La tranquillité d’âme (apathie).

{{L’Echelle du paradis. — 29.}} Pour moi, je pense que l’apathie n’est pas autre chose qu’un ciel qu’on a dans le cœur et l’esprit, et qui fait regarder comme des jouets les artifices des démons. Celui-là donc possède vraiment l’apathie et est reconnu tel, qui a purifié sa chair de toute tache, élevé son esprit au-dessus des créatures, soumis tous ses sens à la raison, placé son âme devant la face du Seigneur en une perpétuelle tendance vers lui, qui dépasse ses forces propres. Certains ont encore défini l’apathie comme une résurrection de l’âme précédant celle du corps ; d’autres, comme une parfaite connaissance de Dieu, inférieure seulement à celle des anges. Ainsi donc cette perfection consommée, et pourtant inachevée, des parfaits, selon que me l’a rapporté quelqu’un qui l’avait goûtée, sanctifie tellement l’âme et la détache tellement de la matière, qu’après l’avoir mise dans un port céleste, tout en la laissant vivre dans la chair, elle l’élève par une espèce de ravissement jusqu’au ciel pour y contempler Dieu.