L’Échelle sainte – extraits sur la crainte (II)

7. Or, tous ceux qui sont remplis de la crainte de Dieu, sont donc nécessairement les ennemis du mensonge; car ils suivent imperturbablement les lumières et les mouvements de leur conscience, qui est un juge qu’on ne peut corrompre. 669 L’Échelle Sainte: DOUZIÈME DEGRÉ

8. Il en est du mensonge comme des autres vices; et les fautes que l’on commet en s’y livrant, ne sont pas toutes de la même gravité. Ainsi il est menacé d’un jugement moins sévère et d’une condamnation moins rigoureuse, l’homme qui profère un mensonge par la crainte de quelque malheur, que celui qui ment sans avoir cette crainte et ce danger. Il est des gens qui mentent pour le seul plaisir de mentir, il en est d’autres qui cherchent des avantages et des jouissances dans les mensonges qu’ils disent; ici vous rencontrez des personnes qui n’ont d’autre intention, en mentant, que de faire rire les autres. Vous en trouvez d’autres qui se proposent dans leurs mensonges de tendre des pièges à leurs frères, et de les faire tomber dans quelque malheur. 670 L’Échelle Sainte: DOUZIÈME DEGRÉ

25. Parmi les malheureuses victimes des plaisirs charnels, j’ai rencontré un homme qui était enfin revenu à lui-même, et qui, par les travaux dÕune conversion et d’une pénitence sincère, travaillait à son salut. Or voici ce qu’il m’a raconté : “Les personnes, me dit-il, qui se laissent aller à l’incontinence, sont agitées et tourmentées d’une ardeur violente pour les objet si corporels, elles sont possédées d’un démon furieux et cruel, lequel est assis en tyran sur leur propre coeur, et y fait sentir son infâme empire par des signes non équivoques; de sorte que, lorsqu’elles sont tentées, et qu’elles contente leur brutale passion, elles éprouvent dans elles-mêmes les douleurs d’un feu semblable à celui d’une fournaise embrasée; qu’elles sont si horriblement hors d’elles, qu’elles ont perdu toute crainte de Dieu et des supplices éternels qu’elles nÕenvisagent que comme des choses fabuleuses; qu’elles ont la prière en horreur; que la vue d’un cadavre ne fait pas plus d’émotion sur elles que la vue d’une pierre; et qu’elles sont si absorbées et si dévorées par le désir de se satisfaire par des actions infâmes, qu’elles en perdent entièrement la raison, et ressemblent plus à des bêtes furieuses qu’à des créatures raisonnables. Hélas ! si de tels jours n’étaient pas abrégés, pourrait-il y avoir une seule âme, qui, dans la prison d’un corps de sang et de boue, fût capable d’obtenir le salut ? car, dès lorsqu’on se figure que les horreurs auxquelles on se livre, conviennent aux exigences d’une nature corrompue, on les recherche avec une avidité insatiable. Si le sang se plaît dans le sang, le ver au milieu des vers, et que le limon se trouve bien avec le limon, la chair ne doit-elle pas aimer les Ïuvres de la chair ?” Nous tous qui voulons sincèrement faire violence à la nature, afin d’obtenir le royaume des cieux, n’oublions pas que notre chair ne cherche qu’à nous tromper et à nous trahir, que nous devons la combattre, l’affaiblir et la soumettre par toute sorte de moyens et de pieuses industries. Estimons heureux ceux qui n’ont pas éprouvé les malheurs affreux qui frappent les personnes dominées par le démon de l’impureté, et conjurons avec la plus vive instance le Seigneur de nous préserver à jamais d’une si funeste expérience; car ils sont bien loin de cette échelle mystérieuse par laquelle le patriarche Jacob vit les anges monter et descendre, ceux qui sont malheureusement tombés dans l’abîme de l’impureté, et pour s’en approcher et y monter, ils ont besoin de répandre bien des sueurs et des larmes, supporter bien des peines et des travaux, et se dévouer à des jeûnes et à des austérités bien rigoureuses. 778 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

Si donc il se trouve quelqu’un assez heureux pour ne rien souffrir de ces trois choses, il doit jouir d’une grande consolation, puisqu’il voit dans son corps une pureté que rien ne trouble. Ce qui peut uniquement lui inspirer quelque inquiétude, c’est de soupçonner avec crainte que cet état peut venir de la perfidie du démon; mais qu’il se rassure et se console, en pensant que Dieu permet cette peine et cette inquiétude qui n’ont rien de criminel, afin qu’il puisse acquérir une humilité plus profonde. 808 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

27. Tous ceux qui ont lu avec attention ce que nous avons dit au quatorzième degré, de la gourmandise, mère de tous les maux imaginables, auront sans doute observé que cette infâme passion en rendant compte elle-même de la généalogie et du nombre de ses enfants, a mis au second rang l’insensibilité, qui rend le coeur aussi dur qu’un rocher. Si donc nous n’avons pas encore parlé de ce vice, c’est que l’avarice , qui est un dragon furieux et un culte idolâtrique de l’argent, nous a forcés à nous occuper d’elle. Je ne sais pas pourquoi nos pères ont placé l’avarice à la troisième place parmi les péchés capitaux. Je parlerai donc maintenant de l’insensibilité, qui tient le troisième rang dans la chaîne des péchés, mais qui est au second dans la généalogie que l’intempérance nous a faite de ses enfants. Après quoi, puisque nous avons dit quelque chose de l’avarice, nous passerons au sommeil, aux veilles, enfin à la crainte puérile : ces espèces de maladies spirituelles, attaquent surtout les novices. 886 L’Échelle Sainte: SEIZIÈME DEGRÉ

2. C’est de cette manière que l’âme tombe dans la funeste insensibilité. Elle est donc une négligence coupable des devoirs, laquelle produit enfin une habitude invétérée de les omettre. C’est un mortel engourdissement du coeur produit par une folle présomption; c’est une chaîne lourde et pesante qui nous empêche de courir avec joie dans les voies de Dieu; c’est un breuvage funeste qui nous fait perdre la componction; elle est la porte de l’affreux désespoir, la mère de l’oubli de Dieu, lequel, après avoir été enfanté par elle, lui donne lui-même l’existence et la vertu d’effacer en nous tout sentiment de crainte de Dieu. 896 L’Échelle Sainte: DIX-SEPTIÈME DEGRÉ

5. Cependant, malgré la faiblesse de mon esprit et de mon jugement, voici en peu de mots ce que je crois avoir découvert des ruses infernales qu’emploie et des plaies profondes que fait cette passion dure, furieuse, tyrannique, dangereuse et impertinente; car je ne peux pas ici m’étendre en dissertations longues et raisonnées, et je conjure celui qui, par le secours du ciel et par sa propre expérience, aurait trouvé le remède capable de guérir les âmes de cette maladie mortelle, de ne pas manquer de nous l’apprendre et de l’employer. Quant à moi, tout ce que je peux faire, c’est d’avouer franchement et sans détour que, vu mon impuissance et l’état de servitude dans lequel ne m’a que trop réduit cette cruelle maîtresse, jÕaurais été dans l’impossibilité de connaître tous ses artifices et toutes ses ruses; mais je l’ai saisie de force, je lui ai fait violence, et, la serrant fortement avec les chaînes de la crainte de Dieu, et les liens de la persévérance dans la prière, je l’ai forcée, malgré elle, à me faire les aveux suivants. 899 L’Échelle Sainte: DIX-SEPTIÈME DEGRÉ

16. C’est encore ainsi qu’il en agit par rapport à ceux de qui le démon veut ouvrir la porte du coeur à la passion de la luxure. 17. Ainsi jusqu’à ce que nous nous voyous entièrement délivrés des fatigues et des importunités du sommeil, qu’il ne nous soit pas à charge d’être obligés de chanter l’office avec nos frères; car leur compagnie et la crainte d’être couverts de honte et de confusion, nous empêcheront de dormir : en effet si le chien est l’ennemi des lièvres, le démon de la vaine gloire l’est du sommeil. 942 L’Échelle Sainte: DIX-NEUVIÈME DEGRÉ

1. Ceux qui, dans les monastères ou dans les communautés, s’appliquent à acquérir la perfection, ne sont pas ordinairement fort exposés à cette crainte; mais pour vous qui avez embrassé la vie érémitique et qui demeurez dans le fond des déserts, vous devez combattre cette passion de toutes vos forces et ne vous en laisser jamais dominer, car c’est la fille de la vaine gloire et de l’infidélité. 954 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

3. Cette crainte consiste donc dans la prévoyance de quelques dangers imaginaires; c’est une affliction pénible d’un coeur troublé et agité par l’idée d’accidents incertains. En un mot disons que cette appréhension est l’absence de toute confiance. 956 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

5. Des pénitents qui, dans un temps, ont sincèrement pleuré leurs fautes, mais qui, dans un autre temps, par des motifs d’orgueil et d’impénitence, ont cessé de pleurer leurs iniquités, sont tout-à-fait exempts de crainte dans certaines occasions, et que, dans d’autres circonstances, ils sont si frappés et si épouvantés, qu’ils tombent dans un égarement et une aliénation d’esprit extraordinaires. La raison de ces vicissitudes étonnantes, c’est que le Seigneur, souverainement saint et juste, abandonne à eux-mêmes ces misérables et ces superbes, afin que leur propre, malheur nous rende sages et nous engage à renoncer à tout sentiment d’orgueil. 958 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

7. Est-il pour vous des lieux qui vous inspirent de la frayeur? n’hésitez pas de choisir le milieu de la nuit pour les aller visiter; car si vous cédez le moins du monde aux objets qui vous donnent des sentiments de crainte d’une manière aussi vaine que ridicule, cette crainte se fortifiera dans vous, et cette passion, vous la garderez toute votre vie. Si donc vous mettez en pratique la résolution que je vous suggère, armez-vous courageusement de la prière, et dans ces lieux effrayants tendez avec confiance vers le ciel vos mains suppliantes, invoquez le doux nom de Jésus avec une foi vive et ardente, et vous mettrez vos ennemis en pièces. Voilà les armes les plus puissantes que vous puissiez trouver et sur la terre et dans les cieux, pour faire la guerre à la timidité. Avez-vous eu le bonheur de guérir votre âme de cette maladie, et de remporter une heureuse victoire sur vous-même ? ne manquez pas, par d’humbles cantiques de louanges, d’en témoigner toute votre reconnaissance à celui qui par sa grâce vous a fait vaincre et triompher. Cette conduite attirera sur vous de nouvelles faveurs, et vous méritera une protection constante. 960 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

8. Comme un instant ne suffit pas pour contenter et rassasier l’estomac, de même ce ne sera pas tout d’un coup que vous vous délivrerez de tout sentiment de peur et de crainte. Aussi nous observerons que plus nous avançons dans la carrière de la pénitence, plus la timidité nous abandonne et nous quitte, et que plus nous devenons impénitents, plus elle augmente en nous et nous tourmente. 961 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

11. Le serviteur de Dieu, ne craint que Dieu seul; mais celui qui n’a jamais eu la crainte du Seigneur, a peur de lui-même et de son ombre. 964 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ

40. C’est donc pour nous faire marcher vers cette victoire, que nous ne devons rien cacher de ce qui est capable de nous humilier : la crainte même d’offenser la délicatesse de la conscience des autres ne peut pas être un motif suffisant pour nous détourner de cette voie. Au reste nous userons de ce moyen avec sagesse et prudence, et selon la nature et les circonstances des fautes que nous pouvons laisser connaître, ou que nous pouvons tenir cachées; de manière que, lorsque nous les ferons paraître, cette manifestation soit utile et à nous et à nos frères. 1010 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ

41. Lorsque malheureusement, nous est arrivé de courir après la vaine gloire, ou de la recevoir sans l’avoir recherchée, ou que, pour la mériter, nous sommes tentés de faire certaines démarches et certaines choses, rappelons promptement à notre esprit la pensée de la pénitence que nous avons à faire, et dans le secret de notre prière représentons-nous fortement la crainte et la frayeur dont nous serions frappés, si nous étions devant le tribunal redoutable du Seigneur : cette arme nous servira beaucoup pour résister à la tentation. Que la ferveur d’une prière sincère est puissante dans ces circonstances ! Mais si ces grands moyens n’étaient pas suffisants, nous recourrions à la pensée de la mort et de nos autres fins dernières. Enfin si tous ces moyens successivement employés étaient encore impuissants, représentons vivement l’ignominie éternelle et immense qui sera le juste châtiment de la vaine gloire, et traçons sur notre coeur en caractères ineffaçables ces paroles de l’éternelle Vérité : “Il sera humilié, celui qui se sera a élevés” (Lc 14,11 ). Soyons bien convaincus que cette humiliation dont nous sommes menacés, nous punira de notre vanité, non seulement dans la vie future, mais aussi dans la vie présente. 1011 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ

1. Quiconque prétendrait expliquer les sentiments que donne la charité, et les effets qu’elle produit, selon toute l’intensité de l’ardeur qui lui est propre : ceux de l’humilité, d’après ses abaissements profonds; ceux de la chasteté, d’après son excellence céleste; ceux de l’illumination divine, d’après tout l’éclat de ses rayons et de sa lumière; ceux de la crainte de Dieu, d’après les mouvements qu’elle donne; ceux d’une ferme confiance en Dieu, selon la tendresse et l’immobilité de ses regards, et faire comprendre par des paroles claires et précises, à ceux qui n’ont jamais eu ni le sentiment ni le goût des douceurs inexprimables de ces dons et de ces vertus, en quoi les uns et les autres consistent : celui-là ressemblerait incontestablement à un homme qui, par ses paroles, ou par le moyen des comparaisons, voudrait faire concevoir la douceur du miel à ceux qui n’en ont jamais mangé. Or n’est-il pas évident que l’un et l’autre de ces deux hommes perdraient leur peine et leur travail, et parleraient en vain ? Nous ne disons rien autre chose du dernier; mais nous ajoutons pour le premier que, ou il ignore ce qu’il doit dire, et c’est un insensé, ou, s’il sait sur quoi il doit parler, c’est un téméraire et un orgueilleux, 2. C’est pourquoi je ne veux ici que montrer ce trésor caché et renfermé dans des vases fragiles, ou plutôt dans la fragilité des hommes, afin de reconnaître les autres vertus qu’il contient, car je n’ai pas la téméraire prétention de vous le faire comprendre; aucune parole ne serait capable de vous donner une véritable idée de soi, excellence et de ses qualités. Son titre seul et son inscription sont incompréhensibles à l’esprit humain, car ils sont tout célestes; et ceux qui ont voulu les faire comprendre, se sont engagés dans des peines et des recherches infinies et vaines. Or SAINTE HUMILITÉ sont les deux mots qui font l’inscription de ce trésor étonnant. 1132 L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

29. En effet cette connaissance salutaire nous procure la crainte du Seigneur, et cette crainte salutaire nous conduit bien vite à la porte de la charité. 1160 L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

30. C’est pourquoi nous pouvons dire ici que l’humilité est la porte du royaume des cieux, qu’elle nous y introduit et que c’est de ceux qui pratiquent cette vertu, que le Seigneur veut parler lorsqu’il dit : Qu’ils entreront dans le ciel, qu’ils sortiront de la vie présente sans aucune crainte, et qu’ils trouveront de gras pâturages et des lieux pleins de verdure. (cf. Jn 10,8-9) Ils renoncent donc à leur salut, deviennent les meurtriers de leur âme, ceux qui prétendent entrer dans le ciel par une autre porte que par la porte de l’humilité. 1161 L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

Ainsi, selon ces pères, les ris dissolus et à contretemps viennent, tantôt de l’incontinence, tantôt de l’intempérance, tantôt de la vaine gloire, principalement lorsqu’on se glorifie sans honte et sans pudeur; l’excès dans le sommeil est produit quelquefois par les excès de la bonne chère, d’autres fois par les jeûnes observés dans un esprit d’orgueil; ici par la paresse, là par les besoins réels de la nature, des paroles inutiles procèdent assez souvent et de l’intempérance et de la vaine gloire; on est esclave de la paresse ou parce qu’on se traite trop délicatement, ou parce qu’on manque de crainte de Dieu; les blasphèmes sont ordinairement les enfants de l’orgueil; ils peuvent encore être occasionnés en nous par notre penchant à croire que nos frères s’en rendent coupables; quelquefois cependant c’est le démon qui en est l’auteur, à cause de l’envie qu’il nous porte. 1295 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

34. Apprenons à craindre le Seigneur par la crainte que nous inspirent l’autorité et la puissance des princes et des magistrats, et la présence des animaux féroces; apprenons à l’aimer et à désirer de le posséder, par l’exemple des mondains : voyez comme ils se livrent à l’amour des créatures pour les beautés qu’ils aperçoivent dans elles. Sachons ici que rien ne nous défend de profiter des exemples des passion cherchant à établir les vices dans les cœurs, pour nous former aux vertus qui leur sont contraires. 1299 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

138. Il est certaines créatures dont Dieu a réglé l’ordre et le principe; il en est d’autres dont Dieu a pareillement ordonné et réglé le terme et la fin; mais la vertu a une fin qui est sans fin, selon le psalmiste : J’ai vu la fin des choses les plus parfaites; mais votre commandement, ô mon Dieu, est d’une étendue infinie. (Ps 118,96). Or, s’il est des personnes capables de passer des exercices de la vie active aux vertus et au saint repos de la vie contemplative; s’il est des cœurs sur lesquels agisse la charité, et que le Seigneur, selon la pensée du prophète-roi, garde votre entrée, qui est la crainte de ses jugements, et votre sortie qui est votre amour pour sa bonté n’est-il pas évident que cet amour de Dieu est sans bornes et sans fin, puisque nous pouvons toujours y faire de nouveaux progrès, soit en ce monde, soit dans l’autre où nos lumières recevront sans cesse des accroissements ? et bien que ce que je vais dire, paraisse un paradoxe à plusieurs, je n’hésiterai pas, mon bienheureux père, de tirer cette conséquence de tout ce que je viens de dire, je prononce donc que les esprits célestes ne demeurent pas, dans le même état et que leur gloire et leurs connaissances croissent toujours. 1407 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

39. Comme les rayons du soleil, en pénétrant dans un appartement, l’éclairent et y font distinguer les plus petits objets; de même la crainte de Dieu dans un cœur, tout en l’éclairant, lui fait voir les taches que les péchés y ont faites. 1483 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

67. À mesure qu’on cesse de tomber dans le péché, on se déshabitue de le commettre. Or ce désistement du péché devient le commencement de la pénitence; le commencement de la pénitence,le commencement du salut; le commencement du salut, la résolution de bien vivre; la résolution de bien vivre, le commencement des travaux; le commencement des travaux, le commencement des vertus; le commencement des vertus, le commencement de la fleur des vertus; le commencement de la fleur des vertus, le commencement de la bonne volonté; le commencement de la bonne volonté, le commencement à l’habitude de la vertu; le commencement de l’habitude de la vertu, le commencement de la crainte de Dieu; le commencement de la crainte de Dieu, le commencement de la fidélité à observer les commandements du Seigneur; le commencement de la fidélité à observer les commandements de Dieu, le commencement de l’amour du Seigneur; le commencement de l’amour du Seigneur, le commencement d’une profonde humilité; le commencement d’une profonde humilité le commencement de la paix souveraine du cœur; et le commencement de la paix souveraine de l’âme devient la perfection de la charité. Or cette perfection de la charité est elle-même cette sainte et parfaite amitié dont Dieu honorera tous ceux qui, étant délivrés de toute affection déréglée, posséderont leur cœur dans la pureté. car, ils verront Dieu (cf. Mt 5,8). À Lui gloire et honneur dans les siècles. Amen. 1511 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

75. Un criminel en prison tremble sans cesse à la seule pensée des magistrats qui doivent le juger et le condamner; or un cénobite dans sa cellule, pourrait-il ne pas craindre le Seigneur ? Le criminel n’a pas autant de raisons de redouter le lieu où il doit être jugé, que le solitaire, le tribunal de Dieu où il faudra comparaître. Mon cher Frère, dans votre solitude cette crainte salutaire vous est absolument nécessaire, afin que vous puissiez chasser et rejeter loin, de vous la tiédeur et la négligence; et c’est le moyen le plus sûr et le plus efficace pour y réussir. 1596 L’Échelle Sainte: VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

EH ! n’était-ce pas de la tranquillité de l’âme que voulait parler saint Paul, en disant : Quel est l’homme qui a connu l’Esprit du Seigneur (1 Co 2,16) ? N’était-ce pas encore cette vertu que voulait signaler un solitaire d’Égypte, en disant qu’il n’avait plus de crainte du Seigneur ? Voulait-il marquer une autre chose que la paix de l’âme, ce religieux qui priait Dieu de lui pe