{{Lettres — L. 1, lettre 41 ( au moine Philippe ).}} Le lièvre, animal peureux et de nature craintive, attend, dit-on, pour changer de gîte, parce que tout mouvement et tout bruit l’effraie. Mais il n’en est pas ainsi du moine qui doit avoir mis sa confiance dans le Seigneur et être monté sur la montagne de Sion. Pourquoi donc, alors que vous êtes fermement appuyé sur le Seigneur et que vous possédez la croix et sa compagne l’ascèse, pourquoi, abandonnant tout, changez-vous de place, cherchant, semble-t-il, une table plus délicate, plutôt qu’une formation plus austère ? Et il vous arrivera, je pense, après que vous aurez parcouru toutes les villes d’Israël et toutes les extrémités de la terre, avec un pareil estomac et une pareille disposition d’esprit, d’être comme un détroit d’Euripe, emporté à tous les vents par le fumet des viandes, et perpétuellement agité.