La science du démon.

{{Lettres — 3, 156 ( au prêtre Archontius ).}} Le démon, ô très doux frère, ne connaît pas nos pensées (cela est en effet le privilège de la seule puissance divine, qui a fait chacun de nos cœurs) ; mais d’après les mouvements de notre corps il capte les desseins de notre âme. Par exemple, voit-il quelqu’un regarder avec curiosité et dévorer des yeux de belles créatures ? Il prend occasion de cette cupidité, et aussitôt il pousse à l’adultère ou à l’impudicité. Voit-il cet autre se mettre en colère et s’emporter ? Aussitôt il aiguise le glaive et pousse au meurtre. Voit-il un homme cupide ? Il entraîne au vol et à l’injustice. Voit-il un autre esclave de son ventre ? Aussitôt il lui suggère ces passions qui ont leur origine dans les reins, et il lui procure de quoi réaliser son désir intime. Pourquoi ne pousse-t-il pas tout le monde vers les mêmes passions ? Parce que l’un veut une chose, l’autre en veut une autre ; ceci plaît à l’un, cela à l’autre. Ainsi donc c’est d’après les mouvements du corps que le démon découvre les faiblesses de l’âme ; et de la sorte il trame ses machinations.