91. Sois zélé dans ton âme, mais ne faites jamais paraître extérieurement votre régularité; ne vous servez jamais, pour cette misérable fin, ni d’actions, ni de gestes, ni de paroles, ni de quelque autre signe secret, et vivez dans cette précaution, tant que vous ne sentirez pas que vous vous êtes enfin corrigé de cette passion qui vous fait rechercher les louanges des autres, et qui vous porte à juger et à mépriser vos frères. Si donc vous éprouvez que vous êtes encore porté à les mépriser, étudiez-vous fortement à conformer votre conduite à la leur, et à ne jamais vous distinguer ni vous séparer d’eux par un esprit de vanité et de vaine gloire. 279 L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
135. Dans tout ce que nous venons de dire, il est une chose que nous devons examiner, considérer et peser avec grand soin et sans passion; c’est de savoir dans quelles circonstances nous sommes obligés de souffrir avec amour et reconnaissance, avec patience et sans rien dire, les reproches que nous fait notre supérieur, et dans quelles autres circonstances il nous est permis, pour nous excuser, de lui rendre compte de la conduite que nous avons tenue, laquelle nous a mérité son indignation et ses réprimandes. Quant à moi, je pense que toutes les fois que les humiliations ne tombent que sur nous, nous devons garder le silence; car c’est une excellente occasion d’enrichir et d’orner notre âme. Mais si ces humiliations sont nuisibles au prochain, il me semble que, par charité et pour le bien de la paix, nous sommes autorisés à rompre le silence et à défendre notre frère, dont nous connaissons l’innocence. 332 L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
14. La pensée de la mort, que nous devons regarder pour véritable et efficace, c’est celle qui éteint en nous l’intempérance; car, une fois qu’on a triomphé de cette passion, on vient facilement à bout de vaincre les autres. 425 L’Échelle Sainte: SIXIÈME DEGRÉ
5. Cette passion se nourrit dans la pensée d’une haine secrète et dans le souvenir des injures qu’on a reçues; elle nous porte à nous venger de ceux qui nous ont offensés. 545 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
6. La fureur est une passion instantanée et violente de notre âme. 546 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
16. Rien n’est plus funeste à ceux qui pleurent leurs péchés que cette passion furieuse : elle trouble leur coeur et les empêche de revenir à Dieu par les sentiments de l’humilité, que leur inspire cependant la vie religieuse qu’ils ont embrassée; car la colère est une preuve évidente qu’on est dominé par l’orgueil. 556 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
19. Parmi les enfants nombreux et méchants de la colère, il en est un qui, malgré sa méchanceté, nous procure quelque avantage. En effet j’ai vu des personnes qui, s’étant enflammées de fureur, ont par un emportement subit et violent, chassé de leur coeur une aversion qu’elles y nourrissaient depuis longtemps; car elles ont par là donné lieu à celui qui les avait offensées, ou de leur témoigner le regret qu’il éprouvait de sa conduite passée, ou de leur donner une satisfaction convenable. C’est ainsi que par un mouvement de colère elles se sont délivrées de cette passion. Mais aussi j’en ai vu d’autres qui, par une hypocrisie infernale, faisaient semblant de souffrir avec patience les injures qu’on leur disait, mais qui en gardaient un souvenir exact et parfait. 559 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
33. Il y a une différence essentielle entre la victoire que de jeunes convertis remportent sur la colère, en se servant des armes d’une humble pénitence, et l’immobile tranquillité d’âme de ceux qui sont parvenus à la perfection de la douceur, car dans les premiers, les larmes, comme une espèce de chaîne, lient et répriment la colère; tandis que dans les derniers, la tranquillité et le calme de leurs coeurs insensibles aux injures, a donné la mort à cette passion, comme une épée la donnerait à un serpent. 576 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
35. Comme dans nos corps, quoique la fièvre soit une même maladie, elle ne laisse pas d’avoir plusieurs causes; de même la colère, ainsi que les autres passions, a plusieurs causes et plusieurs principes. Il est donc impossible de donner ici des instructions, particulières et relatives à chaque cause et à chaque principe. Tout ce que je peux faire, c’est de conseiller à ceux qui se sentiraient affectés de cette passion, de rechercher avec soin les remèdes qui leur conviennent et qui soient capables de les guérir; de bien connaître surtout la cause du mal, afin qu’en la connaissant parfaitement, ils puissent par la Bonté de Dieu, et par la direction de leur médecin spirituel, employer les remèdes dont ils ont besoin. Qu’ils se présentent donc, et qu’ils entrent avec nous dans cette recherche que nous avons proposée aux moines, tous ceux qui, touchés des paroles que nous leur adressons, désirent connaître le véritable état de leur âme; qu’ils examinent sérieusement, et dans le plus profond silence, quels sont les tristes effets et les principes funestes des passions dont nous venons de parler. 578 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
Dis-nous donc, folle et impudente passion de la colère, dis-nous le nom de ton père, de la mère qui t’a malheureusement donné le jour, et des enfants corrompus qui sont nés de toi ? Dis-nous qui sont ceux qui, par la guerre qu’ils te font, peuvent t’exterminer et te faire disparaître ? À toutes ces questions quelles réponses va nous donner la colère ? Il me semble l’entendre nous répondre : “Plusieurs causes ont concouru à me donner l’existence : je n’ai pas seulement un père, mais j’en ai plusieurs, et le premier qui concourt à me donner l’existence, c’est l’orgueil. J’ai aussi plusieurs mères parmi lesquelles vous devez remarquer la vaine gloire, l’avarice, l’intempérance, la luxure. Mes filles sont la pensée des injures, la haine, les querelles et les inimitiés; et les ennemis qui me tiennent enchaînée, comme vous le voyez, sont les vertus opposées à mes filles; ce sont encore la patience et la modération; mais la vertu qui ne cesse de me tendre des pièges et qui me fait le plus de mal, c’est l’humilité.” Vous apprendrez dans le temps de qui cette vertu tire son origine. 580 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
4. Il a détruit par là-même en lui le souvenir des injures, celui qui a donné la mort à la colère. On sait que, tant que cette violente passion domine dans un coeur, elle y enfante de nouveaux enfants. 590 L’Échelle Sainte: NEUVIÈME DEGRÉ
5. Voyez donc attentivement avec quel empressement il chasse et bannit la colère de son âme, l’homme qui brûle de charité pour ses frères, et combien de peines et d’inquiétudes fâcheuses et cruelles il se crée, celui qui se livre à cette passion brutale. 591 L’Échelle Sainte: NEUVIÈME DEGRÉ
15. Les vers, comme on le sait, s’engendrent dans le bois; mais peut-on ignorer que la colère devient le partage des coeur qui n’ont qu’une douceur extérieure et apparente ? Quiconque par les efforts qu’il fait, la chasse loin de lui, mérite le pardon de ses péchés; mais celui qui conserve et nourrit cette passion, se rend indigne de toute miséricorde. 601 L’Échelle Sainte: NEUVIÈME DEGRÉ
19. Que personne n’aille s’imaginer que la pensée et le souvenir des injures ne sont qu’un petit défaut et une passion pardonnable. Ce sont des maux très funestes, qui pénètrent dans les coeurs les plus pieux et les plus religieux, qui les corrompent et les perdent misérablement. 605 L’Échelle Sainte: NEUVIÈME DEGRÉ
2. La médisance est donc engendrée par la haine. C’est une passion très subtile; mais néanmoins c’est une sangsue très grosse et très vorace, laquelle se cache adroitement pour trahir et pour sucer tout le bon sang de la charité. Sous le prétexte spécieux et trompeur d’amour et d’affection, la médisance exerce les ravages d’une haine implacable et meurtrière, souille horriblement le coeur, charge énormément la conscience et détruit entièrement la chasteté. 614 L’Échelle Sainte: DIXIÈME DEGRÉ
10. Celui qui se plaît réellement dans la quiétude, aime le silence : mais que ceux qui aiment à courir çà et là, hors de leurs cellules ou de leurs maisons, ne se conduisent guère de la sorte que parce qu’ils sont possédés de l’envie et de la passion de parler. 652 L’Échelle Sainte: ONZIÈME DEGRÉ
12. Après tout, notons bien ici que cette maudite passion ne nous attaque guère avec violence que pendant le chant des psaumes, et qu’après ce saint exercice elle nous laisse assez tranquilles. 693 L’Échelle Sainte: TREIZIÈME DEGRÉ
15. Quiconque pleure amèrement ses péchés, n’est point esclave de cette funeste passion. 696 L’Échelle Sainte: TREIZIÈME DEGRÉ
9. Un ami, ou même un étranger arrive-t-il chez un esclave de son ventre, vous le voyez, conduit par sa passion, se réjouir de cette circonstance, parce que, sous prétexte de remplir à son égard les devoirs de la charité, il trouve une occasion favorable pour se livrer à l’intempérance et se contenter, faire passer sa sensualité pour un soulagement et une consolation qu’il doit procurer à son frère. C’est ainsi qu’on s’imagine qu’avec des hôtes on peut se livrer un peu plus à la boisson; mais combien on se fait illusion en se comportant de la sorte ! Hélas ! on a beau vouloir cacher la passion, elle perce et fait voir qu’on en est misérablement esclave. 716 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
32. Si vous avez promis de vous attacher au Christ, et de suivre la voie rude et étroite dont il vous parle dans l’Évangile, réprimez victorieusement la passion de la gourmandise; car si vous traitez délicatement votre corps, et que vous lui accordiez tout ce qu’il vous demandera, vous violez la promesse que vous avez faite au divin Sauveur. Mais écoutez les paroles qu’il vous adresse : La voie, dit-il, qui mène à la perdition, est large et spacieuse, et il y en a beaucoup qui y entrent. (Mt 7,13-14). Or cette voie large, c’est l’intempérance; et cette perdition, c’est l’impureté. Celle, continue-t-Il, qui mène à la vie, est étroite et difficile, et il y en a peu qui la suivent. 739 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
34. Lors donc que vous vous mettrez à table pour prendre votre nourriture, représentez-vous vivement l’image de la mort et du jugement, afin de pouvoir résister à cette cruelle passion; encore n’aurez-vous que des succès bien médiocres et qui vous coûteront beaucoup de peine. Quand vous serez sur le point de boire, rappelez à votre mémoire le vinaigre et le fiel dont le Seigneur fut abreuvé sur le Calvaire, et cette pensée salutaire vous rendra sobre, ou vous fera gémir, ou bien encore, vous inspirera des sentiments plus humbles et plus modérés. 741 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
Il faut du courage pour triompher de l’intempérance ! mais celui qui vient heureusement à bout de remporter la victoire sur cette passion, se prépare un droit chemin à la tranquillité de l’âme et à une suprême chasteté. 749 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
22. Gardez-vous bien de vouloir chasser le démon de l’impureté, en disputant et en raisonnant avec lui; car, pour vous faire tomber, il aura toujours des motifs plausibles à vous présenter, et il se sert de vous-même pour vous faire la guerre. 23. N’oubliez jamais que tous ceux qui croient pouvoir par eux-mêmes combattre la passion impure et en triompher, se trompent grossièrement et ne font rien; car, à moins que le Seigneur ne daigne Lui-même renverser cette maison de chair et de corruption, et bâtir dans nous cette maison d’esprit et de chasteté, ce serait en vain que nous prétendrions par nos veilles et nos jeûnes, détruire la première et élever la seconde. 24. Ce que vous devez faire, cÕest de manifester humblement à Dieu la faiblesse de votre nature, de reconnaître devant Lui, l’impuissance de vos forces, et peu à peu vous recevrez de sa Bonté et vous sentirez en vous à présence du don inestimable de chasteté. 777 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
25. Parmi les malheureuses victimes des plaisirs charnels, j’ai rencontré un homme qui était enfin revenu à lui-même, et qui, par les travaux dÕune conversion et d’une pénitence sincère, travaillait à son salut. Or voici ce qu’il m’a raconté : “Les personnes, me dit-il, qui se laissent aller à l’incontinence, sont agitées et tourmentées d’une ardeur violente pour les objet si corporels, elles sont possédées d’un démon furieux et cruel, lequel est assis en tyran sur leur propre coeur, et y fait sentir son infâme empire par des signes non équivoques; de sorte que, lorsqu’elles sont tentées, et qu’elles contente leur brutale passion, elles éprouvent dans elles-mêmes les douleurs d’un feu semblable à celui d’une fournaise embrasée; qu’elles sont si horriblement hors d’elles, qu’elles ont perdu toute crainte de Dieu et des supplices éternels qu’elles nÕenvisagent que comme des choses fabuleuses; qu’elles ont la prière en horreur; que la vue d’un cadavre ne fait pas plus d’émotion sur elles que la vue d’une pierre; et qu’elles sont si absorbées et si dévorées par le désir de se satisfaire par des actions infâmes, qu’elles en perdent entièrement la raison, et ressemblent plus à des bêtes furieuses qu’à des créatures raisonnables. Hélas ! si de tels jours n’étaient pas abrégés, pourrait-il y avoir une seule âme, qui, dans la prison d’un corps de sang et de boue, fût capable d’obtenir le salut ? car, dès lorsqu’on se figure que les horreurs auxquelles on se livre, conviennent aux exigences d’une nature corrompue, on les recherche avec une avidité insatiable. Si le sang se plaît dans le sang, le ver au milieu des vers, et que le limon se trouve bien avec le limon, la chair ne doit-elle pas aimer les Ïuvres de la chair ?” Nous tous qui voulons sincèrement faire violence à la nature, afin d’obtenir le royaume des cieux, n’oublions pas que notre chair ne cherche qu’à nous tromper et à nous trahir, que nous devons la combattre, l’affaiblir et la soumettre par toute sorte de moyens et de pieuses industries. Estimons heureux ceux qui n’ont pas éprouvé les malheurs affreux qui frappent les personnes dominées par le démon de l’impureté, et conjurons avec la plus vive instance le Seigneur de nous préserver à jamais d’une si funeste expérience; car ils sont bien loin de cette échelle mystérieuse par laquelle le patriarche Jacob vit les anges monter et descendre, ceux qui sont malheureusement tombés dans l’abîme de l’impureté, et pour s’en approcher et y monter, ils ont besoin de répandre bien des sueurs et des larmes, supporter bien des peines et des travaux, et se dévouer à des jeûnes et à des austérités bien rigoureuses. 778 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
33. Le démon de l’impureté, cet ennemi cruel et rusé des hommes, afin de nous faire tomber plus facilement dans quelque faute d’incontinence, faute dont il est lui-même l’auteur, nous suggère que Dieu est plein de commisération pour ceux qui ont le malheur de se livrer à la luxure, et qu’il leur pardonne avec d’autant plus de bonté et de clémence, que cette passion est plus naturelle à l’homme, Mais ne manquons pas de bien reconnaître ses ruses et sa perfidie : à peine avons-nous commis un péché honteux, qu’il s’empresse de nous montrer Dieu comme un juge sévère, inexorable et qui ne pardonne rien. Or voyez qu’avant de nous faire consentir au péché, et pour y réussir, il nous représente Dieu comme infiniment bon, clément et miséricordieux, et qu’après qu’il a pu accomplir son mauvais dessein, et qu’il nous a précipités dans l’abîme, il ne cesse de nous parler de la sévérité et de la rigueur des jugements du Seigneur, afin de nous jeter dans le rage et les horreurs du désespoir, et de consommer ainsi notre perte éternelle. Mais il va plus loin : tant que dure ce sentiment de tristesse désespérante quÕil nous a donné, il nÕa pas besoin de nous exposer à de nouvelles tentations; il nous tient sous son esclavage; il nous laisse donc tranquilles; mais aperçoit-il que ces regrets douloureux et poignants qu’il nous a inspirés, se calment et, s’apaisent, cet implacable ennemi recommence ses attaques tout comme auparavant et nous expose eu même danger et aux mêmes fautes. 786 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
74. Nos pères les plus instruits dans les voies de la vie spirituelle, et sur la sagesse desquels nous pouvons sûrement compter, nous enseignent qu’il faut reconnaître une différence essentielle entre le premier mouvement de l’âme, la sympathie de notre esprit pour une pensée impure et le consentement qu’on donne au péché, et entre la défaite et la captivité qu’on subit, le combat qu’on soutient et la passion qui agit. 829 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ