{Le Christ époux de l’âme.} Homélies sur les Nombres — Hom. 20, n. 2.
On peut dire en général qu’il y a fornication quand l’âme, unie au Verbe de Dieu et en quelque sorte associée à lui par le mariage, se laisse corrompre et violer par n’importe quel autre, c’est-à-dire par un étranger et un ennemi de ce mari qui l’a prise pour son épouse fidèle. Le Verbe de Dieu, qui est le Christ notre Seigneur, est donc le fiancé et l’époux de l’âme pure et chaste, ainsi que l’écrit l’Apôtre : « Je veux vous présenter tous à votre unique époux, au Christ, comme une vierge pure. Mais je crains bien que, comme Eve fut séduite par l’astuce du serpent, ainsi vps pensées ne se corrompent et ne perdent la simplicité que vous avez dans le Christ Jésus [2 Cor 11,2 suiv.]. Ainsi donc tant que l’âme est fidèle à son époux, reste attachée à sa voix et le tient embrassé, elle reçoit,sans aucun doute de lui une semence de verbe ; et de même qu’il a été dit : « Dans la crainte de vous, Seigneur, nous avons conçu en nous-mêmes » [cf. Is 26, 18], ainsi elle dit: Dé votre verbe, Seigneur, i’ai conçu en moi, et j’ai enfanté, et j’ai donné à la terre votre esprit de salut. Si donc l’âme conçoit ainsi sous l’action du Christ, elle engendre également des fils, à propos desquels il est dit d’elle qu’elle «sera sauvée en devenant mère, pourvu qu’elle persévère dans la foi, dans la charité et dans la sainteté, unies à la modestie» [I Tim 2, 15], et cela quand même l’âme aurait commencé par être séduite comme Eve. Ce sont donc des rejetons bénis qui proviennent de cette union entre l’âme et le Verbe de Dieu, de cet attachement qu’ils ont l’un pour l’autre. De là naîtra une noble progéniture, de là surgira la pureté, la patience? la douceur, la charité, et la magnifique lignée de toutes les vertus.