L’Échelle sainte – extraits sur la chair (II)

6. Les commencements de la chasteté consistent à refuser tout consentement aux pensées impures et aux mouvements déréglés de la concupiscence; les progrès dans cette vertu, qui en sont comme la perfection moyenne, consistent à éprouver, soit dans le sommeil, soit autrement, mais sans mauvais effets et sans mauvaises pensées, certains mouvements de notre chair, composée de terre et de boue; enfin la perfection de cette vertu céleste consiste dans l’extinction de toute pensée mauvaise, de toute image déshonnête. 760 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

22. Gardez-vous bien de vouloir chasser le démon de l’impureté, en disputant et en raisonnant avec lui; car, pour vous faire tomber, il aura toujours des motifs plausibles à vous présenter, et il se sert de vous-même pour vous faire la guerre. 23. N’oubliez jamais que tous ceux qui croient pouvoir par eux-mêmes combattre la passion impure et en triompher, se trompent grossièrement et ne font rien; car, à moins que le Seigneur ne daigne Lui-même renverser cette maison de chair et de corruption, et bâtir dans nous cette maison d’esprit et de chasteté, ce serait en vain que nous prétendrions par nos veilles et nos jeûnes, détruire la première et élever la seconde. 24. Ce que vous devez faire, c’est de manifester humblement à Dieu la faiblesse de votre nature, de reconnaître devant Lui, l’impuissance de vos forces, et peu à peu vous recevrez de sa Bonté et vous sentirez en vous à présence du don inestimable de chasteté. 777 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ

25. Parmi les malheureuses victimes des plaisirs charnels, j’ai rencontré un homme qui était enfin revenu à lui-même, et qui, par les travaux d’une conversion et d’une pénitence sincère, travaillait à son salut. Or voici ce qu’il m’a raconté : “Les personnes, me dit-il, qui se laissent aller à l’incontinence, sont agitées et tourmentées d’une ardeur violente pour les objet si corporels, elles sont possédées d’un démon furieux et cruel, lequel est assis en tyran sur leur propre coeur, et y fait sentir son infâme empire par des signes non équivoques; de sorte que, lorsqu’elles sont tentées, et qu’elles contente leur brutale passion, elles éprouvent dans elles-mêmes les douleurs d’un feu semblable à celui d’une fournaise embrasée; qu’elles sont si horriblement hors d’elles, qu’elles ont perdu toute crainte de Dieu et des supplices éternels qu’elles n’envisagent que comme des choses fabuleuses; qu’elles ont la prière en horreur; que la vue d’un cadavre ne fait pas plus d’émotion sur elles que la vue d’une pierre; et qu’elles sont si absorbées et si dévorées par le désir de se satisfaire par des actions infâmes, qu’elles en perdent entièrement la raison, et ressemblent plus à des bêtes furieuses qu’à des créatures raisonnables. Hélas ! si de tels jours n’étaient pas abrégés, pourrait-il y avoir une seule âme, qui, dans la prison d’un corps de sang et de boue, fût capable d’obtenir le salut ? car, dès lorsqu’on se figure que les horreurs auxquelles on se livre, conviennent aux exigences d’une nature corrompue, on les recherche avec une avidité insatiable. Si le sang se plaît dans le sang, le ver au milieu des vers, et que le limon se trouve bien avec le limon, la chair ne doit-elle pas aimer les oeuvres de la chair ?” Nous tous qui voulons sincèrement faire violence à la nature, afin d’obtenir le royaume des cieux, n’oublions pas que notre chair ne cherche qu’à nous tromper et à nous trahir, que nous devons la combattre, l’affaiblir et la soumettre par toute sorte de moyens et de pieuses industries. Estimons heureux ceux qui n’ont pas éprouvé les malheurs affreux qui frappent les personnes dominées par le démon de l’impureté, et conjurons avec la plus vive instance le Seigneur de nous préserver à jamais d’une si funeste expérience; car ils sont bien loin de cette échelle mystérieuse par laquelle le patriarche Jacob vit les anges monter et descendre, ceux qui sont malheureusement tombés dans l’abîme de l’impureté, et pour s’en approcher et y monter, ils ont besoin de répandre bien des sueurs et des larmes, supporter bien des peines et des travaux, et se dévouer à des jeûnes et à des austérités bien rigoureuses. 778 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ