et les enfants sont ici leurs modèles : on ne remarque en eux ni méchanceté, ni malice, ni duplicité; ils ne se jettent pas sur les mets avec une avidité insatiable; dans leurs corps innocents la concupiscence ne fait pas sentir ses coupables ardeurs, et ce n’est qu’on croissant en âge et en ne se modérant plus autant dans le boire et le manger, qu’ils deviennent sujets aux mouvements déréglés du corps. 27 L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ
18. Les personnes qui, dans leur jeunesse, ont eu le malheur de se laisser aller à l’amour et à la jouissance des plaisirs sensuels, et qui néanmoins dans la suite forment le dessein et prennent la résolution d’entrer dans une communauté religieuse, doivent s’exercer avec le plus grand soin dans les règles austères de la sobriété et de la tempérance, se donner entièrement aux exercices sacrés de la prière, refuser sévèrement à leurs corps tout plaisir et tout ce qui pourrait leur procurer des jouissances et de la joie, et s’abstenir de toute sorte de dérèglements et de sensualités, dans la crainte que leur dernier état ne devint plus mauvais que le premier (cf. Mt 12,45). Car la religion est un port où l’on trouve le salut; mais on peut aussi y trouver le naufrage, et ceux qui voyagent sur cette mer spirituelle, peuvent attester cette vérité. Ah ! Que c’est un déchirant spectacle de voir des gens qui, après avoir traversé la mer orageuse du monde, viennent misérablement faire naufrage et périr dans le port. Voilà donc le second degré; si vous y montez, que votre fuite vous fasse imiter Loth, et non sa femme. 77 L’Échelle Sainte: DEUXIÈME DEGRÉ
40. Or parmi ces hommes d’une éternelle mémoire, il y en avait un qui m’aimait beaucoup en Dieu, et qui me parlait avec une grande liberté. Il me dit donc un jour, avec une affection toute particulière : “Si vous, mon père, qui êtes si sage, éprouvez la force de celui qui, dans le ravissement de son coeur, s’écriait : Je peux tout en celui qui me fortifie (Phil 4.13); si l’Esprit saint est descendu en vous comme une rosée de grâces et de pureté, ainsi qu’il descendit autrefois dans la très sainte Vierge, et si la force du Très-Haut vous environne par la patience, ceignez vos reins, à l’exemple de l’Homme-Dieu, d’un linge blanc, qui est l’obéissance, et comme Lui, levez-vous de table, c’est-à-dire sortez de la solitude; afin de laver les pieds de vos frères dans l’eau pure de la componction et de la pénitence, ou plutôt jetez-vous à leurs pieds dans les sentiments de l’humilité la plus profonde; mettez à la porte de votre coeur des gardes qui ne s’endorment jamais, et qui ne soient jamais de connivence avec vos ennemis; arrêtez l’instabilité et la légèreté de votre esprit, en le fixant invariablement, malgré les distractions et la dissipation que lui causent sans cesse et l’agitation des affaires et les importunités des sens; conservez un repos parfait au milieu des mouvements et des soins dont la vie est continuellement agitée. Ici-bas; et, ce qui est encore plus rare, plus difficile et plus admirable, demeurez ferme et immobile dans le sein des troubles et des tempêtes qui se succèdent sans cesse. Liez votre langue par les chaînes d’un silence parfait, et empêchez-la de tomber dans des disputes hardies et dans des contradictions audacieuses; combattez soixante et dix sept fois le jour contre cette souveraine impérieuse et tyrannique; portez la croix de Jésus Christ dans votre coeur, et comme on enchâsse une enclume dans du bois, enchâssez de même votre esprit dans elle, de sorte qu’il soit capable de résister à tous les coups, à toutes les tentations, à tous les affronts, à toutes les calomnies, à toutes les railleries et à toutes les injustices qui pourront vous arriver, de manière à n’en être jamais ni blessé, ni offensé, ni agité, ni affligé, ni découragé, ni abattu, mais à persévérer immuablement dans la paix et dans le calme. Dépouillez-vous de votre volonté, comme d’un vêtement d’ignominie, et entrez ainsi tout nu dans la carrière céleste; et ce qui est certainement bien rare et bien difficile, soyez d’une confiance entière et inébranlable dans celui qui doit et veut vous couronner après la victoire, et qu’elle soit telle qu’elle ne puisse être pénétrée ni par les flèches du doute ni par les traits de la défiance. Mortifiez exactement vos sens par les austérités de la tempérance, et prenez bien garde que vous n’ayez à souffrir cruellement de leur fureur audacieuse et insolente. Servez-vous avantageusement de la méditation de la mort pour combattre et vaincre la curiosité de vos yeux, qui ne demandent sans cesse qu’à contempler la beauté des créatures sensibles. Faites en sorte de retenir l’indiscrétion et l’injustice de votre esprit, qui, tandis que vous vous livrez vous-même à la négligence la plus condamnable, vous porte à juger mal des actions et de la conduite de vos frères; et tâchez de le porter à exercer envers eux tous les devoirs d’une charité sincère. 218 L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
131. La connaissance que nous avons de nos mauvaises dispositions et de nos défauts, doit donc nous faire chercher et choisir de préférence l’état d’obéissance, comme nous étant le plus propre et le plus convenable. Que celui, par conséquent, qui se sent porté à l’intempérance et aux plaisirs charnels, ait soin de se mettre sous la discipline d’un supérieur d’une vertu éprouvée et d’une rigoureuse inflexibilité dans la pratique de la tempérance et de la sobriété, plutôt que d’un faiseur de miracles, d’un ami de l’hospitalité, et d’un homme qui se plaise à servir les autres à table. Que celui qui sent son coeur agité par la vanité et possédé de l’orgueil, choisisse pour père spirituel un homme d’une grande sévérité et d’une austérité parfaite, qui ne lui montre jamais un visage riant et satisfait, mais qui soit constamment sans clémence et sans douceur. Il faut donc bien nous garder de rechercher pour directeur un homme capable, par sa sagesse et ses lumières, de nous prédire les choses futures et de prévoir ce qui doit arriver. Désirons et procurons-nous des docteurs véritables, lesquels, par leurs bons exemples dans la pratique de l’obéissance et de l’humilité, et par la solide science, puissent nous guérir de nos maladies spirituelles, nous donner des règles de conduite, nous faire connaître l’état et le lieu qui nous sont nécessaires pour nous sanctifier. 329 L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
6. Le silence et la tempérance sont l’heureux partage de tous ceux qui font des progrès dans cette tristesse salutaire. La douceur et l’oubli des injures ornent le coeur des personnes qui, par des combats soutenus avec courage, ont obtenu quelque victoire; enfin ceux qui sont heureusement parvenus à la perfection de cette bienheureuse tristesse, sont remplis d’affection et d’amour pour la pratique de la plus profonde humilité, sont dévorés d’une soif ardente pour les mépris et les humiliations, d’une faim violente pour toutes les choses qui alarment et font crier la nature; du reste, ils brûlent pour leurs frères d’une charité si pure et si forte, que, non seulement ils les excusent dans les fautes qu’ils leur voient commettre, mais que leur coeur est touché à leur égard d’une compassion toute céleste. Nous devons approuver ceux qui ont fait quelques progrès, louer ceux qui ont remporté quelques victoires, et proclamer heureux ceux qui sont affamés d’humiliations et de souffrances : car ces derniers seront rassasiés de cette nourriture céleste qui n’inspire jamais du dégoût. 451 L’Échelle Sainte: SEPTIÈME DEGRÉ
53. En observant attentivement les divers artifices du démon, nous verrons que très souvent il nous fait tomber dans une illusion bien funeste et bien propre à nous faire de la peine, et qu’il nous joue d’une manière bien fâcheuse. En effet est-il rare que, lorsque nous nous rassasions bien, et que nous contentons notre sensualité, il nous attendrisse lui-même, et nous fasse répandre des larmes en abondance; et que, lorsque nous avons fidèlement observé le jeûne et les règles de la tempérance, il nous endurcisse et fasse tarir la source de nos pleurs ? Or qui pourrait ne pas voir que, par les fausses larmes qu’il arrache à nos yeux, il veut que nous nous abandonnions à l’intempérance et à la sensualité, deux sources fécondes de vices ? Mais, au lieu de nous laisser prendre à ses pièges, ayons soin de faire le contraire de ce qu’il nous suggère. 505 L’Échelle Sainte: SEPTIÈME DEGRÉ
6. La satiété produit ordinairement l’incontinence, ainsi que la tempérance engendre la chasteté. 713 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
19. Tâchez donc de vous rendre maître de votre appétit déréglé pour le boire et le manger, si vous ne voulez pas qu’il se rende maître de vous-même, et que plus tard vous ne soyez honteusement obligé de faire de grands efforts, et sans succès, pour vivre selon les règles de la sobriété et de la tempérance. Ils doivent me comprendre ici, ceux qui sont ignominieusement tombés aux abîme du péché. Quant à ceux qui, se sont rendus saints et chastes, ils n’ont heureusement pas fait l’expérience de la chute dont nous parlons. 726 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
21. Les prières des personnes qui pratiquent fidèlement la tempérance, ne sont accompagnées que de pensées saintes et pieuses; tandis, au contraire, que pendant ces saints exercices, l’esprit des intempérants est continuellement agit par des idées mauvaises et souillé par mille représentations impures. 728 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
26. Si vous observez les règles de la tempérance, il ne vous sera pas difficile de garder le silence; car la langue se répand d’autant plus en paroles, qu’elle reçoit plus de force d’un estomac bien nourri. Usez donc de toutes vos forces pour combattre et terrasser cette tyrannique intempérance; car Dieu, en voyant vos généreux efforts, viendra lui-même à votre secours par une grâce toute particulière. 733 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
3. La tempérance est une vertu qui se mêle et s’identifie avec toutes les vertus, et en prend le nom. L’homme qui pratique la tempérance, même dans le sommeil, n’éprouve ni sensation ni mouvement capables de troubler la paix et le calme de son état. 758 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
39. À qui comparerons-nous celui qui prétend follement terminer avec succès la guerre qu’il soutient contre la luxure avec la seule arme de la tempérance et de la sobriété ? Disons sans hésiter qu’il ressemble à celui qui, étant tombé dans la mer, ne voudrait, pour se sauver, ne se servir que d’une main en nageant. Réunissons donc, si nous voulons triompher, l’abstinence et l’humilité; car nous ne ferions rien avec la première de ces deux vertus, si la seconde n’est avec elle. 792 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
64. Vous tous qui avez résolu de garder la chasteté et à être fidèles à cette vertu céleste, écoutez-moi, je vous prie, et remarquez avec moi un nouveau genre de malice de la part du cruel et impitoyable séducteur de nos âmes : veillez surtout avec grand soin pour ne pas en devenir les tristes victimes. Un serviteur de Dieu, qui en était instruit par sa propre expérience, m’a raconté que souvent le démon de l’impureté se retire de nous jusqu’au temps qu’il a fixé pour être le plus propre et le plus convenable à la tentation dans laquelle il veut nous faire tomber; que pendant cet intervalle il excite dans le malheureux qu’il veut précipiter dans le péché, les plus beaux et les plus pieux sentiments de dévotion, et qu’il lui ouvre une source abondante de larmes dans le temps même qu’il se trouve dans la compagnie des personnes du sexe, qu’alors il inspire à cet imprudent de leur parler avec zèle de la mort et du jugement, de la tempérance et de la chasteté, et de les exhorter à faire des méditations fréquentes sur les vérités importantes du salut et à pratiquer avec une inviolable fidélité les vertus si belles et si nécessaires q