Le don des larmes.

Conférences — 9, 29. Isaac : Toutes les effusions de larmes ne viennent pas d’un même sentiment ni d’une même vertu. Il en est que nous versons, lorsque le souvenir de nos péchés, comme une épine, nous déchire le cœur… Il en est qui viennent de la contemplation des biens éternels et du désir de la gloire du ciel. Celles-là coulent plus abondantes, à cause de l’excessif bonheur et de la joie sans mesure que nous éprouvons… D’autres fois, bien que notre conscience ne nous reproche aucune faute mortelle, c’est la crainte de l’enfer et la pensée du terrible jugement qui font couler nos larmes…

30. Entre ces larmes et celles que l’on se tire à grand’peine, lorsque le cœur est dur et les yeux obstinément secs, il y a bien de la distance. Il ne faudrait pas croire pourtant que celles-ci soient tout-à-fait inutiles… Mais pour ceux qui sont arrivés à l’amour de la vertu, qu’ils ne se mettent pas ainsi à la torture pour s’arracher des larmes, et n’attachent point tant de prix aux pleurs de l’homme extérieur. Lors même que l’on réussirait tant bien que mal à les faire couler, ces larmes ne peuvent avoir de proportion avec celles qui viennent spontanément.