{{Le souvenir des bienfaits divins.}} – N. 2.
Mon fils, vous devez commencer ainsi à vous rendre compte de l’assistance de Dieu à votre égard. Il faut que vous considériez sans jamais les oublier et dans une méditation assidue toute l’économie du Dieu très bon à votre égard et ses bienfaits destinés au salut de votre âme, et que, perdant de vue par insouciance ses nombreux et grands bienfaits, vous n’oubliiez pas qu’il couvre vos péchés, et qu’ainsi vous passiez le reste de votre vie dans l’inutilité et l’ingratitude. Car de tels souvenirs continuels, aiguillonnant en quelque sorte le cœur, le portent toujours à la confession, à l’humilité, à la reconnaissance liés à la contrition de l’âme ; ils l’incitent à une sainte ardeur, à la réforme des mœurs et à l’adoption de bonnes habitudes et de toutes sortes de vertus selon Dieu, en lui faisant méditer avec une conscience droite ces paroles du prophète : « Que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce que nous avons reçu de lui?» [Ps 115, 12.] En effet, quand l’âme a calculé combien elle a reçu de bienfaits du Dieu très aimant depuis sa naissance, ou bien de quels périls elle a été maintes fois sauvée ; quand elle examine dans quel mal elle est tombée, à combien de fautes elle a succombé, et comment dans ces chutes elle n’a pas été livrée pour sa ruine et sa mort aux esprits qui l’avaient trompée, alors que c’eût été l’effet d’un juste jugement, mais que le Maître très bon et longanime, ne regardant pas les fautes, l’a conservée en attendant sa conversion, qu’il l’a entretenue en la protégeant et veillant sans cesse sur elle, alors que, par ses passions, elle se faisait librement l’esclave de ses ennemis et des esprits malins, et que par le bon esprit il l’a enfin conduite au salut, qu’il a déposé en son cœur l’attrait enchanteur de la vie ascétique et qu’il lui a donné la force d’abandonner avec joie le monde et toute la séduction de ses plaisirs charnels, qu’il l’a parée de l’angélique beauté de l’armée des anges et l’a préparée à être admise aisément par nos saints Pères dans leur fraternelle assemblée : réfléchissant à tout cela, qui donc, ayant une conscience sincère, ne vivrait pas dans une constante contrition de cœur, alors qu’il possède tant de gages des bienfaits passés, et qu’il n’a lui-même antécédemment rien fait de bon ? Ne doit-il pas concevoir pour toujours une ferme confiance, en réfléchissant à ceci : Alors que je n’ai fait aucun bien, mais que j’ai beaucoup péché devant Dieu, alors que j’étais retenu dans l’impureté de la chair et dans bien d’autres vices, il ne m’a pas traité selon mes péchés et ne m’a pas châtié selon mes iniquités [cf. Ps 102, 10], mais il m’a dispensé tant de dons et de grâces pour mon salut ? Si donc nous nous donnons désormais entièrement à son service, dans une complète innocence de vie et dans la droite pratique de toutes les vertus, il nous jugera dignes de ses bienfaits et des grâces spirituelles, nous guidant vers toutes sortes de bonnes œuvres et nous donnant force pour les accomplir. C’est pourquoi celui qui garde toujours cette pensée et qui n’oublie pas de tels bienfaits, se remplit de honte, se redresse et s’élance avec ardeur vers le louable exercice de toutes sortes de vertus, et vers toutes les œuvres de justice, toujours plein d’élan et toujours prêt à faire la volonté de Dieu.