Le travail corporel mène à l’humilité.

Doctrines — 2, 8. Un frère interrogea un ancien, disant : « Qu’est-ce que l’humilité ? » L’ancien répondit : « L’humilité est quelque chose de grand et de divin ; la voie qui mène à l’humilité consiste à se livrer aux travaux corporels avec conscience et à se mettre au-dessous de tous : telle est la voie de l’humilité. Et cette humilité est divine et incompréhensible». Mais pourquoi dit-il que les travaux corporels portent l’âme à l’humilité? Comment les travaux du corps sont-ils les vertus de l’âme ? Quant à se mettre au-dessous de tous, nous avons dit plus haut que c’est l’opposé du premier genre d’orgueil. Comment en effet peut-on s’estimer supérieur à son frère ou s’élever en quoi que ce soit, ou accuser ou mépriser quelqu’un, si l’on se met soi-même au-dessous de tous ? De même est-il évident que prier sans cesse est l’opposé du second genre d’orgueil. Car il est bien clair que l’humble, le timide, sachant qu’il est impossible à l’âme de faire aucun bien sans le secours et la protection de Dieu, ne laisse pas de prier Dieu sans cesse pour qu’il lui fasse miséricorde. En effet, celui qui demande tout à Dieu, même quand il fait quelque chose de bien, sait d’où ce bien est venu et ne peut pas s’en vanter ni l’attribuer à sa propre force, mais il attribue à Dieu toutes ses bonnes œuvres ; il lui en rend grâces toujours, l’invoque toujours, craignant que cette aide lui manque et qu’apparaisse sa faiblesse et son impuissance. Et ainsi l’humilité le fait prier, et la prière le rend humble ; et s’il fait toujours le bien, toujours aussi il s’humilie ; et plus il s’humilie, plus il est aidé et progresse dans l’humilité.