L’amour de la contemplation.

{{Discours — 20 (sur le dogme et la constitution des évêques), 1.}} Ce qui me paraît de première importance, c’est, après avoir réfréné les sens, quitté la chair et le monde, et perdu tout contact avec les choses humaines, sauf absolue nécessité, de ne plus s’entretenir qu’avec soi-même et avec Dieu, de vivre au-dessus de ce qui se voit, de porter en soi les reflets de Dieu, purs et sans mélange des images trompeuses de la terre, d’être et de toujours rester un miroir sans tache de Dieu et des choses divines, de recevoir toujours plus de lumière, ajoutant la plus éclatante à la plus faible, jusqu’à ce que nous parvenions à la source des rayons et que, la vérité ayant brisé les miroirs, nous atteignions la bienheureuse fin ; de la sorte, il n’est presque personne qui, s’étant lui-même exercé par une longue philosophie, ayant peu à peu arraché son âme noble et lumineuse à ce qu’il y a de bas et de ténébreux, ou bien trouvant Dieu propice, ou encore ayant tout cela et prenant le plus grand soin de tourner ses regards vers le ciel, il n’est presque personne qui puisse triompher de cette matière qui le tire en bas. Avant donc de l’avoir dominée autant qu’il est possible et d’avoir purifié comme il faut nos oreilles et notre intelligence, accepter de diriger les âmes ou s’adonner à l’étude des choses divines ne me paraît rien moins que sûr.