{{Commentaire sur Isaïe. — 3.}} Le Saint Esprit est présent chez tous, mais il ne manifeste sa puissance que chez ceux qui se sont purifiés des passions. Il ne le fait pas encore chez ceux dont l’esprit est troublé des souillures du péché. En plus de la pureté, l’âme doit faire apparaître l’égalité de son équilibre intérieur. Car si elle ne possède l’égalité dans ses dispositions, elle n’est pas pure, mais seulement si elle soumet à l’esprit les sentiments de la chair. De même que l’impression d’une figure ne se fait pas dans toute matière, mais dans celles qui sont lisses et transparentes, de même l’action de l’Esprit ne se produit pas dans toute âme, mais dans celles qui n’ont rien d’oblique et de tortueux. La neige est brillante; cependant elle ne reproduit pas l’image de ceux qui se penchent vers elle, car elle est inégale et composée d’écume solidifiée. Le lait est blanc ; cependant il ne reçoit pas les images, parce qu’il y a en lui de petites bulles. L’eau, au contraire, même noire, fait apparaître une figure, parce qu’elle est lisse. De la même façon, une vie sans égalité est inapte à recevoir l’action divine. Aussi, quand une âme, se livrant entièrement à l’exercice de la vertu, par la force de son amour conserve constamment imprimé en elle le souvenir de Dieu et fait de la sorte que Dieu habite pour ainsi dire en elle, alors divinisée par la force de son application à Dieu et par son mystérieux amour, elle devient digne du don de prophétie. Dieu lui communique une force divine et ouvre ses yeux à l’intelligence des merveilles qu’il veut lui montrer.