{{Lettre à Valérien sur le mépris du monde}} — S’il y a tant d’attrait dans cet amour de la créature qui nous détourne de Dieu, si nos sens y trouvent un tel plaisir, l’amour divin donne le bonheur suprême : non seulement nous pouvons aimer, mais nous devons aimer avec toute l’effusion dont nous sommes capables un bien ravissant, noble, unique, éternel, c’est-à-dire notre Dieu, que nous pouvons aimer avec autant d’ardeur que d’innocence, après avoir remplacé par de pieux désirs les passions antérieures. La magnificence avait-elle pour vous des charmes ? Rien n’est plus magnifique que Dieu. La gloire avait-t-elle pour vous des attraits ? Il n’est rien de plus glorieux que lui. Aviez-vous du penchant pour l’éclat et la splendeur ? Rien n’est plus éclatant que lui. La beauté séduisait-elle vos regards ? Rien n’est plus beau que lui. Etiez-vous épris de la vérité ? Rien n’est plus vrai que lui. Admiriez-vous la libéralité ? Rien n’est plus libéral que lui… Recherchez-vous la bienveillance dans l’adversité, la douceur dans la prospérité ? C’est de lui seul que vient toute joie dans la bonne fortune, toute consolation dans les revers. Il est donc pleinement raisonnable que vous aimiez par-dessus tout celui en cjui vous trouvez tout.
L’amour de Dieu par-dessus tout.
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