{{Conférences — 9, 4.}} L’âme pourrait avec assez d’apparence se comparer à un fin duvet ou à une plume légère. Si nulle humidité venant du dehors ne les souille et pénètre, la mobilité de leur substance fait qu’au moindre souffle ils s’élèvent comme naturellement vers les hauteurs de l’air. Que l’eau les atteigne au contraire et qu’ils en soient imprégnés, les voilà tout alourdis : adieu les vols aériens, où leur légèreté naturelle ne saurait désormais les ravir. Le poids du liquide absorbé les abîme jusqu’à terre. Ainsi en va-t-il de notre âme. Si les vices et les soins du monde ne viennent l’appesantir, ou les eaux de la passion coupable, la souiller ; soulevée en quelque sorte par le privilège inné de sa pureté, elle montera vers les cimes au plus léger souffle spirituel de l’oraison, et désertant les choses d’ici-bas, elle passera aux célestes et invisibles… Si donc nous voulons que nos prières pénètrent non seulement jusqu’aux cieux, mais au delà des cieux, veillons à affranchir notre âme de tout vice terrestre, purifions-la de la lie des passions, afin de la rendre à sa naturelle subtilité. Alors sa prière, libre du poids mort des vices, montera jusqu’à Dieu.