{{7, 1.}} Je reconnais bien que la vie commune est à beaucoup de points de vue plus utile. Tout d’abord chacun de nous ne peut se suffire à lui-même pour les nécessités du corps, mais nous avons besoin les uns des autres pour nous assurer l’indispensable… Dieu notre créateur a ainsi fixé que nous aurions besoin les uns des autres, afin, comme il est écrit, que nous soyons liés entre nous ( cf. Eccli 13, 20 ). En outre, en dehors de la vie commune, il ne peut se faire que la parole du Christ sur l’amour atteigne son but: «L’amour, est-il dit en effet, ne se cherche pas lui-même» ( 1 Cor 13, 5 ). Or la vie solitaire n’a qu’un but, le soin des intérêts particuliers de chacun.
{{7, 4.}} En quoi ferons-nous paraître l’humilité, si nous n’avons personne devant qui nous puissions nous montrer inférieurs ? En quoi ferons-nous paraître la miséricorde, si nous sommes coupés de la société des autres ? Comment s’exercer à la patience, si personne ne s’élève contre nos volontés ? Prétendre que l’enseignement des divines Ecritures suffit à redresser notre manière d’être, c’est être comme quelqu’un qui a appris l’architecture, mais ne bâtit jamais, qui a appris à travailler le fer, mais ne se décide jamais à réaliser ce qu’il sait. A un tel homme l’apôtre dirait : « Ce ne sont pas ceux qui entendent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la réalisent seront justifiés ». ( Rom 2, 13 ). Voyez le Seigneur : son immense amour pour nous ne l’a pas fait se contenter d’un enseignement verbal, mais pour livrer dans un exemple d’humilité clair et précis la perfection de son amour, s’étant ceint, il lava les pieds de ses disciples. De qui laveras-tu les pieds ? Qui soigneras-tu? Près de qui prendras-tu le dernier rang, si tu vis seul avec toi-même ? La vie commune des frères est une chose pleine de charmes et de beauté, que l’Esprit-Saint compare à la myrrhe qui s’exhale de la tête du grand-prêtre ( cf. Ps 132, 1 ). Comment le réaliseras-tu, si tu vis seul à l’écart? Le terrain où t’exercer, le chemin où marcher vers la perfection, le moyen de travailler sans cesse et de méditer les commandements du Seigneur, tu les trouveras dans la vie en commun avec les frères.