L’Échelle sainte – extraits sur la chair (III)

30. Cette chair, qui est tout à la fois et notre amie et notre ennemie, le même Apôtre ne craint pas de l’appeler une mort : “Malheureux que je suis ! s’écrie-t-il, qu’est-ce qui me délivrera de ce corps de mort” (Rom 7,24); et un autre théologien l’appelle “une servante vicieuse et qui ne se plaît que dans les ténèbres de la nuit”. Je vous avoue que je désirerais bien savoir les raisons pour lesquelles ces deux grands saints ont parlé ainsi de notre corps. 783 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

31. Si notre chair est une mort, nous pouvons donc dire qu’il ne mourra pas celui qui l’aura vaincue. Mais où prendre un homme qui, en se préservant entièrement des souillures de la chair, mérite de vivre et de ne jamais voir les horreurs de la mort ? 784 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

42. Puisque tous les autres péchés que l’homme petit commettre, sont hors de son corps, et que le péché seul de luxure est contre son corps, ce qui arrive parce que par les mouvements de la concupiscence il souille et corrompt sa propre chair, je voudrais bien savoir pour quelle raison, dans les différentes fautes que font les hommes, nous disons, communément qu’ils ont été trompés, et lorsque nous apprenons qu’une personne est tombée dans un péché honteux, nous nous écrions avec douleur et tristesse : Hélas ! elle est tombée. 795 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

53. Certains pensent que ces combats importuns que nous sommes obligés de soutenir contre le démon impur, et que ces accidents humiliants qui nous arrivent dans le sommeil, sont ordinairement produits et causés par une trop grande abondance de nourriture qu’on a prise : cependant je peux assurer avec vérité que j’en ai rencontré plusieurs ou qui étaient malades et dangereusement malades, ou qui, par des jeûnes rigoureux, avaient exténué leur corps, lesquels ont éprouvé ces mouvements déréglés de la chair. 806 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

58. On me raconta un jour un fait d’une rare pureté, et je doute qu’on puisse pratiquer cette vertu avec une plus grande perfection. Quelqu’un aperçut par hasard un corps d’une beauté extraordinaire. Or cette vue le porta de suite à glorifier par ses louanges la souveraine Beauté de Dieu dont cette qu’il avait sous les yeux, n’était qu’une image bien imparfaite, et lui inspira un sentiment d’amour de Dieu si vif et si ardent, qu’il monda d’un torrent de larmes le lieu où il était. Je vous demande, n’était-ce pas une chose admirable que ce qui aurait été pour plusieurs une funeste occasion de chute et de ruine spirituelles, devint pour ce saint homme un moyen surnaturel pour se procurer les récompenses célestes ? et, si l’on peut encore trouver des hommes semblables qui, dans de pareilles circonstances, éprouvent les mêmes sentiments, et soient aussi purs et aussi unis à Dieu par la charité, ne doit-on pas dire d’eux que, dans une chair corruptible, ils vivent déjà de la même manière que nous vivrons après la résurrection générale ? 813 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

71. Celui qui triomphe de sa propre chair, triomphe de la nature même; mais celui qui a triomphé de la nature, est au dessus de la nature; mais celui qui est au dessus de la nature, est presque aussi parfait que les anges. 826 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

72. En effet je n’aperçois rien de surprenant, si des esprits exempts de toute matière, comme les anges bons ou mauvais, combattent d’autres esprits immatériels comme eux; mais ce qui me surprend et m’étonne, c’est de voir des hommes pétris d’une chair de terre et de boue, faible et chancelante, infidèle et corrompue, mais, que dis-je ? d’une chair ennemie, en venir aux prises avec les démons qui sont des esprits délivrés du poids et de l’embarras d’un corps, les vaincre et les mettre en fuite. 827 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

78. Lorsque, pendant longtemps et par beaucoup d’efforts nous avons fait la guerre au démon de la luxure, qui est, pour ainsi parler, l’allié de notre chair de boue, et que par nos jeûnes rigoureux, comme par des coups de pierre, par notre humilité, comme avec une épée, nous l’avons chassé de notre coeur, alors ce misérable s’attache comme un ver à notre corps, et s’efforce de souiller notre âme, en excitant sur nous des mouvements importuns et contraires à la raison. 836 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ