La perfection consiste à se conformer au Christ

La perfection consiste à se conformer au Christ. — Homélies sur le Cantique des cantiques

15. Les paroles suivantes, que prononce l’épouse pure et sans tache : « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » [Ct 6, z], sont la règle et la définition de la perfection dans la vertu. Car nous apprenons par là que nous ne devons rien posséder en nous que Dieu, que l’âme purifiée ne doit avoir rien d’autre en vue, mais qu’elle doit se débarrasser tellement de tout objet et pensée de la terre, qu’elle soit entièrement transformée en ce qui est spirituel et immatériel, et qu’elle réalise en elle-même la brillante image de la beauté première. Et de même que celui qui voit en un tableau le portrait très ressemblant au modèle, déclare que c’est bien dans les deux la même personne, que la beauté du portrait répond à celle du modèle, et que le modèle se reconnaît parfaitement dans le portrait ; de même celle qui dit : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », dit qu’elle s’est conformée au Christ, ayant déposé sa propre beauté pour s’embellir de la béatitude première de notre nature conformément à l’image et à la ressemblance de la beauté archétype, la seule vraiment belle. Et de même qu’un miroir bien fait et répondant comme il faut à son but fait apparaître parfaitement sur la surface nette l’image de la personne placée devant, ainsi l’âme qui s’est préparée convenablement à répondre à sa fin et qui a rejeté loin d’elle toute souillure terrestre, a imprimé en elle-même la pure image de la beauté sans tache.